Le château du cardinal Georges d’Amboise à Gaillon (Eure) est transformé en 1812 en maison centrale de détention mixte. En 1820, un quartier correctionnel pour mineurs est ouvert. Vers 1840, un quartier industriel y est ouvert. En 1876, le site de l'ancien quartier correctionnel voit l'ouverture d'un quartier pour condamnés aliénés. Une colonie correctionnelle pour mineurs est aménagée à sa place en 1908 pour soulager la colonie correctionnelle d'Eysses. Durant cette période, le château reste la propriété du ministère de l'Intérieur qui l'affecte en caserne militaire (1901-1919). La colonie correctionnelle ferme en 1921.
En janvier 1939, le château est rouvert pour assurer l’hébergement de plus de 400 civils espagnols fuyant la guerre.
En juillet 1940, l’armée allemande y regroupe des prisonniers français.
A partir de 1941, un camp d’internement administratif (CIA) y est ouvert pour plusieurs catégories « d’indésirables » par les gouvernements du maréchal Pétain. Une quarantaine de droits communs (principalement des femmes), des politiques, essentiellement des communistes (130 hommes et 129 femmes) et des trafiquants de marché noir (272 hommes et 14 femmes). Le camp d’internement administratif ferme en 1942. Après une brève occupation de l’armée allemande, le site redevient à la Libération un camp d’internement pour les personnes soupçonnées de faits de collaboration.
Les 130 internés « politiques » hommes et 189 femmes, sont internés sans jugement, en vertu de la loi du 3 septembre 1940 prorogeant le décret du 18 novembre 1939 (1). Le 5 juin 1941, 31 hommes, internés au camp d’Aincourt, sont dirigés sur les prisons de Rambouillet et la maison centrale de Gaillon. Le 27 septembre 1941, 23 internés sont dirigés depuis la prison de Rambouillet à la maison centrale de Gaillon.
34 d’entre eux seront déportés à Auschwitz, après avoir été transférés au camp allemand de Compiègne, le Frontstalag 122.
Pour le département de la Seine, il s’agit de
- Andréas Marcel de Stains
- Barthélémy Charles de Colombes
- Andréas Marcel de Stains
- Baixas Lucien de Nanterre
- Barthélémy Charles de Colombes
- Bertouille Maurice de Colombes
- Bondu André de Montreuil
- Bouchacourt Emile de Suresnes
- Graindorge Pierre de Gennevilliers
- Guiboiseau René de Gennevilliers
- Guidou Louis d’Ivry
- Hardy Paul de Courbevoie
- Hurel Alexandre de Fresnes
- Jodon René de Suresnes
- Lambotte Robert de Paris 19ème
- Lebigot Georges de Villejuif
- Massiquat Robert de Bondy
- Née Francis de Villejuif
- Omphalius Eugène de Rosny
- Orsal Adrien de Saint Maur
- Paupy Jean de L’Haÿ-les-roses
- Perrotet René de Cachan
- Pigalle Roger de Drancy
- Platiau Raoul de Suresnes
- Prunier Robert de L’Haÿ-les-roses
- Rosse Albert de Champigny
- Salmon Fernand d’Asnières
- Sanchez Thomas de Morsang-sur-Orge
- Vandenhove Fernand de Montreuil
- Watremez Camille de Pierrefitte
Pour les autres départements
- Aumont Roger de Sourdeval (Manche)
- Blin Lucien d’Argentan (Orne)
- Hodiesne Marcel de Cherbourg (Manche)
- Lecrées Léon d’Erquedreuville (Manche)
- Mauger Charles de Cherbourg (Manche)
Une curieuse note du Préfet de police François Bard
Le 18 février 1942, dans un pli confidentiel adressé à M. Caumont, préfet délégué (directeur du secrétaire général pour la police), le Préfet de police de Paris, préfet François Bard l’informe d’un projet révélé par ses services « en vue de mettre en application les directives données par les dirigeants communistes à l’évasion « même par la force » d’un certain nombre de militants actuellement internés dans les camps de concentration, les responsables chargés de ce travail procèdent actuellement à l’élaboration d’une liste sur laquelle figurent les internés considérés comme des militants particulièrement convaincus, susceptibles de jouer un rôle important dans l’éventualité d’un mouvement insurrectionnel et pour lesquels le Parti semble décidé à tout mettre en œuvre afin de faciliter leur évasion. Après une première sélection, les dirigeants communistes ont retenu les noms ci-après de plusieurs internés de la région parisienne et de la province, qui seraient actuellement détenus pour la plupart au camp de Gaillon dans l’Eure».
Suit une liste de 46 militants dont l’évasion « même par la force », serait préparée par la direction nationale du Parti communiste clandestin. Vingt-trois de cette liste seront déportés à Auschwitz.
Il s’agit de :
- Andréas Marcel de Stains
- Barthélémy Charles de Colombes
- Andréas Marcel de Stains
- Aumont Roger de Sourdeval (Manche)
- Baixas Lucien de Nanterre
- Barthélémy Charles de Colombes
- Bouchacourt Emile de Suresnes
- Graindorge Pierre de Gennevilliers
- Guidou Louis d’Ivry
- Hardy Paul de Courbevoie
- Jodon René de Suresnes
- Lambotte Robert de Paris 19ème
- Lebigot Georges de Villejuif
- Massiquat Robert de Bondy
- Née Francis de Villejuif
- Omphalius Eugène de Rosny
- Paupy Jean de L’Haÿ-les-roses
- Perrotet René de Cachan
- Pigalle Roger de Drancy
- Platiau Raoul de Suresnes
- Rosse Albert de Champigny
- Sanchez Thomas de Morsang-sur-Orge
- Vandenhove Fernand de Montreuil
Cette curieuse note nous semble néanmoins peu fondée. En effet si les RG ont incontestablement eu dans cette période des informations au niveau de la direction communiste clandestine, il s’agit peut-être d’un « coup » monté par le préfet François Bard, nommé en mai 1941 et qui entend ainsi se faire valoir en déjouant une évasion collective (il ne durera qu’un an à cette fonction hautement sensible, remplacé en mai 1942 par Amédée Bussière). On constate en effet que l’on a pris un ou deux noms dans chacune des communes de la Seine et que – pour ce qui concerne ceux pour lesquels nous avons rédigé une notice biographique (les futurs « 45.000 ») – la plupart ne sont ni les tout premiers responsables de l’appareil clandestin du PC – ce qui légitimerait qu’on en prépare l’évasion – ni des membres connus des anciens services d’ordre du Parti ou des anciens des brigades internationales, ce qui semblerait logique dans le cadre d’une évasion collective de cette ampleur permettant d’alimenter les rangs de l’Organisation Spéciale du parti communiste clandestin, puis le Front National.
Note 1 : A partir du 11 juillet 1940, le nouveau régime de Vichy (l’Etat Français) s’acharne sur ceux qui appartiennent à l’« Anti-France » (les Juifs, les étrangers, les communistes, les Francs-maçons etc..) et va promulguer des textes de loi facilitant leur « internement administratif » sur simple décision du préfet (la loi du 3 septembre 1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit l’internement administratif sans jugement de « tous individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Les premiers visés sont les communistes). La police arrête les militants bien connus de ses services (anciens élus et responsables syndicaux) et utilise des fiches de renseignements élaborées avant-guerre sur les agissements des militants communistes et syndicalistes – on le sait notamment grâce aux études réalisées par le Musée de la Résistance à partir des documents des commissariats d’Ivry et de Vitry – (lire Le rôle de la police française Ivry et Vitry, BS1).
Sources :
- Archives du camp de Gaillon. Dossier individuel (cotes 89W4 et 89W13).
- Criminocorpus
- Wikipédia le camp de Gaillon
Claudine Cardon-Hamet et Pierre Cardon
Bonjour, Pourquoi ne parle-t-on pas des femmes? Ma tante, Clotilde Jamin (née Baty) y a séjourné du 13 septembre 1942 jusqu’au 9 février 1943. Les conditions sont telles dans ce camp (saleté repoussante, matelas infestés de rats, peu de nourriture) que 42 femmes font la grève de la faim.
Bonjour
L’article concernant Gaillon auquel vous faites allusion n’est pas exhaustif. Il s’agit simplement de situer le camp dans la période. En effet notre site concerne uniquement les 1170 déportés du 6 juillet 1942, dont 34 d’entre eux ont séjourné à Gaillon. Dans la notice de chacun d’entre eux se trouve un lien vers cet article, ce qui permet de limiter ainsi l’espace utilisé.
Je me permets de vous citer plusieurs passage où nous citons les femmes internées.
A partir de 1941, un camp d’internement administratif (CIA) y est ouvert pour plusieurs catégories « d’indésirables » par les gouvernements du maréchal Pétain. Une quarantaine de droits communs
(principalement des femmes), des politiques, essentiellement des communistes (130 hommes et 129 femmes) et des trafiquants de marché noir (272 hommes et 14 femmes). Le camp d’internement administratif ferme en 1942. Après une brève occupation de l’armée allemande, le site redevient à la Libération un camp d’internement pour les personnes soupçonnées de faits de collaboration.
Les 130 internés « politiques » hommes et 189 femmes, sont internés sans jugement, en vertu de la loi du 3 septembre 1940 prorogeant le décret du 18 novembre 1939 (1). Le 5 juin 1941, 31 hommes, internés au camp d’Aincourt, sont dirigés sur les prisons de Rambouillet et la maison centrale de Gaillon. Le 27 septembre 1941, 23 internés sont dirigés depuis la prison de Rambouillet à la maison centrale de Gaillon.
Cordialement
Claudine Cardon-Hamet
Bonjour, mon grand père Beritz Tropper a été interné pour motif « d’étranger dangereux », décret du 18 novembre 1939 au Camp de Gaillon, il y a fait un séjour de 6 mois pour une libération le 21 mai 1942.
Au préalable il avait été interné pour le même motif au camp du Vernet (Ariège) à sa démobilisation de l’armée polonaise en France.
Est-il possible de savoir dans ces notes évoquées pour qu’elle raison il a été qualifié ainsi.
C’est une zone d’ombre que je cherche à éclaircir.
Cordialement.