Henri Hannhart : né à Paris (10ème) en 1906 ; domicilié à Alfortville (Seine / Val-de-Marne) ; mécanicien automobile ; conseiller municipal communiste ; arrêté le 25 juillet 1940 (Santé), relâché le 4 octobre 1940, arrêté à nouveau le 10 octobre 1940, interné au camp d’Aincourt, Maisons centrales de Fontevraud et Clairvaux ; camps de Rouillé et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, Sachsenhausen, Kochendorf, Dachau ; rescapé ; il décède le 12 décembre 1966.

Matricule « 45.652 » à Auschwitz  Rescapé

Henri Hannhart est né à Paris (10ème) le 20 juillet 1906. Il habite au 40, rue Edouard Vaillant à Alfortville (Seine / Val-de-Marne) au moment de son arrestation.
Il est le fils d’Henriette Perquin, 21 ans, cartonnière, domiciliée au 7, passage Maslier. Il est reconnu et légitimé par le mariage de sa mère le 9 février 1907, à la mairie du 19ème.  Son père, Frédéric-Louis Hannhart est né le 4 janvier 1883 à Montbelliard. Il est mécanicien-ajusteur (il divorcera d’Henriette Perquin et se remariera en 1917).

Henri Hannhart, mécanicien lui-même, épouse le 8 septembre 1928 Denise Robinot, perlière puis cartonnière, originaire de Vigneux. Elle est née le 9 juin 1911 à Vigneux-sur-Seine (Essonne). Le couple aura deux enfants (Denise et Claude). Il s’installe à Alfortville.

Les établissements Brasier à Ivry

Henri Hannhart travaille comme mécanicien jusqu’en 1930 aux établissements automobiles Richard Brasier devenus Chaigneau-Brasier à Ivry-Port.
Le  27 novembre 1931 le couple a une fille, Denise, qui naît à Alfortville.

Militant communiste, Henri Hannhart est élu conseiller municipal d’Alfortville le 5 mai 1935 sur la liste de Marcel Capron : «la liste communiste animée par Marcel Capron fut majoritaire le 12 mai 1929, au 2ème tour. Marcel Capron conserva la première magistrature municipale après les
élections de mai 1935 qui avaient permis l’entrée dans l’assemblée communale de quelques nouveaux conseillers : Gilbert Brangard, Jean Doulcet, Jules Fischer, Gilbert Guillon, Henri Hannhart, Pierre Lormier, Marcel Mougin et Charles Utard
» (Le Maitron).
Henri Hannhart est désigné comme délégué sénatorial en 1935 et 1938. Le 6 juin 1936, le couple a un deuxième enfant, un garçon, Claude, qui naît à Créteil.
Henri Hannhart est suspendu de son mandat par le Conseil de Préfecture le 1er mars1940 « pour appartenance au Parti communiste » (6).

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France.. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.  Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Pv du commissariat de Charenton

Le 25 juillet 1940, il est l’un des organisateurs avec Gaston Ruan et Gilbert Lasséchère, ex- conseillers municipaux, d’une manifestation d’opposition à la « Délégation spéciale » mise en place en octobre 1939 par le gouvernement Daladier (1) pour remplacer la municipalité communiste : il est arrêté le soir même à 19 heures par les agents du commissariat de Charenton.
Neuf « meneurs », ex-élus communistes des villes de Maisons-Alfort et d’Alfortville sont arrêtés par la police pour « attroupement de rue et manifestation non approuvés par les autorités allemandes » (il s’agit d’Henri Hannhart, Gaston Ruan et Gilbert Lasséchère d’Alfortville, d’Alphonse Bernhard, Paul Giloux, Marcel Névraumont, Fernand Saguet, Edmond Verrier, Maurice Wind de Maisons-Alfort).
Ils sont conduits au commissariat du 12ème, puis au Dépôt, puis à la Maison d’arrêt de la Santé le 26 juillet 1940. Ils sont relâchés le 4 octobre, après
intervention des autorités allemandes (1) « vu la fragilité des cas, rien ne peut être retenu contre eux », et après qu’ils aient signé un engagement à « ne pas faire de propagande contre les autorités occupantes ».

Durant toute cette période la Préfecture de police effectue des démarches pour que les autorités allemandes ne contrecarrent pas la répression anticommuniste et demande aux commissariats de faire remonter toutes les affaires au cours desquelles les autorités allemandes ont fait libérer des communistes (2).

Demande d’une nouvelle arrestation

Et c’est ainsi que le 7 octobre 1940, le commissaire de police de la circonscription de Charenton rend compte au directeur des Renseignements généraux de l’arrestation des 9 meneurs le 25 juillet précédent et de leur libération le 4 courant. Il spécifie à son attention : « Ont été remis en liberté le 4 courant. il est à peu près certain que tous ces militants vont reprendre une activité. Leur arrestation parait s’imposer ».

Aincourt, in blog de Roger Colombier

Henri Hannhard et Marcel Névraumont de Maisons Alfort (qui sera déporté avec lui à Auschwitz) et leurs sept camarades sont de nouveau arrêtés le 10 octobre, emmenés au Dépôt et par décision du Préfet de Paris Roger Langeron, « internés administratifs » au camp de «Séjour surveillé» d’Aincourt ouvert spécialement le 5 octobre 1940 pour y enfermer les communistes arrêtés (lire dans le site : Le camp d’Aincourt). Dans sa chambrée se trouvent également Paul Giloux, Gilbert Lasséchère, Gaston Ruan et Fernand Saguet arrêtés en même temps que lui.
En décembre 1940 le CSS d’Aincourt est totalement rempli. Les autorités françaises examinent des solutions pour le désengorger : transfert des éléments les plus dangereux à Fontevraud le 4 décembre (2) et « transportation en Afrique du Nord (3).

les « cages à poules » de Fontevraud

Henri Hannhart fait partie des « 100 communistes les plus dangereux » qui sont transférés le 4 décembre 1940 à la Maison centrale de Fontevraud
(Maine-et-Loire), considérée comme la centrale pénitentiaire la plus dure de France, avec celle de Clairvaux. Quatre-vingt militants communistes –
emprisonnés à Fresnes, la Santé ou Poissy avant la fin de la guerre, où ils purgeaient de lourdes peines de prison – y ont été incarcérés depuis juin 1940, devant l’avancée allemande. Il y côtoie Henri Asselineau qui sera déporté avec lui à Auschwitz, Gaston Bernard, Fernand Alby (maire du 13ème à la Libération), Lucien Chapelain (maire adjoint communiste de Bondy), qui seront également déportés dans des camps de concentration allemands et qui témoigneront de la dureté du régime pénitentiaire à Fontevraud.

Clairvaux, salle de punition

Henri Hannhart est transféré à Clairvaux le 20 janvier 1941. Le groupe d’internés transite par les gares de Saumur et d’Austerlitz. Ils sont rejoints à la gare de l’Est par un groupe de 68 autres militants communistes arrêtés le jour même à Paris. A leur arrivée à « l’arrêt Clairvaux » de la gare de Ville-sous-la-Ferté, ils sont transférés à Clairvaux par rotations d’un unique wagon cellulaire, escortés par des gardes mobiles (souvenirs de Pierre Kaldor et d’Henri Hannhart). Lire dans le site : La Maison centrale de Clairvaux

A Clairvaux le directeur du camp reçoit le 26 février 1941, via le préfet de police de l’Aube, un courrier émanant du Préfet de police délégué (Camille Marchand) – une liste répertoriée comme « confidentiel » de « militants communistes internés administrativement au centre d’Aincourt, conduits le 4-12-40 à la prison de Fontevrault et transférés le 20-01-41 à la Maison centrale de Clairvaux » dont le nom est accompagné des motifs de l’arrestation.

Pour Henri Hannhart ce sont les mêmes mentions qu’à Aincourt : « ex conseiller Municipal communiste. d’Alfortville. A été l’un des principaux organisateurs de la manifestation du
25-07-40 ayant pour but de reprendre possession de la mairie d’Alfortville
 ».

Le 23 septembre, le préfet Jean-Pierre Ingrand, représentant du ministre de l’Intérieur au sein de la délégation de Vichy auprès des Allemands, demande au préfet de l’Aube de retirer de Clairvaux les internés administratifs qui y sont « hébergés ».
Le 25 septembre 1941, Henri Hannhart est transféré au CSS de Rouillé (4) où il arrive le 27 avec un groupe d’une cinquantaine d’internés (les autres sont dirigés vers la Santé puis vers le camp allemand de Compiègne.
Le 9 février 1942, il fait partie d’un groupe de 52 internés communistes du CSS de Rouillé  remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122). Son nom est rayé sur la liste des transferts du 22 mai de Rouillé, avec la mention « transféré déjà à Compiègne ».

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Henri Hannhart est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Henri Hannhart est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45652» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.

Sa photo d’immatriculation (5) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Immatriculation à Auschwitz

A Auschwitz, il est affecté au Block 15. Ils sont alors tous confrontés à l’horreur et à la mort : Georges Guinchan, a
raconté sa rencontre avec Armand Schkolnic un de ses camarades communiste qu’il avait connu à Rouillé, déporté dans le convoi du 5 juin 1942 : « Déporté un mois avant nous, c’est à peine si je le reconnais : il est devenu l’ombre de lui-même, alors qu’il était si robuste à Rouillé. Sa description du camp et de ce qui nous attend est à peine croyable. Presque tous les déportés de son transport, parti le 5 juin 1942, sont déjà morts et il pense qu’il ne pourra plus tenir bien longtemps dans son kommando de travail. Désespéré, il me dit qu’il n’existe aucun espoir de
survivre plus de trois mois dans cet enfer, même pour les plus endurcis
 ».
La plupart des « 45000 » vont effectivement eux aussi mourir dans les premiers mois de leur arrivée. A la fin de l’année 1942, ils ne sont plus que 220 survivants et 150 environ en mars 1943 !

Henri Hannhart est affecté avec son camarade Fernand Saguet (ils ont tous deux été internés dans les mêmes prisons et camps en France – Santé, Aincourt, Fontevrault, Clairvaux, Rouillé, Compiègne) au Kommando « Faulgas » (6) travaillant à Birkenau.

Témoignage d’Henri Hannhart sur la mort de Fernand Saguet

Dans un témoignage qu’il adresse au Ministère des Anciens combattants – qui souhaite avoir la certitude que Fernand Saguet est bien décédé à Auschwitz et à quelle date – Henri Hannhart raconte comment « un soir du mois de septembre 1942, je l’ai ramené sur mes épaules au camp d’Auschwitz, complètement exténué et malgré les pauvres soins que j’ai pu lui donner, il est mort deux ou trois jours après« .

lire dans le blog la transcription : Témoignage d’Henri Hannhart sur la mort de Fernand Saguet

En application d’une directive de la Gestapo datée du 21 juin 1943 accordant aux détenus des KL en provenance d’Europe occidentale la possibilité de correspondre avec leur famille et de recevoir des colis renfermant des vivres, Henri Hannhart, comme les autres détenus politiques français d’Auschwitz, reçoit en juillet 1943 l’autorisation d’échanger des lettres avec sa famille – rédigées en allemand et soumises à la censure – et de recevoir des colis contenant des aliments.

Ce droit leur est signifié le 4 juillet 1943. Entre le 14 août 1943 et le 12 décembre 1943, il est en quarantaine au Block 11 avec la quasi totalité des Français survivants.

Lire l‘article du site « les 45000 au block 11.  Le 12 décembre, les Français quittent le Block 11 et retournent dans leurs anciens Kommandos. Le 3 août 1944, il est à nouveau placé en “quarantaine”, au Block 10, avec la majorité des “45000”
survivants d’Auschwitz.
Lire dans le site, « les itinéraires suivis par les survivants ». 
Le 29 août 1944, il est transféré avec un groupe de trente « 45 000 » d’Auschwitz à Sachsenhausen où il reçoit le matricule « 94. 258 ». Il est avec Georges Gourdon (45622-94257), Germain Houard (94 259), Louis Jouvin (94 260), Jacques Jung (94 261), Lahousine Ben Ali (94 264), Marceau Lannoy, Louis Lecoq, Guy Lecrux (94 266), Maurice Le Gal (94 267), Gabriel Lejard (94 268), Charles Lelandais (94 269), Pierre Lelogeais, Charles Limousin, Victor Louarn, René Maquenhen, Georges Marin, Henri Marti, Maurice Martin, Henri Mathiaud, Lucien Matté, Emmanuel Michel, Auguste Monjauvis (94 280), Paul Louis Mougeot, Daniel Nagliouck, Emile Obel (94 282), Maurice Ostorero, Giobbé Pasini, René Petitjean, Germain Pierron.

Mines de sel de Kochendorf

Une partie du groupe est ensuite affecté à d’autres camps : Georges Gourdon, Henri Hannhart, Germain Houard, Louis Jouvin, Lahoussine Ben Ali, Guy Lecrux, Gabriel Lejard, Maurice Martin sont affectés à Kochendorf (kommando de Natzweiler-Struthof), situé sur le Neckar à 50 km de Stuttgart, (mines de sel et usines souterraines). Ils y arrivent le 5 octobre 1944. Il y reçoit le matricule « 33.698 ».

Sa carte du camp de Dachau

Fin mars 1945, excepté Maurice Martin, ils sont évacués sur Dachau à pied jusqu’à Augsburg (une terrible «marche de la mort »), puis en train jusqu’à Dachau où ils arrivent le 8 avril 1945. Henri Hannhart y reçoit le matricule « 140 708 ».

Concernant le camp de Kochendorf et la marche de la mort Kochendorf-Augburg, lire dans
le site les souvenirs de Gabriel Lejard. Récit : d’Auschwitz à Kochendorf et les marches de la mort de
Kochendorf à Augsburg, puis Dachau

Il est libéré par les Américains à Dachau, le 29 avril 1945 avec Georges Gourdon, Germain Houard, Louis Jouvin, Guy Lecrux et Gabriel Lejard.

Henri Hannhart rentre en France à la fin du même mois.
Le document ci-contre (in site Arolsen) porte le numéro d’immatriculation de Dachau avec la date d’arrivée au camp le 8 avril 1945 avec un tampon de l’US Army. En bas du document figure la mention « Natzw 33698 » (qui correspond à son immatriculation précédente au camp de Kochendorf, dépendant du camp de Natzveiler-Strutof, situé en Alsace annexée).

Il est homologué dans la RIF, comme en témoigne Jean Albert (FNDIRP Alfortville).
Il est homologué « Déporté politique ».

BMO  ville de Paris du 4 novembre 1944

Le 4 novembre 1944, un arrêté du Préfet de la Seine Marcel Flouret, confirme les propositions présentées par le Comité de Libération d’Alfortville pour administrer provisoirement la commune en attente des élections.
Le Comité de Libération a choisi de renommer d’anciens élus, suspendus par le décret Daladier d’octobre 1939 (7) puis déportés ou internés : parmi eux Gilbert Lassechère, interné à Aincourt et Fontevrault, Henri Hannhart qui est alors encore aux mines du camp de Kochendorf, René Mougin et Gaston Ruan, décédés à Auschwitz en 1942.

Henri Hannhart retrouve son siège de conseiller municipal aux élections du 19 octobre 1947 (les communistes perdent la majorité et le maire élu est le socialiste Raoul Bleuse face au communiste sortant, Eugène Gauchard) et reprend son travail comme outilleur-fraiseur.
Il habite toujours au 40, rue Édouard Vaillant à Alfortville. « Son mandat prit fin avec la dissolution du
conseil par décret ministériel en décembre 1951
» (Le Maitron).
Il déménage alors à Paris et travaille chez Citroën jusqu’à son décès.

Henri Hannhart décède le 12 décembre 1966
. Il a 60 ans.

  • Note 1 : Fin juin 1940, période qui suit l’arrivée des Allemands à Paris, une partie de la direction communiste clandestine croit pouvoir obtenir de ceux-ci la reparution de L’Humanité et des démarches sont effectuées en ce sens. Parallèlement, elle suscite des manifestations en direction des villes administrées par des « délégations spéciales » depuis octobre 1939 sur les thèmes : « Pour la réintégration de nos élus propres et honnêtes » et « réintégrez les communistes ». 
  • Note 2 : note du 28 décembre 1940 « Ce centre étant entièrement rempli, j’ai dû, en présence de la nécessité de continuer les internements pour enrayer la propagande communiste, prendre la décision d’envoyer à la prison de Fontevraud les 100 plus dangereux, et notamment les
    anciens députés communistes, mais cette situation ne saurait s’éterniser, ces locaux ne pouvant, en aucun cas, continuer à servir de centre d’internement
  • Note 3 : Le préfet Ingrand représentant du ministre de l’Intérieur au sein de la délégation de Vichy auprès des Allemands à Paris, envisage la
    « transportation » des individus les plus dangereux du camp en Afrique du nord, suivant en cela les préconisations du cabinet De Brinon
    (1) : le 28 décembre 1940, note du cabinet de De Brinonau chef du 2ème bureau : « Jusqu’en novembre dernier, le seul camp dont la création
    avait été autorisée officiellement par les Autorités allemandes, était celui du sanatorium d’Aincourt, pouvant contenir environ 500 personnes et qui était uniquement destiné à recevoir les indésirables français de la Seine et de Seine-et-Oise. (…). J’ai demandé, à plusieurs reprises, que l’on envisage
    le transfert, en Afrique du Nord, des individus les plus dangereux qu’un coup de main pourrait facilement délivrer en raison des faibles moyens de gardiennage et de l’armement insuffisant du personnel 
    ».
  • Note 4 : Le camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) est ouvert le 6 septembre 1941, sous la dénomination de «centre de séjour surveillé», pour recevoir 150 internés politiques venant de la région parisienne, c’est-à-dire membres du Parti Communiste dissous et maintenus au camp d’Aincourt depuis le 5 octobre 1940. D’autres venant de prisons diverses et du camp des Tourelles. / In site de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé.
  • Note 5 : 524 photos d’immatriculation des « 45.000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.
  • Note 6 : L’assèchement des marais à Birkenau auquel sont affectés des milliers de déportés dont beaucoup de « 45.000 » a été l’occasion pour les SS d’utiliser industriellement le tourteau produit par le filtrage des boues d’épuration. Un « Kommando » de travail spécialisé (Faulgas Kommando) convertissait par pyrolyse ce tourteau de filtrage de boues d’épuration en huile, gaz et coke (un procédé qui sera homologué industriellement par des ingénieurs allemands… en 1993).  Ce Kommando est mentionné dans les minutes du procès de Nüremberg).
  • Note 7 : Le 4 octobre 1939, le gouvernement Daladier promulgue un décret, en application de l’article 3 du décret du 26 septembre 1939 interdisant les organisations communistes,  qui suspend les conseils municipaux à majorité communiste élus dans 27 communes de la Seine (dont Fresnes) et dans 34 en Seine-et-Oise « jusqu’à la fin des hostilités » et les remplace par des « délégations spéciales ».

Sources

  • Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Edition
    informatique 2012. La notice biographique a été rédigée par Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule (tome 31, page 221).
  • Carton Brigades Spéciales des Renseignements généraux (BS1), aux Archives de la Préfecture de police de Paris. Procès verbaux des interrogatoires.
  • Mémoire de maîtrise d’Histoire sur Aincourt d’Emilie Bouin, juin 2003. Premier camp d’internement des communistes en zone occupée. dir. C. Laporte. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / UFR des Sciences sociales et des Humanités.
  • Archives de la police APP / BA 2374 Clairvaux : archives de la Préfecture de police, Cartons occupation allemande, BA 2374.
  • Liste du 22 mai 1942, transfert vers Compiègne (Centre de Documentation Juive Contemporaine XLI-42).
  • Triangles Rouges pages 348 et 349, itinéraires 358, 387 et 407.
  • Fichier national de la division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
  • © Mémorial Sachsenhausen.
  • Témoignages d’Aimé Oboeuf et de Gabriel Lejard qui fut son compagnon dans les mines de sel de Kochendorf.
  • Mines de sel de Kochendorf, photo © Christof Schäfer.
  • Témoignage de Jean Albert, qui l’a bien connu à la FNDIRP d’Alfortville (31 août 1989).
  • Lettre de Georges Gourdon à Roger Abada (8 août 1972).
  • Photo de 1950 : in site « Mémoire vive », © Claude Hannhard.
  • Courriel de M. Rodolphe Pérot (novembre 2017) : envoi du témoignage d’Henri Hannhart figurant dans le dossier d’Henri Saguet au DAVCC à Caen. Recherches de Pierre Cardon sur le Kommando « Faulgas ».

Notice biographique mise en ligne en 2013, complétée en 2017 et 2022 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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