Marius Adam : né en 1898 à Paris 11ème (Seine) ; Il habite à Saint-Maur-des-Fossés (Seine / Val-de-Marne) ;  Polisseur sur bois, serrurier ; secrétaire des Amis de l’Union soviétique de Saint-Maur, communiste ; arrêté le 27 juin 1941 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 2 novembre 1942.

Marius Adam est né le 23 décembre 1898 à Paris 11ème (Seine) au domicile de sa mère, 22, passage de la Reuss.  Il habite dans un quartier pavillonnaire de Saint-Maur-des-Fossés (Seine / Val-de-Marne), au 28, avenue de la Banque, au moment de son arrestation. Il est le fils de Marie, Julie Couturier, 19 ans, blanchisseuse et d’Albert, Eugène Adam, journalier, son époux, qui l’a reconnu. Son registre militaire (matricule 04 du 10ème arrondissement) nous apprend qu’il mesure 1m 62 a les cheveux châtains, les yeux marrons, le
front vertical, le nez rectiligne, le visage ovale.   Il travaille comme polisseur sur bois et habite alors au 121, rue du Temple (Paris 10ème).

Marius Adam exerce ensuite le métier de serrurier. Il épouse Marcelle, Georgette Braun, à Paris 10ème, le 29 janvier 1916. Elle est née le 28 octobre 1899 à Paris 19ème. Le couple habite au 34, rue Rebeval  à Paris 19ème. Le 1er août 1914 la mobilisation générale a été décrétée. Les conscrits de sa classe, la 1918, sont mobilisés par anticipation en 1917. Il est mobilisé le 16 avril 1917 au 26ème bataillon de chasseurs à pieds. Marius Adam est intoxiqué par les gaz le 27 mai 1918 et porté disparu le 28 mai 1918 lors des combats de l’Aisne à Condé Missy. Il est en fait prisonnier de guerre à Kassel (dans la région de Hesse-Nassau). Après l’Armistice du 11 novembre 1918, il est rapatrié le 19 janvier 1919 et redirigé et réaffecté au 26èmebataillon de chasseurs à pieds. Il est « renvoyé dans ses foyers » le 28 mai 1920, « certificat de bonne conduite accordé ». Il « se retire » à Paris 11ème au 9, rue Jules Verne. Son mariage est dissous par jugement de divorce en date du 15 janvier 1921.

Marius Adam épouse en deuxièmes noces Germaine, Yzaline Fouillat, le 3 février 1923 à la mairie de Paris 20ème (elle est née le 9 février 1901 à Saumur, Maine-et-Loire, elle est décédée le 25 décembre 1979). Militante communiste, elle fut avant guerre « secrétaire d’une section du comité mondial des femmes à Saint-Maur-des-Fossés ». Sous l’Occupation « Elle fut agent technique clandestine sous le pseudonyme de Mado en 1941, responsable politique de la région parisienne en 1942, responsable de l’organisation technique inter-région en 1943 et enfin de l’organisation technique nationale en 1944. Elle milita avec Claudine Michaut et Maria Rabaté« . On lira sa notice biographique rédigée par Claude Pennetier dans le Maitron : https://maitron.fr/spip.php?article9674Le couple s’installe chez elle, au 19, rue de Palikao à Paris 20ème.

Le 28, avenue de la Banque

Marius Adam est réformé temporairement, avec une invalidité de 15 % et proposé pour une pension temporaire. La 2ème commission de réforme de Paris en janvier 1922 confirme sa réforme temporaire pour des problèmes pulmonaires (sclérose pleuro pulmonaire due à une intoxication par les gaz de combat) qui sera confirmée par la commission de réforme de 1923. Celles de 1924 et 1924 le réforment
définitivement avec pension n° 1. Il reçoit la carte du combattant (n° 36110).

Marius et Germaine Adam ont une fille, Renée (Pauline, Augustine) née à  Paris 20ème le 17 février 1925 (elle est décédée le 28 sept. 2007). En 1926 la famille habite toujours au 9, rue de Palikao. Elle a déménagé en 1931. En 1934 ils ont déménagé au 21, rue de la Banque à La Varenne Saint-Hilaire (un quartier de Saint-Maur qui a désormais son code postal / Val-de-Marne). En 1936, ils habitent au n° 28, rue de la Banque, au même numéro que les parents de Germaine (Emile et Gabrielle, ainsi que Roger Ziskino, leur petit-fils, né en 1922). Germaine et Marius Adam sont des militants connus à Saint-Maur.
Marius est membre du Parti communiste et secrétaire des Amis de l’Union soviétique à Saint-Maur et Germaine est secrétaire locale du Comité mondial des femmes. Après la dissolution du Parti communiste, le commissaire de police de Saint-Maur-des-Fossés qui les suspecte d’activité communiste, ordonne le 26 décembre 1939 une perquisition à leur domicile. Selon ce commissaire de police : « Au cours de cette visite il n’a été trouvé que des brochures sans importance, prouvant toutefois que Adam et sa femme étaient bien des communistes ».

Le 14 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.  L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Après l’occupation allemande, Marius Adam est arrêté le 27 juin 1941 à cinq heures du matin à la demande du commissaire de Saint-Maur-des-Fossés, qui le suspecte de se livrer à de « la propagande communiste verbale dans son entourage et à son lieu de travail ».
Les Renseignements généraux indiquent : « Avant son arrestation, il était inconnu de nos services ».  Son arrestation s’inscrit en fait dans le cadre d’une grande rafle concernant les milieux syndicaux et communistes. En effet, à partir du 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, les Allemands arrêtent plus de mille communistes avec l’aide de la police française (nom de code de l’opération : «Aktion Theoderich»). D’abord amenés à l’Hôtel Matignon (un lieu d’incarcération contrôlé par le régime de Vichy) ils sont envoyés au Fort de Romainville, où ils sont remis aux autorités allemandes. Ils passent la nuit dans des casemates du fort transformées en cachots.
Et à partir du 27 juin, ils sont transférés vers Compiègne, via la gare du Bourget dans des wagons gardés par des hommes en armes. Ils sont internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht, camp destiné à l’internement des «ennemis actifs du Reich», alors seul camp en France sous contrôle direct de l’armée allemande.

Lire dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne . Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». Le 6 juillet, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.

Depuis le camp de Compiègne, Marius Adam est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire: Le KL Aushwitz-Birkenau. Marius Adam est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro« 45159 » selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz. Lire  le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale »

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Serrurier de métier, Marius Adam est affecté au Kommando Schlosserei (serrurerie), à Auschwitz I. avec notamment Henri Gorgue, à Auschwitz I.
Ils sont au Block 22.

Il entre le 29 octobre au Block 20 qui est réservé aux maladies infectieuses et à la tuberculose. Marius Adam meurt à Auschwitz le 2 novembre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 12 et le site internet©Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates et lieux de naissance et de décès, et avec l’indication « Mosaich » (confession israëlite, Juif). Son nom est gravé sur la plaque commémorative sise dans le Hall de la Mairie « à la mémoire des fusillés et morts en déportation en Allemagne ». Un arrêté ministériel du 11 mai 1989 paru au Journal Officiel du 16 juin 1989 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès. Mais il comporte une date erronée : « décédé le 15 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable que le Ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 et consultable sur le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Lire dans le blog l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français) Les dates de décès des « 45000 » à AuschwitzMarius Adam est déclaré « Mort pour la France » le 22 mai 1946. Son acte de décès est enregistré en mairie le 8 juin 1946. Il est homologué « Déporté
Politique ». Son nom est gravé sur la plaque commémorative, dans le hall de la Mairie.

Plaque commémorative (Genweb)

A la Libération, la section communiste édite, comme elle le fait pour les autres déportés ou fusillés communistes de Saint-Maur, une carte avec son portrait « Marius Adam, mort à Auschwitz en 1942, membre du Parti Communiste Français ».
Sur les sept déportés de Saint-Maur du convoi du 6 juillet 1942 (Marius Adam, Yves Dumont, André Faudry, Raymond Monnod, Gentil Potier, Roger Prévot, Maurice Poursain), seul André Faudry survivra. Georges Marin,qui vécut à Saint-Maur jusqu’à l’âge de 16 ans, sera lui aussi déporté dans le même convoi. Le nom de Marius Adam a été donné à une cellule locale du PCF (in Fonds Thorez-Vermeersch, 1950) au sein de laquelle sa veuve milita.

A la Libération, le PCF édite une carte  souvenir avec le portrait de Marius Adam in Fonds Thorez/Vermeersh, 1950

Sources

  • Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
  • Archives en ligne de Paris.
  • Archives de la Préfecture de police (RG77W 43).
  • Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Edition informatique 2014, notice Daniel Grason.
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Death Books from Auschwitz(registres des morts d’Auschwitz), Musée d’Étatd’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et
    le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • © Site InternetLegifrance.
  • © Site Internet MemorialGenWeb. Photo de Claude Richard, plaque du hall de la mairie.
  • Montage photo du camp de Compiègne à partir des documents du Mémorial ©Pierre Cardon
  • ©Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).

Notice biographique rédigée en 2003, installée en 2014 mise à jour en 2015, 2020 et 2022, par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées du site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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