Matricule « 45 949 » à Auschwitz Rescapé
Giobbé Pasini : né en 1892, à Gussola (Italie) ; domicilié à Jarny-Droitaumont, (Meurthe-et-Moselle) ; mineur, puis poudrier ; communiste ; arrêté en février 1941 et comme otage communiste 22 février 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz ; rescapé ; décédé en 1980.
Giobbé Pasini est né le 4 octobre 1892 en Italie, à Gussola (province de Crémone).
Il habite à Jarny-Droitaumont, Meurthe-et-Moselle au 54, de l’actuelle rue Gabriel Péri, au moment de son arrestation. Il est le fils d’Angela Labruno et de Ricardo Pasini son époux.
Ses parents sont « giardiniere » (jardiniers). Il a deux frères et deux sœurs.
Giobbe Pasini arrive en France avec ses parents en 1900. La famille habite Thil, puis Anderny ‘Meurthe-et-Moselle) et Gandrange (Moselle).
Giobbé Pasini retourne en Italie de mai 1908 à septembre 1909, date à laquelle il revient en France pour travailler dans les mines de Trieux à l’ouest de Thionville (Meurthe-et-Moselle).
Conscrit italien de la classe 1913, il est appelé le 18 octobre 1912. Il participe à l’occupation de la Tripolitaine et la Cyrénaïque (en Lybie) après la colonisation italienne du printemps 1912. Pendant la guerre de 1914-1918, il est mobilisé dans l’armée italienne. Il aura passé sept ans à l’armée, « dans les colonies » italiennes et durant la « Grande guerre ».
Après sa démobilisation, en 1919, il est mineur à la mine Sancy de Trieux (Meurthe-et-Moselle).
Il est ensuite embauché à la mine de Droitaumont (Jarny / Meurthe-et-Moselle), et se dévoue au service des musiciens en qualité de chef de musique.
Le 30 octobre 1920, il se marie à Jarny avec Jeanne Klock (née le 26 février 1901). Ils auront deux enfants, Henri, né le 3 février 1922, et Gilbert, né le 13 février 1926.
Lors du recensement de 1926, il habite au n° 34, Cité des mines à Droitaumont, avec sa femme et ses fils. La famille Klock habite la rue voisine. En 1931, ils ont déménagé au n° 1 de la rue B à Droitaumont.
Il est alors poudrier (préparation des explosifs) à la mine de Droitaumont. Métier qui est le même indiqué en 1936, au même numéro de la rue B. Mais entre 1931 et 1936, il a acquis la nationalité française, ainsi que sa femme et ses fils.
Giobbé Pasini est membre du Parti communiste, et militant syndicaliste CGT.
A la veille de la guerre, la mine comptait encore plus de 330 employés habitant principalement dans les cités.
Le 17 juin 1940 l’armée allemande occupe Auboué et le 18, Nancy. Les Kreiskommandantur sont installées à Briey et Nancy.
Fin juin 1940, toute la Meurthe-et-Moselle est occupée : elle est avec la Meuse et les Vosges dans la « zone réservée » allant des Ardennes à la Franche-Comté, destinée au « peuplement allemand ». À l’est de la « ligne du Führer », tracée depuis la Somme jusqu’à la frontière suisse, les autorités nazies envisagent une germanisation des territoires suivant différentes orientations. C’est un autre sort que celui de la Moselle et de l’Alsace, annexées par le Reich, du Nord et du Pas-de-Calais, mis sous la tutelle du commandement militaire allemand de Bruxelles, qui attend les territoires situés le long de cette ligne dite du Nord-Est. En tout ou partie, ces départements, et parmi eux les francs-comtois, font l’objet d’une « zone réservée » des Allemands (« En direct », Université de Franche-Comté). Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ».
Plus de 20 000 Allemands, soit l’équivalent de deux divisions, sont stationnés en permanence en Meurthe-et-Moselle. Le Préfet de Meurthe-et-Moselle collabore sans état d’âme avec les autorités allemandes, il « ne voit aucun inconvénient à donner à la police allemande tous les renseignements sur les communistes, surtout s’ils sont étrangers » (Serge Bonnet in L’homme de fer p.174).
Pendant l’Occupation, il connaît une première arrestation pour activité communiste en février 1941, avec Antoine Corgiatti et Joseph Zerglia. Il est relâché faute de preuves et devant son mutisme. Avec ses camarades, il s’attache à organiser la Résistance dans les mines et entreprises du Jarnisy.
Le sabotage du transformateur d’Auboué, entraîne une très lourde répression en Meurthe et Moselle.
Lire dans le site : Meurthe et Moselle Le sabotage du transformateur électrique d’Auboué (février 1942).
Hans Speidel, à l’Etat major du MBF annonce qu’il y aura 20 otages fusillés et 50 déportations.
Les arrestations de militants commencent dès le lendemain dans plusieurs sites industriels de la région : par vagues successives, du 5 au 7 février, puis entre le 20 et le 22, et au début de mars. Elles touchent principalement des mineurs et des ouvriers de la métallurgie. 16 d’entre eux seront fusillés à la Malpierre. Une importante prime à la délation est annoncée (20.000 F des autorités et 10.000 de la direction de l’usine) : pour comparaison, le salaire horaire moyen d’un ouvrier de l’industrie est à l’époque de 6 F, 30 (in R. Rivet « L’évolution des salaires et traitements depuis 1939 »).
C’est dans la suite des 20 premières arrestations que Giobbé Pasini est arrêté par des Feldgendarmes, le 22 février 1942, en même temps qu’Antoine Corgiatti, Richard Girardi et Joseph Zerlia.
Il est conduit à la prison de Briey où il est emprisonné pendant 8 jours, puis à la prison « Charles III » à Nancy. Puis il est interné au camp d’Ecrouves, près de Toul. On lui propose, pour être libéré de rédiger une déclaration reniant son passé et favorable au régime de Pétain. Il refuse.
Il est remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122) en mars 1942.
A Compiègne, avec entre autres Antoine Corgiatti, également mineur et Louis Eudier charpentier de marine qui travaille au soutènement, il fait partie de l’équipe qui creuse le tunnel qui permettra l’évasion le 22 juin 1942 de 19 dirigeants communistes (lire le récit page 101 dans «Triangles rouges à Auschwitz » et page 232 dans « Mille otages pour Auschwitz »).
Lire dans le site : 22 juin 1942 : évasion de 19 internés
Depuis ce camp, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, voir les deux articles du blog : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942)et«une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Giobbé Pasini est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunescommunistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Aushwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 45949 ».
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a été pas retrouvée parmi les 522 photos que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
En application d’une directive datée du 21 juin 1943 accordant aux détenus français des KL la possibilité de correspondre avec leur famille et de recevoir des colis renfermant des vivres, il reçoit le 4 juillet 1943, comme les autres détenus politiques français d’Auschwitz, l’autorisation d’échanger des lettres avec sa famille – rédigées en allemand et soumises à la censure – et de recevoir des colis contenant des aliments (lire dans le site : Le droit d’écrire pour les détenus politiques français
Entre le 14 août 1943 et le 12 décembre 1943, il est en quarantaine au Block 11 avec la quasi-totalité des Français survivants.
Lire l’article du site : « les 45 000 au block 11.
Il y « fait équipe » avec André Montagne, Albert Morel et Antoine Vanin (tous trois rescapés).
La traduction de deux lettres envoyées d’Auschwitz à son épouse a été faite par son arrière-petit-fils, Tom Brusseaux (février 2024).
Auschwitz, den 12. 9. 1943 : Meine liebe Jeanne ! Ich beantworte dir den Brief vom 8.8. und war sehr glücklich zu erfahren, dass ihr gesund seid. Kann euch von mir dasselbe mitteilen. Ich habe dein Paket, dies mit der Pfeife, erhalten. Ab jetzt kann man bis 2 Mal wöchentlich Pakete bis 10Kg schicken und dürfen ▓▓▓▓▓ Aber bitte schicke mir vorläufig keine Pakete, da wir von hier wegfahren brauchen. Du kannst mir nur 15 Zeilen schreiben. Küsse an euch alle.
Auschwitz, le 12 septembre 1943 : Ma chère Jeanne ! Je réponds à ta lettre du 8 août et j’étais très heureux d’apprendre que vous êtes en bonne santé. Je peux vous dire la même chose pour ce qui me concerne. J’ai reçu ton paquet, celui avec la pipe. À partir de maintenant, on peut envoyer des paquets 2 fois par semaine et on a le droit ▓▓▓▓▓ Mais momentanément, merci de ne pas envoyer de paquet, puisque nous allons devoir partir d’ici. Tu ne peux m’écrire que 15 lignes. Je vous embrasse tous.
Auschwitz, den 9. IV 1944 : Meine vielgeliebte Frau, meine lieben Kinder ! Ich antworte dir heute auf deinen Brief vom 26. II und ich bin sehr froh, dass ihr alle gesund seid. Ich versichere dich, dass auch ich mich der besten Gesundheit erfreue. Auf Grund deines Briefes konnte ich feststellen, dass meine Kinder ebenso wie Mama und ihre kleine Familie ebenfalls bei guter Gesundheit seid. Dies hat meine Hoffnung verstärkt, euch recht bald wieder zu sehen. Dieser Tag wird für uns alle der schönste und glücklichste sein. Betreff der Pakete bleibt alles beim alten, das heißt ich habe noch immer nichts davon erhalten. Insgesamt habe ich 4 Pakete erhalten und eines noch das völlig leer war. Auch vom Roten Kreuz warte ich auch immer vergebens. Du fragst mich, ob ich Geld brauche. Nein ! Was sollte ich damit anfangen. Aber schicke mir in jedem Brief Briefmarken. Ich frage mich, welchen Zweck es hat, mir noch weiter so viele Pakete zu schicken, wenn ich doch nichts erhalte. Wenn du eines per Monat schickst und eines durch das Rote Kreuz, das genügt vollkommen. Du schreibst mir, dass ich zu Hause fehle ! Sei mutig, jetzt beginnt sicher die schöne Zeit, die vieles erleichtert. Ich hoffe euch alle recht bald in meine Arme schließen zu können. Ich beendige für heute. Meine Gedanken sind ständig bei euch, ohne meine lieben Freunde, die ich herzlich grüße, zu vergessen. 1 000 Küsse an meine Kinder und an dir mit 1000 Zärtlichkeiten, dein Mann.
Auschwitz, le 9 avril 1944 : Ma bien-aimée femme, mes chers enfants ! Je réponds aujourd’hui à ta lettre du 26 février et je suis très content de vous savoir tous en bonne santé. Je t’assure que je jouis de la meilleure santé possible. Avec ta lettre, je constate que mes enfants, tout comme maman et sa petite famille, sont eux aussi en bonne santé. Cela a renforcé mon espoir de vous revoir très vite. Ce jour-là sera le plus beau et le plus heureux de tous. En ce qui concerne les paquets, tout est comme avant, c’est-à-dire que je n’en ai toujours pas reçu. En tout j’ai reçu 4 paquets et l’un d’eux était complètement vide. J’attends même ceux de la Croix rouge en vain. Tu me demandes si j’ai besoin d’argent. Non ! Qu’en faire. Mais dans tes lettres, envoie-moi des timbres. Je me demande quel sens cela a encore de m’envoyer des paquets si je ne les reçois pas. Si tu m’en envoies un par mois, plus ceux de la Croix rouge, cela suffit amplement. Tu écris que je manque à la maison ! Sois courageuse, maintenant va débuter la belle saison qui rend tout plus facile. J’espère pouvoir vous serrer dans mes bras très vite. J’ai fini pour aujourd’hui. Toutes mes pensées vont vers vous, sans oublier mes chers amis que je salue chaleureusement. 1000 baisers à mes enfants et à toi avec 1000 tendresses. Ton mari
On retrouve dans ces deux lettres l’affirmation exigée par les SS qu’ils sont en bonne santé (encore que Giobbé Pasini fasse écrire astucieusement « la meilleure santé possible », sous-entendu pour lui « dans les conditions où je suis »).
Dans sa lettre du 12 septembre 1943 il écrit » merci de ne pas envoyer de paquet, puisque nous allons devoir partir d’ici ». Cela confirme le témoignage d’autres rescapés. Ils sont alors en quarantaine au Block 11, et le bruit a couru parmi eux qu’ils allaient soit être libérés, soit changer de camp. En fait les rescapés du convoi du 6 juillet 1942 quitteront le Block 11 et un répit inédit dans le camp (ils ne sont pas astreint au travail forcé) le 12 décembre 1943 pour retourner dans leurs anciens Kommandos.
Ce qui est étonnant dans la deuxième lettre du 9 avril 1944, c’est que la censure ait laissé passer le passage sur le « colis complètement vide » ou cette phrase « Je me demande quel sens cela a encore de m’envoyer des paquets si je ne les reçois pas ». On sait effectivement que ces colis étaient très souvent pillés dès leur arrivée au camp (« surtout par les Kapos, les triangles verts » nous a confirmé André Montagne qui a été affecté en mars 1944 au Kommando «Paquets» («Packetstelle»), Kommando chargé de réceptionner et distribuer les colis destinés aux détenus).
Le 12 décembre, les Français quittent le Block 11 et retournent dans leurs anciens Kommandos.
A Auschwitz, il est responsable au Kommando «jardinage» (Block 14 A). Roger Abada le cite : «un homme dévoué et courageux», parmi ceux qu’il appelle «les jardiniers», qui prennent contact avec les déportées du convoi du 24 janvier 1943, les « 31000» à Raisko, terriblement démunies.
Avec Eugène Garnier et Albert Morel, Giobbé Pasini leur fait passer des vêtements «entassés les uns sur les autres».
Lire dans le site
L’aide des « 45 000 » aux femmes de Birkenau
Dès 1944, devant l'avancée des armées soviétiques, les SS commencent à ramener vers le centre de l’Allemagne les déportés des camps à l’Est du Reich, dont Auschwitz. Les premiers transferts de "45.000" ont lieu en février 1944 et ne concernent que six d’entre eux. Quatre-vingt-neuf autres "45.000" sont transférés au cours de l'été 1944, dans trois camps situés plus à l'Ouest - Flossenbürg, Sachsenhausen, Gross-Rosen - en trois groupes, composés initialement de trente "45000" sur la base de leurs numéros matricules à Auschwitz. Une trentaine de "45.000" restent à Auschwitz jusqu'en janvier 1945.
Giobbé Pasini est transféré au camp de Sachsenhausen le 29 août 1944. Lire dans le site , « les itinéraires suivis par les survivants ».
Le 29 août 1944, trente « 45 000 » sont transférés d‘Auschwitz à Sachsenhausen où ils sont enregistrés : Georges Gourdon (45622-94257), Henri Hannhart (45652-94258), Germain Houard (94 259), Louis Jouvin (94 260), Jacques Jung (94 261), Lahousine Ben Ali (94 264), Marceau Lannoy, Louis Lecoq, Guy Lecrux (94 266), Maurice Le Gal (94 267), Gabriel Lejard (94 268), Charles Lelandais (94 269), Pierre Lelogeais, Charles Limousin, Victor Louarn, René Maquenhen, Georges Marin, Henri Marti, Maurice Martin, Henri Mathiaud, Lucien Matté, Emmanuel Michel, Auguste Monjauvis (94 280), Paul Louis Mougeot, Daniel Nagliouck, Emile Obel (94 282), Maurice Ostorero, Giobbé Pasini, René Petitjean, Germain Pierron.
En Janvier 1945, devant l’avancée des troupes soviétiques les nazis commencent à évacuer le camp de Sachsenhausen.
Des « 45 000 », dont Giobbé Pasini, restent au camp central de Sachsenhausen. L’évacuation totale de Sachsenhausen a lieu le 21 avril 1945, en direction de Schwerin puis de Lübeck ou de Hambourg. Certains « 45 000 » sont libérés en cours de route par les Soviétiques, au début mai : René Maquenhen, Georges Marin, Henri Mathiaud, Auguste Monjauvis, Daniel Naglouck, René Petitjean. Victor Louarn est libéré, le 2 mai par les Soviétiques. Armand Saglier et Jean Thomas sont libérés par les Américains. Louis Lecoq et Giobbé Pasini atteignent Schwerin, Chwerin-Stettin (Szczecin) au jardin des SS. Ils sont libérés par les Anglais. Il rentre à Jarny le 22 mai 1945.
Le titre de «Déporté politique» lui a été attribué.
Il a été homologué dans la Résistance française au titre des FFI (Forces françaises de l’intérieur).
Le samedi 1er novembre 1980, à Jarny, Giobbé et Jeanne Pasini ont à nouveau signé l’acte d’état civil, 60ans après leur mariage, en présence de leurs enfants et de leur famille, du Maire, Charles Génot, de deux de ses anciens camarades déportés dans le convoi du 6 juillet 1942, Richard Girardi (qui sera le dernier survivant du convoi) et Germain Pierron, ainsi que Gilbert Schwartz, conseiller municipal et ancien déporté, qui célébra ses noces.
Giobbé Pasini est mort à Metz, le 28 décembre 1980. Ses obsèques ont été célébrées au cimetière de Hayange.
« 35 années de survie pour M. Pasini, 35 années de combat pour la paix et la liberté » conclut le journaliste du républicain Lorrain à la fin de l’article qui retrace sa vie.
« Il n’a jamais sollicité la moindre reconnaissance, humble et philosophe » écrit son fils Gilbert. « Maman n’a pas pu résister à son deuil, son chagrin l’a rongée et elle s’est éteinte le 11 août 1981″.
Le site allemand : www.gedenkorte-europa.eu/content/list/579/
a rédigé une courte notice biographique de Giobbé Pasini :
Einer von ihnen war Giobbe Pasini, geboren 1892 bei Cremona/Italien, Grubenarbeiter in Jarny-Droitaumont, Gewerkschafter, im Februar 1941 kurzzeitig wegen „kommunistischer Aktivitäten“ in Haft, im Februar 1942 nach der Sabotage in Auboué als Geisel von französischer Polizei verhaftet und den Deutschen übergeben; mit dem Transport vom 6. Juli 1942 mit 1.075 anderen politischen
Gefangenen und 50 Juden von Compiègne in das KZ Auschwitz deportiert, überlebte den Todesmarsch im Januar 1945 und wurde in Stettin von den sowjetischen Soldaten befreit, gestorben 1980: https://deportes-politiques-auschwitz.fr/2010/08/pasini-giobbe.html
Traduction : L’un d’eux était Giobbe Pasini, né en 1892 à Crémone/Italie, mineur à Jarny-Droitaumont, syndicaliste, arrêté en février 1941 brièvement pour des « activités communistes » arrêté en février 1942 après le sabotage d’Auboué comme otage de la police française et remis aux Allemands par le transport du 6 juillet 1942 avec 1.105 autres Prisonniers politiques et 50 Juifs déportés de Compiègne au camp de concentration d’Auschwitz, ont survécu à la marche de la mort en janvier 1945 et ont été libérés par les soldats soviétiques à Szczecin. Il est mort en 1980 :
A l’entrée du cimetière (11, rue Louis Armand), un mémorial rend hommage aux martyrs des camps de la mort, en nommant les noms de 98 hommes et femmes de la région du Jarnisy, déportés pour des raisons politiques ou raciales.
Sources
- Récit de Giobbé Pasini à Roger Arnould (le Havre 26 mai 1973), qui note « ses témoignages sont toujours sérieux, posés, et ne relèvent pas de l’affabulation. »
- Lettre de Giobbé Pasini à sa femme depuis Auschwitz.
- Lettre de Gilbert Pasini, un de ses fils (11 août 1988).
- Lettre de M. Gilbert Schwartz, président départemental de la FNDIRP (1991).
- Lettre de M. Charles Dallavalle.
- Enregistrement audio de Roger Abada.
- « Le Républicain Lorrain » du 2 novembre 1980.
- « Antifascisme et Parti communiste en Meurthe-et-Moselle » (Jean Claude et Yves Magrinelli) page 345
- Compte rendu de la cérémonie de 1980 en présence de M. Bezon, maire de Jarny.
- Recensements Jarny 1926 et 1936.
Notice biographique rédigée en 1997 (modifiée en 2017, 2018 et 2021), pour la conférence organisée par la CGT et le PCF de la vallée de l’Orne, à Homécourt le 5 juillet 1997 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteure des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942« Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000.
Pour compléter ou corriger cette notice biographique, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com
En cas de reproduction partielle ou totale de cette notice, prière de citer les coordonnées du site https://deportes-politiques-auschwitz.fr