Pierre Peschard : né en 1906 à Paris  14ème ; domicilié  à Paris 13ème ; menuisier SNCF ; militant communiste et syndicaliste Cgt; arrêté le 28 mai 1941 ; interné aux camps de Rouillé et Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 29 août 1942.

Pierre Peschard habite au 3, passage Vallet dans le 13ème arrondissement de Paris au moment de son arrestation.
Il est né le 12 octobre 1906 à Paris  14ème. Il est le fils de Blanche Serreau, 32 ans, giletière, habitant au 31, rue Sainte Placide. Il est reconnu en 1910 par René, Athanase Peschard, menuisier.
Le 29 novembre 1930 à la mairie du 13ème Pierre Peschard épouse Albertine Petitot. Née le 19 mars 1905 à Paris 6ème, elle est décédée le 20 juin 2005 à l’âge de 100 ans à Alfortville.
Il est menuisier et il est embauché comme aide ouvrier-menuisier le 1er octobre 1931 à la« Société anonyme du « Chemin de fer et des docks de Saint-Ouen ».
Il est inscrit sur les listes électorales 13ème en 1936. Les époux habitent au 3, passage Vallet en 1936.

Militant communiste, membre du Comité de section du 13ème arrondissement en 1939, il est également responsable syndical CGT à la SNCF. Fin août, quelques jours avant la déclaration de guerre du 3 septembre 1939, Pierre Peschard semble (2) avoir fait partie de la dizaine de militants communistes du 13ème qui se réunissent au 7, rue de Reims chez Gabriel Bigot qui fait fonction de trésorier (non mobilisable) pour « décider de la façon et sous quelles formes nouvelles nous devons continuer le combat ». Confection et distribution de tracts vont alors commencer. Les arrestations de la fin 1939 à juin 1940 de Fernand Alby, Henri Prost, René Legall, Fréchard et Destrem marquent également le début d’une longue série dans la répression, qui pour autant ne stoppera pas « la lutte courageuse qui a précédé et s’identifie à la Résistance ».

SNCF Petite Ceinture

« La débâcle a trouvé le Parti communiste relativement organisé chez les cheminots, en particulier ceux de l’entretien rue Masséna et de la Petite ceinture (…)». in  Le 13ème arrondissement de Paris, du Front populaire à la Libération p. 110, 111, 114 et 115.
Pierre Peschard est mobilisé sur son poste de travail à la SNCF.

Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Le camp de Rouillé in VRID

« Avec Coulombeix du Dépôt, Peschard fut le premier cheminot à entrer en contact avec les autres membres clandestins de la section du 13ème».  in « Le 13ème arrondissement de Paris, du Front populaire à la Libération » p. 110, 111, 114 et 115. Grâce à leur intermédiaire sont introduits les premiers tracts à la SNCF et  organisées les liaisons.
Pierre Peschard travaille en 1941 aux ateliers SNCF (1) de la Petite Ceinture du 13ème comme menuisier.
« Année 1941 (…) Dans les boites, la tâche des camarades n’est ni simple, ni exempte de danger, et nous ne soulignerons jamais assez le mérite des membres du Parti qui en sont les artisans, notamment (…) Pierre Peschard chez les cheminots Petite Ceinture (…) » in « Le 13ème arrondissement de Paris, du Front populaire à la Libération » p. 110, 111, 114 et 115.

Pierre Peschard est arrêté le 28 mai 1941 pour « activité communiste » et déféré devant le Procureur de la République. Soit condamné à une courte peine de prison soit bénéficiaire d’un non-lieu, il n’est cependant pas libéré à l’issue du jugement ou de la peine de prison. En effet, le Préfet de police de Paris ordonne son « internement administratif » (3) le 23 septembre 1941 en application de la loi du 3 septembre 1940. Maintenu alors au Dépôt de la Préfecture de Paris, Pierre Peschard est transféré au camp de Rouillé (4) le 9 octobre 1941, au sein d’un groupe de soixante communistes de la région parisienne (40 détenus viennent du dépôt de la Préfecture de Police de Paris et 20 viennent de la caserne des Tourelles). 

Le 9 février 1942, Pierre Peschard fait partie d’un groupe de 52 internés communistes de Rouillé remis aux autorités allemandes à leur demande. Ils sont transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Fronstalag 122), via Poitiers. 36 d’entre eux seront déportés à Auschwitz avec lui.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Pierre

Peschard  est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau

Son numéro d’immatriculation lors de l’arrivée du convoi à Auschwitz le 8 juillet 1942 est inconnu. Le numéro « 45971 »

figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai reconstituées, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz par les SS devant l’avance des armées soviétiques, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Pierre Peschard  meurt à Auschwitz le 29 août 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 920 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates et lieux de naissance et de décès, et avec l’indication « Katolisch » (catholique).

L’arrêté ministériel du 31 juillet 1997 apposant la mention Mort en déportation sur son acte de décès et paru au Journal Officiel du 14 décembre 1997, porte la mention « décédé le 9 novembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ». On sait que dans
les
années d’après-guerre, l’état civil français a fixé des dates de décès fictives à partir des témoignages de rescapés, afin de donner accès aux titres et pensions aux familles des déportés. Il serait souhaitable que le ministère prenne désormais en compte les archives du camp d’Auschwitz emportées par les Soviétiques en 1945, et qui sont accessibles depuis 1995 (certificats de décès de l’état civil d’Auschwitz, documents officiels allemands, établis par les médecins du
camp d’Auschwitz, à la mort d’un détenu) ou les informations consultables sur
le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Voir l’article :Les dates de décès des « 45000 » à Auschwitz.

A leur retour de déportation, Auguste Monjauvis et Henri Marti témoignent de sa présence dans le convoi et de sa mort à Auschwitz.
Peschard Pierre est homologué (GR 16 P 470466) au titre de la Résistance intérieure française (RIF) comme appartenant à l’un des mouvements de Résistance (Front national)  (service historique de la Défense, Vincennes, mention « isolé »).
A la Libération, une plaque honorant sa mémoire est apposée 3, passage Vallet. Elle a disparu avec la rénovation de l’immeuble et n’est pas répertoriée dans le document de la ville de Paris, intitulé « Patrimoine des plaques commémoratives de la seconde guerre mondiale à Paris ».

  • Note 1 : création de la SNCF le 31 août 1937, qui reprend la concession de la quasi-totalité du réseau ferré français.
  • Note 2les souvenirs et le récit qu’en fait Pierre Chaput ne sont pas précis. Mais il cite les noms de ceux qui animèrent les combats ultérieurs et qui y participent vraisemblablementIn Le 13ème arrondissement de Paris, du Front populaire à la Libération p. 78.
  • Note 3 : L’internement administratif a été institutionnalisé par le décret du 18 novembre 1939, qui donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, « des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Il est aggravé par le gouvernement de Vichy en 1941. La loi du 3 septembre 1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit l’internement administratif de « tous individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Les premiers visés sont les communistes
  • Note 4 : Le camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) est ouvert le 6 septembre 1941, sous la dénomination de «centre de séjour surveillé», pour recevoir 150 internés politiques venant de la région parisienne, c’est-à-dire membres du Parti Communiste dissous et maintenus au camp d’Aincourt depuis le 5 octobre 1940. D’autres venant de prisons diverses et du camp des Tourelles. / In site de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé.

Sources

  • Témoignages d’Auguste Monjauvis et d’Henri Marti.
  • Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
  • Le 13ème arrondissement de Paris, du Front populaire à la Libération(EFR 1977) ouvrage collectif de Louis Chaput, Germaine Willard, Roland Cardeur, Auguste Monjauvis et son frère Lucien.
  • Death Books from Auschwitz(registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Archives de la Préfecture de police de Paris, Cartons occupation allemande, BA 2374.
  • La Petite Ceinture entre Alesia et Massena © You Tube.
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).

Notice biographique mise à jour en 2010, 2013, 2019 et 2021 à partir d’une notice succincte rédigée en janvier 2001 pour l’exposition organisée par l’association « Mémoire Vive » à la mairie du 20ème arrondissement, par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages :Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé), qui reproduit ma thèse de doctorat (1995). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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