Marcel Couillon : né le 14 mai 1905 à Orléans (Loiret) ; domicilié à Orléans au moment de son arrestation ; tourneur sur métaux, conducteur de poids-lourds, puis employé aux PTT à Orléans ; marié ; militant communiste ; fait prisonnier en 1940, libéré le 23 août 1941 ; arrêté le 18 octobre 1941; interné à Compiègne ; déporté et mort à Auschwitz le premier septembre 1942.
Marcel Couillon est né le 14 mai 1905 à Orléans (Loiret).
Il habite au 179 Faubourg Saint-Vincent à Orléans au moment de son arrestation.
Il est le fils de Jeanne, Aline Magloire, 28 ans et d’Albert, Ernest Couillon, 32 ans, typographe, son époux. Il devient pupille de la Nation en 1920.
D’abord tourneur sur métaux, Marcel Couillon devient conducteur de poids-lourds, employé aux PTT à Orléans.
Il est connu comme militant communiste.
Il épouse Marie Lerouge le 6 août 1927, à Orléans. Elle est née le 26 novembre 1904 à Saint-Léonard de Noblat (87) et travaille comme employée de bureau.
Mobilisé en 1939, Marcel Couillon est fait prisonnier : iI est libéré le 23 août 1941.
Le 14 juin 1940, la Wehrmacht défile à Paris, sur les Champs-Élysées. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 16 juin Orléans est occupé après de violents bombardements. La moitié nord de la France et toute la façade ouest sont occupées. Le 22 juin 1940, l’armistice est signé : la moitié nord de la France et toute la façade ouest sont occupées. Le pays est coupé en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée et celle administrée par Vichy. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Selon son épouse, Marcel Couillon reprend contact avec le Parti communiste clandestin dès son retour de captivité en août 1941 : « il fut affecté à la distribution de la littérature patriotique entre les groupes illégaux d’Orléans. C’est au cours de cette activité qu’il fut repéré et finalement arrêté ».
Militant communiste connu des services de police avant guerre, il est arrêté à son domicile le 18 octobre 1941, par la police française, en raison de ses activités clandestines, en même temps que 8 communistes orléanais (7 d’entre eux seront déportés à Auschwitz : Marcel Boubou, Cyprien Depardieu, Robert Dubois, Henri Ferchaud, Raymond Gaudry, Joseph Lhorens, André Lioret ).
Marcel Couillon est conduit à la prison de la rue Eugène Vignat, à Orléans. II est remis aux autorités allemandes à leur demande.
Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122). A Compiègne, il reçoit le matricule n° matricule « 1956 ». Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, voir les deux articles : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Raymond Gaudry signale sa présence dans son wagon le 6 juillet 1942 dans une lettre lancée du wagon qui les emmène à Auschwitz.
Depuis le camp de Compiègne, Marcel Couillon est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Le numéro « 46 231 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) et signalé comme incertain correspond à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules.
Seule la reconnaissance, par un membre de sa famille ou ami de la photo d’immatriculation publiée au début de cette notice biographique pourrait désormais en fournir la preuve.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Antoine Vannin, de Valleroy, a témoigné avoir été avec lui à Birkenau, jusqu’au 13 juillet 1942. Il n’apprend son décès qu’en décembre 1942.
Marcel Couillon meurt le premier septembre 1942 d’après son certificat de décès établi au camp pour le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 286).
Sa fiche d’état civil établie en France après la Libération porte toujours la mention «décédé le 15 octobre 1942 à Auschwitz (Pologne)». Il serait souhaitable que le ministère corrige ces dates fictives qui furent apposées dans les années d’après guerre sur les états civils, afin de donner accès aux titres et pensions aux familles des déportés. Cette démarche est rendue possible depuis la parution de l’ouvrage « Death Books from Auschwitz » publié par les historiens polonais du Musée d’Auschwitz en 1995.
Lire dans le site Les dates de décès à Auschwitz.
Marcel Couillon est déclaré « Mort pour la France » en 1948 et homologué comme « Déporté politique ».
Il est homologué comme « soldat de deuxième classe » au titre de la Résistance Intérieure Française, en tant que membre du «Front national pour la liberté et l’indépendance de la France» (décret du 9 septembre 1947).
Une plaque a son nom et celui de Marcel Lerouge (dont on lira la biographie sur le site de l’AERI et dans le Maitron) été apposée au 179 bis, rue du Faubourg Saint-Vincent à Orléans (le nom de Marcel Couillon a été mal orthographié). Marcel Lerouge rejoint le groupe Chanzy d’Orléans, rattaché aux FTP. En décembre 1943, il est nommé adjudant FTP. Il participe à de nombreuses liaisons, à des diffusions de tracts ainsi qu’à plusieurs opérations de sabotage. La fille de Marcel Couillon rendra visite en prison avant son exécution à Marcel Lerouge, en compagnie du frère de Marcel Lerouge.
Sources
- « Ceux du groupe Chanzy« . André Chène (Librairie Nouvelle, Orléans 1964, brochure éditée par la Fédération du Loiret du Parti communiste.
- Bureau des archives des conflits contemporains (DAVCC), SHD, Ministère de la Défense, Caen (dossier individuel). Avril 1992.
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Archives en ligne d’Orléans.
- Remerciements à l’Association pour des Etudes sur la Résistance intérieure. © Département AERI de la Fondation de la Résistance, qui a publié ma notice de 2012 complétée par Fabrice Bourrée à partir du dossier d’homologation de Marcel Couillon, service historique de la Défense, 16 P 146 147.
- Photo de la plaque © Fabrice Bourrée.
Notice biographique rédigée en novembre 2007, modifiée en 2012, 2015, 2018, 2021 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
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