Milgram Armand (Hersch dit Armann)

Milgram Hersch dit Armann (Armand) né en 1896 en Russie ; domicilié à Paris ; Tailleur ; communiste ; il est arrêté comme otage communiste le 27 avril 1942 ; interné à Compiègne dans le camp des politiques ; puis au camp juif ; il est déporté le 6 juillet 1942 ; il meurt à Auschwitz.

Milgram Hersch dit Armann (Armand) est né le 5 décembre 1896.
Il est domicilié à Paris au moment de son arrestation (1).
Il est marié, père de deux enfants. Il est tailleur.
Il est connu des services de police comme communiste.

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.  Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Armand Milgram est arrêté le 27 avril 1942. Les 27 et 28 avril 1942 une grande rafle de communistes avait été effectuée par l’occupant dans tout le département de la Seine. Celle-ci avait été ordonnée à la suite d’une série d’attentats contre des membres de la Wehrmacht à Paris (le 20 avril un soldat de première classe avait été abattu au métro Molitor, deux soldats dans un autobus parisien, le 22 avril un militaire était blessé à Malakoff). En application de la « politique des otages », les autorités d’occupation avaient ordonné l’exécution d’otages déjà internés et avaient arrêté 387 militants, dont la plupart avaient déjà été appréhendés une première fois par la police française pour « activité communiste » depuis l’interdiction du Parti communiste (26 septembre 1939) et libérés à l’expiration de leur peine. Les autres étaient connus ou suspectés par les services de police français de poursuivre une activité communiste clandestine.

Armand Milgram est interné avec ses camarades communistes au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122). Un numéro d’internement à Compiègne, le n° « 4024″ (qui figure sur le site du Mémorial de la Shoah) et le fait que son nom et ce numéro soient rayés sur la liste de la baraque 7 du bâtiment A5 relevée par son chef de chambre Olivier Souef le 29 mai 1942) correspond à la date des immatriculés le 28 avril 1942, et au fait qu’il ait été transféré au camp Juif, comme plusieurs autres de ses camarades arrêtés comme communistes, puis déporté, soit par le convoi du 5 juin 1942 (convoi n° 2) ou par le convoi du 6 juillet 1942. En effet, si non nom (non raturé) figure bien sur la liste du convoi n° 2 publiée sur le site du Mémorial de la Shoah (avec ce matricule « 4024 » à Compiègne), donc déporté le 5  juin 1942, nous savons aussi que FERSTLA Maurice, dont le nom figure, lui aussi non raturé, sur la liste de départ du convoi n°2 a bien été déporté dans le convoi du 6 juillet 1942 !
Compte tenu des dates de naissances non concordantes entre les listes FNDIRP et DAVVCC d’une part et celles du Mémorial de la Shoah et du Musée d’Auschwitz d’autre part, il nous semble pouvoir considérer qu’il a été déporté dans le convoi des « 45 000 ».

Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir les deux articles du site  : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, il est déporté à destination d’Auschwit

Lire dans le site : Les wagons de la Déportation

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Aucun document des archives SS préservées de la destruction ne permet de connaître la date de son décès à Auschwitz (2).

  • Note 1 : il existe au DAVCC de Caen, une fiche portant son nom, avec une adresse au 98, boulevard Blanqui à Paris 13è. En vérifiant cette adresse sur le registre de recensement de 1936, on trouve bien un Milgram Armand, lui aussi tailleur. Mais il est né en Pologne en 1898. Et on trouve d’ailleurs cet Armand Milgram sur le Mémorial de la Shoah,  avec la même adresse boulevard Blanqui, né à Szydlowie (Russie, en Pologne annexée) le 1er mai 1898.  Il y a pu avoir une confusion des fiches.
  • Note 2 : l’autre Milgram est décédé à Auschwitz le 27 juillet 1942.

Sources

  • Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiches individuelles consultées en octobre 1993. Il n’y a pas de dossier individuel à son nom.
  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • « Décédés du convoi de Compiègne 6/7/1942 ». Classeur Auschwitz 1/19, liste n°3 (Bureau des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (Ministère de la Défense, Caen).
  • Site du Musée d’Auschwitz-Birkenau et Sterbebücher von Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • site du Mémorial de la Shoah.
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).

Notice biographique installée en août 2015, complétée en 2017, 2019 et 2024, par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, Paris, 2005 et  2015 et «Les « 45000 » Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées du site ) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de
cette notice. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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