Matricule « 45 175 » à Auschwitz Rescapé
René Aondetto : né en 1911 à Aubervilliers (Seine) ; domicilié à Paris 19ème ; ajusteur-outilleur ; syndicaliste et communiste ; arrêté le 11 août 1941 ; interné à Poissy, Voves, Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, Gross-Rosen, Flossenbürg, Leitmeritz, Terezin ; rescapé , décédé le 6 avril 1996 à Vallauris (Alpes Maritimes).
René Aondetto est né le 20 janvier 1911 au domicile de ses parents au 100 avenue de la République à Aubervilliers (Seine-St-Denis). Il habite au 74, rue Saint-Blaise à Paris 19ème arrondissement, au moment de son arrestation.
Il est le fils de Suzanne Jolly, 21 ans, comptable et de Aimé, Jean, Baptiste Aondetto, 27 ans, représentant de commerce, son époux.
Il épouse Madeleine Casse, le 27 décembre 1934 à Paris 6ème. Elle est née à Paris en 1905, et travaille comme sténo-dactylo aux Tramways Cauwin. Le couple a un un garçon, Bernard, qui naît le 22 octobre 1937 à Paris 19ème
René Aondetto est ajusteur-outilleur et d’études chez Hispano-Suiza, à Bois-Colombes au début de 1936. Il vient travailler à la fin de l’année à l’usine des établissements Ballot / Hispano Suiza aux 37-39, boulevard Brune à Paris 14ème.
Il est délégué des travailleurs d’Hispano au congrès mondial pour la paix à Bruxelles le 6 septembre 1936 (5000 délégués au stade du Heysel à Bruxelles).
Depuis Bruxelles, il envoie une carte à un camarade d’Hispano (M. Marçay) habitant le 14ème. Il écrit « des millions de représentants de 40 nations, viennent d’affirmer ici la volonté des classes laborieuses qu’ils représentent, de ne pas laisser se réaliser la plus grande des stupidités et des horreurs. Nous revenons dans nos pays respectifs avec la ferme résolution d’exiger, et de travailler à l’application des résolutions que nous avons prises en commun. Salutations fraternelles« .
René Aondetto est membre du Parti communiste et il est élu secrétaire du comité d’usine.
La photo ci-contre, où on voit sur la gauche René Aondetto avec un nœud papillon, les mains sur les hanches sous une banderole intitulée « Amicale socialiste, cellules communistes, Usine Hispano – Brune, en avant pour le parti unique de la classe ouvrière» est particulièrement intéressante.
Elle témoigne d’un moment important du Front populaire. Cette aspiration à l’unité organique
est portée en Arles, du 25 au 29 décembre 1937, lors du 9ème congrès du Parti communiste (où René Aondetto est délégué). Jacques Duclos y prône un parti unique de la classe ouvrière, qui serait « utile aux vieux désirant une retraite et aux mères opposées à la guerre, permettrait également d’empêcher le blocus de l’Espagne républicaine » (film « la Grande Espérance »).
René Aondetto est délégué de la fédération de Paris du Parti communiste au 9° Congrès d’Arles en 1937, et sera élu secrétaire du comité de section du 14ème arrondissement.
Militant syndicaliste (CGT), il est délégué d’atelier de septembre 1938 à la fin novembre de la même année chez Hispano.
Il est licencié illégalement le 10 décembre 1938, mais retrouve du travail le 30 décembre 1938 aux Etablissements SNCAC (Société Nationale de Construction Aéronautique du Centre, anciennement Farman), 167, rue de Silly à Boulogne-Billancourt (Seine) en qualité d’ajusteur- outilleur.
Le 14 juin 1940, les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Au début de l’Occupation, membre du Parti communiste clandestin, « il entre dans la Résistance intérieure au sein des premiers groupes constitués à l’entreprise SNCAC. Il diffuse les premiers tracts appelant à la Résistance, recrute et crée des groupes clandestins.
En mai 1941, les groupes passent sous le contrôle du Front National pour la Libération et l’Indépendance de la France. L’appel à la création du FN fut diffusé par René Aondetto » (DAVCC Caen, 2002).
René Aondetto sera reconnu comme membre de la Résistance Intérieure Française et homologué au grade d’adjudant en tant que tel : il participe à l’organisation du sabotage de la mise au point de l’avion Siebels (« bombardier léger », avion de reconnaissance et de bombardement), en vue de nuire à sa fabrication.
Son appartement est perquisitionné en son absence. La police française y trouve des tracts du Front national et des écrits en allemand destinés aux soldats de la Werhmacht et deux carnets de souscription.
Le 11 août 1941, deux inspecteurs des Renseignements généraux l’arrêtent sur son lieu de travail à la SNCAC, après l’avoir fait convoquer dans les locaux de la direction.
Après interrogatoire au bureau des inspecteurs de « la Cité » (du 11 août au matin au 12 au soir), il est conduit au Dépôt de la Préfecture dans la nuit du 12 au 13 août (mandat de dépôt daté du 13 août).
Le matin du 13 août 1941, il passe au service anthropométrique de la prison de la Santé. Il y est retenu jusqu’au 18 août au soir. Il passe au tribunal le 14 août 1941 devant la 14° Chambre correctionnelle de la Seine.
Il refuse la présence d’un avocat : il écrit « Je veux que cela aille vite… Il n’y aura pas d’affaire, ils ne sauront rien par moi, ni par quelqu’un d’autre. N’ayant pas fait appel, j’allais échapper au tribunal spécial. Mais je serais récupéré à la sortie de Poissy en février 1942. » Il est condamné à 6 mois de prison et 50 F d’amende.
Lire dans le site son récit : Poissy, Dépôt, Voves, Compiègne : les lettres de René Aondetto
Il est transféré à Fresnes pendant trois jours. Puis le 13 février 1942 à Poissy (grande salle du Dépôt). il y reçoit le matricule « 1937 ». il écrit « alors que j’étais dans la grande salle du dépôt, j’ai vu arriver 18 hommes, ouvriers d’une petite entreprise de Montrouge, qui avaient été arrêtés pour fait de grève. Ils ne semblaient pas organisés, ni politiquement, ni syndicalement« . Témoignage reçu par Roger Arnould, sans date.
Note des RG en date du 14 février 1942 : « hier 24 militants communistes ayant purgé une peine d’emprisonnement à la Maison centrale de Poissy, ont été transférés de cet établissement au Dépôt en vue d’une mesure d’internement administratif« . Avec lui sont mentionnés Marius Barbiéri (1) et François Compiène. En effet le 25 mars, le Préfet de police de Paris, François Bard, signe un arrêté ordonnant son internement administratif (3) – le registre du camp de Voves mentionne la date du 26 mars – et après une quinzaine de jours supplémentaires passés au Dépôt de la Préfecture de Paris, il est interné administrativement au «Camp de séjour surveillé» de Voves (Eure-et-Loir) ouvert le 5 janvier 1942, avec le n°60 (dossier 407.611).
Il est remis le 16 avril 1942 aux autorités allemandes et interné au camp de Voves.
Ce camp (le Frontstalag n° 202 en 1940 et 1941) était devenu le 5 janvier 1942 le « Centre de séjour surveillé » n° 15.
Il s’agissait de 67 baraquements formant 3 îlots (septembre 1942), entourés d’une double rangée de barbelés, protégés par des miradors. Une séparation existait entre les ilots des internés (« grand camp ») et les baraques administratives (« petit camp »). Au bout d’un mois, il est remis aux autorités allemandes à leur demande. Lire dans le site l’article sur Le camp de Voves.
Le 10 mai 1942 (2), il est livré aux allemands avec un groupe de 80 internés au camp allemand de Compiègne (le Frontstallag 122) où il arrive « après une nuit inquiétante» le 11 mai 1942 au matin, en vue de sa déportation comme otage.
« Nous étions arrivés le 11 mai 1942 à Compiègne, après avoir passé la nuit sur une voie de garage, du côté du Bourget-La Courneuve. Nous étions dans des wagons de voyageurs, gardés par le Feldgendarmerie. Ils étaient avec nous dans les compartiments. A Compiègne, ma femme réussira à correspondre avec moi par l’intermédiaire de camarades qui travaillaient avec elle à « Arts et bois » à Houilles et par une liaison qui était faite avec l’extérieur du camp par le camarade Le Bihan (le père de madame Rol-Tanguy), qui devait mourir à Auschwitz (François Le Bihan) ».
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Lire également dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne .
Le 6 juillet 1942, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.
Depuis le camp de Compiègne, René Aondetto est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
René Aondetto est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule 45175.
A Auschwitz, il passe la «première nuit au Block 13. Le lendemain, départ après sortie des kommandos pour Birkenau. Notre transport allait connaître une nuit épouvantable, affolante. Mise en condition. Puis terrassement, transport de décombres sous les coups ».
René Aondetto fait partie des « 45.0000 » qui reviennent au camp d’Auschwitz 1. Il est affecté successivement aux blocks 22 et 15 A, et travaille au kommando Schlosserei (serrurerie).
Il peut écrire à Madeleine, sa femme, le 4 juillet 1943. A cette occasion il tient à faire à prévenir Germaine Le Bihan du décès de son mari, François.
Madeleine Aondetto avait eu contact avec Germaine Le Bihan lorsque leurs maris étaient internés à Compiègne.
C’est grâce à François Le Bihan qu’il avait pu lui faire parvenir de ses nouvelles.
Dans sa lettre du 4 juillet 1943, il prie son épouse de transmettre son amitié à madame « Vve Le Bihan« , pensant avec raison que le SS qui contrôlait les lettres ne connaîtrait pas la signification de cette abréviation.
Entre le 14 août 1943 et le 12 décembre 1943, il est en quarantaine au Block 11 avec la quasi totalité des français survivants.
Lire l’article du site « les 45000 au block 11.
Le dimanche 14 août 1943, il est placé en quarantaine au Block 11 (avec 136 de ses camarades selon son estimation) ou il passe 144 jours selon son témoignage, soit jusqu’au dimanche 5 décembre de la même année (la sortie du block 11 a eu lieu le 15 décembre). Il écrit sa quatrième lettre du Block 11 le 22 août 1943. Il est ensuite affecté au Block 18 A, au Kommando menuiserie (pour l’usine DAW qui fabrique des caisses de munitions). Sa dernière lettre d’Auschwitz est datée du 30 juillet 1944.Lire dans le site , « les itinéraires suivis par les survivants ».
Dès 1944, devant l'avancée des armées soviétiques, les SS commencent à ramener vers le centre de l’Allemagne les déportés des camps à l’Est du Reich, dont Auschwitz. Les premiers transferts de "45.000" ont lieu en février 1944 et ne concernent que six d’entre eux. Quatre-vingt-neuf autres "45.000" sont transférés au cours de l'été 1944, dans trois camps situés plus à l'Ouest – Flossenbürg (Floßenbürg), Sachsenhausen, Gross-Rosen - en trois groupes, composés initialement de trente "45000" sur la base de leurs numéros matricules à Auschwitz. Une trentaine de "45.000" restent à Auschwitz jusqu'en janvier 1945.
Le 30 ou 31 août René Aondetto est transféré à Gross-Rosen avec un « groupe de 30, par ordre alphabétique : Abada, Aondetto, Aubert etc… ») où il arrive de nuit (« sans avoir subi de brutalités » le 7 septembre 1944, et y reçoit le matricule « 40 966 »
Ci-contre le carnet de Hans Beckmann, un « 45 000 » hollandais qui y fait fonction de Blockschreiber (secrétaire de Block).
René Aondetto est affecté au Kommando Siemens.
Il est transféré à Flossenbürg le 15 février 1945 au titre d’une nouvelle évacuation concernant Gross-Rosen (in site de l’Association des Déportés et familles des disparus du camp de concentration de Flossenbürg et Kommandos).
Pour lui c’est le 9 février 1945 qu’il est conduit à Leitmeritz «sans explications, sans distribution de nourriture, aussitôt levés, encadrés par les SS jusqu’à une voie ferrée où nous allons monter dans des wagons à ridelles, dans lesquels il fallait se tenir accroupis, genoux écartés, encastrés les uns dans les autres, une balle dans la tête pour celui qui se redresserait. La folie et la mort seront dans les wagons. Arrivés le 10 ou le 11 février 1945».
Il se souvient de cette date grâce au témoignage de Marcel Ridel (n° « 186322 » à Auschwitz, qui est du convoi des politiques avec Marcel Paul) qui est arrivé à Gross-Rosen le 18 janvier 1945.
A Leitmeritz René Aondetto est affecté au Kommando « Richard » et au Kommando « Tunnel ». « Je ne suis pas remis du voyage. Décharné, complètement épuisé physiquement, mais une volonté farouche de vivre pour voir la fin que je sentais proche. Depuis la fin avril je suis au Revier. On entend le canon. Le 9 mai 1945 un soldat Russe entre dans le Revier. Regarde et repart. La guerre n’est pas finie dans cette région. Le soir la résistance tchèque nous apporte un baquet de soupe de riz. Nous allons être soignés à Theresienstadt (Terezin) par l’armée soviétique ».
Il est dans une salle avec des polonais «j’étais dans un état de très grand épuisement, il ne me restait que la peau et les os, j’entendais continuellement des bourdonnements, j’avais la dysenterie, j’étais couvert de plaies».
Il est transféré en ambulance à Meerane (Saxe) et rapatrié par avion le 22 juin 1945. Descendu au Bourget sur un brancard, et hospitalisé à la Salpêtrière (lit N° 40).
Salle Montyon à la Salpêtrière, René Aondetto est installé entre André Bessière et André Rouxel deux survivants du convoi dit des « Tatoués » passés eux aussi par Auschwitz (souvenirs d’André Bessière, in « D’un enfer à l’autre » chez Busnet / Chattel).
En septembre 1945, il est transféré à Menton « à l’hôtel des Iles britanniques, avec un médecin».
Il remonte à Paris en décembre 1945, « Mais la vie n’y était plus possible, je manquais d’air, le couple était rompu ». Suit une longue période d’invalidité, d’opérations et de souffrances.
En 1948, Robert Lambotte (45.722) devenu reporter à l’Humanité (il signera le 6 juillet 1982 un article sur le convoi des « 45 000 ») le rencontre au centre de repos de Toulon et lui explique ses droits : «Je ne pensais pas à ces questions de pension et de distinctions. C’est ainsi que je commençais mes démarches. Il était trop tard pour la médaille de la Résistance, celle qui m’aurait le plus honoré (j’étais forclos)».
René Aondetto est homologué comme Déporté politique » , il est Résistant (au titre de la Résistance intérieure française, RIF).
Puis il est homologué comme Déporté Résistant (DIR), en tant qu’appartenant à l’un des cinq mouvements de Résistance (FFC, FFI, RIF, DIR, FFL). Cf. Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 15448.
En effet, après l’attribution du titre de Déporté politique, le 10 mai 1954, et le refus concomitant d’attribution du titre de Déporté Résistant, René Aondetto continue ses démarches, réfutant les refus successifs du ministère (4 octobre 1956, 15 novembre 1956), notamment par des adresses au président du tribunal administratif de Versailles (6 mai 1957) et un mémoire en réplique au ministre conseillé par son avocate, maître Renée Mirande-Laval.
René Aondetto voit la enfin décision du tribunal administratif annulée (séance du 22 juillet 1957).
Il est enfin homologué «Déporté Résistant» le 13 mars 1958.
Il est homologué le 30 octobre 1958 à la Résistance Intérieure française avec le grade d’adjudant, citation à l’ordre de l’armée, Croix du combattant volontaire.
Il est décoré de la médaille militaire, croix de guerre 39/45 avec palme, le 8 novembre 1985.
En 1965 il est agent de constatation du cadastre (un « emploi réservé ») à Nevers.
Il a divorcé le 6 mars 1965 de Madeleine Casse et il s’est remarié à Saint-Aubin-les-Forges (Nièvre), avec Christiane, Jenny, Geyler, le 23 octobre 1965.
Militant de la FNDIRP, René Aondetto participe aux rassemblements des « 45 000« .
Il milite dans de nombreux mouvements et associations (FNDIRP, ARAC, amicale d’Auschwitz, Amicale de Flossenbürg, Amicale de Chateaubriant-Voves-Rouillé, ARAC, Mouvement de la Paix, Appel des Cent, France-URSS, France-RDA) au SNADDGI-CGT finances à Nevers.
De 1969 à 1972, très fatigué et déprimé, il est mis en congé «longue maladie» par l’administration des finances. Il subit une lourde opération en 1975.
A sa retraite il se retire à Saint-Aubin-les-Forges, commune de Guerigny (58).
Sa petite fille, Elodie Aondetto, graphiste, a rendu hommage à son grand-père à travers une de ses œuvres.
René Aondetto est mort le 6 avril 1996 à Vallauris (Alpes Maritimes).
René Aondetto a été un de nos précieux correspondants (mon mari l’a eu souvent au téléphone) qui, avec quatre autres survivants (André Montagne, Georges Dudal, Fernand Devaux et Lucien Ducastel), m’ont aidé à tirer le meilleur parti des témoignages dont je disposais. Comme ses camarades, il a dû à ces occasions se replonger dans ses terribles souvenirs et accepter de raviver ses cauchemars. Son exigence de la vérité, sa précision dans les dates et les détails en ont fait un témoin de premier ordre.
Note 1 : Marius Barbieri, né le 21 juillet 1901 à Bone (Algérie), est déporté à Sachsenhausen (kommando Heinkel) par le convoi du 27 janvier 1943. Il est déclaré décédé le 1er février 1943 à Buchenwald.
Note 2 : Dans deux courriers en date des 6 et 9 mai 1942, le chef de la Verwaltungsgruppe de la Feldkommandantur d’Orléans envoie au Préfet de Chartres deux listes d’internés communistes du camp de Voves à transférer au camp d’internement de Compiègne à la demande du commandement militaire en France. Raymond Delorme figure sur la première liste. Sur les deux listes d’un total de cent neuf internés, 87 d’entre eux seront déportés à Auschwitz. Le directeur du camp a fait supprimer toutes les permissions de visite «afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation». La prise en charge par les gendarmes allemands s’est effectuée le 10 mai 1942 à 10 h 30 à la gare de Voves. Il poursuit : « Cette ponction a produit chez les internés présents un gros effet moral, ces derniers ne cachent pas que tôt ou tard ce sera leur tour. Toutefois il est à remarquer qu’ils conservent une énergie et une conviction extraordinaire en ce sens que demain la victoire sera pour eux ». Il indique également «ceux qui restèrent se mirent à chanter la «Marseillaise» et la reprirent à trois reprises». Les 10 et 20 mai 1942, 109 internés de Voves sont transférés sur réquisition des autorités allemandes au camp allemand (leFrontstalag122) de Compiègne (Oise). 87 d’entre eux seront déportés à Auschwitz dans le convoi dit des « 45000 » du 6 juillet 1942.
Sources
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- Questionnaire biographique (contribution à l’histoire de la déportation du convoi du 6 juillet 1942), envoyé aux mairies, associations et familles au début de mes recherches, en 1987, rempli par René Aondetto, le 18 novembre 1987. Ses citations retenues dans la présente notices biographique sont relevées dans ce questionnaire.
- Pièces officielles (appartenance à la RIF, Front National). Certificat d’homologation comme Déporté Résistant (N° 1013 31203). Validation comme adjudant.
- Ses témoignages sur Voves, Auschwitz, Leitmeritz.
- Correspondance avec Roger Arnould (27/06/1982), Claudine Cardon-Hamet et Pierre Cardon.
- Notes prises au téléphone par Pierre Cardon au cours d’entretiens réguliers.
- Correspondance de René Aondetto et Auguste Montjauvis.
- La photo ci-contre a été prise par Pauline Montagne, lors d’un rassemblement des « 45 000 » à la fin des années 1980.
Notice biographique rédigée en octobre 2010, complétée en 2020, par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com