Matricule « 46 211 » à Auschwitz
Guiseppe, dit Joseph Zerlia : né en 1900 à Borgomanero (Italie) ; domicilié à Droitaumont-Jarny (Meurthe-et-Moselle) ; mineur ; communiste ; naturalisé Français ; arrêté en février 1941 et comme otage communiste le 22 février 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 26 novembre 1942
Guiseppe dit Joseph Zerlia est né le 30 mai 1900 à Borgomanero en Italie. Il habite 24, rue B à Droitaumont-Jarny ( Meurthe-et-Moselle) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Maria Chritina de Vecchi et de Giacomo Zerlia, son époux.
Il a deux frères et cinq sœurs. Son frère aîné, Bartholoméo (Barthélémy), né le 1er janvier 1898, arrivé en France en 1921 sera mineur à Jarny.
Joseph Zerlia est lui aussi mineur à la mine de Droitaumont.
Il a épousé Marie-Thérèse Créola. De père italien, elle est née le 8 novembre à Maizières-les-Metz (Meurthe-et-Moselle) en 1908. Le couple a un garçon, Jacques qui naît en 1936.
En 1926, le couple habite au n° 28, Cité des Mines à Droitaumont.
Joseph Zerlia est naturalisé français (Journal Officiel du 10 août 1930).
Son épouse obtient également la nationalité français par mariage (JO du 10 août 1930).
En 1936, ils ont déménagé au 24, rue B à Droitaumont. Leur fils Jacques est né cette même année 1936 à Droitaumont.
Son camarade Antoine Corgiatti habite au n° 21 de la même rue.
Militant communiste et cégétiste, il est connu des services de police pour son engagement politique.
A la veille de la guerre, la mine comptait encore plus de 330 employés habitant principalement dans les cités.
Le 17 juin 1940 l’armée allemande occupe Auboué et le 18, Nancy.
Les Kreiskommandantur sont installées à Briey et Nancy.
Fin juin 1940, toute la Meurthe-et-Moselle est occupée : elle est avec la Meuse et les Vosges dans la « zone réservée » allant des Ardennes à la Franche-Comté, destinée au « peuplement allemand ». À l’est de la « ligne du Führer », tracée depuis la Somme jusqu’à la frontière suisse, les autorités nazies envisagent une germanisation des territoires suivant différentes orientations. C’est un autre sort que celui de la Moselle et de l’Alsace, annexées par le Reich, du Nord et du Pas-de-Calais, mis sous la tutelle du commandement militaire allemand de Bruxelles, qui attend les territoires situés le long de cette ligne dite du Nord-Est. En tout ou partie, ces départements, et parmi eux les francs-comtois, font l’objet d’une « zone réservée » des Allemands (« En direct », Université de Franche-Comté). Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…). L’Alsace Moselle est occupée. Plus de 20 000 Allemands, soit l’équivalent de deux divisions, sont stationnés en permanence en Meurthe-et-Moselle. Le Préfet de Meurthe-et-Moselle collabore sans état d’âme avec les autorités allemandes, il « ne voit aucun inconvénient à donner à la police allemande tous les renseignements sur les communistes, surtout s’ils sont étrangers » (Serge Bonnet in L’homme de fer p.174).
Joseph Zerlia connaît une première arrestation en février 1941, avec Giobbé Pasini et Antoine Corgiatti. Il est relâché faute de preuves.
Le sabotage du transformateur d’Auboué, entraîne une très lourde répression en Meuthe et Moselle.
Lire dans le site : Meurthe et Moselle Le sabotage du transformateur électrique d’Auboué (février 1942).
Hans Speidel à l’Etat major du MBF annonce qu’il y aura 20 otages fusillés et 50 déportations.
C’est dans la suite des 20 premières arrestations que Joseph Zerlia est arrêté par des Feldgendarmes, le 22 février 1942, en même temps qu’Antoine Corgiatti, Giobbé Pasini, et Richard Girardi.
Il est conduit à la prison de Briey où il est emprisonné pendant 8 jours, puis à celle de Nancy (Charles III), il est interné au camp d’Ecrouves, près de Toul.
Il est remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122) en mars 1942, en vue de sa déportation comme otage.
Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Joseph Zerlia est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule « 46 211 ».
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi les 522 que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date. Toutefois, compte tenu de son métier de mineur, il est vraisemblable qu’il a été maintenu à Birkenau.
Joseph Zerlia meurt à Auschwitz le 26 novembre 1942 d’après la liste par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau.
Lire dans le présent site l’article : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois
Lire également dans le site : Les dates de décès à Auschwitz.
Dans les années d’après-guerre, le ministère des ACVG a fixé sa date de décès au 15 février 1943.
Joseph Zerlia a été déclaré « Mort pour la France » le 26 novembre 1947.
Il est homologué « Déporté politique » au titre de la Résistance intérieure française (RIF), comme appartenant à l’un des mouvements de Résistance.
Son nom est honoré sur le monument aux morts de Jarny et sur le Monument commémoratif des déportés, cimetière de Jarny : » Les Déportés du Jarnisy aux Martyrs des Camps de la Mort « .
Sources
- Etat-civil de Jarny, acte de décès daté du 6 mai 1946 (20 avril 1989)
- M. Gilbert Schwartz, président départemental de la FNDIRP (1991).
- « Antifascisme et Parti communiste en Meurthe-et-Moselle » (Jean Claude et Yves Magrinelli).
- Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BACC), Ministère de la Défense, Caen. juillet 1992 –
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
- Recensement de Droitaumont 1926 et 1931.
- Courriel de sa nièce, madame Marie-Christine Henry (2022).
Notice biographique rédigée en 1997, pour la conférence organisée par la CGT et le PCF de la vallée de l’Orne, à Homécourt le 5 juillet 1997, complétée en 2015, 2018, 2021 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
Je suis Marie Christine ZERLIA fille de Barthélémy ZERLIA frère de Joseph ZERLIA! Toute ma famille est décédée mon adresse mail mch121245@gmail.vol
Bonjour madame. je vous remercie de votre mail. Auriez vous une photographie de famille permettant de mieux honorer sa mémoire ? CCH