Jacques Mazein : né en 1920 à Trélazé (Maine-et-Loire) ; domicilié à Saint-Pierre-des-Corps (Indre et Loire) ; électricien ; jeune communiste ; arrêté dans la nuit du 9 au 10 février 1942 comme otage ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 19 septembre 1942.
Jacques Mazein est né le 16 novembre 1920 à Trélazé (Maine-et-Loire).
Il habite à Saint-Pierre-des-Corps (Indre et Loire), cité cheminote, au moment de son arrestation.
Il est le fils d’Augustine, Eugénie, Marie Cochereau, 24 ans, née le 5 juin 1896 à Coron (Maine-et-Loire) et Jean, Julien Mazein, magasinier, 33 ans, son époux, né à Longwy (Meurthe-et-Moselle) le 26 juin 1887. Ses parents se sont mariés à Angers le 27 septembre 1918.
Il est l’aîné d’une fratrie de 6 enfants : André né à Trélazé en 1922, Jean, Roland, né le 15 juin 1924 à Angers, Marcel en 1926 à Angers, Karl, Marx, né en 1929 et Robert en 1933. Correction : « Non, 7, dont mon grand-père Pierre né le 8 novembre 1906 à Longwy de Laure Hiblot mon arrière grand-mère » (mail du 16 novembre 2022 de Denis Mazin).
Il est célibataire. En 1923 la famille habite Angers, au 8, rue du Canal.
Son père, mutilé de guerre (il a été amputé d’un bras), est candidat du Parti communiste aux élections cantonales à Angers en 1932.
A partir de 1934, son père est secrétaire de mairie à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire).
Candidat communiste à Neuilly-Pont-Pierre (Indre-et-Loire) en 1937, il est le secrétaire du rayon communiste de Saint-Pierre-des-Corps.
Son fils Jacques milite aux Jeunesses communistes.
En 1936, ses parents habitent au n° 2166 rue Léon Dubresson. Jacques et ses frères habitent un numéro plus loin au n° 2167. Il est apprenti électricien et André est apprenti pâtissier.
Entre le 10 et le 13 juin 1940, Tours est la capitale provisoire de la République. Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Une partie du centre de la Tours est totalement détruite par des obus incendiaires allemands les 20 et 22 juin. La Wehrmacht entre dans Tours le 21 juin 1940.
Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).L’Indre-et-Loire fait partie des 13 départements dont le territoire est partagé par une « ligne de démarcation », en deux zones : une zone occupée par les Allemands et une zone « non occupée » dite libre, sous l’autorité du régime de Vichy. Dès juillet 1940, un commandement militaire est installé en Indre-et-Loire.
Jacques Mazein est arrêté dans la nuit du 9 au 10 février 1942 à son domicile, ainsi que son père Jean Mazein, par la police allemande, à la suite de la mort d’une sentinelle allemande, rue du Hallebardier à Tours (en cliquant sur ce lien, lire l’article du site). 50 otages sont désignés (40 Juifs et 10 communistes).
A Fontevraud, 6 communistes sont exécutés le 22 février en représailles. A Tours, les otages communistes sont enfermés à la caserne du 501ème RCC au champ de Mars, puis transférés à la prison de Tours.
Maxime Despouy écrit « c’est là que je revis André Marteau plusieurs fois pour lui passer à manger. Je le revis avec plusieurs camarades, Chauveau Bernard, Mazein Jacques, Seguin et bien d’autres qui ne devaient jamais revenir ».
Lire dans le site : 37- Indre et Loire : L’attentat de la rue du Hallebardier à Tours (janvier1942)
Les 10 otages communistes sont dirigés le 17 avril 1942 vers le camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122) en vue de leur déportation comme otage. Il s’agit de Maurice Hayot (41 ans), Bernard Chauveau (22 ans), André Marteau(20 ans), Jacques Mazein (22 ans), Roger Morin (30 ans), Stanislaw Tamowski, Roger Legendre (40 ans), Gaston Letondu (44 ans), Hilaire Seguin dit Gaby (41 ans), Roger Huart et Marcel Rossignol (ancien Brigadiste, il s’évadera par un tunnel à Compiègne le 22 juin 1942 avec 18 autres internés). Jacques Levy et Roger Sommer, deux des 40 otages Juifs, qui sont internés au camp C à Compiègne, seront eux aussi déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.
Jacques Mazein reçoit à Compiègne le numéro matricule « 3865 ».
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Jacques Mazein est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu. Le numéro « 45 866 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai partiellement reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Jacques Mazein meurt à l’infirmerie d’Auschwitz le 19 septembre 1942, date reprise par le Ministère des AC pour son son état civil (établi par le Ministère des Anciens combattants le 20 novembre 1946).
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois
La mention « Mort pour la France » lui a été attribuée (Réf. ECD/2 CD/75).
Sa mémoire est honorée sur le site de la fédération du PCF de Touraine.
Dans la « Voix du Peuple » du 19 mai 1945 qui rend hommage aux 9 déportés, son père, Jean Mazein signe un appel à « venger nos morts », où il dénonce l’indulgence à l’égard de Pétain, maréchal Félon, « qui doit être jugé par un tribunal du peuple et mourir comme un traître sous les balles d’un peloton d’exécution ».
Une plaque avenue de la République à St-Pierre-des-Corps porte son nom. Le site internet du PCF de Touraine honore sa mémoire.
- Note 1 : photo de Jacques Mazein, contributeur Le Bahr Stéphane, in site Genweb. Le jeune homme semble être en uniforme militaire, avec un bérêt de chasseur alpin. Mais comme la classe de Jacques Mazein, la classe 1940, n’est pas mobilisée en 1939, il est possible qu’il ait devancé l’appel à la déclaration de guerre, ce qui n’est pas impossible si l’on considère que son père est Lorrain, mutilé de guerre et antifasciste.
Toutefois, il a l’air plus âgé que les 20 ans de Jacques Mazein, né en 1920. - Acte de décès (20 novembre 1946).
- Enquêtes de Robert Guerineau (1980) et Jean-Claude Guillon (1980), (bibliothécaire retraité, membre de l’Institut CGT d’histoire sociale en région centre, collaborateur du Maitron).
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Maitron : notices de son père, Jean Mazein.
- Bureau de la division des archives des victimes des conflits contemporains (Archives de Caen du ministère de la Défense). « Liste communiquée par M. Van de Laar, mission néerlandaise de Recherche à Paris le 29.6.1948« , établie à partir des déclarations de décès du camp d’Auschwitz (N° 236).
- Genweb. Photo postée par Le Bahr Stéphane, envoyée par Denis Mazin à Genweb.
Notice biographique rédigée en octobre 2010, complétée en 2017 et 2021, par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé).
Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger , vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
6 enfants?
Non, 7, dont mon grand-père Pierre né le 8 novembre 1906 à Longwy de Laure Hiblot mon arrière grand-mère.
Et quant à la photo de Jacques savez-vous d’où elle sort? C’est moi, Denis Mazin, qui l’ai envoyé sur le site GenWeb , sans certitude que ce soit vraiment lui, à part celle de l’honorer. C’est une photo annotée par feu mon oncle Jean-Claude que j’ai dans mes archives.
Mazin, Mazein, c’est ainsi, l’ancien courrait vite, il était issu d’une famille de rémouleurs, de manouches.
Merci pour ces précisions que j’intègre dans la notice. Cordialement, Claudine Cardon-Hamet.