Matricule « 45 506 » à Auschwitz
Léopold Duparc : né en 1908 au Houlme (Seine-Inférieure / Seine-Maritime) ; domicilié à Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime) ; employé de bureau ; radical-socialiste ; militant de la CGT ; conseiller municipal ; arrêté comme otage le 21 octobre 1941 ; écroué à Rouen ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt.
Léopold Duparc est né le 9 juin 1908 au Houlme (Seine-Inférieure / Seine-Maritime).
Il habite rue Roger Salengro à Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime) au moment de son arrestation et travaille comme employé de bureau.
Léopold Duparc est marié et a une fille âgée de 7 ans au moment de son arrestation (Odette, née le 28 novembre 1934).
Il est adhérent du parti radical-socialiste, militant de la CGT et conseiller municipal de Notre-Dame-de-Bondeville. Il sera l’un des dirigeants du Front populaire local.
Les troupes allemandes entrent dans Rouen le dimanche 9 juin 1940. Après la capitulation et l’armistice du 22 juin, La Feldkommandantur 517 est installée à l’hôtel de ville de Rouen et des Kreiskommandanturen à Dieppe, Forges-les-Eaux, Le Havre et Rouen. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
A partir de l’année 1941, les distributions de tracts et opérations de sabotage par la Résistance se multipliant, la répression s’intensifie à l’encontre des communistes et syndicalistes. Dès le 22 juillet 1941, le nouveau préfet régional, René Bouffet, réclame aux services de police spéciale de Rouen une liste de militants communistes. Une liste de 159 noms lui est communiquée le 4 août 1941 avec la mention : « tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et par tous les moyens ». Ces listes, comportent la plupart du temps – outre l’état civil, l’adresse et le métier – d’éventuelles arrestations et condamnations antérieures. Elles seront communiquées à la Feldkommandantur 517, qui les utilisera au fur et à mesure des arrestations décidées pour la répression des actions de Résistance.
Léopold Duparc est arrêté le 21 octobre 1941 à son domicile sur ordre des Allemands (Feldkommandantur 517). Son arrestation est ordonnée en représailles au sabotage (le 19 octobre 1941) de la voie ferrée entre Rouen et Le Havre (tunnel de Pavilly). Lire dans le site Le « brûlot » de Rouen.
Une centaine de militants communistes, présumés tels ou sympathisants de Seine-Inférieure sont ainsi raflés entre le 21 et 23 octobre.
Ecroués pour la plupart à la caserne Hatry de Rouen, tous les hommes appréhendés sont remis aux autorités allemandes à leur demande, qui les transfèrent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122) entre le 25 et le 30 octobre 1941. La moitié d’entre eux d’entre eux seront déportés à Auschwitz.
Son nom figure sur une liste de 25 internés de Compiègne pouvant être fusillés en représailles après l’attentat d’Elbeuf.
Sur sa fiche d’otage datée du 25 février 1942, on peut lire en allemand : «Adhérent de longue date au Parti radical-socialiste, sympathise avec les communistes, conseiller municipal, connu par la police française en raison de ses convictions communistes».
Dans une lettre de mars 1942, le service V II b du chef du district militaire A de Saint Germain-en-Laye écrit à la Feldkommandantur 517 de Rouen concernant la « mise à jour » de la liste d’otages par rapport aux otages Georges Landel et Leopold Duparc pour la mise en place d’une mesure de représailles à la suite d’un attentat au Havre : Pour Leopold Duparc il demande une vérification de ses activités en tant que communiste afin de pouvoir justifier son exécution.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, Léopold Duparc va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Lire également dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne .
Le 6 juillet 1942, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.
Depuis le camp de Compiègne, Léopold Duparc est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45506». La photo du déporté portant ce numéro a été reconnue par sa famille grâce à une photo d’avant guerre de Léopold Duparc.
On ignore la date exacte de son décès mais on sait que le 2 novembre 1942, il est enregistré à l’infirmerie du camp.
Il a été déclaré officiellement par l’état civil français «décédé à Birkenau en janvier 1943», date modifiée en «décédé le 30 janvier 1943 à Birkenau (Pologne)». La mention «Mort en déportation» est apposée sur son acte de décès, parution au Journal Officiel du 9 avril 1989 (JO1989p04577-04578).
Il a été déclaré «Mort pour la France».
Léopold Duparc est homologué «Déporté résistant».
Lors des élections municipales de mai 1945, il est présenté sur une liste unique à Notre-Dame-de-Bondeville, comme l’ont été dans plusieurs communes un certain nombre de déportés non rentrés, anciens élus, déchus par les conseils de Préfecture en février et mars 1940.
Une rue de Notre-Dame-de-Bondeville porte son nom, qui est inscrit également sur le monument aux morts de la commune, route de Dieppe.
Il y est honoré avec trois autres déportés de son convoi : Lucien Bellet, André Godebout et René Maillard,
Sources
- Questionnaire biographique (contribution à l’histoire de la déportation du convoi du 6 juillet 1942),
envoyé aux mairies, associations et familles au début de mes recherches, en 1987, rempli par le neveu de Léopold Duparc, M. Jimmy Staëlen, directeur d’école, à partir des souvenirs de sa sœur aînée, qui avait 20 ans au moment de l’arrestation de leur oncle (27 mars 1990). - Photo de famille (M. Jimmy Staëlen, son neveu, directeur d’école).
- Liste de 26 otages pouvant être fusillés en représailles à l’attentat du 21 janvier 1942 à Elbeuf (liste en date du 8 février 1942) : CDJC (Centre de Documentation Juive Contemporaine) XL III – 46.
- Fiche d’otages (CDJC XLIII N°73).
- Liste de militants de la CGT fusillés ou déportés pour leur action dans la Résistance établie par la CGT de Seine Maritime.
- © Correspondance officielle de mars 1942 in Mémorial de la Shoah, CDJC, catalogue.
- © Site Internet «Mémorial-GenWeb».
- © Site Internet «Légifrance.gouv.fr»
Notice biographique rédigée par Claudine Cardon-Hamet en 2000 pour l’exposition de Rouen de l’association « Mémoire Vive » consacrée aux déportés “45000” et “31000” de Seine-Maritime, complétée en 2006, 2012, 2017, 2018 et 2022. Docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
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