Evadé du convoi du 6 juillet 1942
Julien Bécet est né le 25 novembre 1905 à Paris. Nous avions orthographié par erreur son nom en Bessey dans l’édition de 2005 de « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 »).
Au moment de son arrestation, il est domicilié à Paris.
Julien Bécet est un détenu de droit commun, arrêté pour cambriolages (témoignage de Georges Marin, qui l’a connu au camp de Compiègne en 1942). Il est interné à la Caserne des Tourrelles (ancienne caserne du boulevard Mortier).

Le 5 mai 1942 Julien Bécet fait partie des 14 internés administratifs de la police judiciaire (classés comme « indésirables »), et extraits de Centre de séjour surveillé des Tourelles pour être conduits, avec 23 communistes (majoritairement des anciens des Brigades internationales) à la gare du Nord. Ils sont mis à la disposition des autorités allemandes et internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne, le « Frontstalag 122 » le jour même en tant qu’otages.
Les 14 « indésirables » des Tourelles seront tous déportés le 6 juillet 1942, ainsi que tous les anciens des Brigades internationales..
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Cf l’article du site : Les wagons de la Déportation
Julien Bécet est déporté vers Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942. Le 6 juillet 1942, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé comme eux dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.

Pendant le transport, à la gare de Metz, Julien Bécet tente de s’évader, accompagné de
Jean Cortichiatto qu’il avait connu à la caserne des Tourelles où ils étaient tous deux internés..
Lorsque le convoi s’approche de la gare de Metz, vers 18 heures, les deux détenus sautent sur la voie. « Napoléon [surnom de Jean Antoine Cortichiatto] et Julien Bécet passent sur le quai. Mais il y a
foule dans la gare : des gens qui parlent allemand [Metz est ville allemande depuis que la Lorraine
a été annexée au Reich en 1940]. Ils sont repérés. Napoléon perd son sang-froid, essaie de fuir. Bécet, lui, ne bouge pas, mêlé aux voyageurs. Napoléon est repris et termine la route dans le wagon des SS qui lui massacrent la gueule» (Témoignage de Jean Pollo, un des 21 « indésirables » du convoi).
Deux autres déportés du convoi réussissent à s’évader. Lire dans le site: Les 3 évadés du transport du 6 juillet 1942
Julien Bécet réussit à s’enfuir depuis Metz… Et après guerre, il va poursuivre après guerre ses activités de cambrioleur, notamment comme perceur de coffres-forts. « Napoléon », rescapé du convoi, est tué par balles à Ajaccio le 28 janvier 1947 lors d’un règlement de compte du milieu.
Sources
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “occupation allemande” : BA 1837.
- Témoignage de Georges Marin, rescapé.
- Témoignage de Jean Pollo, de Paris (45998), rescapé, cité page 15 de Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942,
Claudine Cardon-Hamet, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, et page 354, liste des évadés du convoi.
Notice biographique installée en août 2012, par Claudine Cardon-Hamet, avec Pierre Cardon. Claudine Cardon-Hamet est docteur en Histoire, auteure des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45 000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteurs et coordonnées de l’article) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle.
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