Matricule « 45.872 » à Auschwitz

Maurice Métais : né en 1892 à Saint-Agnan sur Erre (Orne) ;  tourneur ; cégétiste et communiste, conseiller municipal ; arrêté le 10 mars 1941 ; interné aux camps d’Aincourt et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 8 août 1942.

Maurice Métais est né le 20 septembre 1892 à 9 heures du matin au lieu-dit Bétigny-Gaulard, dans le village de Saint-Agnan sur Erre (Orne).

50 bis rue Maurice Métais, ancienne avenue des Trèfles

Il habite au 50 bis avenue des Trèfles à Sevran (Seine-et-Oise / Seine-St-Denis) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie Andréline Levier, 41 ans, nourrice, et d’Auguste,
Jacques Métais, 46 ans journalier, son époux. Il a plusieurs frères et sœurs (Henriette,
André, Lazare…).

Maurice Métais a une formation de tourneur sur métaux au moment de son appel au service militaire le 8 octobre 1913 (il est de la classe 1912, centre de recrutement d’Alençon).
Sa fiche matricule militaire donne des informations anthropométriques : 1 m 57, cheveux châtains, « nez tordu à gauche », taches de rousseur sur le visage, visage long, front moyen. Il est affecté à la 24ème Division d’Infanterie au service du matériel, comme commis-ouvrier, matricule 1803, puis au 103ème Régiment d’Infanterie matricule 8471. La mobilisation générale de 1914 le trouve sous les drapeaux.

Extrait du registre matricule militaire de Maurice Métais

Il va être affecté successivement au 247ème RI, au 72ème RI, au 501ème RI, au 501ème Chars de combat (basé à Argentan). Engagé sur le Front, il est cité à l’ordre du Régiment pour bravoure le 14 juillet 1915. Lors de l’offensive de Champagne, il est blessé à Saint-Hilaire-le-Grand (Marne) le 29 août 1915 « commotion cérébrale par éclatement d’obus de gros calibre ». Il est hospitalisé jusqu’au 19 janvier 1916. Revenue « aux armées », il est à nouveau blessé le 8 mars 1916 (fracture du péronéet contusion de la jambe droite) et hospitalisé jusqu’au 4 août 1916. Il retourne au Front jusqu’au 24 avril 1917. Blessé, il est hospitalisé jusqu’au 28 décembre 1917.
Il retourne au Front le 29 décembre 1917. Il est n’est démobilisé que le 24 août 1919. Il aura passé 6 ans 10 mois et 22 jours à l’armée !

L’usine Westinghouse à SevranI

Le 27 septembre 1919 à Souancé-au-Perche, Maurice Métais épouse Blanche, Joséphine, Delphine Louis, domestique, née le 18 mars 1893 à Saint-Bomer (Eure-et-Loir). Le couple a une fille, Blanche, qui naît en 1921 à Sevran.
Ils viennent habiter le 13 juin 1921 au 4, allée du Canal à Sevran, où Maurice Métais a trouvé un emploi comme tourneur sur métaux, à l’usine de fabrication de freins ferroviaires Westinghouse.
Le couple déménage le 25 septembre 1922 au 49, rue Lamoricière à Aulnay-sous-Bois.

Maurice Métais est versé dans la Réserve à la 4ème section des commis et ouvriers militaires en 1928. Cette affectation comme réserviste lui vaudra d’être « Affecté spécial » en 1939.
Le 26 août 1930, ils reviennent s’installer à Sevran, d’abord au 8, avenue des Trèfles, puis dans un petit pavillon mitoyen au 50, bis avenue des Trèfles, dans le quartier pavillonnaire des Trèfles, situé au sud de Sevran.
Militant communiste, Maurice Métais est syndicaliste, délégué CGT de son atelier. Il se présente aux élections municipales sur la liste du Parti communiste dirigée par Louis Fernet et est « élu conseiller municipal en novembre 1931 lors d’une élection partielle, annulée en 1932, réélu en 1935 » (Le Maitron).
Maurice Métais est « Affecté spécial » sur son lieu de travail, au titre de la Réserve, lors de la mobilisation générale de 1939.

Février 40 : déchéance de 362  nouveaux conseillers municipaux communistes

Maurice Métais est déchu de son mandat électif par le Conseil de Préfecture à la fin février 1940, en application de la Loi de déchéance du 21 janvier 1940 qui stipule dans son article 1 « Tout membre d’une assemblée élective qui faisait partie de la Section Française de l’Internationale Communiste, visée par le décret du 26 septembre 1939, portant dissolution des organisations communistes, est déchu de plein droit de son mandat, du jour de la publication de la présente loi, s’il n’a pas, soit par une démission, soit par une déclaration, rendue publique à la date du 26 octobre 1939, répudié catégoriquement toute adhésion au Parti Communiste et toute participation aux activités interdites par le décret susvisé ».

Le 13 juin 1940 des éléments de l’armée allemande occupent Sevran. La Werhmarcht se dirige ensuite vers Paris, via Drancy, Saint-Denis et Saint-Ouen.Le 13 juin 1940 l’armée allemande occupe Saint-Denis, Saint-Ouen et Sevran. Le 14 juin, l’armée allemande entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Gaston Bussière (© Le Maitron)

Avec son camarade Georges Denancé, Maurice Métais est alors en contact clandestin avec Étienne Fajon par l’intermédiaire de l’ancien maire communiste Gaston Bussière (arrêté dans la nuit du 18 au 19 juin 1941, celui-ci est fusillé le 21 septembre 1942 au Mont Valérien).  « L’usine Westinghouse et la Poudrerie Nationale sont des phares de la lutte contre les Nazis » (© Histoire et patrimoine de Sevran).
Suivant les directives de la direction clandestine du Parti, Maurice Métais participe avec le maire communiste Gaston Bussière et d’autres conseillers municipaux communistes déchus à une tentative d’occupation de la mairie le 24 juillet 1940. Des tracts de la section communiste clandestine sont diffusés (La Résistance en Seine-Saint-Denis).

Le 27 janvier 1941, Maurice Métais est dénoncé à la police par un habitant du quartier Freinville-Sevran comme étant un « distributeur de tracts ». Une enquête policière et une perquisition sont alors diligentées le 3 février par le commissariat central d’Aulnay-sous-Bois. Elles ne donnent aucun résultat.

L’Avant Garde n°31 (BNF Gallica)

Mais dans la nuit du 13 au 14 février 1941, une distribution de tracts des Jeunesses communistes a lieu à Sevran. Il s’agit de L’Avant-Garde n° 31 du 12 janvier 1941, intitulé « Le vieillard Pétain et sa clique livrent la jeunesse de France au pires aventuriers politiques, au ramassis de bandits doriotistes ». Dans le cadre de la politique de répression qui vise à faire pression sur les milieux et familles communistes en arrêtant des militants et élus connus, le commissaire de police de Livry-Gargan propose au Secrétaire général de la police d’État à Versailles le nom de Maurice Métais en vue de son « internement administratif » (1).

Maurice Métais est arrêté à 6 h 30 du matin à son domicile par des policiers français, le
10 mars 1941.
Il est interné administrativement le 13 mars au « Centre de séjour surveillé » d’Aincourt. Lire dans le site :  Le camp d’Aincourt.

Le 27 juin 1941 Maurice Métais est transféré – via l’hôtel Matignon – au camp allemand de Compiègne, le Frontstalag 122, au sein d’un groupe de 88 internés d’Aincourt (parmi eux cinq autres sevrannais, dont Georges Denancé et André Mortureux). Ils ont tous été désignés par le directeur du camp avec l’aval du préfet de Seine-et-Oise (Mémoire de maîtrise d’Emilie Bouin).

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Son épouse reçoit fin juillet 1942, comme toutes les autres familles du convoi « un paquet contenant ses effets personnels » (2).

Depuis le camp de Compiègne, Maurice Métais est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Maurice Métais est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45872» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Si aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz ne nous donne pas d’indication concernant son affectation, Henri Peiffer, qui l’a connu à Compiègne, a témoigné que Maurice Métais était mort à Birkenau.

Maurice Métais meurt à Auschwitz le 8 août 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 802) et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau)
où il est mentionné avec sa date et lieu de naissance, son numéro matricule à Auschwitz et sa date de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique).

Maurice Métais a été déclaré « Mort pour la France » et homologué comme « Déporté politique ». Un arrêté ministériel du 3 juillet 1995 paru au Journal Officiel du 18 août 1995 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès et reprend – avec un jour de décalage – la date portée sur le certificat de l’état civil d’Auschwitz.

Plaque sur la façade de la mairie de Sevran

Après-guerre le conseil municipal décide d’honorer les résistants sevrannais fusillés ou morts en déportation. L’avenue des Trèfles, où il habitait à Sevran, est rebaptisée le dimanche 24 août 1947, avenue Maurice Métais, et la rue de Bourgogne où habitait son camarade Georges Denancé portera le nom de celui-ci.

« Les communistes de Sevran ont payé un lourd tribut.
De nombreux camarades ont été emprisonnés. La plupart des élus communistes ont été envoyés aux camps de la mort et ne sont jamais revenus, comme Jean Cayet, Gaston Lévy, Georges Denancé, Maurice Métais, André Mortureux, André Rousseau et Charles Véron. Lucien Gelot, 17 ans, engagé dans les FFI, suivit le Colonel Fabien et tomba en Alsace. Bruno Banker, 20 ans, poursuivant les Allemands avec un groupe de FTP, est tombé tout proche du pont du canal. Lucien Sportisse, instituteur à Sevran, est tombé au maquis dans la région de Lyon. Jean Hemmen, l’oncle de Denise Albert et de Paulette Descoins, officier de la brigade internationale en Espagne, fusillé …
»
 
Interview pour les 30 ans de la libération de Sevran de Louis Le Maner, Suzanne Bussière et Lucien Geneux (par Michel Prin « La Renaissance », juillet 1974)In © Blog de Clémentine Autain.

  • Note 1 : L’internement administratif a été institutionnalisé par le décret du 18 novembre 1939, qui donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, « des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Il est aggravé par le gouvernement de Vichy fin 1940. La loi du 3 septembre 1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit l’internement administratif de « tous individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Les premiers visés sont les communistes.
  • Note 2 : on ne peut en effet tenir pour exacte cette partie de la note biographique que la mairie de Sevran m’a envoyée en 1991 « sa famille reçoit d’Allemagne un paquet contenant ses effets personnels« . En effet, quelques jours avant le départ, la direction du camp de Compiègne a recommandé aux internés désignés pour le convoi du 6 juillet de ne garder avec eux que leurs effets personnels et de préparer leurs valises qui seraient envoyées à leurs familles (et c’est ce paquet, expédié depuis le Frontstalag 122 de Compiègne, qui est reçu par sa famille).

Sources

  • Correspondance avec la Mairie de Sevran, 11 décembre 1991.
  • Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, Tome 36, page 289. CD-Rom édition 1997. Edition informatique 2014, notice Nadia Ténine-Michel.
  • Liste des 88 internés d’Aincourt (tous de l’ancien département de Seine-et-Oise) remis le 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation. Mémoire de maîtrise d’Histoire sur Aincourt d’Emilie Bouin, juin 2003. Premier camp d’internement des communistes en zone occupée. dir. C. Laporte. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / UFR des Sciences sociales et des Humanités.
  • Archives du CSS d’Aincourt aux Archives départementales des Yvelines, cotes W.
  • Archives de la Préfecture de police de Paris, Cartons occupation allemande, BA 2374.
  • La Résistance en Seine-Saint-Denis, Joël Claisse et Sylvie Zaidman, préface de Roger Bourderon Syros éd. page 441.
  • Monique Houssin, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis, Un nom, une rue, une histoire, Les éditions de l’Atelier/ Les éditions Ouvrières, Paris 2004, page 201.
  • Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’Étatd’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Décédés du convoi de Compiègne en date du 6/7/1942. Classeur Ausch. 1/19,liste N°3(Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen).
  • © Site Internet Legifrance.
  • © Site Internet MemorialGenWeb.
  • © Google Street view Archives du CSS d’Aincourt aux Archives départementales des Yvelines, cotes W
  • Archives de la Préfecture de police de Paris, Cartons occupation allemande, BA 2374.
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
  • Plaque mairie © Pierre Cardon
  • Registres matricules militaires de l’Orne.

Notice biographique rédigée en novembre 2007 (complétée en 2014,  2019, 2020 et 2022) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) .  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique. Pour la compléter ou la corriger cette notice biographique, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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