Lucien Bonhomme : né en 1906 à Bar-le-Duc (Meuse), où il est domicilié ; Cheminot ; communiste ; arrêté le 26 juin 1941 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 19 septembre 1942.

Lucien Bonhomme est né le 9 décembre 1906 à Bar-le-Duc (Meuse) où il habite, au 17, rue de l’Horloge au moment de son arrestation.
Embauché le 2 février 1930 à la compagnie des chemins de fer de l’Est, il est cantonnier auxiliaire au service de la Voie et Bâtiments SNCF (fusion de plusieurs compagnies dont les chemins de fer de l’Est en 1938) à Bar-le-Duc au moment de son arrestation (dossier SNCF et Genweb).
Lucien Bonhomme est marié avec Berthe Dombal, née le18 aôut 1908 à Bar-le-Duc. Le couple a cinq filles et un garçon (Odette, née en 1924, Yvette, née en 1925, Geneviève, née en 1926, Claudine, née en 1934 et René, né en 1930, tous à Bar-le-Duc.
En 1936, la famille est domiciliée au 17, rue de l’horloge. Le registre du recensement indique qu’il travaille comme manœuvre à la Brasserie « La Meuse ». La belle mère de Lucien Bonhomme, Octavie Dombal, née Aubry en 1866, habite avec eux.

Le 19 juin 1940, Bar-le-Duc

19 juin 1940 : un colonel allemand pose devant le pont de Bar-le-Duc détruit par l’armée française. Fin juin 1940, La Meuse est occupée : elle est avec la Meurthe-et-Moselle et les Vosges dans la « zone réservée » allant des Ardennes à la Franche-Comté. La présence militaire, policière, administrative et judiciaire de l’occupant y est nettement plus importante que dans le reste de la zone occupée.
La région est essentiellement agricole et le Parti communiste (3% des voix aux élections de 1936) y est presque inexistant. Son activité est pratiquement interrompue après l’arrestation, entre le 21 et le 23 juin 1941, de vingt communistes qui sont internés à Compiègne, antichambre de la déportation. Parmi eux Jules AllaixLucien BonhommeAdrien Collas, Pierre Collas, Charles Dugny, Henri Fontaine, Antoine Laurent, Pierre Lavigne , Jean Nageot, Jean Tarnus, qui seront tous déportés à Auschwitz, le 6 juillet 1942.

Lucien Bonhomme est arrêté le 18 (source DAVCC) ou le 23 juin 1941 (source SNCF).  Mais il est plus que probable que ce soit cette deuxième date. En effet cette arrestation s’inscrit tout à fait logiquement dans le cadre de la rafle concernant les milieux syndicaux et communistes de Meuse. En effet, le 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, sous le nom «d’Aktion Theoderich», les Allemands arrêtent plus de mille communistes dans la zone occupée, avec l’aide de la police française.
D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par les Allemands (ici l’ancienne Ecole normale de Bar-le-Duc), les vingt meusiens sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht (le Frontstalag 122) qui ce jour là devient un camp de détention des “ennemis actifs du Reich”. Selon Henri Pasdeloup (1), le groupe des meusiens est immatriculé le 28 juin 1941 entre les numéros « 542 » et « 564 ».

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Lucien Bonhomme est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

On ignore son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942.
Le numéro «45 269 ?» figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 (éditions de 1997 et 2000) correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Si ce numéro semble probable dans la mesure où son homonyme, Théodore Bonhomme, a été immatriculé « 45 270 », ce qui correspondrait bien à la suite de l’ordre alphabétique après Lucien Bonhomme, seule la reconnaissance, par un membre de sa famille ou ami, du portrait d’immatriculation publié ci-dessus pourrait en fournir la preuve.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Lucien Bonhomme meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942 d’après le registre d’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 116). Sachant que 148 « 45.000 » ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18 et 19 septembre 1942 et que la mort d’un nombre important d’autres détenus du camp est enregistrée à ces mêmes dates, on peut penser qu’ils sont morts gazés à la suite d’une vaste « sélection » interne des « inaptes au travail », opérée sans doute dans les blocks d’infirmerie (le nom de Lucien Bonhomme figure d’ailleurs sur ces registres avec le numéro 31879/42 sur la liste Van De Laar).

L’acte de décès établi à la Libération (25 juin 1946) a repris cette date, ainsi que l’arrêté du 26 août 1987 relatif à l’apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes ou jugements de décès (J.O. du 30 septembre 1987).

Plaque commémorative SNCF

Lucien Bonhomme a été déclaré « Mort pour la France » le 16 mars 1955.
Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué le 30 mars 1953 (157.0090). Son nom figure sur le monument aux morts de Bar-le-Duc et sur la plaque commémorative de la SNCF.

Par arrêté du secrétaire d’État aux anciens combattants en date du 25 août 1987, il est décidé d’apposer la mention « Mort en déportation » sur les actes ou jugements déclaratifs de décès de Bonhomme Lucien, né le 9 décembre 1906 à Bar-le-Duc (Meuse), décédé le 19 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne).

Son épouse est décédée le 5 février 1987 au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne).

  • Note 1:  Henri Pasdeloup : cheminot de Saint-Mihiel (Meuse), est arrêté le 23 juin 1941 par la Gestapo. Interné à Compiègne il est déporté à Sachsenhausen (n° 59206), récit sur le départ des « 45 000 », in « Sachso », page 36, par l’Amicale d’Oranienburg-Sachsenhausen.

Sources

  • «Death Books from Auschwitz », Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en décembre 1992.
  • Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Archives de Caen du ministère de la Défense). « Liste communiquée par M. Van de Laar, mission néerlandaise de Recherche à Paris le 29.6.1948« , établie à partir des déclarations de décès du camp d’Auschwitz.
  • © Site Internet Mémorial-GenWeb
  • © Sitewww.mortsdanslescamps.com

Notice biographique installée en 2011, complétée en 2018 et 2022 par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) .
Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger cette notice biographique, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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