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MAURICE Jean

46251

Fiche d’otage de Jean Maurice

Jean Maurice est né le 8 septembre 1898 à Plouezoc’h (Finistère). Il est le fils d’une petite commerçante et d’un matelot des douanes. Il va à l’école primaire jusqu’à l’âge de 12 ans et obtient son CEP. Il habite au 15 bis place Carnot à Rouen (Seine-Inférieure/Seine-Maritime) au moment de son arrestation.

Il s’est marié dans son village natal et est père de deux enfants, âgés de 7 et 14 ans en 1941. Jean Maurice est employé des douanes, et est membre du syndicat CGTU des Douanes actives de Rouen.

Jean Maurice adhère au Parti communiste en 1924 (il est alors membre de la cellule des Douanes actives selon le Maitron) : «Il fut mis en
disponibilité au mois de février 1928. Il acheta alors un café place Carnot à Rouen, tout en continuant d’exercer une intense activité syndicale. Il adhéra
au Comité des «22» pour l’indépendance du syndicalisme dès novembre 1930, mais l’année suivante, rejoignit les rangs de la majorité unitaire qui combattait cette initiative
». <

Jean Maurice subit une sanction disciplinaire dans le cadre des douanes en 1931 : une mise à pied, pour son action syndicale. «Il cessa de militer au Parti communiste entre 1931 et 1937 pour raison de santé, dit-il, car il souffrait d’une infection pulmonaire. En 1936, l’Union départementale CGT le chargea de réorganiser, avec Jean Jolly, le syndicat de la Marine fluviale dont il fut élu trésorier l’année suivante ; à partir de 1938, il cumula cette fonction avec celle de secrétaire adjoint de l’Union locale de Rouen. Il milita au comité de défense du petit commerce et de l’artisanat» (in Maitron).

Jean Maurice est un militant actif du Parti communiste clandestin jusqu’à son arrestation : son café sert de lieu de réunion pour les communistes, indique sa fiche d’otage : Mitglied der KPF seit 1937. Bis zu seiner Festnahme fanden in seinen Kafee Kommunistische Versammlungen statt. War
Schatzmeister im Syndicat.
(Membre du Parti communiste français depuis 1937. Jusqu’à son arrestation les réunions communistes avaient lieu dans son café. Il était trésorier du syndicat). Les Allemands tiennent cette information de la police française.

Il est arrêté le 21 octobre
1941. Son arrestation est ordonnée par les autorités allemandes en représailles
au sabotage (le 19 octobre) de la voie ferrée entre Rouen et Le Havre (tunnel
de Pavilly) Lire dans le blog Le
« brûlot » de Rouen
. Une centaine de militants communistes ou
présumés tels de Seine-Inférieure sont ainsi raflés entre le 21 et 23 octobre.
Ecroués pour la plupart à la caserne Hatry de Rouen, tous les hommes
appréhendés sont remis aux autorités allemandes à leur demande, qui les
transfèrent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122) entre
le 25 et le 30 octobre 1941. La moitié d’entre eux d’entre eux seront déportés
à Auschwitz. Jean Maurice est interné à Compiègne le 28 octobre 1941(1).

Le 29 octobre 1941, la Feldkommandantur
517 envoie au commandement militaire de la région A (St Germain-en-Laye) une proposition
de liste d’otages de 26 noms pouvant être fusillés où sont séparés les communistes
et gaullistes. Le nom de Jean Maurice y figure avec le n° 17. Onze d’entre eux
seront déportés à Auschwitz (montage à partir du
document du CDJC).
Pour
comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, lire dans le
blog «une déportation d’otages
».

 

Cf Article du blog : Les wagons de la Déportation

Jean Maurice est
déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Ce convoi d’otages composé, pour
l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et
syndicalistes de la CGT)
et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur
enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles
allemandes destinées à combattre, en France, les «Judéo-bolcheviks» responsables, aux yeux de Hitler, des actions
armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et
des soldats de la Wehrmacht,
à partir d’août 1941.

Il est enregistré à son
arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «46251» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par
les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.

Jean Maurice meurt à
Auschwitz le 22 février 1943 d’après le
certificat de décès établi au camp d’Auschwitz et destiné à l’état civil de la
municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 791).

La mention «Mort en déportation» est apposée sur son
acte de décès, arrêté du 25 janvier
1995
paru au Journal Officiel n°57
du 8 mars 1995
. Cet arrêté porte toujours la date certes voisine, mais
fictive du 15 février 1942 (elle signifie néanmoins que des rescapés ont
témoigné de sa mort en février) : il serait
toutefois souhaitable que le ministère prenne désormais en compte par un nouvel
arrêté la date portée sur son certificat de décès de l’état civil de la
municipalité d’Auschwitz, accessible depuis 1995 (Death Books from Auschwitz,
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau).

Son nom est inscrit sur le
monument aux morts, dans le cimetière de Plouezoc’h.

  • Note 1 :
    Il ne faut pas confondre Jean Maurice
    avec Auguste Jean, dirigeant du
    Syndicat des douanes à Rouen, condamné à 5 ans de prison par le tribunal de
    Rouen le 7 janvier 1942 et fusillé comme otage au Mont Valérien, le 25 avril 1942
    (Louis Eudier).

Sources

  • Liste de déportés de
    Seine-Maritime établies à son retour de déportation parLouis
    Eudier
    in «Notre combat de classe et
    de patriotes, 1934-1945
    » (annexes).
  • Liste de militants dela CGTfusillés ou déportés pour
    leur action dansla
    Résistanceétablie parla CGTde Seine Maritime.
  • Liste d’otages du 29 octobre
    1941 (Centre de Documentation Juive Contemporaine, XLII-66).
  • Fiche d’otage du 25 février
    1942 (Centre de Documentation Juive Contemporaine, XLV 42 n° 199).
  • Death Books from Auschwitz,
    Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres
    – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre
    le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national du Bureau
    des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère dela Défense, Caen. Fiche
    individuelle consultée en octobre 1993.
  • Dictionnaire biographique du
    mouvement ouvrier français
    , Le
    Maitron
    , Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition
    1997. Tome 36, page 140
  • Liste (incomplète) par
    matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du
    Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des
    conflits contemporains (Ministère dela Défense, Caen) indiquant généralement la date de
    décès au camp.
  • © Site Internet
    «Mémorial-GenWeb»
  • ©
    Site Internet «Légifrance.gouv.fr»

Biographierédigée en 2000 pour l’exposition de l’association «Mémoire Vive» au CRDP de Rouen, et modifiée en janvier 2012 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en
Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6
juillet 1942»
, Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6
juillet 1942 dit des «45000
», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000
(épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce
blog) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette
biographie. *Pour compléter ou corriger cette
biographie, vous pouvez me faire un courriel deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Pensez à indiquer les sources et éventuellement les documents dont vous
disposez pour confirmer ces renseignements et illustrer cette biographie. Si, membre
de la famille du déporté, vous ne souhaitez pas que cette biographie soit
publiée sur Internet, je vous prie de me le faire immédiatement savoir :
elle sera aussitôt retirée du blog.

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