Matricule « 45 174″ à Auschwitz
Alexandre Antonini : né en 1894 à Ajaccio (Corse) ; domicilié à Clichy-la-Garenne (Seine) ; dessinateur, comptable ; communiste ; arrêté en 1921, puis le 14 mai 1930 (priason de Fresnes) ; élu municipal communiste ; arrêté le 6 décembre 1940 ; interné aux camps d’Aincourt, de Rouillé et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 4 octobre 1942.
Alexandre Antonini est né le 27 juillet 1894 à Ajaccio (Corse).
Il est officiellement domicilié au moment de son arrestation au 4, rue du Réservoir à Clichy-la-Garenne (ancien département de la Seine, aujourd’hui Hauts-de-Seine).
Il est le fils de Marie, Sagra, Peritti, 21 ans, sans profession et d’Antonin, Jacob Antonini, 27 ans, marchand de Bois, son époux. Il a une sœur, Marcelle et un frère Don Roch.
Au moment de la déclaration de guerre de 1914, il habite Marseille, chez ses parents. Son père est devenu cheminot, employé du PLM (Paris-Lyon-Marseille).
Alexandre Antonini est mobilisé le 27 octobre 1914 dans les Bouches-du-Rhône.
Au moment de son incorporation, il se déclare comme dessinateur. Son registre matricule militaire indique : cheveux et yeux châtains, taille 1m 64. Il a un niveau d’instruction « n°3 » pour l’armée (sait lire, écrire et compter, instruction primaire développée). Alexandre Antonini, dirigé sur le dépôt d’Infanterie 154, est incorporé au 133è Régiment d’Infanterie le 17 décembre 1914. Il y est à l’instruction jusqu’au 12 mai 1915.
Il est « aux armées » (i.e. zone du front) avec le 86è RI du 13 mai 1915 au 14 avril 1916.
Il est blessé à l’œil gauche. A cette date il passe en commission de réforme à Nancy pour de graves problèmes de vue (lourd strabisme – 1/40 à l’œil gauche – doublé d’astigmatisme, amblyopie). Il est alors classé « service auxiliaire » le 27 avril 1916.
Compte tenu de sa profession de dessinateur, il est détaché à l’usine de construction mécanique Delachaux à Saint-Ouen, au 32 quai de Seine.
En juillet 1917, son changement d’affectation militaire (il « passe » à la 24è section et au 80è RI le 28 décembre 1917) entraîne un changement d’affectation pour son « service auxiliaire » : Alexandre Antonini est détaché à l’usine Renault de Billancourt à cette date.
Il habite depuis 1917 au 7, rue Souchal à Clichy-la-Garenne selon les Renseignements généraux : « une chambre d’un loyer annuel de 200 F. Il vit maritalement avec Madeleine Passemart, 34 ans (sa belle-sœur) ouvrière aux établissements Williams et Compagnie, 88, rue Martre à Clichy fabrique de boites métalliques)« . Puis il « passe » au 21è Régiment d’Infanterie coloniale et est alors muté à l’usine Soyez à Blangy-sur-Bresle le 9 avril 1918. Puis à l’usine Fleury à
Choisy-le-Roy.
Il est placé en congé illimité pour l’armée le 30 mars 1919. Il est titulaire de la Médaille de la Victoire et de la Médaille Commémorative.
Pour les Renseignements généraux « Il a été réformé n° 1 pour blessure, avec une pension correspondant à 60 % d’invalidité « (rapport des RG novembre 1921).
« Retiré » à Clichy au 7, rue Souchal, « certificat de bonne conduite accordé », Alexandre Antonini est embauché comme comptable dans une entreprise de commerce de la capitale. Mutilé de guerre pensionné à 45 % (et non à 60 % comme l’écrivent les RG), il est trésorier de la Fédération ouvrière et paysanne des Mutilés, veuves et orphelins de la guerre (en 1927, il est encore à la tête de la section de Clichy de cette organisation).
Une lettre de dénonciation reçue par le Préfet en 1926 prétend remettre en cause la blessure de guerre d’Antonini, « de nationalité corse et de la bande communiste de Clichy« , arguant qu’il « louchait déjà avant-guerre« . Le dénonciateur, un forain habitant 2, rue Souchal, n’ayant pu être entendu, il n’y a aucune suite policière. Ajoutons que le registre matricule militaire d’Alexandre Antonini ne fait pas état de strabisme dans le cadre des « renseignements physionomique complémentaires » qui aurait dû inévitablement être constaté lors du conseil de révision.
Alexandre Antonini adhère à la « chambre syndicale des comptables et teneurs de livres et employés aux écritures de la région parisienne« . Il est élu membre de la Commission administrative de cette chambre syndicale le 15 juin 1919. Il est également devenu membre de l’ARAC (Association républicaine des anciens combattants, fondée en 1917 par Henri Barbusse, Paul Vaillant-Couturier, Raymond Lefèvre).
Alexandre Antonini adhère au Parti communiste en 1920 à Clichy. « Attiré surtout par le rayonnement de la révolution Russe. A cette époque (1920) il y avait à la section de Clichy une majorité contre l’adhésion à la IIIème Internationale. En tant que militants syndicalistes nous connaissions ces discussions, c’est alors qu’avec un groupe de jeunes revenus des tranchées nous avons décidé d’entrer à la section de Clichy pour combattre ceux qui attaquaient la révolution Russe » (autobiographie de 1938, dossier du Komintern, in Le Maitron). Il présente une causerie sur le communisme et la prise du pouvoir le 26 avril 1921, à la Bourse du travail de Clichy, 60, rue de Paris.
Il est membre de la commission des statuts de la section communiste de Clichy, selon les Renseignements généraux.
Il est présent sur la liste présentée à Clichy par le Parti Communiste SFIC (Section Française de l’Internationale Communiste) aux élections municipales du 20 février 1921 (L’Humanité du 19 février 1921). L’avant-veille les candidats communistes avaient apporté la contradiction lors d’un meeting du candidat du Bloc National, Gaudier.
Il est arrêté en 1921 pour apposition d’affiches antimilitaristes.
Dès novembre 1921 ses activités militantes sont étroitement surveillées par la police, ainsi qu’en fait preuve un rapport du chef du service des Renseignements généraux au Préfet de Police de Paris (documents de la Préfecture de police de Paris). Les RG mentionnent que « les renseignement recueillis sur sa conduite et sa moralité sont favorables ».
En 1922, il entre comme comptable à la société d’assurance (l’Union) de la capitale.
Après s’être présenté sans succès aux élections municipales de février 1921 sur la liste communiste, Alexandre Antonini est élu le 3 février 1923 conseiller municipal sur la liste du Bloc Ouvrier et Paysan.
Il se marie le 28 juillet 1925 à Clichy avec Marie-Madeleine Passemart 36 ans, mécanicienne aux établissements Williams et Compagnie, née à Drugeac (Corèze), le 9 février 1889. Elle milite au Comité mondial des femmes.
Les deux époux sont tous deux domiciliés au 7, rue Souchal à Clichy. Ils ont un enfant.
Alexandre Antonini milite également dans le 18è arrondissement de Paris et devient membre de la commission technique coopérative centrale du Parti communiste dirigée par Paquereaux (dès 1923, il est trésorier fédéral de la Fédération ouvrière et paysanne).
Il est secrétaire de la cellule de la coopérative « la Fraternelle » et devient, dès 1925, trésorier du 18è Rayon.
Secrétaire de la Section du Parti communiste de Clichy, il participe à ce titre activement au IVè congrès du jeune Parti communiste, qui se tient à Clichy-la-Garenne du 17 au 21 janvier 1925.
Reclassé dans la réserve militaire au titre du service auxiliaire, Alexandre Antonini passe en commission de réforme militaire le 2 août 1927, qui confirme son affectation en tant que réserviste.
Délégué au congrès de la Fédération Unitaire des syndicats des Employés de France et des colonies, les 14 et 15 août à Lyon, il est élu membre de la Commission administrative de la Fédération.
Il effectue un voyage en URSS en novembre 1927, délégué, avec 5 autres militants dont l’avocat Jacques Sadoul, par le Parti communiste au sein d’une délégation des Coopératives à l’occasion des fêtes du 10è anniversaire de la Révolution d’Octobre.
Rentré à Paris le 21 novembre, il en fait des compte-rendu : le 7 décembre, lors d’une réunion publique organisée par l’union nationale des coopératives à la salle des conférences, rue Reflut à Clichy ; le 29 décembre 1927 lors d’une réunion organisée par la Fédération Unitaire des Employés de la région parisienne ; au 8 rue Mathurin Moreau (doc. 264.823, Préfecture PP) ; le 26 janvier 1928 à Clichy, salle Reflut, devant 200 personnes (doc. 264.822, Préfecture PP).
Alexandre Antonini est élu conseiller municipal de Clichy le 5 mai 1925 et le 5 mai 1929.
Selon un rapport des Renseignements généraux, Alexandre Antonini, préside le 8 novembre 1929 le meeting dans la salle du passage Reflut, à Clichy, organisé par le Parti communiste à l’occasion de la célébration du 12è anniversaire de la Révolution russe. (…). Alexandre Antonini, après avoir exposé les réalisations soviétiques, fait allusion à certains élus municipaux qui n’ont pas voulu se soumettre à la discipline du Parti. Les partisans de Charles Auffray présents en nombre le conspuent (voir sur les causes de cet épisode la notice biographique d’Auffray, Maire de Clichy, qui va quitter le Parti communiste et fonder un journal « Le Prolétaire Clichy » et créer le Parti d’unité prolétarienne (PUP). AUFFRAY Charles [AUFFRAY Adrien, Charles)
Le 14 mai 1930, Alexandre Antonini est arrêté à nouveau par la police « en accord avec le maire Auffray » écrit l’Humanité, alors qu’il essayait avec d’autres militants de participer à une réunion organisée salle Reflut par les Pupistes (le PUP, Parti d’unité prolétarienne créé en 1930 par fusion de deux petits partis politiques, scissions du PCF, situés entre le Parti communiste et la SFIO). Selon le Temps et le Journal des débats il s’agissait uniquement d’affrontement entre la police et les « moscoutaires ».
Le 4 juin, la 13è chambre du tribunal correctionnel de la Seine condamne Alexandre Antonini à quatre mois d’emprisonnement et à 100 francs d’amende pour « voies de fait et outrage à agent », alors qu’Alexandre Antonini affirmait avoir été tabassé.
L’Humanité lance une campagne pour qu’il bénéficie du régime politique en prison. Il est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes (Seine). Au bout de deux mois il est libéré.
Le 19 août, une réunion est organisée à Clichy par le secours Rouge International, à l’occasion de sa libération
Au cours de celle-ci il est chaleureusement ovationné, aux cris de « libérez Marty, libérez les prisonniers politiques » (doc. 864.263, Préfecture PP).
Alexandre Antonini est révoqué de son mandat de conseiller municipal le 11 mars 1931 par le Préfet de la Seine au motif de sa condamnation à quatre mois de prison.
Secrétaire de la section du Parti communiste, il est au cœur de la bataille contre la scission du maire Auffray, accompagné de 24 conseillers dissidents : il organise la réunion de 400 militants clichois en présence du député Marcel Cachin le 4 mars 1930 (doc 264.823, Préfecture police).
Le 29 mai 1930 à la Fête de Clichy, René Longle (1), un autre conseiller municipal communiste de Clichy est arrêté pour distribution de tracts demandant la libération « de Marty et Antonini » et « contre la répression des travailleurs
indochinois ».
En janvier 1933, la Sûreté générale mentionne qu’il travaille comme aide comptable à la direction commerciale et financière de la représentation commerciale de l’URSS, 25, rue de la Ville Levêque (Paris 8è).
Candidat aux élections cantonales, le 26 mai 1935, Alexandre Antonini échoue au premier tour (2488 voix), mais recueille 2769 voix au second, alors qu’il n’est plus candidat. « La majorité du conseil dirigé par Charles Auffray avait quitté le Parti communiste en 1929, participé à la fondation du Parti d’unité prolétarienne en 1930 et conservé le contrôle de la municipalité en mai 1935. Le Parti communiste fit d’Antonini son porte-drapeau aux élections du conseil général de la Seine, le 26 mai 1935 (…). Sur 9532 suffrages exprimés, il recueillit 2488 voix contre 3162 à Maurice Naile (PUP), 1110 à Moulinaud (« réactionnaire »), 927 à Kléber Nortier dissident du PUP, 803 à Travanac, Parti Camille Pelletan, 630 à Jean Itard (SFIO), 313 à Pecquignot (Socialiste de France).
Alexandre Antonini qui avait initialement maintenu sa candidature se retire sur « injonction du Bureau politique pour la nécessité d’un front de plus en plus total contre le fascisme » (note 264.823 des RG) « Pour le second tour (2 juin 1935). Maurice Naile fut élu avec 4 443 voix mais, fait surprenant, Antonini « non candidat » recueillait 2769 voix selon l’Humanité et les services du conseil général » (Le Maitron).
Le 28 septembre 1938 il habite au 4, rue du Réservoir à Clichy.
Selon une note envoyée par l’inspecteur de police mobile « M…. » à l’Inspection générale des services le 6 juin 1940 (n° 264.823 Préfecture PP), Alexandre Antonini est propriétaire d’un pavillon, boulevard de l’Ourcq à Villeparisis, où selon une enquête menée à titre personnel par un fonctionnaire de police, il recevrait « des membres de l’ex-Parti communiste, en particulier Jacques Duclos et Maurice Thorez ».
Cette note, rédigée avant l’arrestation d’Alexandre Antonini ne semble pas avoir eu de suite. On peut simplement y apporter quelques éléments de réflexion : on sait en effet que la direction du Parti communiste avait pris des dispositions pour assurer des « planques » aux dirigeants du parti après son interdiction le 26 septembre 1939. Alexandre Antonini a donc pu être un de ces militants surs. Il est effectivement propriétaire de ce pavillon au 51, rue de l’Ourcq, que sa veuve habitait encore en 1972, selon le témoignage de Madame Gezelle.
Il connaît effectivement Jacques Duclos, qui est notamment venu le soutenir lors de sa candidature aux cantonales à Clichy en 1935, mais il n’est pas possible que celui-ci soit venu dans ce pavillon de Villeparisis avant le 16 juin 1940 (il s’est replié en Belgique entre début octobre 1939 et le 16 juin), date à laquelle Alexandre Antonini est mobilisé à Nîmes. Mais il a pu en avoir les clefs. Quant à Maurice Thorez c’est impossible qu’il y ait séjourné (mobilisé près d’Arras à la déclaration de guerre, il déserte le 3 octobre 1939 à la demande du Komintern et rejoint l’URSS, via la Belgique et la Suède). Rappelons qu’Alexandre Antonini est mobilisé à Nîmes en mars 1940 et qu’il est démobilisé en juillet 1940. En tout état de cause, si ce pavillon a pu servir de planque pour des militants, il est peu vraisemblable qu’après l’arrestation d’Antonini, cela ait continué.
Le 23 mars 1940, Alexandre Antonini est mobilisé. Il est affecté au dépôt de guerre 154 où il arrive le 25 mars, puis le 1er mai 1940 au dépôt d’Artillerie n°15 (une poudrière dit Marie Antonini) à Nîmes.
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Toute la banlieue parisienne est occupée les jours suivants. Un premier détachement allemand occupe la mairie de Nanterre et l’état-major s’y installe.
Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Alexandre Antonini est démobilisé à Nîmes le 19 juillet 1940.
Militant clandestin du Parti communiste après son interdiction le 28 septembre 1939 (les RG mentionnent : « connu comme un meneur très actif » « s’était signalé depuis le début des hostilités pour son activité clandestine« ), il est arrêté le 6 décembre 1940 à Clichy, par la police française pour « reconstitution de ligue dissoute » (décret du 18 novembre 1939) : il s’agit d’une rafle qui concerne 69 militants du département de la Seine.
Le même jour, il est interné au camp de « séjour surveillé » d’Aincourt, près de Mantes (Yvelines) ouvert spécialement, en octobre 1940, pour y enfermer les communistes arrêtés dans la région parisienne sur ordre du gouvernement de Vichy. Lire dans le site : Le camp d’Aincourt
Les Renseignements généraux font parvenir au directeur du camp d’Aincourt une liste comportant les motifs des internements administratifs. Pour Alexandre Antonini on peut lire « Meneur communiste très actif« .
Le 3 janvier 1941, Marie Antonini sollicite une autorisation de visite au camp d’Aincourt, où
son mari est interné (doc 264.623 Préfecture PP).
Elle y mentionne le fait que le fils d’Alexandre Antonini n’a pas été
autorisé à voir son père à Aincourt et que cela lui semble une intolérable
brimade pour ces deux hommes qui ont fait leur devoir pendant les deux guerres. La réponse donnée au commissaire de circonscription de Clichy afin qu’il la fasse connaître à Mme Antonini est négative, s’appuyant sur le règlement intérieur du CSS.
Le 6 septembre 1941, Alexandre Antonini fait partie des 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au “centre de séjour surveillé” de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne), pour l’ouverture de celui-ci.
Lire dans le site : le-camp-de-Rouillé
Le 22 mai 1942, il est remis avec 147 autres détenus aux autorités allemandes. Celles-ci l’internent au camp de Royallieu à Compiègne, en vue de sa déportation comme otage.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Alexandre Antonini est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942.
Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
René Petitjean, seul rescapé clichois du convoi, décrit sa remarquable attitude pendant les deux jours du transport jusqu’à Auschwitz.
Par son sang-froid et son humour, il rétablit le calme dans son wagon, où les neuf autres Clichois se sont groupés autour de lui.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 45174 ».
Sa photo d’immatriculation (3) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Deux négatifs ont été superposés : il s’agit des visages d’Henri Aubry et d’Alexandre Antonini. Mais on voit très nettement son strabisme à l’œil gauche.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Alexandre Antonini meurt à Auschwitz, le 4 octobre 1942 selon les registres du camp.
Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué.
Le 2 juillet 1957, le Conseil municipal de Clichy donne son nom à une rue de la commune (deux établissements scolaires y sont implantés).
Alexandre Antonini est homologué au titre de la Résistance Intérieure Française (RIF, Front national) comme appartenant à l’un des cinq mouvements de Résistance (FFC, FFI, RIF, DIR, FFL).
Cf. Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 15199.
Marie Antonini, sa veuve, est élue conseillère municipale de Clichy, de 1945 à 1947 (le Maire est Jean Mercier, PCF), puis de 1958 à 1959 (le Maire est Georges Levillain, SFIO).
- Note 1 : René Charles Longle est né à Paris 14è le 19 août 1900. il habite à l’époque au 14, rue Simonneau, rue populaire qui fait le tour du terre-plein des « bains douches » de Clichy.
- Note 2 : Joseph Albert Berthucat, né à Brioude (43) le 21/06/1906 est libéré de Sachsenhausen le 22/04/1945. Il est revenu habiter Clichy à son retour des camps. Membre de la FNDIRP, très respecté dans le milieu des anciens combattants, il était adhérent à la cellule Tortora. Mon mari, secrétaire de la section communiste l’a bien connu dans les années 1970. Il est décédé le 23 juin 1980 à Genets (Manche).
Sources
- Photo d’Alexandre Antonini et témoignage de Mme Gezelle, une de ses amies, lettre à Roger Arnould, 13 novembre 1972. Une photo identique, avec le n° 29909 et la date du 26 octobre 1927 est conservée à la Préfecture de police.
- Liste Mairie P.1. Liste XLI-42, n°2.
- Témoignage de René Petitjean.
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin “Après Auschwitz”, n°21 de mai-juin 1948). Cependant, le négatif a été accidentellement utilisé pour réaliser deux clichés successifs, c’est pourquoi il présente deux visages superposés (l’autre visage est celui d’Henry Aubry, matricule 45183).
-
Archives de la Préfecture de police, Cartons occupation allemande, BA 2374.
- Registres matricules militaires des Bouches du Rhône, Cote IR 1378.
- Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier. T 17, page 188, in CD-Rom édition 1997. Edition informatique 2015, notice Claude Pennetier.
- Documents recueillis en 2015 à la Préfecture de police de Paris, par M. Paul Filippi, journaliste à FR3 Corse, dans le cadre de la préparation d’un film sur les « 45.000 » originaires de Corse.
- Courriel de Madame Karine Ribe-Brement, petite-fille de Marcelle Ribe, sœur d’Alexandre Antonini.
Notice biographique rédigée en novembre 2005 (complétée en 2016, 2019 et 2021) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) à l’occasion de l’exposition organisée par l’association « Mémoire vive » et la municipalité de Gennevilliers. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com