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Pierre Monjault a voulu témoigner en mémoire de tous ses camarades déportés et décédés dans les camps nazis. Il a demandé à Lucie Kerjolon d’écrire le récit de sa déportation, les trente quatre mois qu’il a vécu « parmi les martyrs et les morts« . Ce mémoire de 70 pages, intitulé « Quatre années de souffrance pour rester Français » est précédé d’un résumé de sa vie avant son arrestation, reproduit ci-dessous.
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Pierre Monjault est né à Civray dans
Pierre passa donc sa petite enfance dans ce pays, plein de charme (…). Durant son très jeune âge, Pierre rentrait chez lui qu’une fois la semaine, le dimanche. Le jour de son congé, il faisait sept kilomètres à pied, avec son baluchon de linge au bout d’un bâton. Il se hâtait, tant il était heureux de se retrouver en famille, de revoir ses parents, ses soeurs et son frère. Mais, la journée passait vite et il s’en retournait le soir même et refaisait à pied le même chemin. Au temps de l’enfance de Pierre à Civray, il y avait comme société, des bourgeois très riches, des cultivateurs et commerçants disons aisés puis les ouvriers, les employés et les domestiques très pauvres, surtout vers les années 1910-1920, car il y eu la guerre 1914-1918. Le meilleur ami de Pierre à Civray était un vieil archiprêtre, dont Pierre était l’enfant de coeur. Cet archiprêtre se prénommait Victor ce qui fait que Pierre a gardé longtemps l’habitude d’appeler tous les porteurs de soutane « Victor ». Une grande tendresse unissait donc Victor et Pierre même s’ils n’étaient pas toujours d’accord. A Civray, il y avait une coutume lorsque les gens riches du pays célébraient un mariage, ou même un enterrement, ils distribuaient après les offices, du pain aux pauvres; alors ces jours là une religieuse donnait à Pierre un pain de six livres, que tout heureux il portait à sa mère.
Pierre à l’âge de quinze et seize ans, était estimé de tout son entourage et de ses employeurs. A cette époque, les domestiques se louaient de
Pierre avait la réputation d’être fort et courageux, le jour de la foire aux domestiques, les fermiers se le disputaient, aussi il se louait aux plus offrants. Il connaissait les meilleures maisons dans certaines fermes, la nourriture était meilleure que dans d’autres. Ce facteur était très important, car les journées étaient longues et bien remplies.
Lorsque Pierre eut dix huit ans, il s’engagea dans
Après son service militaire, Pierre retourna à Civray et épousa une jeune fille de sa région. Ils eurent deux fils Guy et Pierre. Puis, sur les conseils de son oncle, il quitta
C’est ainsi qu’il fut maçon. Il est de ceux qui ont élevé les premiers immeubles de Charentonneau. Durant ces années, le matériel n’était pas perfectionné comme de nos jours, et le travail était pénible. Pierre favorisé par sa force et son courage, pour UN franc de plus de l’heure, tournait le treuil chargé de matériaux. Là aussi, il était très apprécié, il dit n’avoir jamais perdu une journée de travail, dès qu’un chantier était terminé il en retrouvait un autre.
En 1924, à l’âge de vingt deux ans, Pierre adhéra au Parti communiste Français. Le 15 avril de cette même année, il entra à
C’est ainsi que pendant la période 1926-1930, il fut à nouveau maçon, puis chauffeur de chaudières, aide ajusteur, et receveur de tramways. Réintégré à
Pierre était épris de justice : il voulait – disait-il – défendre ceux qui dans la vie luttent pour améliorer leurs existences et celles de leurs enfants ; il fut ainsi syndicaliste toute sa vie active, défendant les plus défavorisés. Il lui est arrivé de payer de son emploi une demande d’augmentation de salaire. Mais ensuite il avait la consolation d’apprendre que les ouvriers avaient acquis ce que lui même avait demandé. Voici en quelques lignes, un résumé de la vie de Pierre Monjault. J’ajoute que de cette période laborieuse, il n’a gardé que des souvenirs heureux.
Lucie Kerjolon