Matricule « 46 097 » à Auschwitz
Hilaire Sartorio : né en 1899 à Paris 19ème ; domicilié à Tremblay-Lès-Gonesse (Seine-et-Oise / Seine-Saint-Denis) ; chaudronnier, charbonnier à Goudron-Gaz ; délégué syndical ; arrêté le 6 décembre 1940 ; interné aux camps des Tourrelles, d’Aincourt, de Rouillé et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 2 octobre 1942.
Hilaire Sartorio est né le 2 janvier 1899 à Paris 19ème. Il habite au 28, rue du Poitou au Vert-Galant, à Tremblay-lès-Gonesse, depuis 2009, Tremblay-en-France (Seine-et-Oise / Seine-Saint-Denis) au moment de son arrestation. Il est le fils de Victoire, Marie, Clotilde Morel, 37 ans, blanchisseuse et d’Emmanuel Sartorio, 41 ans, fumiste. Il naît à leur domicile, au 13, rue Riquet.
Son registre militaire nous apprend qu’il mesure 1m 69, a les cheveux bruns, les yeux noirs, le front large et le nez gros, le visage rond. Au moment de l’établissement de sa fiche, son père est décédé. Il est soutien de famille et habite chez sa mère au 5 rue Riquet à Paris 19ème.
Il travaille comme chaudronnier en fer. Il a un niveau d’instruction n° 3 pour l’armée (sait lire, écrire et compter, instruction primaire développée).
Conscrit de la classe 1919, il est recensé dans le département de la Seine (matricule 1866). Il est mobilisé par anticipation (en vertu du décret de mobilisation générale) au début de 1918, comme tous les jeunes hommes de sa classe depuis la déclaration de guerre.
Il est incorporé le 20 avril 1918 au 10ème Régiment d’infanterie. Après l’Armistice, il est transféré le 30 juillet 1919 au 16ème Régiment de chasseurs à cheval. Il est nommé cavalier de 1ère classe en juin 1920. Il est transféré au 85ème Régiment d’artillerie lourde en juillet 1921. Il est démobilisé le 21 mars 1921, « certificat de bonne conduite accordé ». Il est néanmoins rappelé « à l’activité » militaire du 11 mai au 7 juin 1921 (article 33 de la loi de 1905) : en mai 1921, pour hâter l’application du traité de Versailles (versement des dommages de guerre, en particulier le charbon), le gouvernement français ordonne la première occupation militaire de la Ruhr par l’armée française. Les effectifs de l’armée du Rhin d’occupation passent alors de 100.000 à 210.000 hommes. Le gouvernement rappelle les réservistes, ce qui est le cas d’Hilaire Sartorio ou maintient les hommes libérables. Il est donc en occupation des pays rhénans du 11 mai au 7 juin 1921.
Le 24 juin 1922, Hilaire Sartorio épouse, à la mairie du 19è arrondissement, Sylvie, Françoise, Hortense Thienpont. Cartonnière, elle a 18 ans, née le 7 février 1904 à Paris19è. Domiciliée au 197 rue de Belleville et résidant au 6 rue de Thionville. Chaudronnier, Hilaire Sartorio a 25 ans, domicilié chez sa mère au 5, rue Riquet.
Le couple aura un garçon, Georges (3). En décembre 1926 et pendant 10 ans, ils habitent au 6, rue de Thionville à Paris 19è, un petit immeuble de trois étages.
Hilaire Sartorio est chaudronnier à la Société du Gaz de Paris, rue de Courbevoie (19è) selon son petit-fils Alain Sartorio, et à l’Usine à goudron et de dépôt de Coke (« Goudrons-Gaz ») au 15 rue de Cambrai (19è) selon les rapports de police.
Le 8 août 1927, la CGT unitaire a appelé à la grève générale pour la grâce de Sacco et Vanzetti (1), avec l’appui du Parti communiste. Hilaire Sartorio est gréviste et manifeste : plusieurs manifestations violentes auront lieu ce jour là, sur les grands boulevards, au Panthéon, rue Monge, et à Vincennes.
Non loin du local de l’Union des Syndicats unitaires, rue de la Grange aux Belles, Hilaire Sartorio est arrêté vers 11 heures avec cinq autres manifestants après une violente échauffourée avec les agents.
Il est condamné le 10 août 1927 pour « coups et blessures à agents » à 15 jours de prison avec sursis et 25 francs d’amende, malgré l’intervention
de Georges Maranne, conseiller général (événements relatés par l’Humanité, le Petit Parisien, Le Gaulois, l’Est Républicain).
A Goudron-Gaz il rencontre Corentin Cariou (2), aide de forge, puis aide-ajusteur à la Société du Gaz de Paris à l’usine des goudrons de la Villette, militant syndical et candidat du Parti communiste aux élections (élu conseiller municipal du 19è).
En novembre 1938, Hilaire Sartorio est classé « sans affectation » pour la réserve de l’armée au titre de la Société du Gaz de Paris (ce qui signifie qu’il est « affecté spécial (la SGP relevant de la Défense nationale, il sera ainsi mobilisé sur son poste de travail en cas de conflit armé).
Le 20 novembre 1939, l’armée indique « n’a pas rejoint son poste ». Une enquête est diligentée. Le 29 janvier 1940 il est indiqué comme résidant 26, rue du Poitou au Vert Galant par Vaujours (Seine-et-Oise).
Le 13 juin 1940, la bataille de l’Ourcq oppose à Tremblay la 1ère Compagnie Gillot du 24e Chasseurs alpins, à la 718e division de l’armée allemande. La Cie Gillot ayant décroché, dans la nuit du 13 au 14 juin, les soldats allemands qui occupent Tremblay fusillent quinze civils au Vert-Galant dans le Bois Saint-Denis en représailles à la mor de onze allemands tués dans les combats.
Le 14 juin, l’armée allemande entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne les jours suivants. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Hilaire Sartorio occupe en 1940 un emploi de chaudronnier à la Compagnie du Gaz de Paris, usine des goudrons et dépôts de coke, au 15 rue de Cambrai, dans le 19e arrondissement. Selon les renseignements généraux, il est devenu l’ami intime de Corentin Cariou et Hilaire Sartorio est décrit comme distribuant « des tracts à l’usine et des collectes au profit des emprisonnés politiques. Chargé de recueillir les fonds des ex-membres de la cellule des Goudrons ». C’est un « meneur très actif, principal animateur de la propagande communiste auprès du personnel de la société du Gaz » (liste des RG renseignant succinctement le directeur du CSS d’Aincourt sur le CV des communistes arrêtés le 6 décembre 1940).
Selon son petit-fils, Hilaire Sartorio est actif depuis août 1940, au sein du Parti communiste clandestin.
Hilaire Sartorio est arrêté à son travail avec 8 autres militants le 6 décembre 1940 « en vue de leur internement à Aincourt (3)». Son arrestation est effectuée par l’inspecteur « Cl… du commissariat du Pont de Flandre». Selon les souvenirs de Georges Sartorio (4) le fils d’Hilaire et père d’Alain,
Hilaire Sartorio aurait été victime d’une dénonciation. Georges Sartorio avait caché derrière un lampadaire mural une petite coupure de presse qui en aurait apporté la preuve.
Toutefois, il convient de souligner que les RG connaissent bien les activités d’Hilaire Sartorio et son amitié avec Corentin Cariou, dirigeant notoire du Pc et que 68 autres militants communistes, bien connus des Renseignements généraux, sont arrêtés à la date du 6 décembre. Leur internement administratif étant décidé par arrêté du Préfet de police de Paris Roger Langeron, en application de la Loi du 3 septembre 1940 (le
dossier d’internement d’Hilaire Sartorio porte le numéro 338.456).
Enfin, outre la liste générale qu’ils vont transmettre au directeur du camp d’Aincourt avec les motifs des internements, les RG ont également dressé une « liste des fonctionnaires employés des services publics ou assimilés, internés administrativement le 6 décembre 1940 par application de la Loi du 3 septembre 1940 (5) » où figure le nom d’Hilaire Sartorio. La liste des militants devant-être arrêtés « en vue de leur internement à Aincourt » avec
en face de leur nom celui des inspecteurs de police qui sont chargés de ces arrestations montre bien qu’il s’agit d’une rafle concertée.
Hilaire Sartorio et ses camarades sont d’abord conduits à la caserne des Tourelles, boulevard Mortier. Puis ils sont transférés au Centre de séjour surveillé CSS d’Aincourt le jour même.
Lire dans le site : Le camp d’Aincourt
La liste des Renseignements généraux informant le directeur du CSS d’Aincourt, sur les activités militantes des communistes arrêtés le 6 décembre 1940, le décrit comme « chaudronnier à la compagnie du gaz de Paris, ami intime de l’ex conseiller municipal Corentin Cariou*. Meneur très actif. Principal animateur de la propagande communiste auprès du personnel de la société du gaz. Domicilié, 28 rue de Poitou au Vert-Galant (Seine-et-Oise). »
Pendant son internement, son nom et celui de 5 autres internés fait l’objet d’un épisode de la bureaucratie préfectorale : habitant la Seine-et-Oise, c’est le
Préfet de ce département qui aurait du signer son arrêté d’internement. Aussi,
le Préfet de Seine-et-Oise s’adresse-t-il le 14 février 1941 – note classée secret – au Préfet de police de Paris et aux services des RG en lui communiquant
les noms et adresses de ces 6 internés tous domiciliés en Seine-et-Oise « il me paraît anormal qu’ils fassent l’objet d’arrêtés d’internement pris par vos soins, et c’est la raison pour laquelle je serais désireux de régulariser cette situation. Je vous serais donc reconnaissant de bien vouloir prendre des arrêtés d’élargissement, qui resteraient théoriques, n’étant suivis d’aucun effet, et que je compléterais immédiatement à la même date par des arrêtés d’internement signés par moi-même ».
Les archives de la Préfecture ne nous apportent pas la réponse à cette demande… Mais quoique il en soit, Hilaire Sartorio reste interné à Aincourt !
Le 6 septembre 1941, Hilaire Sartorio est transféré au Centre de Séjour
Surveillé de Rouillé, avec 149 autres internés d’Aincourt.
Lire dans le site : le-camp-de-Rouillé
Le 14 octobre, le directeur du camp demande au préfet de la Seine les dossiers des internés arrivés à Rouillé 4 mois auparavant, dont celui d’Hilaire Sartorio.
Ces dossiers lui sont envoyés par les Renseignements généraux le 28 octobre 1941 : la note concernant Sartorio est identique à celle communiquée au directeur d’Aincourt.
Début mai 1942, les autorités allemandes adressent au directeur du camp de Rouillé (6) une liste de 187 internés qui doivent être transférés au camp allemand de Compiègne (Frontstallag 122). Le nom d’Hilaire Sartorio (n° 166 de la liste) y figure et c’est au sein d’un groupe de 168 internés (7) qu’il arrive au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122) le 22 mai 1942. La plupart d’entre eux seront déportés à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Hilaire Sartorio est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942.
Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Grâce à l’envoi par son petit fils, M. Alain Sartorio, d’une photo d’avant-guerre répondant à notre questionnement, nous pouvons désormais officialiser son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 : c’est le « 46 097 ». Jusque là nous n’avions que des probabilités, correspondant à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules.
Son matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard. Sa photo d’immatriculation (4) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement – au cours duquel il est inscrit comme athée -il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Hilaire Sartorio meurt à Auschwitz le 2 octobre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 1067 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau).
Son camarade Eugène Garnier (GARNIER Eugène Emile) a rédigé pour sa famille une attestation certifié – au commissariat de police de Flers – le 20 mars 1946, certifiant qu’ Hilaire Sartorio était bien décédé à Auschwitz. Il rapporte les circonstances de sa mort.
« Au début de septembre 1942, une épidémie de typhus s’est abattue sur les camps d’Auschwitz et de Birkenau et avait pris des proportions catastrophiques, les SS eux-mêmes ne furent pas épargnés. La direction SS du camp prit la décision d’exterminer tous les typhiques, qui par milliers furent passés par la chambre à gaz, puis par le four crématoire. Mon camarade Sartorio ayant été sélectionné comme typhique fut exterminé de cette façon, vers le 10 septembre 1942″.
Eugène Garnier indique le nom d’un autre rescapé, André Faudry, (FAUDRY André Louis) qui pourra écrit-il confirmer le véracité de son propre témoignage (source : société d’Etudes Historiques de Tremblay-en-France.
Un arrêté ministériel du 24 février 1998 paru au Journal Officiel du 19 mai 1998, porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur les actes et jugements déclaratifs de décès d’Hilaire Sarorio. Mais il comporte une date erronée : « décédé le 15 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) », qui correspond à l’acte fictif établi par le ministère des Anciens combattants le 16 / 12 /1946. Il serait souhaitable que le Ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 et consultable sur le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau.
Lire dans le site l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français : Les dates de décès des « 45 000 » à Auschwitz.
Son nom est honoré sur une stèle en mairie de Tremblay, ainsi que sur le monument aux morts du cimetière communal.
Le site de la société d’Etudes Historiques de Tremblay-en-France reprend deux témoignages relatant qu’après son arrestation, le domicile d’Hilaire Sartorio a continué d’être utilisé par les FTPF : « Le 28 rue de Poitou, C’était le siège des FTPF. On faisait venir des moutons, des vaches qui étaient abattus dans le sous-sol. On les distribuait après, en morceaux découpés, dans les lieux de Résistance, et même au-delà de la région de Tremblay. Il y avait aussi des armes cachées et c’est là qu’on a caché notre commandant DIVE, quand i1 a été b1essé… C’est le docteur Brumberg qui est venu le soigner. C’était le PC de la l1lème Région Nord. » .
« Le 28 rue de Poitou, C’était le siège des FTPF. On faisait venir des moutons, des vaches qui étaient abattus dans le sous-sol. On les distribuait après, en morceaux découpés, dans les lieux de Résistance, et même au-delà de la région de Tremblay. Il y avait aussi des armes cachées et c’est là qu’on a caché notre commandant DIVE, quand il a été blessé… C’est le docteur Brumberg qui est venu le soigner. C’était le PC de la 11è Région Nord. »
Madeleine Lainé-Blanchot confirme ainsi le témoignage de son frère : « Cette maison du 28, elle n’a jamais été surveillée par les Allemands. Pourtant on avait des voisins qui étaient au courant… Elle a juste été repérée à la Libération quand mon frère et un autre ont tiré des balles. Ils sont montés sur le toit de l’école de la Plaine et ont tiré sur les Allemands qui étaient de l’autre côté du canal. Malheureusement, comme c’étaient encore des novices, ils ont tiré des balles traçantes… alors là, on a été repérés : la rue devant la maison était blanche de poudre. Heureusement, c’était la débâcle, ça nous a sauvés… Les Allemands s’en allaient. »
« À première vue, il semble incroyable que le domicile d’un militant antinazi puisse servir de centre de commandement à un groupement FTPF, sans être inquiété par l’Occupant. Cela tient sans doute aux méthodes bureaucratiques de la machine nazie. Sartorio ayant été étiqueté par la police de Vichy comme militant communiste de Paris, aucune investigation sur son passé n’a été menée en banlieue. Si la lettre du Préfet de la Seine-et-Oise en date du 14 février 1941 avait abouti, il est probable qu’il en eût été autrement ».
Publication extraite de l’article de REVEL Hervé, bulletin 39 de la SEHT, année 2016 ©SEHT
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- Note 1 : Sacco et Vanzetti, deux militants anarchistes sont condamnés à mort et exécutés pour deux hold-up qu’ils n’ont pas commis.
Leur culpabilité est extrêmement controversée aussi bien à l’époque que par la suite, et plusieurs œuvres artistiques leur ont rendu hommage. Ils furent officiellement absous et réhabilités par le gouverneur du Massachusetts le 23 août 1977. -
Note 2 : Corentin Cariou : Né le 12 décembre 1898 à Loctudy (Finistère), fusillé le 7 mars 1942 à Carlepont, près de Compiègne (Oise) ; aide de forge, puis aide-ajusteur à la Société du Gaz de Paris ; syndicaliste ; membre du comité central du Parti communiste (1932-1936) ; conseiller municipal de Paris (1938-1940), quartier de Flandre (XIXe arr.) Le Maitron.
- Note 3 : Le camp de «Séjour surveillé» d’Aincourt, en Seine-et-Oise (aujourd’hui dans le Val d’Oise), est ouvert spécialement le 5 octobre 1940 pour y enfermer les communistes arrêtés (lire dans le site : Le camp d’Aincourt).
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Note 4 : Georges Sartorio est requis par le gouvernement de Vichy afin de participer à l’effort de guerre allemand (Service du travail obligatoire). Il s’évade du STO à sa première permission. Il rejoint les FTPF et s’engagera dans l’armée d’Alsace (informations par téléphone de M. Jean Blanchot qui était aux FTP à Tremblay avec lui). Georges Sartorio et sa mère Sylvie sont bien les résistants FTP mentionnés dans un article de la Société d’études historiques de Tremblay qui cite les 20 noms des membres du groupe FTPF créé par Fernand Dive (dit Gouget), dont ceux de « Georges et Sylvie Sartorio et « deux aviateurs russes cachés chez les Sartorio ». Il est décédé en mai 1997. L’article cite également les noms de Madeleine, Louise et Jean Blanchot : Madeleine, sœur de Jean
Blanchot, sera la première épouse de Georges Sartorio. - Note 5 : Le décret du 18 novembre 1939 donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, des « individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». La loi du 3 septembre 1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit l’internement de « tous individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique« . Les premiers visés sont les communistes.
- Note 1 : Sacco et Vanzetti, deux militants anarchistes sont condamnés à mort et exécutés pour deux hold-up qu’ils n’ont pas commis.
- Note 6 : Dix-neuf internés de la liste de 187 noms sont manquants le 22 mai. Cinq d’entre eux ont été fusillés (Pierre Dejardin, René François,
Bernard Grimbaum, Isidore Pertier, Maurice Weldzland). Trois se sont évadés (Albert Belli, Emilien Cateau et Henri Dupont). Les autres ont été soit
libérés, soit transférés dans d’autres camps ou étaient hospitalisés.
Sources
- Archives numérisées : © état civil du 19è arrondissement.
- Archives de la Préfecture de police, Cartons occupation allemande, BA 2374.
- Informations par téléphone communiquées par M. Jean Blanchot qui était FTP à Tremblay avec Georges Sartorio.
- Lettre à Georges Sartorio (18 avril 1992).
- Lettre de M. Alain Sartorio (28 août 1998).
- Mémoire de maîtrise d’Histoire sur Aincourt d’Emilie Bouin, juin 2003. Premier camp d’internement des communistes en zone occupée. dir. C. Laporte. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / UFR des Sciences sociales et des Humanités.
- Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Photo d’immatriculation à Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau /©collection André Montagne.
- © Photo de wagon à Auschwitz, in Bulletin de l’Amicale des déportés tatoués du convoi du 27 avril 1944.
- © Site Internet Mémorial-GenWeb.
- © Site Internet Légifrance.gouv.fr
- © Site Internet Lesmortsdanslescamps.com
- © Site Les plaques commémoratives, sources de Mémoire.
- Photos d’Hilaire, Sylvie et Georges Sartorio : © envoi de M. Alain Sartorio le 10 mai 2016.
- Notice d’Hilaire Sartorio in site de la Société d’Etudes Historiques de Tremblay-en-France.
Notice biographique rédigée en novembre 2007 (complétée en 2014, 2019, 2020 et 2022) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) . Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger cette notice biographique, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com