Matricule « 46 045 » à Auschwitz

Julien, André Renard est né le 16 juin 1908 au
domicile de ses parents à Dijon (Côte-d’Or). 
André Renard habite à Dijon au moment de son arrestation.

Il est le fils de Marie Chevalier,
22 ans, ouvrière et de Claude Renard, 23 ans, menuisier, puis machiniste, son époux. Ses parents
habitent au 19, rue Parmentier à Dijon.

En 1932, au moment de son mariage, il est domicilié au 7, rue des Perrières dans le quartier du même nom, près de la gare, et exerce la profession d’ouvrier armurier.

Le
17 août 1932, il épouse Angèle, Marie Bonvallot
 à Dijon (Côte-d’Or). Ouvrière d’usine âgée de 23 ans, elle est née à Laroche-sur-Saône (Côte-d’Or) le 27 juin 1909. Elle est domiciliée au 7, rue du Tillot à Dijon. Lors du recensement de 1936, le couple a déménagé au 
4, rue des Perrières. Il exerce la profession d’ajusteur à l’Entreprise Electrique et son épouse est vendeuse aux Magasins modernes. Le couple a une fille. En novembre 1937, le couple est toujours domicilié au n°4 de la même rue. Mais le journal qui relate sa plainte pour vol de vélo lui attribue la profession de peintre (Bourgogne Républicaine 1/12/37).

Il est ensuite métallurgiste à l’usine de décolletage Lipton (fabrique de cylindres automobiles).
Adhérent au Parti communiste, André Renard est sanctionné après la grève de 1938. 

Il quitte le Parti communiste en 1939. 

Le 17 juin 1940, les troupes de
laWehrmachtentrent
dans Dijon et s’y installent. Interdictions, réquisitions, couvre-feu
: l’armée allemande contrôle la ville. Dijon est durement
touchée par la politique antisémite et les arrestations orchestrées par les
troupes allemandes et l’administration de Vichy.

Le 11 novembre 1941, il est « congédié à la suite d’apposition de tracts
communistes à l’intérieur de l’usine. I
l s’est fait embaucher le lendemain à la
Maison Faucillon-Lavergne, rue du Transvaal à Dijon 
» (rapport des Renseignements
Généraux 30/05/1942). 

André Renard est arrêté le 11 janvier 1942 comme otage après l’attentat de la rue de la Pépinière du 10 janvier 1942 (une bombe est lancée par des résistants communistes contre le Soldatenheim (foyer du soldat). Selon l’enquête, la bombe, artisanale, avait été fabriquée dans une usine de la ville.

Eugène
Bonnardin
, Julien
Faradon
et Henri
Poillot
 
sont arrêtés pour la même affaire, le même jour (au total 26 ouvriers de chez Lipton). André Renard est remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag122), en mars 1942 en vue de sa déportation comme otage. 

Le 13 avril, son épouse écrit au
Préfet pour demander la libération de son mari et l’obtention de l’allocation prévue
en faveur des familles de prisonniers civils internés par les Autorités
allemandes (elle est sans travail et a une fillette de cinq ans). 

Cf
Article du blog : 
Les wagons de la Déportation

Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation,
voir les deux articles du blog :
La
politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) 
et «une
déportation d’otages

André Renard est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 ». Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France, les « judéo-bolcheviks » responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.

Lire
dans le blog le récit des deux jours du transport :
Compiègne-Auschwitz
: 6-8 juillet 1942
.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 46.045 ».

Sa
photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des
membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver
de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation
d’Auschwitz. 

Lire
dans le blog le récit de leur premier jour à Auschwitz :
L’arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942.
et 8
juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale »

Après l’enregistrement, il passe
la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux
pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau,
situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est
interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs
ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement
la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement
et à la construction des Blocks.

A Auschwitz I, il est affecté au Block 16.
André Renard meurt à Auschwitz le 18 août 1942 d’après les registres du camp.
Le titre de « Déporté résistant » lui a été attribué. La carte n° 1-016-02234 est délivrée en janvier 1953 à Angèle Renard.

Dans le cadre des homologations de grade au titre des Forces Française combattantes de l’Intérieur (FFCI), il est nommé Sergent-chef pour la 7e région militaire (prise de rang au 1er janvier 1942) (in Dernières Dépêche de Dijon du 20 novembre 1947).

Sources

  • Textes et enregistrements de Gabriel
    Lejar
    d
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement le matricule et la date de décès au camp.
  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.

Notice biographique rédigée en février 1998 (mise à jour en 2021) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette biographie.
Pour compléter ou corriger cette biographie, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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