Matricule « 45 698 » à Auschwitz

le 8 juillet 1942 à Auschwitz

 

 

Roger Juilland : né en 1915 à Lyon (Rhône) ; domicilié à Lyon ; arrêté à Paris le 12 juin 1942 comme "asocial"; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz ; mort à Auschwitz le 22 octobre 1942 

Louis, Roger Juilland naît le 18 janvier 1915 à Lyon 1er (Rhône).
Il est domicilié à Lyon au 110, chemin de l’Etoile d’Alaï à Lyon, au moment de son arrestation, qui a lieu vraisemblablement à Paris.

Il est le fils d’Emilie Durieux, célibataire sans emploi, née le 14 décembre 1983 à Lyon, qui le reconnaît le 30 mars 1915. Il est reconnu par Antoine Juilland le 19 octobre 1918 et légitimé par le mariage de ses père et mère le 9 avril 1921 à Lyon 1.

Célibataire, Roger Juilland est de religion protestante et se déclare artiste au moment de son arrestation.

Le 22 juin 1941, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Roger Juilland est arrêté le 12 juin 1942 et emmené ce même jour à Compiègne à la demande des autorités allemandes qui le considèrent comme « otage asocial ».
Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122). Il y est immatriculé sous le numéro « 5985 », dans le camp A des politiques, au bâtiment A7.

Depuis ce camp, Roger Juilland va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir les deux articles du site : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et«une déportation d’otages».

Roger Juilland est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45 000».
Le 6 juillet 1942, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé comme eux dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Lors de l’immatriculation à Auschwitz

Roger Juilland est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45 698» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz. Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale »

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks).
On ignore dans quel camp il est affecté à cette date, mais il vraisemblable que la protection d’autres « droits communs » lui ont permis d’être ramené à Auchwitz I, où il survivra huit mois.

Roger Juilland meurt à Auschwitz le 17 février 1943 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 521 et le site internet©Mémorial
et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau
) où il est mentionné avec ses dates et lieux de naissance et de décès, et avec l’indication « Evangelist » (Protestant).

A la Libération à la demande de sa mère, le titre de « Déporté politique » lui est accordé le 8 avril 1948, mais celui-ci lui est retiré le 5 juin 1948 par la commission de contrôle, car il a été déporté pour délit de droit commun.

  • Note 1 : 522 photos d’immatriculation des « 45 000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après-guerre directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.

Sources

  • Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Photo d’immatriculation à Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau /© collection André Montagne.

Notice biographique rédigée en 2002 par Claudine Cardon-Hamet. Mise en ligne en 2014, elle est complétée en 2015, 2019, 2020, 2022 et 2025 avec Pierre Cardon. Claudine Cardon-Hamet est docteur en Histoire, auteure des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45 000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez nous faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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