Christophe Le Meur © André Le Breton DR © « Mémoire pour demain » et « Le Télégramme » du 1er février 2005
Christophe Le Meur : né en 1911 à Tourc’h (Finistère) ; domicilié à Villejuif (Seine / Val-de-Marne) ; terrassier, concierge à l’Humanité ; ancien des Brigades internationales (blessé) ; arrêté le 22 avril 1941 et condamné à 8 mois de prison (Santé, Fresnes, Poissy, Conciergerie) ; interné à la caserne des Tourelles et aux camps de Voves et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 23 janvier 1943.
Christophe Le Meur. en uniforme  des Brigades Internationales  © André Le Breton DR  et « Mémoire pour demain », p 152

Christophe Le Meur est né le 30 septembre 1911 au hameau de Kerannou, à Tourc’h près de Rosporden, d’Elliant et de Quimper (Finistère), au sein d’une fratrie de quatorze enfants.
Il est le fils de Marie Catherine Grall (40 ans), née en 1871 à Elliant et de Jean, Henri Le Meur (46 ans), né en 1865 également à Elliant, son époux. Il a douze sœurs et frères vivants(Jean (1894), Yves (1895), Alain (1896), Catherine (1897), Marie (1898), Hervé (1900), Guillaume (1901), Anne et Marie (1902), Joséphine (1904), Joseph (1908) Marie-Anne (1910). Leurs parents se sont mariés à Elliant le 11 juin 1893.
Leur père décède en 1926.
A 19 ans, Christophe Le Meur vient s’installer à Villejuif dans le département de la Seine (aujourd’hui en Val-de-Marne), et habite chez sa sœur, Catherine Le Breton, au 11, rue du Docteur Quéry, un petit pavillon (celui-ci n’existait pas en 1926). Elle y accueille également des pensionnaires, qui sont eux aussi des bretons. Christophe Le Meur exerce alors la profession de terrassier puisatier. Un de ses frères aînés, Alain, habite lui aussi Villejuif dès 1924, au 64, grande rue.
En 1931, chez Catherine Le Breton, outre ses deux frères Guillaume et Christophe, son mari, Jean Le Breton et leurs deux enfants, Jean (né en 1928) et André (né en 1930), il y a également trois élliantais (deux Cotten Jean et Alain, et la sœur de Jean Marie Breton).
En 1934, Christophe Le Meur adhère au Parti communiste et à la CGTU, puis à la CGT après l’unification syndicale de 1936.
En 1936, le registre du recensement au n° 11, rue du Docteur Quéry, indique qu’il est terrassier, comme son beau-frère Jean Le Breton, et son frère cadet Guillaume (né en 1921). Y demeurent également sa sœur aînée Catherine (née en 1897) et ses deux enfants, Jean (né en 1928) et André (né en 1930). Les pensionnaires, tous originaires du Finistère, sont Jean Corriou (d’Elliant), René Legrand, Jean Barré, Auguste Labbé et les Cotten,  Jean et Marie. A part cette dernière qui est biscuitière, tous les hommes sont terrassiers. Ils travaillent sans doute tous sur le même chantier (dans une de ses lettres envoyées du centre pénitentiaire de Poissy, en décembre 1941, Christophe Le Meur demande à son beau-frère des nouvelles des « copains de chantier »).
Il convient de noter qu’au n° 9, de la même petite rue habitent huit membres de la famille Daoudal, dont l’un des fils, François Daoudal, sera déporté avec Christophe Le Meur.

Christophe Le Meur. en uniforme  des Brigades Internationales  © André Le Breton DR  et « Mémoire pour demain », p 152
Brigadistes de La Marseillaise

Durant la guerre d’Espagne, Christophe Le Meur s’engage dans les Brigades internationales.
« Il arriva le 17 novembre 1936 en Espagne » (Le Maitron et le livre de Marcelino Gaton et Carlos Escoda (op. cité).
Il part en Espagne avec des camarades de Villejuif dont Louis Mayet, lui aussi né à Tourc’h et conseiller municipal communiste de Villejuif, Jean Barré et René Legrand, qui habitent eux aussi dans la pension de sa sœur Catherine Le Meur (14 villejuifois partent en Espagne. Plusieurs seront blessés et l’un d’entre eux, René Hamon, est tué. Arrivés à Albacete le centre des Brigades internationales, ils sont affectée à la 14è  Brigade internationale (La « Marseillaise » ou « Marsellesa »).
Christophe Le Meur. y sera tirailleur. 

Grièvement blessé sur le front de Teruel, Christophe Lemeur figure sur la liste des rapatriés du 12 au 16 avril 1937. Il déclare se rendre 11, rue du docteur Quéry à Villejuif (Seine). In RGASPI (Moscou, F. 545 Op. 2 D. 112).) Il est rapatrié sur l’hôpital du Kremlin-Bicêtre (Seine / Val-de-Marne) d’où il sort handicapé de la jambe droite. Selon le témoignage d’André le Breton, à Bicêtre « il est mal soigné par un médecin qui ne cachait pas ses sympathies fascistes, et il restera avec une jambe droite estropiée« . Il trouve un emploi de concierge au quotidien communiste l’Humanité (Le Télégrammeou de gardien au siège du Comité central du Parti communiste (André Le Breton) jusqu’à l’interdiction de celui-ci le 26 septembre 1939.

Marcel Cachin en 1936

Dans cet emploi, il fait la connaissance de Marcel Cachin (1), un breton comme lui, grande figure du Parti communiste, et devient « très proche de la famille » selon André Le Breton.
« La dernière fois que Christophe Le Meur a vu son neveu Jean, c’était durant l’été 1939 à Kerannou. Revenu au pays pendant ses congés, il avait participé aux battages » (Le Télégramme 2005).
Après l’interdiction des organisations communistes et et de l’Humanité le 26 septembre 1939, il trouve du travail 
dans une société de carrières et de transports.
« Lors de la débâcle de 1940, il tente sans succès de rejoindre la Bretagne en compagnie des enfants de sa sœur Catherine, avant de revenir à Villejuif » (in Le Télégramme 2005).

Le 14 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent Ivry, Vitry et Villejuif les jours suivants.  L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

« En 1941 il s’affiche comme opposant politique au régime de Vichy et distribue des tracts avec son copain d’Elliant, Jean Corriou. C’est au cours d’une de leurs tournées qu’ils se feront interpeller par la police française. Handicapé par son infirmité à la jambe, il ne pourra pas suivre Jean qui réussit à échapper aux policiers (in Le Télégramme, 2005) ». 

Lettre de Poissy le 15 juin 1941 recto © André Le Breton DR

Christophe Le Meur est arrêté le 22 avril 1941 dans la rue par deux policiers français et condamné à 8 mois de prison pour détention de tracts communistes. Il avait pour mission de convoyer et de répartir les tracts entre des militants chargés de les distribuer. Ces tracts étaient cachés chez ses sœurs (Joséphine Troalen et Catherine Le Breton).
« Mon oncle fût arrêté à la sortie de chez mes parents. Sa mission était de convoyer et de faire distribuer des tracts. Chez ma tante Joséphine Troalen (née Le Meur) se trouvait une valise de tracts. Chez mes parents, ce fût un dépôt de tracts, que fort heureusement la Brigade spéciale n’a pas trouvé » (André le Breton).

Lettre de Poissy, verso © André Le Breton DR

Il est successivement emprisonné à la Santé le 23 avril, puis à Fresnes, et le 8 mai, à la Centrale pénitentiaire de Poissy, où il reçoit le numéro d’écrou « 1287 ».
Il est affecté à l’atelier de « la Séccotine » qui compte une douzaine de détenus, et est occupé par un groupe de détenus politiques.  Il écrit à son beau-frère et neveux, le 15 juin (fac-simile ci-contre des lettres des 15 juin et 12 décembre). Dans sa lettre du 15 juin, comme tous les détenus, il rassure sa famille, dit qu’il est en bonne santé, prend des nouvelles de la santé de Dédé (André a fait une primo-infection) et de JeanJean (Jean l’aîné de ses neveux) souhaitant que ce dernier continue de bien travailler à l’école.

Poissy : lettre du 12 décembre 1941

Dans sa lettre du 12 décembre, Christophe Le Meur  écrit à son beau-frère, sa sœur et son neveu : « voilà huit mois que j’ai été arrêté et condamné à huit mois de prison. Mais soyez tranquilles, ce n’est pas pour vol, ni pour crime, c’est simplement pour mes idées…Je croyais que quand j’aurais fini ma peine, on m’aurait remis en liberté. Mais çà n’a pas été ainsi. Maintenant on me garde pour être interné jusqu’à la fin de la guerre dans un camp de concentration… ».
Il écrit à sa sœur qu’il a reçu la visite de Jean Le Breton et Jeanjean, grâce auxquels il a pu faire un vrai repas.

Poissy, 13 décembre 1941, verso

Puis, il passe deux mois au Dépôt de La Conciergerie, où son neveu André, âgé de 12 ans, le voit pour la dernière fois. « Mon oncle Christophe Le Meur venait de quitter Poissy pour le dépôt de la Conciergerie. Ma mère (Catherine Le Meur) et moi-même (André Le Breton) allâmes lui rendre visite ; j’étais alors âgé de 12 ans. Nous prîmes le métro, descendîmes à la station Châtelet et arrivâmes à la Conciergerie, où de nombreuses personnes attendaient sur le parvis. Je revois cette scène : le corridor qu’il nous a fallu traverser, le questionnaire inhérent aux autorisations de visite qu’il a fallu subir. Vu mon faible état de santé (primo infection), je bénéficiai d’un avis favorable et pus pénétrer à l’intérieur, tandis que ma mère restait derrière les grilles. Escorté d’un gardien, je traversai un long corridor au bout duquel se trouvait une porte débouchant sur une grande salle : d’un côté se trouvait de nombreuses tables et de l’autre une rangée de paillasses alignées. Mon oncle s’avança vers moi, m’accueillit chaleureusement et me conduisit à un lit. Nous parlâmes alors de la famille et je lui remis une tablette de chocolat au-dessous de laquelle ma mère avait collé une lettre ; il s’empressa de la ranger. Il s’inquiéta ensuite de mon état de santé. Nous étions très proches l’un de l’autre. Il vivait chez mes parents depuis l’âge de 17 ans et en avait 31. De ce fait j’étais un peu comme son petit frère, et il était pour moi un peu plus qu’un grand frère, un exemple. Il me donna des recommandations : bien travailler à l’école, être studieux comme l’était mon frère aîné ».

Le Dépôt de la Conciergerie © X DR

Je regardai alors vers le haut de la salle et je vis une mezzanine où des policiers surveillaient les détenus. Je marquais mon étonnement et mon oncle m’en donna la raison : ils étaient classés comme éléments dangereux par l’état de Vichy, ce qui justifiait une surveillance renforcée. L’inquiétude qui traversa mon esprit d’enfant me glaça, mais mon oncle enchaîna rapidement par un discours optimiste sur l’évolution de la situation qui lui faisait entrevoir une libération proche et la défaite du fascisme ; je fus rassuré. Puis vint le temps de la séparation, je contournai les tables où de nombreuses personnes lisaient ou discutaient. Mon oncle m’embrassa ; dans son regard las et fiévreux se lisait la tristesse de ne pas voir les siens. Ce fut la dernière fois que je le vis. À la porte m’attendait un gardien qui m’escorta. Nous franchîmes plusieurs portes grillagées et je retrouvai ma mère. Retenant ses larmes de n’avoir pu voir son frère, elle m’assaillit de nombreuses questions. Après avoir franchi une grande porte cochère, alors que nous marchions sur le trottoir, nous fûmes interpellés par un sergent de ville en capeline, qui nous sermonna de notre inconscience de
faire passer du courrier clandestin : il était de faction au moment de la visite et avait aperçu la lettre. Il nous fit l’énumération des risques que nous avions encourus, arrestation immédiate de ma mère et de mon père. Figée par la peur, ma mère le remercia. De nombreuses années après, alors que j’accompagnai ma mère en voiture à la Samaritaine et que nous passions non loin de la Conciergerie, elle me dit que nous avions eu de la chance ce jour-là de tomber sur un résistant, et que son frère était toujours présent dans son cœur, même après le temps passé. Quant à moi, la dernière image que j’avais de mon oncle était toujours gravée dans ma mémoire».
In « Mémoire pour demain« , p. 152, op. cité.

Christophe Le Meur
 est ensuite transféré à la prison des Tourelles, où il reste un mois. Puis le 16 avril, il est envoyé au Centre de « séjour surveillé » de Voves, d’où il écrit à sa famille. Il est affecté à la baraque 4, avec le n° 87.  » Quand on a vu ce qu’on a vu, on se contente de peu de choses… Un coin pour dormir et un peu de pain à manger. On est tous des internés politiques, on est neuf de Villejuif, on peut causer un peu du pays… Marie Jeanne (peut être sa sœur Marie-Anne ?) est partie à Paris, elle pensait venir me voir, mais malheureusement elle ne pourra pas venir, parce qu’à partir du 16 de ce mois, les visites seront limitées : il n’y [en] aura que six par semaine et comme on est plus de mille ici et que je suis un des derniers arrivés, je ne suis pas près d’en avoir une. J’espère qu’avant que mon tour ne soit venu, la guerre sera finie… » in « Mémoire pour demain », p. 152, op. cité.
Lire dans ce site : Le camp de Voves  

Dans deux courriers en date des 6 et 9 mai 1942, le chef de la Verwaltungsgruppe de la Feldkommandantur d’Orléans envoie au Préfet de Chartres deux listes d’internés communistes du camp de Voves à transférer au camp d’internement de Compiègne à la demande du commandement militaire en France. Christophe Le Meur figure sur la première liste. Sur les deux listes d’un total de cent neuf internés, 87 d’entre eux seront déportés à Auschwitz. Le directeur du camp a fait supprimer toutes les permissions de visite « afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation ». La prise en charge par les gendarmes allemands s’est effectuée le 10 mai 1942 à 10 h 30 à la gare de Voves. Il poursuit : « Cette ponction a produit chez les internés présents un gros effet moral, ces derniers ne cachent pas que tôt ou tard ce sera leur tour. Toutefois il est à remarquer qu’ils conservent une énergie et une conviction extraordinaire en ce sens que demain la victoire sera pour eux ». Il indique que « ceux qui restèrent se mirent à chanter la «Marseillaise» et la reprirent à trois reprises ». Le directeur du camp a fait supprimer auparavant toutes les permissions de visite « afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation ». Sur les deux listes d’un total de cent neuf internés, arrivés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag  122)  les  10  mai et  22  juin  1942,  87 d’entre  eux seront déportés à Auschwitz.

Il est remis aux autorités allemandes à leur demande, celles-ci le transfèrent le 10 mai 1942 au camp allemand de Royallieu (le Frontstalag 122) à Compiègne où il reçoit le matricule « 5745 », en vue de sa déportation comme otage. Il y est affecté à la baraque « C ».
Lire dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne .
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». Le 6 juillet, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.

Depuis le camp de Compiègne, Christophe Lemeur est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu. Le numéro « 46247 » f

figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai partiellement reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Christophe Le Meur est affecté au camp de Birkenau alors en pleine construction. Il y meurt le 23 janvier 1943, d’après les registres du camp. Dans les années d’après-guerre, l’état civil français, n’ayant pas eu accès aux archives d’Auschwitz emportées par les armées soviétiques, fixe la date de son décès au 31 janvier 1943 sur la base des déclarations de deux de ses compagnons de déportation. Selon le témoignage de Victor Louarn, un rescapé breton originaire de Concarneau, qui se trouvait avec lui à Birkenau, il serait mort des suites de coups de manche de pioche assénés par un Kapo.

Les 9 villejuifois déportés à Auschwitz montage © Pierre Cardon

Le nom de Christophe Le Meur est honoré dans son village Natal de Tourc’h, ainsi que sur la stèle situé dans le parc Pablo Neruda de Villejuif, inaugurée en 1999 en hommage aux déportés Villejuifois.

Une cellule du PCF de Villejuif honora son nom à la Libération. En 1945-1946, elle rayonnait sur le quartier Delaume.

  • Note 1 : Marcel Cachin, né à Paimpol (Côtes-du-Nord)  en 1869. Directeur de L’Humanité (1918-1958), membre du bureau politique du Parti communiste français (1923-1958) et sénateur (1935). Après la guerre, il est député, doyen de l’Assemblée nationale, et ce jusqu’à sa mort (1958).

Sources

  • Témoignages et documents détenus par André Le Breton, son neveu (droits réservés). Plusieurs courriers (1995, 2005).
  • Marcelino Gaton et Carlos Escoda « Mémoire pour demain » Ed. Graphein.
  • Stéphane Fourmas, Le centre de séjour surveillé de Voves (Eure-et-Loir) janvier 1942 – mai 1944, mémoire de maîtrise, Paris-I (Panthéon-Sorbonne), 1998-1999.
  • Eugène Kerbaul, 1 640 militants du Finistère (1918-1945), Bagnolet, 1988.
  • Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Le Maitron, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom, Tome 34, p. 235.
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
  • Article du quotidien Le Télégramme, du premier février 2005.

Notice biographique rédigée en 2003, mise en ligne en 2008, complétée en 2015, 2019, 2020, 2022 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45 000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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