Evadé du convoi du 6 juillet 1942

Julien Camille Bécet est né le 28 novembre 1905 à Paris 18è selon l'état civil, ou le 25 novembre 1905 à Paris selon la Préfecture de police de Paris... Nous avions orthographié par erreur son nom en Bessey dans l'édition de 2005 de « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 »).
Au moment de son arrestation, il est domicilié à Paris.

Julien Bécet est né à Paris 18è. Il est le fils de  Désirée Cariat, 40 ans, brodeuse et de Julien Bécet, 43 ans, accordeur de piano. Ses parents sont domiciliés 103 rue du Poteau, quartier grandes carrières à Paris 18è.
Il épouse à Blois (Loir et cher) Florence Tavernier, le 23 décembre 1926.

Au moment de son transfert au camp allemand de Compiègne le 5 mai 1942, Julien Bécet est détenu de droit commun, arrêté pour des cambriolages (témoignage de Georges Marin, qui l’a connu au camp de Compiègne en 1942). Il a été interné à la Caserne des Tourrelles (ancienne caserne du boulevard Mortier) après son arrestation dont la date est inconnue. Mais elle se situer après juin 1940, puisque c’est à partir de cette date que des détenus de droit commun et des communistes sont internés à la caserne des Tourrelles.

CSS des Tourrelles

Le 5 mai 1942 Julien Bécet fait partie des 14 internés administratifs de la police judiciaire (classés comme « indésirables »), et extraits de Centre de séjour surveillé des Tourelles pour être conduits, avec 23 communistes (majoritairement des anciens des Brigades internationales) à la gare du Nord. Ils sont mis à la disposition des autorités allemandes et internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne, le « Frontstalag 122 » le jour même en tant qu’otages.
Les 14 « indésirables » des Tourelles seront tous déportés le 6 juillet 1942, ainsi que tous les anciens des Brigades internationales..

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.

Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Julien Bécet est déporté vers Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942. Le 6 juillet 1942, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé comme eux dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.

La gare de Metz

Pendant le transport, à la gare de Metz, Julien Bécet décide de s’évader, accompagné de
Jean Cortichiatto, dit « Napoléon » qu’il avait connu à la caserne des Tourelles, où ils étaient tous deux internés (Napoléon depuis le 12 février 1942).

Lorsque le convoi s’approche de la gare de Metz, vers 18 heures, les deux détenus sautent sur la voie.
« Napoléon [surnom de Jean Antoine Cortichiatto] et Julien Bécet passent sur le quai. Mais il y a
foule dans la gare : des gens qui parlent allemand
[Metz est ville allemande depuis que la Lorraine
a été annexée au Reich en 1940… et les strasbourgeois parlent l’Alsacien]. Ils sont repérés. Napoléon perd son sang-froid, essaie de fuir. Bécet, lui, ne bouge pas, mêlé aux voyageurs. Napoléon est repris et termine la route dans le wagon des SS qui lui massacrent la gueule» (Témoignage de Jean Pollo, un des 21 « indésirables » du convoi).

Deux autres déportés du convoi ont réussi à s’évader. Lire dans le site: Les 3 évadés du transport du 6 juillet 1942

Julien Bécet réussit à s’enfuir depuis Metz… On ignore son parcours.
Après guerre, il va poursuivre ses activités de cambrioleur, notamment comme perceur de coffres-forts, selon le témoignage de Jean Pollo.
Son mariage est dissous par jugement de divorce le 7 juillet 1954.
Il est décédé à Draveil (Essonne) le 16 juin 1969.

Sources

  • Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “occupation allemande” : BA 1837.
  • Témoignage de Georges Marin, rescapé.
  • Témoignage de Jean Pollo, de Paris (45998), rescapé, cité page 15 de Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942,
    Claudine Cardon-Hamet, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, et page 354, liste des évadés du convoi.

Notice biographique installée en août 2012, par Claudine Cardon-Hamet, avec Pierre Cardon, complétée en 2025. Claudine Cardon-Hamet est docteur en Histoire, auteure des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45 000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteurs et coordonnées de l’article) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle.
Pour le compléter ou le corriger, vous pouvez nous faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *