Matricule « 46 045 » à Auschwitz

André Renard  né en 1908 à Dijon (Côte d'Or) où il habite ; ajusteur ; résistant ; arrêté comme otage communiste le 11 janvier 1942 ; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 18 août 1942.

Julien, André Renard est né le 16 juin 1908 au domicile de ses parents à Dijon (Côte-d’Or).
André Renard habite à Dijon au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie Chevalier, 22 ans, ouvrière et de Claude Renard, 23 ans, menuisier, puis machiniste, son époux. Ses parents
habitent au 19, rue Parmentier à Dijon.
En 1932, au moment de son mariage, il est domicilié au 7, rue des Perrières dans le quartier du même nom, près de la gare, et exerce la profession d’ouvrier armurier.

Le 17 août 1932, il épouse Angèle, Marie Bonvallot à Dijon (Côte-d’Or). Ouvrière d’usine âgée de 23 ans, elle est née à Laroche-sur-Saône (Côte-d’Or) le 27 juin 1909. Elle est domiciliée au 7, rue du Tillot à Dijon.
Lors du recensement de 1936, le couple a déménagé au 4, rue des Perrières. Il exerce la profession d’ajusteur à l’Entreprise Electrique et son épouse est vendeuse aux Magasins modernes.
Le couple a une fille.
En novembre 1937, le couple est toujours domicilié au n°4 de la même rue. Mais le journal qui relate sa plainte pour vol de vélo lui attribue la profession de peintre (Bourgogne Républicaine 1/12/37).

Il est ensuite métallurgiste à l’usine de décolletage Lipton (fabrique de cylindres automobiles).
Adhérent au Parti communiste, André Renard est sanctionné après la grève de 1938.
Il quitte le Parti communiste en 1939.

Le 17 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Dijon et s’y installent. Interdictions, réquisitions, couvre-feu : l’armée allemande contrôle la ville. Dijon est durement touchée par la politique antisémite et les arrestations orchestrées par les
troupes allemandes et l’administration de Vichy.
Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Dès le début de l’Occupation allemande, la police de Vichy a continué de surveiller les syndicalistes, anciens élus ou militants communistes « notoires » et a procédé à des perquisitions et des arrestations

Le 11 novembre 1941, André Renard est « congédié à la suite d’apposition de tracts communistes à l’intérieur de l’usine. Il s’est fait embaucher le lendemain à la Maison Faucillon-Lavergne, rue du Transvaal à Dijon. Ses voisins le considèrent « comme un syndicaliste sincère et ardent, agissant toujours lorsqu’il s’agissait de revendications pour l’amélioration du sort des ouvriers ». » (rapport des Renseignements Généraux 30/05/1942).

André Renard est arrêté le 11 janvier 1942 comme otage communiste après l’attentat de la rue de la Pépinière du 10 janvier 1942 (une bombe est lancée par des résistants communistes contre le Soldatenheim (foyer du soldat). Selon l’enquête, la bombe, artisanale, avait été fabriquée dans une usine de la ville.
Eugène Bonnardin, Julien Faradon et Henri Poillot sont arrêtés pour la même affaire, le même jour (au total 26 ouvriers de chez Lipton).

André Renard est remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag122), en mars 1942 en vue de sa déportation comme otage.
Le 13 avril, son épouse écrit au Préfet pour demander la libération de son mari et l’obtention de l’allocation prévue en faveur des familles de prisonniers civils internés par les Autorités allemandes (elle est sans travail et a une fillette de cinq ans).
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir les deux articles du site : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942)  et «une déportation d’otages

Depuis le camp de Compiègne, André Renard est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

André Renard est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 ». Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 46 045 ».
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Dessin de Franz Reisz

Compte tenu de sa qualification professionnelle (ajusteur), il est ramené à Auschwitz I, où il est affecté au Block 16.

André Renard meurt à Auschwitz le 18 août 1942
d’après les registres du camp.
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois

Le titre de « Déporté résistant » lui a été attribué.
La carte n° 1-016-02234 est délivrée en janvier 1953 à Angèle Renard.

Dans le cadre des homologations de grade au titre des Forces Française combattantes de l’Intérieur (FFCI), il est nommé Sergent-chef pour la 7è région militaire (prise de rang au 1er janvier 1942) (in Dernières Dépêche de Dijon du 20 novembre 1947).

Sources

  • Textes et enregistrements de Gabriel Lejard
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement le matricule et la date de décès au camp.
  • Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre (archives de la F.N.D.I.R.P).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national du Bureau de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.

Notice biographique rédigée en février 1998 (mise à jour en 2021 et 2024) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *