Roger Josselin : né en 1920 à Dijon (Côte-d’Or) ; domicilié à Seurre (Côte d’Or) ; étudiant en pharmacie, manœuvre en 1941 ; communiste (JC); arrêté fin septembre 1942, condamné à 5 mois de prison, arrêté comme otage le 26 février 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 18 septembre 1942.
Roger, Jean Josselin est né le 13 août 1920 au domicile de ses parents au 25, ruelle des Poussots à Dijon (Côte-d’Or). Il habite 3, rue du Pont, à Seurre (Côte d’Or) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Jeanne, Juliette Didier, 30 ans, « ouvrière aux tabacs » et de Jean Josselin, 33 ans, coiffeur, son époux.
Il est le cadet d’une fratrie de cinq enfants : Andrée, née en 1906, Jean (1908-1915), Germaine, née en 1912, Georgette, née en 1913.
Il est adhérent aux Jeunesses communistes d’après Gabriel Lejard.
Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 17 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Dijon et s’y installent. Interdictions, réquisitions, couvre-feu, l’armée allemande contrôle la ville. Dijon est durement touchée par la politique antisémite et les arrestations orchestrées par les troupes allemandes et l’administration de Vichy. L’armistice est signé le 22 juin.
Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Au début de l’occupation, Roger Josselin habite rue Neuve Bergère à Dijon.
Roger Josselin est arrêté une première fois « fin septembre 1940 à la suite d’une action des jeunes communistes : distribution de tracts, collage de papillons, inscriptions sur les murs. 14 jeunes sont arrêtés et déférés devant le Procureur. »
Le 14 février 1941, Roger Josselin est condamné à 5 mois d’emprisonnement (Evelyne Bouly).
A la fin de sa peine de prison il est libéré et vient habiter Seurre. Il y fait des études pour devenir préparateur en pharmacie.
En juillet 1941, il est embauché comme terrassier aux établissements « Perrin et Lambert ». Il entraîne l’équipe de football de la commune.
Lire dans le site, l’article : 63 déportés sportifs, joueurs, animateurs et dirigeants de clubs avant-guerre.
Roger Josselin épouse Marie, Camille Pernelle à Dijon le 6 septembre 1941.
Elle est née le 22 octobre 1921 à Dijon. Elle travaille à la Laiterie de Seurre. Le couple qui habite 3, rue du Pont à Seurre, aura un garçon prénommé Jean, que son père ne connaîtra jamais.
En effet, Roger Josselin est arrêté une deuxième fois le 26 février 1942. Ce jour-là les allemands raflent des militants communistes de Côte d’Or qui ont déjà été arrêtés. Lire dans le site La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942). Suivant cette politique des otages, les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages déjà internés et arrêtent des militants, dont la plupart avaient déjà été arrêtés une première fois par la police française pour « activité communiste » depuis l’armistice et libérés à l’expiration de leur peine.
Il s’agit de représailles ordonnées à la suite de l’attentat du 10 janvier 1942 à Dijon contre le « foyer du soldat allemand » dont les auteurs n’ont pas été retrouvés à cette date. Adrien Burghard sera lui aussi arrêté dans le cadre de cette opération et déporté lui aussi à Auschwitz, dans le même convoi.
Dès son arrestation, la mère de Roger Josselin fait des démarches pour obtenir sa libération. Début mars elle envoie aux autorités deux certificats favorables à la libération de son fils (celui de l’ingénieur de chez « Perrin et Lambert où son fils travaillait, ainsi que celui du Club Sportif Seurrois où il entrainait les jeunes footballeurs). En vain.
Le 30 mars, sa mère écrit au Préfet de la Région Dijon, Charles Donati, pour obtenir la libération de son fils, ainsi que l’allocation (pour l’épouse de son fils) prévue en faveur des familles de prisonniers civils internés par les Autorités allemandes (sa belle-fille,
enceinte ne travaille plus). Après un échange entre le Préfet, le sous-Préfet et le maire de Seurre, une réponse favorable à l’allocation obtient un avis favorable.
Roger Josselin est remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122). Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Roger Josselin est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Son numéro d’immatriculation à Auschwitz n’est pas connu.
Le numéro «45 687 ?» ? figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à ma tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence des quatre listes alphabétiques successives que j’ai partiellement reconstituées, de la persistance de lacunes pour quatre noms, mais d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage Triangles rouges à Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ». Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
A Auschwitz selon Gabriel Lejard, «le petiot avait perdu la raison dès les wagons et ne parvenait pas à retrouver son block dans la cour», et avait été placé au Revier, peu après l’arrivée au camp : « il a été ramassé comme çà, et emmené à la chambre à gaz« .
Roger Josselin meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942 d’après les registres du camp.
Roger Josselin est homologué comme Résistant, au titre de la Résistance Intérieure Française (RIF) comme appartenant à l’un des cinq mouvements de Résistance (FFC, FFI, RIF, DIR, FFL). Cf. service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 311654.
Le 25 février 2014, une rue de Seurre a été inaugurée à sa mémoire, en présence de son fils Jean Josselin.
A l’initiative du Secours Populaire Français, son nom, et celui d’un autre déporté du convoi, Jean
Bouscand, tous deux originaires du quartier des Poussots à Dijon, est honoré sur une plaque commémorative, au carrefour de la rue d’Auxonne et du Boulevard Mansard.
A la libération, L’Union Sportive
Ouvrière Dijonnaise (U.S.O.D.), dont un des fondateurs ,Paul Charton, fut déporté à Auschwitz avec Roger Josselin, crée un prix cycliste « Roger Josselin » (Dernières Dépêches de Dijon, 21/07/1947).
Sources
- Témoignage enregistré de Gabriel Lejard (1988) et article ci-contre dans le journal de Dijon.
- « Liste communiquée par M. Van de Laar, mission néerlandaise de Recherche à Paris le 29.6.1948« , établie à partir des déclarations de décès du camp d’Auschwitz. Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Archives de Caen du ministère de la Défense). N° 31377 et 176).
- Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Correspond aux indications de Liste A ou Liste établie à partir des registres des morts d’Auschwitz (Archives des ACVG) ou Les Livres des morts d’Auschwitz.
- Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
- « Contribution d’Evelyne Bouly », adhérente de l’association « Mémoire Vive », petite fille d’Edouard Til (46147), texte imprimé (envoi « Mémoire Vive » mars 2014).
Notice biographique rédigée en février 1998 par Claudine Cardon-Hamet (modifiée en mars 2014 après lecture de la contribution d’Evelyne Bouly puis 2021 et 2024). Claudine Cardon-Hamet docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com.