Roland Soyeux ; né à Reims où il habite au moment de son arrestation ; cheminot ; militant communiste, syndicaliste Cgt ; résistant ; arrêté le 26 février 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 14 septembre 1942.
Roland Soyeux est né le 16 janvier 1912 à Reims (Marne). il habite à Reims au 62, rue du Docteur Thomas au moment de son arrestation.
Il est le fils de Julie Jacob et de Louis Soyeux, son époux. Ses parents habitent ensuite Vitry-le-François (Marne).
Embauché aux Chemins de fer, Roland Soyeux épouse Sylviane, Georgette, Denise Ghislain le lundi 17 août 1931 à Vitry-le-François (elle est née le 28 mai 1911 à Saint-Quentin (Aisne) et décède en 1994).
Le couple a deux enfants : Liliane, qui naît le 7 septembre 1934 à Frignicourt, et Denis qui naît le 12 août 1936 dans la même commune, limitrophe de Vitry-le-François.
Embauché comme chauffeur aux Chemins de fer, Roland Soyeux revient à Reims quelques années avant la guerre.
Employé SNCF (agent n° 43 824), il est un militant communiste très connu, membre du Parti communiste à la cellule d’entreprise des Cheminots de Reims.
Les services des Renseignements généraux le dépeignent comme un militant très actif, en particulier pour ses prises de position contre les accords de Munich (septembre 1938).
Syndicaliste CGT, il habite à Reims un vieil immeuble au 62, rue du Dr. Thomas au moment de son arrestation.
En 1940, l’évacuation de Reims est décrétée par les autorités militaires françaises le 19 mai devant l’avancée allemande. Le 11 juin 1940 des éléments de la 45ème division d’infanterie allemande entrent à Reims. Le 14 juin, la Wehrmacht défile à Paris, sur les Champs-Élysées. Le 22 juin, l’armistice est signé : la France est coupée en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée de celle administrée par Vichy. Le 22 juin 1940, l’armistice est signé : la moitié nord de la France et toute la façade ouest sont occupées. Le pays est coupé en deux par la « ligne de démarcation » qui sépare la zone occupée et celle administrée par Vichy. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Roland Soyeux après l’armistice, forme le premier groupe de résistance SNCF de la région avec René Manceau, Maurice Roussel (eux aussi déportés le 6 juillet 1942), et Gaston Lelaurain (arrêté dès le 24 juin 1941, déporté en 1943 à Sachsenhausen où il meurt en 1945).
Dès septembre 1940, le Préfet René Bousquet fait établir par commune, des listes de “communistes notoires” et effectue des enquêtes dans les entreprises. Ainsi, en décembre 1940, 200 militants sont identifiés et photographiés dans une trentaine de communes du département. Au lendemain de l’invasion de l’Union soviétique, il donne des instructions très précises pour la surveillance des « menées communistes ». On lira sur le net les articles consacrés à Bouquet par Jean-Pierre et Jocelyne Husson : « René Bousquet et la politique vichyste d’exclusion et de répression ».
« En octobre 1940, après qu’on eut découvert que des tracts signés « Thorez-Duclos » circulaient dans les ateliers SNCF d’Épernay, dix militants furent arrêtés, arrestations suivies de quatre condamnations à Épernay et à Reims ». Régulièrement dans les instructions adressées aux responsables de la police, il leur demandait « de redoubler de vigilance dans le dépistage et la répression des menées communistes » (18 décembre 1940).
Lire dans le blog : Le rôle de René Bousquet dans la déportation des « 45000 » de la Marne).
Le 10 septembre 1941, avec l’institution de la « politique des otages », les autorités allemandes se font remettre les notices individuelles des communistes arrêtés et incarcérés par la police française.
Le 10 novembre 1941, le nom de Roland Soyeux est inscrit sur la liste des militants communistes d’avant l’interdiction du P.c., établie par le commissariat central de Reims.
Roland Soyeux est arrêté à son domicile comme otage, le matin du 26 février 1942, après son travail de nuit, par la Feldgendarmerie, le même jour que 17 autres marnais : Le 26 février 1942, la Feldgendarmerie arrête en effet à Reims 18 militants syndicaux et politiques dont huit seront déportés à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 » : Marcel Gauthier, Jules Huon, Guy Lecrux, René Manceau, Félix Reillon, Maurice Roussel, Henri Roy, Roland Soyeux, ainsi que des membres de la communauté juive.
Roland Soyeux incarcéré à la prison Robespierre de Reims.
Il est remis aux autorités allemandes à leur demande, et celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122) le 5 mars 1942.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Roland Soyeux est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Aushwitz-Birkenau.
On ignore son numéro d’immatriculation à Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Roland Soyeux meurt à Auschwitz le 14 septembre 1942, d’après les registres du camp (registre des morts consultable au Musée d’Auschwitz et sur le site internet du Musée). Dans les années d’après-guerre, l’état civil français, n’ayant pas eu accès aux archives d’Auschwitz emportées par les armées soviétiques, a fixé la date de son décès en mars 1943 sur la base des déclarations (pas toujours précises) de deux de ses compagnons de déportation.
Sur décision du conseil municipal de Reims (25 août 1945) une plaque commémorative est apposée à son domicile, 62, rue du Dr Thomas. « Ici demeurait Roland Soyeux, patriote mort en déportation au camp de Birkenau (Allemagne) 1912-1943”. Son nom figure sur la plaque commémorative apposée en gare de Reims : « A la mémoire des agents SNCF tués pour faits de guerre« .
Le journal l’Union, dirigé par Michel Sicre, résistant communiste devenu maire de Reims à la Libération, lui rendait hommage le 19 juillet 1946, dans une rubrique intitulée « les héros de la Résistance ».
Le 2 avril 1947, sa veuve Sylviane, née Ghislain, qui a deux enfants en bas âge, se remarie avec Joseph Dien, employé SNCF.
Roland Soyeux est nommé sous-lieutenant (JO du 7 octobre 1959) par décret du 20 septembre 1959, au titre des Forces Françaises Combattantes (FFC) constituées des agents des réseaux de renseignement, d’action et d’évasion et DIR (Déportés et Internés Résistants).
Il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume. Mme Sylviane Dien a demandé en 1960 à l’Institution d’avoir communication du diplôme faisant état de cette distinction.
Le nom de Roland Soyeux est gravé sur une stèle dans la Salle de réunion de la Bourse du Travail, 13, boulevard de la Paix – « A la mémoire de nos camarades tombés dans la lutte pour la Liberté, victimes de la barbarie nazie. »
Son nom est également honoré sur le monument aux morts et de la Déportation de Reims.
Sources
- Recherche de Madame Jocelyne Husson, professeur à Reims (1990).
- Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
- Recensement par M. André Aubert des déportés marnais non rentrés.
- Bureau de la Division (ou Pôle) des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
- Death Books from Auschwitz / Sterbebücher von Auschwitz (registre des morts) : Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Informations généalogiques © Généanet.
Notice biographique (mise à jour en 2010, 2018 et 2021) réalisée à l’occasion de la conférence donnée au CRDP de Reims sous l’égide de l’AFMD de la Marne le 4 décembre 2002, par Claudine Cardon-Hamet en 2002, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, Paris 2005. Prière de mentionner les références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
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