Maurice Poursain : né en 1915 à Paris 11è. Domicilié à Saint-Mandé (Seine) ; opticien ; communiste ; arrêté le 1er décembre 1940 ; interné aux camps d’Aincourt et Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 19 septembre 1942.
Maurice Poursain est né le 18 avril 1915 à Paris 11è.
Au moment de son arrestation, Maurice Poursain habite chez ses parents au 38, rue de la République à Saint-Mandé (Seine / Val-de-Marne), aujourd’hui hôtel des impôts.
Il est le fils de Louise Baillet et de Georges, Emile Poursain (1), 40 ans, commerçant né le 1er janvier 1875 son époux. Ses parents se sont mariés le 7 mai 1908 à Paris.
Il a un frère aîné, Robert Poursain, architecte, né le 11 octobre 1911 à Paris (10è arr.), membre du Parti communiste depuis 1934 (lire sa notice biographique dans le Maitron :https://maitron.fr/spip.php?article138878).
Au moment de sa naissance, sa mère et son frère habitent au 114, rue du Chemin Vert à Paris 11è. Leur père a été mobilisé.
La famille Poursain vient habiter Saint-Mandé au 38, rue de la République à partir de 1921, date à laquelle son père s’inscrit sur les listes électorales.
En 1933, son frère aîné Robert est élève architecte et habite avec eux.
Maurice Poursain travaille comme opticien (selon les fiches de police, son inscription sur le listes électorales en 1937 et le témoignage de sa nièce.
Il est secrétaire des jeunesses communistes de Saint-Mandé, connu à ce titre par les services de Police qui le décrivent comme « meneur communiste actif).
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…)
Maurice Poursain est arrêté pour « activité communiste » le 1er décembre 1940 par la police française, quinze jours après son père. Le lendemain, le Préfet de police de Paris ordonne son internement administratif. Le 6 décembre, il est conduit au « Centre de séjour surveillé » d’Aincourt.
Lire dans le site : Le camp d’Aincourt.
Le 24 décembre 1941, dans un courrier titré « Déportation de 500 communistes pour mise au travail vers l’Est », le commandement militaire de la zone A écrit que selon la Feldkommandantur de Saint-Germain « il y a au camp d’Aincourt 125 communistes nés entre 1911 et 1922 dont on peut disposer en application des mesures de représailles décidées par le commandement militaire en France le 14 décembre 1941. Ces détenus seront d’abord soumis à un court examen médical par le médecin du camp qui jugera s’ils sont aptes physiquement à travailler. Parmi les recrues, la Feldkommandantur de St Cloud en choisira immédiatement 110 et les enregistrera sur une liste (…) Les détenus ainsi enregistrés resteront dans le camp où ils se trouvent jusqu’à ce qu’on les appelle. A l’intérieur du camp, il faudra les isoler, de même que pendant l’enregistrement, il faudra éviter toutes mesures qui pourraient provoquer une agitation parmi les détenus du camp (…) » (Document CDJC IV 198). x
Le 9 mai 1942, à la demande des autorités d’Occupation, Maurice Poursain est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122) au sein d’un groupe d’une quinzaine d’internés venant d’Aincourt ou de Mantes.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Maurice Poursain est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
On ne connait pas avec certitude son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942.
Le numéro «46007 ?» figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai partiellement reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz
D’après un courriel de sa nièce, madame Catherine Poursain, cette photo d’immatriculation ressemblerait bien à une photo de son oncle, qu’elle va rechercher.
Après l’enregistrement, où il se déclare « glaubenslos » (athée),
il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Maurice Poursain meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 961 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates et lieux de naissance et de décès, et avec l’indication « glaubenslos » (athée).
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois
Il convient de souligner que cent quarante-huit «45 000» ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18 et 19 septembre 1942, ainsi qu’un nombre important d’autres détenus du camp qui ont été enregistrés à ces mêmes dates. D’après les témoignages des rescapés, ils ont tous été gazés à la suite d’une vaste « sélection » interne des « inaptes au travail », opérée dans les blocks d’infirmerie. Lire dans le site : Des causes de décès fictives.
Maurice Poursain a été déclaré « Mort pour la France » et homologué comme « Déporté politique » en 1954.
Maurice Poursain est homologué comme Résistant, au titre de la Résistance Intérieure Française (RIF) comme appartenant à l’un des cinq mouvements de Résistance (FFC, FFI, RIF, DIR, FFL). Cf. service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 489030.
Un arrêté ministériel du 3 novembre 1997 paru au Journal Officiel du 27 janvier 1998 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur son acte de naissance et jugement déclaratif de décès. Il reprend la date portée sur le certificat de l’état civil d’Auschwitz.
Son nom est honoré sur la plaque commémorative dans le hall de la mairie « Aux habitants de Saint-Mandé, Morts pour la France ».
- Note 1 : Georges, Emile Poursain, commerçant, puis directeur d’entrepôt aux Halles de Paris, était en 1929 secrétaire du Syndicat unitaire des travailleurs « des Halles et parties similaires ». Il fut candidat du Parti communiste à Saint-Mandé en 1929 et 1936. En octobre 1939, lors d’une réunion tenue à Orléans, il fut exclu du Comité national de l’Alimentation, parce que communiste, sur proposition d’Auguste Savoie. Il resta néanmoins membre du syndicat et employé appointé comme permanent. Il est arrêté le 26 juillet 1940. il a été interné pendant quatre ans, successivement aux camps d’Aincourt, Voves et de Pithiviers (Loiret). Libéré le 11 août 1944 de Pithiviers, il fut désigné par le Comité local de Libération de Saint-Mandé comme vice-président. Il conserva son siège de conseiller municipal en mai 1945. Il fut réélu le 19 octobre 1947 et le 26 avril 1953. Il fut réélu le 19 octobre 1947 et le 26 avril 1953 (d’après Le Maitron, notice de Claude Pennetier)
Sources
- Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1989 (André Montagne) et juillet 1992 (Claudine Cardon).
- Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Edition informatique 2014, notice Clande Pennetier.
- Mémoire de maîtrise d’Histoire sur Aincourt d’Emilie Bouin, juin 2003. Premier camp d’internement des communistes en zone occupée. dir. C. Laporte. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / UFR des Sciences sociales et des Humanités.
- Archives de la police / BA 2374
- Archives du CSS d’Aincourt aux Archives départementales des Yvelines, cotes W. Death
Books from Auschwitz(registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés). - © Site Internet Legifrance.
- © Site Internet MemorialGenWeb.
- Archives de la Préfecture de police de Paris, Cartons occupation allemande, BA 2374.
- Photo d’immatriculation à Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau /© collection André Montagne.
- © Le CSS d’Aincourt, in blog de Roger Colombier.
- Montage photo du camp de Compiègne à partir des documents du Mémorial © Pierre Cardon
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
- Courriel de Mme Catherine Poursain, avril 2015
Notice biographique rédigée en 2003, mise en ligne en 2008, complétée en 2014, 2019, 2020, 2022 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com