René Deschamps en 1935

Matricule « 45 462 » à Auschwitz

René Deschamps : né en 1902 à Poitiers (Vienne) ; domicilié à Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis); chauffeur de taxi ; conseiller municipal communiste ; arrêté le 20 janvier 1941 ; interné aux maisons centrales de Fontevrault et Clairvaux, aux camps d’Aincourt, de Rouillé et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 19 septembre 1942.

René Deschamps est né le 2 octobre 1902 au 40, rue Carnot à Poitiers (Vienne).  Au moment de son arrestation, René Deschamps habite un petit pavillon au 60, rue de la Mare à Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis). Il est le fils de Justine Chambaudry, 28 ans, cuisinière et de Joseph, Jules Deschamps, 30 ans, domestique, son époux. Il a 3 sœurs et 2 frères (Paul, né en 1899, décédé en 1942, Juliette, née en 1904, Louis, né en 1907, Georgette née en 1909 et Marie Louise en 1910).
Le 6 juillet 1925, à Pantin, il épouse Gabrielle, Maria, Rosalie Siloret, dite Gaby. Elle est née le 29 mai 1904 à La Chapelle-Saint-Melaine (Brain-sur-Vilaine et La Chapelle-Saint-Melain ont fusionné en 1976 pour devenir La Chapelle de Brain (Ille-et-Vilaine).
Le couple a trois enfants : Renée, qui naît le 6 novembre 1921, Robert, le 10 juillet 1923, et Liliane, le 31 mai 1931.
Chauffeur de taxi « dans Paris » écrit sa femme, René Deschamps est « secrétaire de la Chambre syndicale des cochers chauffeurs » de la Seine.

Sa carte de conseiller municipal
L’Humanité du 13 mai 1935 : « Dans l’enthousiasme  3000 drancéens ont acclamé leur nouvelle municipalité communiste ».

René Deschamps est membre du Parti communiste et militant. Il s’inscrit sur les listes électorales de Drancy en 1927, domicilié 60, rue de la Mare.
Le 5 mai 1935, il est élu Conseiller municipal de Drancy sur la liste de Jean-Louis Berrar.

Pour son épouse il exerce de «nombreuses responsabilités à la mairie». «Il siège à la commission des finances. Assidu aux séances du conseil, il n’en manqua que neuf» (Le Maitron). Sa compagne Gabrielle écrit qu’il « avait même été en Russie quelques temps avant la guerre ». Non mobilisable en septembre 1939 (réserviste de la classe 1922, ramené à la classe 1916 comme père de trois enfants), René Deschamps signe «l’Appel aux Drancéens» (1) lancé par Jean-Louis. Berrar à l’automne. Ce texte ne constituant pas un désaveu du Pacte germano-soviétique et de la politique du Parti communiste, le Conseil de préfecture déchoit René Deschamps et les signataires de l’appel de leur mandat municipal le 15 février 1940.

Il participe à l’action clandestine du Parti communiste dès son interdiction : « il n’a jamais arrêté » écrit Gabrielle « chaque fois qu’il était possible d’opérer ». Ce qui traduit en termes de police donne : « poursuit une intense activité clandestine » (Renseignements généraux, mention portée sur la liste des internés à la Maison centrale de Clairvaux).

Le camp de Drancy

Le 14 juin 1940, l’armée allemande occupe Drancy et entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…). L’ancienne cité de la Muette est occupée dès le 14 juin par les troupes allemandes : les lieux servent de camp d’internement pour des prisonniers de guerre et des civils étrangers (Frontstalag 111). La Préfecture de police y crée le 20 août 1941 un camp destiné aux Juifs. 4.230 hommes dont 1500 Français, raflés à Paris entre le 20 et le 25 août, sont les premiers internés juifs du camp de Drancy.

Le Prolétaire de Drancy, du 25 août 1940

René Deschamps distribue  le « Prolétaire de Drancy » et la « Voix de l’Est » clandestins. Dans la Voix de l’Est » du 25 août 1940 reproduite ci-contre on lit le nom de Jean Louis Berrar à la rubrique « Nos emprisonnés ».

A partir d’octobre 1940, le ministre de l’intérieur Peyrouton fait opérer d’importantes rafles dans les milieux communistes et syndicaux : le 5 octobre, 300 militants de la Seine sont raflés et internés sans jugement au camp d’Aincourt, le 4 décembre 1940 100 autres sont dirigés sur la centrale de Fontevrault, via la centrale de Clairvaux, puis le camp de Châteaubriant. Le 25 décembre, c’est au tour des anciens volontaires en Espagne républicaine, qui sont internés à la prison des Tourelles.
Le 20 janvier 1941, 66 nouveaux militants de la Seine sont arrêtés et conduits à la Maison centrale de Clairvaux.

C’est ce 20 janvier 1941 que René Deschamps est arrêté à son domicile à 6 h 30 du matin par deux inspecteurs de police français (l’arrêté d’internement administratif
est daté de ce jour-là). Il est conduit au commissariat de Pantin, où trois autres militants drancéens le rejoignent (Roger Pigalle, Gabriel Puech, tous deux déportés à Auschwitz avec lui et Pierre Medrano, qui sera déporté le 24 janvier 1943 au camp de Sachsenhausen où il décède le 13 mars 1943).

Ils sont ensuite conduits au commissariat du 19ème arrondissement, puis à la caserne des Tourelles (ils sont 69 « parqués dans une pièce humide et froide de 13 h à 19 h »). Il y côtoie deux autres chauffeurs de taxi également arrêtés. Des cars de la Préfecture les transfèrent à la gare de l’Est, où ils sont rejoints par une centaine d’internés venant de la maison centrale de Fontevrault qui ont transité par les gares de Saumur et d’Austerlitz.

Liste de Clairvaux et notes des renseignements généraux. Montage © photo Pierre Cardon

Depuis la gare de l’Est le train parti à 21 heures les amènent à la gare de Ville-sous-la Ferté, à l’arrêt « Clairvaux » (la gare est aujourd’hui désaffectée). Ils sont transférés au camp par rotations d’un unique véhicule cellulaire, par groupes de 20 escortés par des gardes mobiles (souvenirs de Pierre Kaldor et d’Henri Hannart). A leur arrivée, ils reçoivent une tenue carcérale qu’ils doivent porter sous peine de passer la nuit au mitard.
Lire dans le site : La Maison centrale de Clairvaux.
Dans la liste des internés à Clairvaux on lit en face de son nom : « sortir la fiche », mention commune à seulement 8 internés d’une liste de 68.
Il figure sur la liste des internés qui n’ont pas de carte d’alimentation.
Il rédige depuis Clairvaux – le 21 janvier 1941 -, un récit de 6 pages, qu’il intitule, « notes de voyage et de séjour » dans lequel il décrit son arrestation et ses premières impressions à la Centrale de Clairvaux. Il y mentionne l’arrivée de Guy Môquet et d’une soixantaine de détenus de la Santé, ayant soit purgé leur peine, soit été acquittés – comme Guy Môquet – mais internés administrativement sur décision du Préfet de la Seine.
Lire dans le site CLAIRVAUX : la vie à la Centrale, l’arrivée de GUY MOQUET. Récit de René DESCHAMPS

Lettre de Clairvaux, transcription ci-contre

Il envoie depuis la Centrale de Clairvaux une longue lettre à sa compagne le 8 février 1941.

« Ma chère petite femme et mes chers enfants. Aujourd’hui qu’il nous est permis d’écrire, je vous envoie des nouvelles qui sont très bonnes et désire de tout cœur qu’il en soit de même pour vous tous. Je t’avais écrit à notre arrivée ici. Sans doute pour des raisons administratives le courrier a été retenu, ce qui nous amis dans l’impossibilité de correspondre avec nos
familles. Malgré cela, j’espère que tu as appris où nous étions. Pour moi le moral est excellent, et toi ma chérie, il ne faut pas te faire de bile. Cette situation ne peut pas durer toujours. Donc nous sommes ici 160 internés administratifs arrivés ensemble. Le lendemain de mon arrestation, cent anciens venant de la centrale de Fontevrault sont venus nous rejoindre. Il y a là des anciens députés, conseillers municipaux de Paris etc… Nous sommes une quinzaine de
Drancy. Nous ne sommes pas trop malheureux, si ce n’était la nourriture qui est insuffisante. Nous ne faisons absolument rien. Si, notre lit. Le reste, la cuisine, service de nettoyage, couture est fait par des détenus de droit commun. Ce qui est dur pour nous, c’est le tabac. Nous n’avons pas la possibilité de nous en procurer. Ceux qui avaient des réserves ont épuisé leur
tabac et leurs vivres. Il y a la cantine, mais pour des raisons de principe, nous l’avions refusée. Maintenant que l’on peut cantiner, il n’y a rien, ni sucre, ni vin ! Seulement, et pas tous les jours un légume. Du vin, nous n’en n’avons pas gouté depuis notre arrestation… 
»

A Clairvaux le directeur de la centrale reçoit le 26 février 1941, via le préfet de police de l’Aube, un courrier émanant du Préfet de police délégué, Camille Marchand – une liste répertoriée « confidentiel » de militants internés le 20 janvier, dont le nom est accompagné des motifs de l’arrestation. Pour René Deschamps, il est indiqué : « Ex conseiller municipal communiste de Drancy, poursuit une intense activité».

Clairvaux 5 mai 1941

En février 1941, René Deschamps et son épouse s’adressent au Préfet de la Seine pour qu’elle obtienne l’accès au fonds de chômage « comment les nourrir (mes enfants), puisque celui qui les nourrissait leur a été pris, jeté dans une prison comme un vulgaire bandit ? ».

René Deschamps écrit à son épouse le 5 mai 1941 une longue lettre, qu’il a enluminée de dessins symboliques : « ma » pensée « vers toi et vers vous » et d’un nid d’oiseaux « eux vivent en famille ».

Le camp de Rouillé © VRID

Le 26 septembre 1941, il est transféré au camp de Rouillé (3), au sein d’un groupe de 53 internés – parmi eux 13 seront déportés avec lui à Auschwitz (Roger Bataille, Marcel Boulanger, Guy Camus, Lucien Chevalier, Eugène Degdier, Gaston Gié,  Pierre Leroy, Emile Obel, Maurice Raimond, Henri Riochet, Gaston Ruan, Jean Thomas). Ils arrivent au camp de Rouillé le 27 septembre 1941. Lire dans ce site :  le camp de Rouillé ‎

Le 9 février 1942, à la demande des autorités allemandes, René Deschamps fait partie d’un groupe de 52 internés communistes qui sont remis, et transférés depuis Rouillé au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Fronstalag 122), via Poitiers. 36 d’entre eux seront déportés à Auschwitz avec lui. Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Sa lettre jetée sur le ballast le 6 juillet 1942

Le 6 juillet 1942, depuis les wagons à bestiaux qui les emportent à Auschwitz, de nombreux déportés jettent sur les voies des dizaines de lettres, petits mots, carnets, lors des arrêts dans les gares françaises. En effet, à cause des restrictions du courrier au Frontstalag 122 à Compiègne, la plupart d’entre eux n’ont pu prévenir leurs familles d’un départ imminent. Certains ont préparé une lettre la veille, d’autres le font dans le wagon, comme René Deschamps. Ils espèrent que ces « lettres du train » seront ramassées par des cheminots ou des passants et parviendront à destination. Ce sera le cas pour sa compagne Gabrielle qui l’a précieusement gardée. Les lettres jetées du train par les déportés

« Compiègne le 6 /7/42 : Chère petite femme, chers enfants. A l’instant nous partons de la gare de Compiègne, nous sommes sur la route de l’exil pour l’Allemagne  probablement, ma chérie ne te fais pas de mauvais sang pour moi, sois courageuse et fière. Je suis en bonne santé et le moral est bon, nous partons à 1200 du camp, nous sommes 6 de Drancy, Beunier, Bébert (Adrien Humbert), Puech, Pommier et Gateau et moi-même. Après deux jours de préparatifs, nous sommes prêts ce matin, depuis 3 heures nous sommes debout, nous avons touché des vivres pour plusieurs jours, nous sommes entassés dans les wagons à bestiaux, le voyage sera sûrement assez long et surtout ne soyez pas inquiets si vous êtes un moment sans nouvelle, tu recevras peut-être une autre lettre. J’ai reçu ta lettre du 26 juin et 2 colis, 1 du Secours populaire et le tien, merci, tout était complet et cela est arrivé à pic. Ma chérie, mes chers enfants, tu vas sans doute recevoir ma valise et une couverture, il nous était interdit d’emporter tous nos bagages, j’ai gardé le principal. Ma petite Gaby, sois courageuse et prudente, nous sommes sur la route de l’exil, nous
reviendrons avant peu, ayons espoir de bientôt se revoir. Ne te fais pas de bile, cela ne changera rien au contraire, je t’écrirai aussitôt que possible, préviens les parents, embrasse bien nos chers enfants et pense à eux. Mes amitiés à Guy et à cette pauvre Claire, qui elle aussi est dans le bain d’après ce que j’ai compris. Mes amitiés à tous et courage ! Moi je pars avec un bon moral. Je vous embrasse tous bien fort. Ton petit homme qui ne t’oublies pas. Bons baisers. René
 ».

Depuis le camp de Compiègne, René Deschamps est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

 René Deschamps est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45.462» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz. Ce matricule sera désormais sa seule identité pour ses gardiens.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

René Deschamps, très affaibli, atteint de dysenterie, n’arrive plus à effectuer le pénible travail de fossoyeur auquel il a été affecté. Selon le témoignage d’Adrien Humbert, rescapé qui a habité Drancy, il partage sa ration avec ses camarades.

Dessin de Franz Reisz

René Deschamps meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942 d’après le certificat de décès (acte 31823) établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 221 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’ Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique).

Il convient de souligner que cent quarante-huit «45000» ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18 et 19 septembre 1942, ainsi qu’un nombre important d’autres détenus du camp ont été enregistrés à ces mêmes dates. D’après les témoignages des rescapés, ils ont tous été gazés à la suite d’une vaste « sélection » interne des « inaptes au travail », opérée dans les blocks d’infirmerie.
Lire dans le site : Des causes de décès fictives.

René Deschamps est déclaré « Mort pour la France » le 20 décembre 1946. Il est homologué « Déporté politique ».

Un arrêté ministériel du 8 août 1988 paru au Journal Officiel du 17 septembre 1988 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur son acte de naissance et jugement déclaratif de décès et reprend la date portée sur le certificat de l’état civil d’Auschwitz.

L’Ecole René Deschamps et la plaque de rue

« A la fin de la guerre, mon fils qui avait 14 ans au moment de l’arrestation de son père s’est engagé pour venger son père » écrit sa compagne Gabrielle, qui est fière d’habiter après la Libération au « 60, rue René Deschamps », leur ancien domicile, et qui part en retraite à Masserac (Loire-Atlantique). Elle s’est remariée en 1950 avec Auguste Banet (elle est décédée en 1994) .

Une plaque apposée devant leur ancien pavillon au 60, rue René Deschamps, était toujours en place en 2013.

Plaque au 60 rue René Deschamps

Le nom de René Deschamps a été donné à la rue de la Mare, où il habitait. L’école élémentaire René Deschamps est au 1, rue René Deschamps. Construite en 1956, c’est l’une des deux écoles du quartier de la Mare.

Stèle CGT cimetière de Levallois

Le nom de René Deschamps est également inscrit au Cimetière communal de Levallois-Perret, à gauche du rond-point précédant le monument aux Morts. « La Chambre syndicale des cochers-chauffeurs du département de la Seine – En hommage à ses camarades chauffeurs de taxi parisiens tombés dans les luttes pour l’émancipation des travailleurs pour la liberté, pour la démocratie, pour la France et pour la République« .
Cette plaque commémorative installée sur un monument funéraire, a été fleurie chaque année de sa mandature par Parfait Jans, Député communiste, maire de Levallois de 1965 à 1983. Ancien métallo inscrit sur la liste noire patronale, il était devenu chauffeur de taxi avant d’être élu.

  • Note 1 : L’« Appel aux Drancéens » est signé par les seize conseillers municipaux présents. Les élus entendaient « continuer à remplir le mandat qui leur a été confié par le suffrage universel dans le cadre des lois républicaines, avec la volonté de réaliser au maximum l’unité morale de la population civile indispensable à la vie normale de la cité ».
  • Note 2 : L’internement administratif a été institutionnalisé par le décret du 18 novembre 1939, qui donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un « centre de séjour surveillé », « des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Il est aggravé par le gouvernement de Vichy fin 1940. La loi du 3 septembre 1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit l’internement administratif de « tous individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique« . Les premiers visés sont les communistes.
  • Note 3 : Le nom de René Deschamps ne figure pas sur les listes alphabétiques récapitulatives des arrivées à Rouillé couvrant la période du 6 septembre (ouverture du camp) au 18 décembre 1941. Nous savons pourtant par le témoignage de sa compagne et le DAVCC qu’il est bien transféré à Rouillé. Or il n’y a qu’un seul transfert depuis Clairvaux, le 27 septembre 1941. Sur la liste récapitulative on trouve un autre Deschamps (Marcel) de Levallois qui est transféré depuis Clairvaux à cette même date. Il y a sans doute eu oubli de René Deschamps, d’autant
    plus que la liste mentionne encore un autre Deschamps (Georges) transféré à une autre date depuis le Dépôt.

Sources

  • Questionnaire biographique (contribution à l’histoire de la déportation du convoi du 6 juillet 1942), envoyé aux mairies, associations et familles au début de mes recherches, en 1987, rempli par sa veuve Gabrielle, remarié Banet. Photocopie de la photo de son mari, qui figure également dans l’ouvrage « Mémoire en images, Drancy », tome II, de Daniel Moreau, éditions Alan Sutton.
  • Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Edition informatique 2014, notice Claude Pennetier.
  • Archives de la Préfecture de police, Cartons occupation allemande, BA 2374. « Militants communistes internés administrativement en application du décret du 18 novembre 1939 et conduits à la Maison d’arrêt de Clairvaux le 20 janvier 1941 ».
  • Camp de Séjour Surveillé de Rouillé : archives départementales de la Vienne.
  • Fichier national du Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en décembre 1992.
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • © Site Internet Legifrance.
  • Archives de la Préfecture de police de Paris, Cartons occupation allemande, BA 2374.
  • Montages photo Clairvaux © Pierre Cardon.
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).

Notice biographique rédigée en novembre 2007 (complétée en 2014,  2019, 2020 et 2022) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) .  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger cette notice biographique, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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