Matricule « 45 230 » à Auschwitz

Jean-Baptiste Berthout : né en 1899 à Limoges (Haute-Vienne) ; domicilié à Paris 10è ; communiste ; arrêté le 29 décembre 1940 ; condamné à 6 mois de prison, libéré à l’expiration de la peine, recherché ; arrêté le 21 septembre 1941 ; interné aux camps de Rouillé et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 13 août 1942.

Jean-Baptiste Berthout (dit  « les yeux bleus ») est né le 3 août 1899 au domicile de ses parents, 176, bis faubourg de Paris à Limoges (Haute-Vienne).
Il habite au 48, rue du Faubourg Saint-Denis (Paris 10è) au moment de son arrestation. Il est le fils de Marie Vignaud, 32 ans, couturière et de Pierre Berthout, 39 ans, journalier, son époux.
Titulaire du certificat d’études primaires, il est aide monteur en chauffage central  « au salaire horaire de 9 F 62 » / BS1 (1) (il a été successivement calibreur sur porcelaine, manutentionnaire, cultivateur, puis aide monteur en chauffage, selon son registre matricule militaire).
Selon sa fiche matricule militaire créée en mars 1920, Jean-Baptiste Berthout mesure 1m 69 a les cheveux blonds et les yeux bleus, le front moyen fuyant et le nez rectiligne, le visage ovale. Il a un niveau d’instruction « n° 3 » pour l’armée (sait lire, écrire et compter, instruction primaire développée).
Conscrit de la classe 1919, Jean-Baptiste Berthout est mobilisé par anticipation d’un an (soit en avril 1918), comme tous les jeunes gens depuis la déclaration de guerre. Il est incorporé au 126è Régiment d’infanterie le 18 avril et arrive au corps le 23 avril 1918. A l’instruction au dépôt du 126è, il est hospitalisé fin 1918. Il est envoyé en permission le 18 décembre 1918 puis rejoint le corps le 4 janvier 1919. Il est de retour « aux
armées » (à l’occasion de l’occupation des pays rhénans) le 12 mai 1919 dans le 163è Régiment d’infanterie. Il est détaché à la coopérative divisionnaire de Sarrebrück le 15 décembre 1919. Le 25 avril 1920, il est « renvoyé dans ses foyers en attendant son passage dans la réserve de l’armée active » qui a lieu le 23 mars 1921 et « se retire » au 194, route de Paris à Limoges, avec un « certificat de bonne conduite accordé ». Il est affecté dans la réserve au 63è RI.  Mai 1921 : pour hâter l’application du traité de Versailles (versement des dommages de guerre, en particulier le charbon), la première occupation militaire de la Ruhr par l’armée française doit avoir lieu en mai 1921 (les effectifs de l’armée du Rhin d’occupation
passent de 100 000 à 210 000 hommes) : le gouvernement rappelle les réservistes. Jean-Baptise Berthout est donc « rappelé à l’activité » (article 33,
loi 8 mars 1905) et arrive au 63è Régiment d’infanterie le 4 mai 1921. Il est affecté au 66è Régiment d’infanterie le 11 mai et est démobilisé le 26 juin 1921. Il  reçoit la médaille commémorative 1914/1918 et la médaille interalliée de la Victoire.

Jean-Baptiste Berthout vit maritalement, après sa démobilisation, avec Eulalie Otamendy,
née en 1892 en Haute-Vienne.
En novembre 1921 Jean-Baptiste Berthout habite au 13, passage de l’industrie à Paris 10è. D’abord réaffecté au titre de la réserve militaire au 63è RI, il est ensuite affecté au 50è RI en 1924 dans le cadre du plan A.
En janvier 1924, il est de retour à Limoges et habite au 194, faubourg (ou route) de Paris. En juin de la même année, il regagne Paris et habite à nouveau au 13, passage de l’industrie.
En mai 1931, il est à nouveau dans la région limousine, ruelle de Vialbos à Verneuil-sur-Vienne. En mai 1931, il est réaffecté pour la réserve militaire à la 1ère section d’infirmiers militaires.
En mai 1932, il remonte définitivement à Paris et habite au 14,  boulevard Bonne nouvelle 10è.
En octobre 1932, il déménage rue des Belles feuilles (Paris 16è). En juin 1933, il habite à nouveau le 10è arrondissement au 48, rue du Faubourg Saint-Denis.
Jean-Baptiste Berthout adhère au Parti communiste en 1934 et il est, pendant un an et demi, secrétaire de la cellule locale « 1081 ».  En 1936, lors du recensement, il habite avec Eulalie Otamendy au 48, rue du Faubourg Saint-Denis.

Jean-Baptiste Berthout, portrait extrait de sa fiche de police

Septembre 1939 : à la déclaration de guerre Jean-Baptiste Berthout est « rappelé à l’activité » le 10 septembre 1939 et mobilisé à la 9è section d’infirmiers militaires à Limoges, où il arrive le même jour.

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Après sa démobilisation, en 1940, il est sollicité par un certain « Maurice » pour effectuer des distributions de tracts (le Parti communiste est interdit depuis le 26 septembre 1939).

La lettre de dénonciation (montage du recto verso)

Il va être arrêté sur dénonciation suivie d’une filature le 28 décembre à 22 heures 30 au domicile de Marie Dupin (née Oudry le 3 avril 1895  à Belmont dans l’Ain), censée être sa maitresse selon la BS1, au 3, rue de l’Hôpital Saint-Louis (Paris 10è).
En effet, les services de la préfecture ont reçu une lettre de dénonciation en date du 15 décembre adressée au Préfet de la Seine.
Nous avons conservé les fautes d’orthographe dans la retranscription ci-dessous.
« Monsieur le Préfet
Vous trouverez chez la concierge du 72 rue du château d’eau, un certain communiste du nom de jean Bertout qui lui apporte des journeaux de l’Humanité une ou deux fois par semaine , le soir vers 8 h, 8 h 30, aussi vite la concierge va les cacher dans le fond d’un petit couloir ou il y a les cabinet. Je suis souvent dans l’immeuble et beaucoup des locataire sont au courant, mais elle a vite fait de les distribué, elle et sont complice ne rève que de moscou ici on est bon à rien. Recevez, Monsieur mes respects et salutations. Je suis près à vous servire dès que possible« .

Sa fiche de police (BS1)

Le 28 décembre 1940, il est arrêté en flagrant délit par la Brigade Spéciale des renseignements généraux (1). Les inspecteurs C… et D… de la BS1 ont consigné cette arrestation :

 PV de mise à disposition

« A monsieur le commissaire de police. Nous mettons à votre disposition le nommé Berthout Jean Baptiste (suivent les date, lieux de naissance et adressex de Jean Berthout et de Marie Dupin) » (…) « Continuant nos surveillances quant à la propagande clandestine communiste dans le 10è arrondissement et à la suite de l’arrestation de la femme Mazel, nous avons appréhendé le sus nommé qui était en relation avec cette dernière, et a reconnu avoir apporté le matériel de propagande clandestine trouvé chez la femme Morel. Au moment de son arrestation, Berthout était porteur d’un tract clandestin intitulé « aux militants communistes« .

A cinq reprises selon le procès verbal d’interrogatoire (ci-contre) rédigé par la Brigade spéciale des renseignements généraux, il a reçu des paquets d’une centaine de tracts et des papillons qu’il répartit à un militant clandestin de son quartier dit « Néca ». Il diffuse lui-même une cinquantaine de tracts.

Procès verbal d’interrogatoire par la BS

« Interrogeons le sieur Berthout qui indique comme suit son état civil.
Je me nomme Berthout Jean-Baptiste; je suis né le 3 août 1899 à Limoges (Haute-Vienne) de Pierre et de Marie Vignaud ; célibataire je vis en concubinage avec madame Otamendy depuis une vingtaine d’années. J’habite dans mes meubles 48, rue du Faubourg Saint-Denis (10è). J’exerce la profession d’aide monteur en chauffage central au salaire horaire de 9 francs 62. Nationalité française. Recrutement de limoges, classe 1919, service armé matricule. 2.238. Ni Officier, ni décoré, ni pensionné. Certificat d’études primaire.
Une condamnation à quatre jours de prison pour violences.
Sur les faits :
J’ai appartenu au Parti Communiste de 1934 à la dissolution ; je suis resté pendant 1 an 1/2 environ secrétaire de la cellule locale 1.081. Il y a deux mois environ un individu que je ne connais que sous le prénom de Maurice et dont j’ignore le nom et l’adresse est venu me trouver à mon domicile et m’a demandé si j’étais disposé à reprendre la propagande Communiste Sur ma réponse affirmative il est venu m’apporter à cinq reprises, chez moi, des paquets de tracts et de papillons que je divisais en deux parts. Une de ces parts était destinée è un nommé Néca ; quant l’autre je venais la rechercher pour assurer la distribution des tracts que je diffusais dans mon quartier ou dans les quartiers limitrophes. Je distribuais environ une cinquantaine de tracts environ, mais je n’ai jamais collé de papillons.
Le tract qui a été trouvé sur moi au moment de mon arrestation m’a été remis par Maurice il y a six ou huit Jours.
Lecture faite, persiste et signe, le Commissaire de Police

Envoi au dépôt. de JB Berthout. Signature du commissaire A. Cougoule

Le commissaire André Cougoule, chef de la Brigade Spéciale n° 1 envoie Jean-Baptiste Berthout au Dépôt de la Préfecture de police de Paris le 29 décembre.

Lettre du commissaire Cougoule au directeur de la police

Comme il est indiqué dans le PV précédent, les agents de la BS1 avaient également trouvé sur lui un tract intitulé « aux militants communistes« .
Ils ont également découvert à son domicile une enveloppe avec trois noms de fonctionnaires de police auxquels il devait diffuser le tract intitulé « aux agents et inspecteurs de Police ».
Le commissaire Cougoule en fait état au directeur de la Police des renseignements généraux et des jeux.
« 30 Décembre 1940.
Le Commissaire de Police, Chef de la brigade Spéciale, 1ere et 2ème Sections
à Monsieur le Directeur des Renseignements Généreux et des Jeux.
J’ai l’honneur de porter à votre connaissance les faits suivants : Le nommé Berthout  Jean-Baptiste, 48 rue du Faubourg St-Denis à Paris, arrêté hier en flagrant délit de propagande communiste clandestine, était porteur d’une adresse au dos de laquelle figuraient les indications suivantes :
Hubert, 20 cours des Petites Ecuries, à la Préfecture,
Fournier, en retraite, rue Château d’eau,
M. Primot, 56 rue de Bondy.
Interpellé sur la signification de ces adresses, Berthout a expliqué qu’il s’agissait là d’éléments dont les noms lui avaient été communiqués par un militant du mouvement communiste, qu’il connait seulement sous le nom de Maurice et à qui, toujours sur les indications de ce dernier, il devait remettre des exemplaires du tract intitule  » Aux agent et inspecteurs de police « . Berthout a ajouté qu’il ne connaissait pas personnellement les trois personnes dont le nom figure sur la liste, qu’il ignorait absolument si elles participaient, même indirectement, à l’activité communiste clandestine, et qu’enfin il n’avait pas eu le temps de leur remettre… »

Il est écroué à la Santé, puis à Fresnes, pour purger sa peine, après sa condamnation à 6 mois de prison.
A la date d’expiration normale de sa peine d’emprisonnement, le préfet de police de Paris a ordonné l’internement administratif de Jean-Baptiste Berthout le 29 juin 1941 en application de la Loi du 3 septembre 1940 (2).
Mais ayant été de fait libéré, Jean-Baptiste Berthout ne s’est pas présenté aux services de police.
Il est alors recherché, et arrêté ce que révèle le registre journalier des arrestations ci dessous en date du 27 septembre 1941.
« A la suite de plusieurs surveillances, il a été procédé à l’arrestation de Berthout Jean-Baptiste dit « les yeux bleus » (…) militant communiste notoire, qui à la suite d’une condamnation à 6 mois de prison pour propagande clandestine, ne s’est pas présenté à nos services pour être dirigé sur un camp de séjour surveillé. A été envoyé au Dépôt pour un acheminement vers un camp de concentration (le 29-9-41).
Il est transféré au camp de Rouillé le 9 octobre 1941.
Lire dans le site : le-camp-de-Rouillé 

Registre journalier de la BS1 des RG

Le 9 février 1942, à la demande  des autorités allemandes il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Jean-Baptiste Berthou est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 45230 » selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz (4) a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

L’entrée du camp d’Auschwitz

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Le « certificat » de décès de JB Berthout

Jean-Baptiste Berthout meurt à Auschwitz le 13 août 1942 d’après le certificat de décès
établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 82). Ce certificat de décès reproduit ci-contre, signé par le Dr Mayer, un des médecins du camp est vraisemblablement fictif : dans la nuit du 12 au 13 août, 44 déportés sont décédés. Parmi eux neuf « 45 000 » (et huit « 45 000 le 12 août sur 205 décès). Cent quarante-huit déportés du convoi du 6 juillet sont déclarés décédés de maladie à l’état civil d’Auschwitz les 18 et 19 septembre 1942.
Ces dates coïncident avec une épidémie de typhus et les SS ont alors éliminé tous les malades des infirmeries réputés « inaptes au travail ». Les certificats médicaux camouflent ces exécutions massives.
Lire dans le site : Des causes de décès fictives.

Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué.

  • Note 1 : La Brigade spéciale des Renseignements généraux. La création de la  « BS » remonte à la « Drôle de guerre », en mars 1940, sous la 3è République quand la lutte anti-communiste était d’autant plus à l’ordre du jour que le PCF était interdit. La structure ne fut réactivée pleinement qu’à l’été 1941 pour répondre à l’engagement des communistes dans la lutte armée. En théorie elle était rattachée à la Première section des RG, en charge de la surveillance de l’extrême gauche. Dans les faits, elle était sur un pied d’égalité [avec celle-ci…]. Si toutes les forces de police furent mobilisées peu ou prou dans ce que (le directeur de la police municipale) Hennequin appela une « lutte à mort », c’est la Brigade spéciale des RG qui joua un rôle central (…). En janvier 1942, elle fut même dédoublée, la BS2 étant plus spécialement chargée de la « lutte anti-terroriste ». (Denis Peschanski, « La confrontation radicale. Résistants communistes parisiens vs Brigades spéciales ». En mars 1940, André Baillet commissaire principal de police est chargé de créer une Brigade spéciale de répression anti-communiste (BS) en marge des RG. Il adhère aux thèses du gouvernement de Vichy et devient sous-directeur des Renseignements Généraux, puis directeur (« Le colonel ») en 1943. Nommé ensuite à la tête de l’administration pénitentiaire, il livre de nombreux prisonniers à la Milice.  Le commissaire de la ville de Paris qui a la responsabilité en 1941 des 1ère et 2ème sections est André Cougoule, « plus spécialement chargé du service des Renseignements généraux », officier de police judiciaire, auxiliaire du Procureur. Il est cité pour son zèle dans la répression anticommuniste dans les ouvrages de Frédéric Couderc « les RG sous l’Occupation » (Ed. Olivier Orban, 1992) et André Kirschen dont il a personnellement arrêté le frère, in « Le Procès de la Maison de la Chimie », (Ed. de l’Harmattan, 2002).
  • Note 2 : La loi du 3 septembre 1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit l’internement sans jugement de « tous individus
    dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique
    « . Les premiers visés sont les communistes.
  • Note 3 : Le camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) est ouvert le 6 septembre 1941, sous la dénomination de «centre de séjour surveillé», pour recevoir 150 internés politiques venant de la région parisienne, c’est-à-dire membres du Parti Communiste dissous et maintenus au camp d’Aincourt depuis le 5 octobre 1940. D’autres venant de prisons diverses et du camp des Tourelles. / In site de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé.
  • Note 4 : 522 photos d’immatriculation des « 45 000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après-guerre directeur du Musée d’Etat d’AuschwitzBirkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.
  • Note 5 : Après la mort d’un détenu immatriculé au camp d’Auschwitz, un certificat de décès était rempli pour le bureau d’état-civil d’Auschwitz.  L’état civil du camp établissait 2 copies (les «Zweitbücher») dont l’une était était classée dans 46 registres à Auschwitz même. Lorsque l’on examine ces registres, on constate que les mentions portées sur le certificat de décès, sont répétitives : par exemple «Kachexie bei Darmkatarrh» (cachexie par entérite), «Schwäche des Herzmuskels» (faiblesse du muscle cardiaque ou «Schwaches Herz und Fleckfieber » (faiblesse cardiaque et typhus), ou encore « Urämie » (urémie).  Grâce au témoignage d’une des déportées employées à l’état civil d’Auschwitz, on sait que ces mentions étaient fictives : les détenus avaient ordre d’indiquer une cause naturelle choisie au hasard sur une liste de maladies.

  • Note 6 : Un autre déporté porte lui aussi le nom de Jean-Baptiste Berthout, et lui aussi né à Limoges, le 12 mai 1900. C’est un militant communiste, domicilié au 31, rue de Neuilly à à Clichy (Seine / Hauts-de-Seine) au moment de son arrestation qui a lieu le 5 octobre 1940. Il est interné à Aincourt en octobre 1940, puis à Fontevrault le 4 décembre 1940,  puis à Clairvaux, le 20 janvier 1941, et enfin au camp de Rouillé (Vienne) du 26 septembre 1941 au 22 mai 1942 (date de son transfert à Compiègne, n° 5835). Il est déporté depuis Compiègne le 24 janvier 1943 à Sachsenhausen puis à Dachau. Il est décédé le 9 mai 1945 à Holzhausen. Il existe au cimetière de Holzhausen, en Bavière, une pierre tombale qui porte l’inscription : »Berthout Jean-Baptiste, déporté politique français 1900-1945« . Source : Dr. Joachim Hahn : http://www.alemannia-judaica.de/igling-holzhausen_friedhof.htm) : information et photo de la tombe de Holzhausen  (septembre 2010).

Sources

  • Archives en ligne de la Haute-Vienne, état civil de Limoges.
  • Recensement de 1936 du 10ème arrondissement de Paris.
  • Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.  Fichier national ; Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
  • Archives de la préfecture de police de Paris, BS1, Brigade Spéciale anticommuniste et BA 2337 : « Internés administrativement au 3ème trimestre 1941 ». Dossier Jean-Baptiste Berthout et dossier de la BS1, n° 79, « affaire Mazel, Nécas, Berthout », 29-12-1940.
  • Témoignage de René Petitjean qui porte probablement sur Jean-Baptiste Berthout né en 1900 et militant communiste, comme lui, à Clichy .
  • Registres matricules militaires de Haute Vienne.
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état
    civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés). Site du Musée d’Auschwitz-Birkenau.
  • Liste officielle n°3 des déportés morts dans le convoi du 6 juillet 1942.

Notice biographique mise à jour en 2010, 2013, 2019 et 2021 à partir d’une notice succincte rédigée en janvier 2001 pour l’exposition organisée par l’association « Mémoire Vive » à la mairie du 20ème arrondissement, par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages :Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé), qui reproduit ma thèse de doctorat (1995). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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