Matricule « 45 807 »  à Auschwitz

Julien Loulmet : né en 1904 à Paris 18è ; domicilié à Saint-Ouen (Seine / Seine-St-Denis) ; ajusteur ; communiste ; arrêté le 27 juin 1941 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 3 août 1942.

Julien, Eugène Loulmet est né le 17 novembre 1904 au domicile de ses parents au 24, bis impasse Calmels à Paris 18è.
Il habite au 7, avenue de la Chapelle à Saint Ouen à Saint-Ouen (Seine / Seine-St-Denis) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie, Pauline, Malteste, 21 ans, cantinière et de Julien, Joseph, François Loulmet, 26 ans, né le 15 mars 1878 à Paris, menuisier, son époux. Il a une sœur cadette, Paulette, née en 1910 (elle est couturière en 1936).
En 1913, ils habitent au 6, impasse Cagé à Saint-Ouen, chez M. Nogeleisen. Son père a été blessé par éclat d’obus pendant le conflit. En 1921, la famille habite au 124, rue des Rosiers à Saint-Ouen.
Il s’inscrit sur les listes électorales de Saint-Ouen en 1924, et il est alors domicilié au 134, rue des Rosiers (il est ajusteur).
En 1934, ajusteur, il habite chez ses parents au 1, impasse Chevalier à Paris 18è.

Le 30 juin 1934, à Paris 18è il épouse Fernande, Blanche Trassard.
Elle a 23 ans,  manutentionnaire, née à Paris 18è le 14 janvier 1911. Elle est domiciliée chez ses parents au 26, rue Eugène Sue.
Le couple a habité chez les parents de Julien après leur mariage, au 136, avenue des Rosiers, puis après 1936 au 6, rue Voltaire à Saint-Ouen.
Julien Loulmet, est membre du Parti communiste avant-guerre.

Le 13 juin 1940 l’armée allemande occupe Saint-Denis, puis Saint-Ouen. Le 14 juin, l’armée allemande occupe Drancy et Gagny et entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

A l’automne 1940 des militants communistes de Saint-Ouen diffusent les tracts et journaux du Parti clandestin. Fin octobre 1940, les services de police notent une recrudescence de la propagande communiste et perquisitionnent aux domiciles des communistes connus.

Julien Loulmet connu comme ancien militant communiste est arrêté pour cette raison, le 27 juin 1941, à son domicile, à la demande du commissaire de police de son quartier qui le soupçonne « de se livrer à la propagande communiste clandestine » (témoignage de Camille Nivault).
Cette arrestation s’inscrit dans le cadre d’une grande rafle concernant les milieux syndicaux et communistes. En effet, à partir du 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, les Allemands arrêtent plus de mille communistes avec l’aide de la police française (nom de code de l’opération : «Aktion Theoderich»). D’abord amenés à l’Hôtel Matignon (un lieu d’incarcération contrôlé par le régime de Vichy) ils sont envoyés au Fort de Romainville, où ils sont remis aux autorités allemandes. Ils passent la nuit dans des casemates du fort transformées en cachots.

Et à partir du 27 juin ils sont transférés vers Compiègne, via la gare du Bourget dans des wagons gardés par des hommes en armes. Ils sont internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht, camp destiné à l’internement des «ennemis actifs du Reich», alors seul camp en France sous contrôle direct de l’armée allemande.  Julien Loulmet y est immatriculé le premier juillet 1941 entre les numéros 241 et 993 (numéros connus des militants internés le 27 juin 1941 (1).
A Compiègne il participe aux actions collectives organisées par la Résistance du camp pour maintenir le moral des internés et venir en aide aux plus démunis. Sur la vie au camp de Royallieu.
Lire dans ce site La solidarité au camp allemand de Compiègne. Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne et 22 juin 1942 : évasion de 19 internés 
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Julien Loulmet est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

.Julien Loulmet est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45 835» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».

Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.

Dessin de Franz Reisz, 1946

Julien Loulmet meurt à Auschwitz le 3 août 1942, d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 740 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique).
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois

Un arrêté ministériel du 22 août 2008 paru au Journal Officiel du 7 septembre 2008 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès. Mais il est imprécis : « décédé en août 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable que le Ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 et consultable sur le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau.Lire dans le site l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français)
Les dates de décès des « 45000 » à Auschwitz..
Julien Loulmet est déclaré « Mort pour la France » le 6 novembre 1947 et homologué comme « Déporté politique ».

Son épouse à qui est attribuée sa carte de Déporté politique habitait au 81, rue Albert Dhalenne à Saint Ouen dans les années cinquante.
À Saint-Ouen, son nom est gravé sur le Monument de la Résistance et de la Déportation du cimetière communal, et sur la stèle érigée en « Hommage aux résistants, femmes, hommes, déportés à Auschwitz-Birkenau », inaugurée le 24 avril 2005 dans le Square des « 45.000 » et des « 31.000 » (le convoi du 24 janvier 1943).

  • Note 1 : Liste de noms de camarades du camp de Compiègne, collectés avant le départ du convoi et transmis à sa famille par Georges Prevoteau de Paris XVIIIè, mort à Auschwitz le 19 septembre 1942 (matricules 241 à 3800) (DAVCC).

Sources

  • Archives en ligne de Paris, acte de naissance, acte de mariage, listes électorales père et fils.
  • Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en février 1992 par Georges Dudal. Puis par Arnaud Boulligny (FMD Caen).
  • Acte de disparition : 7 août 1946 –
  • Acte de décès : 5 décembre 1946
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).

Notice biographique rédigée à partir d’une notice succincte pour le 60è anniversaire du départ du convoi des « 45 000 », brochure répertoriant les “45 000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, complétée en novembre 2007 (2014,  2019, 2020, 2022 et 2024) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Autrement, Paris 2005 (dont je dispose encore de quelques exemplaires pour les familles).  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *