Pierre Lana : né en 1897 en Italie ; domicilié  à Audincourt (Doubs) ; menuisier ; naturalisé en 1934 ; communiste ; arrêté le 21 juin 1941 ; dénaturalisé le 20 mars 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 3 septembre 1942 

Pietro, Pierre Lana est né le 4 octobre 1897 à Fomarco (Italie, Piémont, province de Novara). Aujourd’hui ce village est rattaché à Pieve Vergonte, également rattaché depuis 1992 à la province du Verbano-Cusio-Ossola.
Il habite au 91, rue de Belfort à Audincourt (Doubs) au moment de son arrestation.
Pierre Lana est le fils de Rose Dell’Orsi et de Marc-Aurèle Lana son mari.
« Menuisier, il immigra pour des raisons économiques à Lyon en 1913 et travailla dans une usine fabriquant des éléments en bois pour l’aviation. Insoumis en 1915, il fut livré par les Français à l’armée de son pays, épisode qu’il tut dans son autobiographie rédigée pour le PCF en 1938. Il fut démobilisé courant 1919. Pierre Lana fut membre du Parti socialiste italien et, après la scission de Livourne, il se rallia à la tendance unitaire de Serrati. Il fut conseiller municipal de 1920 à 1922« . Le Maitron
Membre du Parti Communiste italien, pourchassé par les fascistes après l’arrivée de Mussolini au pouvoir (1922), Pierre Lana choisit d’émigrer à la fin de 1923, et s’installe à Audincourt (Doubs) l’année suivante, via Paris et Héricourt.
Il y habite au 12, rue de Belfort, au moment de son arrestation.
« Pierre Lana quitta une nouvelle fois l’Italie pour la France en décembre 1923 et s’installa à Audincourt où il travailla comme menuisier. Novateur dans son métier, il encouragea son patron à acheter des machines à bois« . Le Maitron. L’entreprise Viotti où il a été embauché emploie une vingtaine d’ouvriers.
Il épouse Aline, Joséphine, Anna Viotti le 17 juillet 1926, elle est née au 10, rue d’Exincourt à Audincourt le 22 mars 1902 : «Ouvrier menuisier il fut embauché dans une petite entreprise, dont les patrons Viotti frères, étaient également des piémontais, et c’est là qu’il connut notre mère, Aline Viotti, qu’il épousa en 1926 » Serge Lana (1). Les deux frères Viotti sont Camille et Charles, nés en 1869 et 1872 à Campertogno (Italie, Piemont). En 1906, ils sont domiciliés au 3, rue d’Exincourt. Aline Viotti est la fille de Charles Viotti (elle a 2 sœurs et deux frères : Clara, Melinda, Jean et Paul).
Le couple a deux enfants, Serge, né le 3 juin 1927 et Hubert, né le 2 juillet 1937.
Au début des années trente, après avoir construit sa maison (loi Loucheur) au 12, rue de Belfort (quartier Pont Rouge), il recommence à militer. « Il avait appris parfaitement le Français, qu’il parlait sans accent et qu’il écrivait très bien » Serge Lana (1).
Au sein de la communauté italienne émigrée, « Il s’occupa d’abord des anciens combattants qui avaient fait la guerre de 14 comme lui. Puis dans le prolongement de sa lutte passée en Italie, il fonda le comité des émigrés antifascistes. Ils s’appelaient Biondi, Simeoni (2), Caverziazio, Buda(2), Della Cava, Cantieri, Caperdoni, Caver, (2) Gualdi, Zoppini, Minazzi, Tonnelli».
« À Audincourt, Pierre Lana côtoya Primo Dellacava, responsable de la MOI dans la région. Il lisait l’Humanité depuis 1928 et commença à sympathiser avec le Parti communiste à partir de 1932. Il y adhéra en janvier 1935 et se consacra à la propagande antifasciste au sein de l’immigration italienne, particulièrement nombreuse dans la ville parmi les travailleurs de la Compagnie des Forges et dans le bâtiment. Il milita avec Gualdi, Caverzazio, Pioli, Paganelli… En 1936, Pierre Lana participa à la direction des grèves du bâtiment et à la formation du syndicat de la région d’Audincourt, en liaison avec Gaston Genin, secrétaire de l’Union locale. Parallèlement, il mit en place une cellule communiste des ouvriers du bâtiment et devint secrétaire de la section d’Audincourt à partir de janvier 1938″ Le Maitron.
En 1936, la famille Lana (Pierre, Aline, Serge) et Aurélio Lana père habitent au 12, rue de Belfort. La belle-famille habite au n° 5. La mère d’Aline est décédée en 1931.
Par décret  du 30 décembre 1936, Pierre Lana, son épouse et leurs enfants sont naturalisés Français (JORF du 10 janvier 1937, p. 479 / Dossier de naturalisation : 5944 X 36.).
Pierre Lana milite au Parti communiste Français à la section d’Audincourt. Il est membre du comité de Section d’Audincourt et membre de la direction régionale (3).
Lorsqu’ils s’adressent au Centre, les militants du Doubs reconnaissent tous un manque de formation politique.
Pierre Lana écrit (RGASPI, 495-270-3442, Autobiographie de Pierre Lana, 1938).« je n’ai pas reçu une éducation politique rationnelle. Politiquement, je me suis instruit surtout à la lecture de L’Humanité ».  Cité dans la section 97, In « ouvriers et mouvement ouvrier dans le Doubs ». Presses Universitaires de Franche Comté.
« c’est dans la ville d’Audincourt que le menuisier Pierre Lana et son épouse Aline, née Viotti, fondent le « café des arts », rue de Belfort. Il devient un lieu de rencontre des sympathisants de la CGT et du PCF. C’est de là que partent les équipes de vendeurs de L’Humanité et du Peuple comtois le dimanche matin. C’est aussi un centre de ralliement pour des Italiens, souvent membres de l’UPI, et de jeunes ouvriers d’origine polonaise comme Richard Perlinski, secrétaire des Jeunesses communistes de la ville. Plus enracinés dans la société française, ayant obtenu la nationalité, ces militants antifascistes ou sympathisants de cette cause hésitent moins à se montrer dans ce lieu créé par l’un des leurs.
(Id. section 108).

Le Semeur d’Audincourt (1923-1930) puis Le Semeur Ouvrier et paysan

Il rédige des articles pour l’hebdomadaire du Parti communiste, « Le Semeur Ouvrier et Paysan », « il en est également le correcteur » et à partir de 1937 dans « Le Peuple comtois » qu’il signe du pseudonyme de « Polyte »

Il est également secrétaire d’une association d’anciens combattants italiens en 1937 et d’une société de secours mutuel. « Ses activités l’amènent à devenir le gérant d’un café, « le Café des Arts » que les camarades avaient acquis en coopérative pour disposer d’une permanence et pour procurer quelques sous au Parti » Serge Lana (1). Pour le Maitron c’est son épouse qui gère le café : « Parallèlement, son épouse, d’abord sans profession, géra le « café des arts », à Audincourt à partir du printemps 1938. Ce café était le lieu de rencontre et d’hébergement à la fois des immigrés italiens et des communistes, dont des militants en route pour l’Espagne, comme le Hongrois Springer ou Richard Perlinski ».

Pierre Lana s’occupe aussi du syndicat CGT du bâtiment du canton d’Audincourt, dont il est le secrétaire. Il travaille dans l’entreprise Viotti jusqu’en 1939, date du décès de son beau-père. « Après le décès du grand-père, en 1939, l’entreprise étant alors reprise par un oncle qui se débarrassa de son jeune parent trop engagé à son goût, lequel dut alors s’établir à son compte » (notice du Maitron concernant Serge Lana. « Licencié pour raisons politiques, il fonda alors sa propre entreprise artisanale, avec un de ses camarades communistes, sans travail comme lui, et pour les mêmes raisons, Maurice Paquet, d’Etupes » Serge Lana (1). Maurice Paquet était secrétaire du syndicat CGT du Bâtiment de Montbéliard.
« Qualifié « d’organisation communiste », le syndicat du bâtiment d’Audincourt fut dissout en septembre 1939, et le logement de Pierre Lana perquisitionné peu après » Le Maitron.
Pierre Lana est mobilisé le 23 février 1940, à Belfort, puis à Besançon au 305ème Régiment d’artillerie.

Le 14 juin, les troupes allemandes défilent à Paris, sur les Champs-Élysées.
Le 16 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Besançon et s’y installent. Le poste de commandement de la Feldkommandantur s’installe dans l’hôtel particulier qui abritait le quartier général de l’armée française. Le Doubs jouxtant la Suisse neutre, la ligne de démarcation frôle, au sud, le département, qui est entièrement situé dans la « zone interdite ».  Le 22 juin, l’armistice est signé : la France est coupée en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée de celle administrée par Vichy. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Pierre Lana est démobilisé le 10 juin 1940 en zone sud. Revenu à Audincourt en septembre, il s’occupe immédiatement de réorganiser clandestinement le Parti communiste.
« À Audincourt, Gaston Genin et Pierre Lana, secrétaire du syndicat du bâtiment, prennent le relais pour imprimer et diffuser des tracts« . In ouvriers et mouvement ouvrier dans le Doubs ». Presses Universitaires de Franche Comté section 19 du Chap. 10)
« Pourquoi était-il revenu à Audicourt, où il était très connu ? Il fallait bien réorganiser et pour cela bien connaître. Ce fut son rôle. Il s’était sacrifié, et il le savait » écrit son fils Serge.
C’est Marcel Loffel, ancien conseiller municipal d’Argenteuil qui assurait la liaison avec la direction de Paris : il mourut « suicidé » dans une cellule de la Gestapo en 1943) : Serge Lana.
C’est notamment chez Pierre Lana que sont dactylographiés et tirés les premiers tracts clandestins communistes de 1940 et 1941 (5). Le recrutement et l’organisation de « camarades sûrs » était surtout politique et de propagande anti-allemande : parmi eux, Charles Joly et Richard Perlinski (4). « Un simple énoncé des noms des premiers résistants communistes du Doubs montre le rôle essentiel joué par l’immigration italienne dans la reconstitution du Parti communiste français : Lana, Bencetri, Gualdi, Caverzacio, Pintucci, Socié-Lorenzjni, Piova, Minazzi dans le pays de Montbéliard, Fabrizi à Besançon… » (5).
Son domicile est perquisitionné en février 1941 : un duplicateur et une machine à écrire sont saisis par les Allemands. « Il participa à la reconstruction du Parti communiste clandestin avec Gaston Genin, en liaison avec Marcel Loffel. Pierre Lana avait conservé sa machine à écrire et un duplicateur qui servirent pour les premiers tracts clandestins, avant d’être saisis chez lui par les Allemands en février 1941. Le 22 juin 1941, Pierre Lana, Auguste Buda, ce dernier secrétaire régional de l’UPI, et trois militants de Pont-de-Roide
furent les premiers communistes du Pays de Montbéliard à être arrêtés par les Allemands
 » Le Maitron.
Pierre Lana est arrêté dans la nuit du 21 au 22 juin 1941 à son domicile, par des policiers Allemands assistés de l’adjudant de gendarmerie d’Audincourt. Cette arrestation a lieu dans le cadre de la grande rafle commencée le 22 juin, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique. Sous le nom «d’Aktion Theoderich», les Allemands arrêtent plus de mille communistes dans la zone occupée, avec l’aide de la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht et qui ce jour là devient un camp de détention des “ennemis actifs du Reich”.

Photo montage du JO du 31 mars 1942. © Pierre Cardon
Retrait général de la nationalité française.

Alors qu’il est interné à Compiègne, la nationalité française de Pierre Lana lui est retirée par décret du 20 mars 1942, publié au Journal officiel du 31 mars 1942.
Son épouse et ses deux fils verront eux aussi leur nationalité française leur être retirée par un décret en date du 18 septembre 1943.
Sur plusieurs fiches existant dans le dossier de Pierre Lana (in Base Dénat / France-Archives), on trouve mention de 3 préfectures ayant demandé le retrait collectif : La préfecture du Doubs, celle de Meurthe-et-Moselle et celle du Maine-et-Loire. Il est en effet un militant régional. Sur le document ci-contre on reconnait l’écriture manuscrite très caractéristique du secrétaire de la commission nationale de retrait, écriture qui figure sur plusieurs dossiers des dénaturalisés d’origine italienne de ce département et qui résume laconiquement le « contenu » du dossier étudié. Il a ajouté femme et fils arrêtés pour menées communistes).

Lire dans le site :  Douze « 45.000 » dénaturalisés par Vichy

Pierre Lana est remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122) entre le 5 et le 10 juillet 1941. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, lire dans le site «une déportation d’otages». Depuis Compiègne, il est déporté à Auschwitz.

Une lettre de Paul Feuvrier, lancée du wagon le 6 juillet 1942 après Bar-le-Duc, signale sa présence dans le convoi «Le train manœuvre, je suis avec Lana. Le René (Bordy) est dans un autre wagon ».

Depuis le camp de Compiègne, Pierre Lana est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

On ignore son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942. Le numéro « 45723 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Cette reconstitution n’a pu aboutir en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Ce numéro ne figure plus dans mon ouvrage « Triangles rouges à Auschwitz».

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Pierre Lana meurt le 3 septembre 1942 d’après le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz (cité dans Death Books from Auschwitz Tome 2 page 688). L’arrêté du 10 août 1992 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes de décès, paru au Journal officiel du 29 septembre 1992 a néanmoins retenu la date de décès du « 1er décembre 1942 », se fiant aux témoignages de deux rescapés, à la Libération (Louis Morel et Eugène Garnier), qui ont attesté qu’il était mort du typhus en décembre 1942 (dans les années d’après-guerre, l’état civil français a fixé des dates de décès fictives – le 1er, 15 ou 30, 31 d’un mois estimé – à partir des témoignages de rescapés, afin de donner accès aux titres et pensions aux familles des déportés).

Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué. Son nom figure sur le monument d’Audincourt situé devant le pont sur le Doubs et au carré militaire du cimetière route de Dasle.  Pierre Lana est homologué au titre de la Résistance Intérieure Française (RIF) comme appartenant à l’un des cinq mouvements de Résistance (FFC, FFI, RIF, DIR, FFL). Cf. service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 335024.

Dans la fiche de réexamen de la déchéance de nationalité de Pierre Lana en date du 26 décembre 1944, on trouve mention des causes de celle-ci : « emprisonné plusieurs fois pour activités subversives », et avec une autre écriture : « par les autorités allemandes », puis « activité communiste (rapport du préfet du Doubs du 13-1-43). » On notera qu’à cette date, Pierre Lana est décédé depuis 4 mois à Auschwitz. La fiche conclut  par « proposition : classer« . Et le 12 janvier 1945 sont ajoutées les mentions  « bons renseignements sur la conduite et la moralité, pas de condamnation : Classer ».
On ne peut que souligner l’ambiguïté de la formulation « classer », alors même que l’ordonnance du 24 mai 1944 du Comité français de libération nationale a abrogé la loi du 22 juillet 1940, la loi vichyste sur laquelle s’appuyaient tous les retraits ! On a l’impression que la commission n’a statué que sur le fait de savoir s’il convenait de maintenir le retrait… Et dans le cas inverse « classer ».

Son épouse Aline Viotti  est arrêtée et, passe devant la cour spéciale de Besançon pour « menées communistes » le 30 juin 1942. Elle est internée administrative en septembre 1942 à Ecrouves, puis à Compiègne, d’où elle est libérée en 1944. Employée de la Sécurité sociale après la guerre, elle est trésorière de la section du Parti communiste et conseillère municipale à Audincourt, membre du comité fédéral en 1945-1946. Elle avait 88 ans au moment de la correspondance avec son fils et vivait dans la maison construite par Pierre Lana. Elle fut homologuée au titre de la Résistance Intérieure Française (RIF, Front national) comme appartenant à l’un des cinq mouvements de Résistance (FFC, FFI, RIF, DIR, FFL). Cf. service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 597197. Elle est décédée en 1992 à Montbeliard.

Notes

  1. Aline, Joséphine, Anna Viotti, née le 22 mars 1902 à Audincourt. Toutes ces citations sont extraites d’une lettre-témoignage de Serge Lana, son fils aîné à Claudine Cardon-Hamet. Serge, fut arrêté, à l’âge de 15 ans, placé en maison de correction entre le 17 avril 1942 et le 31 mai 1944 (lettre du 21 juin 1990). Hubert, n’avait que 5 ans et fut recueilli par un oncle. Serge devint architecte et Hubert employé.
    Lire dans le Maitron la notice biographique de Serge Lanahttps://maitron.fr/spip.php?article136411
  2. « Buda arrêté en même temps (que Pierre Lana), demeuré italien, fut remis par les allemands à Mussolini, ce qui lui sauva la vie. Caver, Siméoni moururent dans les chambres de tortures de la Gestapo. Les autres combattirent en Espagne et dans la Résistance. Ils furent déportés. Peu moururent dans leur lit ».  In Italiens et Espagnols en France 1938-1946 » sous la direction de Pierre Milza et Denis Peschanski. Colloque international, Paris, CNRS, 28-29 novembre 1991.
  3. Courrier de Robert Charles à Marguerite Cardon (20 juillet 1990), ma belle-mère. Ouvrier horloger à Morteau, syndicaliste et militant communiste membre de la direction fédérale du PCF avant et après guerre, résistant.
  4. Charles Joly, ouvrier de Sochaux, arrêté en avril 1942, mourut au Struthof. Richard Perlinski, parti en Espagne à 17 ans, appartint aux premiers groupes formés par Fabien. Arrêté lui aussi au printemps 1942, il fut fusillé après d’horribles tortures en juillet 1942. Il avait 22 ans.
  5. « Italiens et Espagnols en France 1938-1946 » sous la direction de Pierre Milza et Denis Peschanski. Colloque international, Paris, CNRS, 28-29 novembre 1991.

Sources

  • Témoignages de Georges Guinchan (46243) et de Robert Charles, de Morteau.
  • Renseignements de l’Abbé de la Martinière fondateur du Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon (1972).
  • Lettre de Denis Folletete, secrétaire de la section communiste démocratique de Franche-Comté (25/11/1990).
  • Correspondance avec Madame Elizabeth Pastwa conservatrice au Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon (décembre 1988 et janvier 1991).
  • Questionnaire biographique (contribution à l’histoire de la déportation du convoi du 6 juillet 1942), envoyé aux mairies, associations et familles au début de mes recherches, en 1987, rempli par Marianne Lana, sa petite fille, le 29 août 1991.
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • « Livre des déportés ayant reçu des médicaments à l’infirmerie de Birkenau, kommando d’Auschwitz » (n° d’ordre, date, matricule du 1.11.1942 au 150.7.1943.
  • © Site Internet Mémorial-GenWeb (Jean-Pierre Bohin et Jean François Languillat) .
  • © http://lesmortsdanslescamps.com/general.html
  • AD Doubs : état civil, recensements Audincourt, 1906, 1921 à 1936. Recherches Pierre Cardon.
  • Courriel de monsieur Jean-Pierre Bohin (juillet 2021), que je remercie, à propos du retrait de la nationalité française de Pierre Lana, de son épouse et de leurs fils.
  • Les dénaturalisés de Vichy / base Dénat France-Archives / 2023

Notice biographique rédigée en avril 2011 (complétée en 2016, 2017, 2021 et 2023) par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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