Olivier Souëf à Rennes
Les archives de la Préfecture de Police ont conservé un certain nombre de procès-verbaux des interrogatoires de militants communistes, dès septembre 1940, par les Brigades spéciales des Renseignements Généraux. Tout au moins ceux des PV qui n’ont pas été brûlés par les commissaires André Cougoule et Georges Labaume en août 1944. 

Lire dans le site La Brigade Spéciale des Renseignements généraux.

On trouvera ci-dessous des reproductions du dossier d’interrogatoire d’Olivier Souef, dont l’attitude – déni total d’une quelconque participation à une activité militante clandestine – est symptomatique de celle de nombreux militants communistes qui allaient être internés au camp allemand de Compiègne, puis déportés à Auschwitz.

La notice biographique d’Olivier Souef, responsable des « Lycéens antifascistes » du Lycée Rollin en 1934, des « Lycéens de Paris » en 1938/39, puis un des principaux responsables des Etudiants communistes en 1939 à Paris puis à Rennes, puis à la Sorbonne en 1940, est consultable en cliquant sur le lien précédent.

Dès septembre 1940, les autorités de Vichy s’inquiètent de la recrudescence de la propagande clandestine communiste dans les milieux universitaires de la capitale et le préfet de police de Paris diligente des enquêtes.

Perquisition au domicile d’Olivier Souëf novembre 1940

Ces enquêtes sont opérées minutieusement à partir de renseignements recueillis depuis  les fiches des Renseignements généraux ou des commissariats. Le commissaire en charge de la Brigade rattachée à la première section des RG en septembre 1940 est le commissaire Baillet.

P.V de mise à disposition, 26 novembre 1940.

Après l’interpellation de sept étudiants (au total il y en aura treize), et des perquisitions effectuées à leurs domiciles, le commissaire principal écrit dans son procès-verbal de mise à disposition du 26 novembre :

« (…) constatons que l’inspecteur principal Cougoule et les inspecteurs Va., Ch., Gi., Ro., Th., et Go., chargés par nous de toutes investigations utiles en vue d’identifier et d’appréhender les auteurs de la propagande clandestine communiste sévissant dans les milieux universitaires de la capitale et plus particulièrement au Quartier Latin, au moyen de tracts, papillons et brochures à tendance communistes, mettent à notre disposition les nommés Lévy Jean Claude, 17 ans, étudiant, Ben Aleya Othman, 24 ans, étudiant, Souëf Olivier 19 ans étudiant, Gros Jean, 18 ans, étudiant, Daix Pierre, 18 ans, étudiant, Guglielmo Raymond, 17 ans, étudiant, Brunschwig Jeanne 19 ans, étudiante, arrêtés ce jour à la suite d’enquêtes et de surveillances qui ont permis d’établir avec certitude leur sympathie agissante vis-à-vis des doctrines communistes et des membres de l’ex-Parti communiste. Interpelés, Levy, Gros, Ben Aleya et Souëf nient toute participation à la propagande clandestine (…). On notera que parmi les inspecteurs chargés des filatures d’Olivier Souëf et de ses camarades figure le nom d’André Cougoule, alors inspecteur principal, dont le zèle anticommuniste lui vaudra de passer rapidement commissaire principal (dès juin 1941 c’est lui qui a la responsabilité de la « Brigade spéciale n°1 »). Nous avons volontairement anonymé le nom des autres inspecteurs.

P.V d’interrogatoire d’Olivier Souef 27-11-1940

27 novembre 1941, PV d’interrogatoire d’Olivier Souef. « (…) Je n’ai jamais appartenu au Parti communiste, ni à aucun autre parti politique. J’ai fait partie, avant les hostilités, des Auberges de la jeunesse et j’ai adhéré au Club des Lycéens, étudiants ajistes en septembre dernier. J’affirme n’avoir jamais milité en aucune manière, ni participé à aucune manifestation ou distribution quelconque. Je ne suis pas au courant de l’activité clandestine de Lévy, Ben Aleya, Gros, Daix Guglielmo et de la demoiselle Brunschwig. Je ne connais Ben Aleya que de vue. J’ai connu Daix à Rennes où nous faisions nos études ».

Malgré ses dénégations et l’absence de tout matériel compromettant trouvé à son domicile, Olivier Souëf est inculpé d’infraction aux articles 1 et 3 du décret du 26 novembre 1939 et déféré au Procureur. Le 29 novembre il est transféré à la Maison d’arrêt de la Santé en attente de son jugement. Lire Olivier Souef.

Sources

  • © Photo d’Olivier Souef . Agrandissement d’une photo de groupe tirée du cahier central de Pierre Daix « Dénis de Mémoire », collection Témoins, Gallimard.
  • Carton Brigades Spéciales des Renseignements généraux (BS1), par dérogation aux Archives de la Préfecture de police de Paris.

Pierre Cardon et Claudine Cardon-Hamet docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de « Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000» », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). En cas de reproduction partielle ou totale de cet article, prière de citer les coordonnées du site https://deportes-politiques-auschwitz.fr

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