Omer Proust in © «Ivry fidèle à la classe ouvrière et à la France»
Omer Proust : né en 1903 à Dampierre-sous-Brou (Eure-et-Loir) ; domicilié à Ivry-sur-Seine (Seine / Val-de-Marne) ; maçon, contremaitre à la régie municipale d'Ivry, chauffeur poids lourds ;  communiste ; arrêté comme otage communiste le 28 avril 1942 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 19 septembre 1942

Omer Proust est né le 1er avril 1903 à Dampierre-sous-Brou (Eure-et-Loir).  Il habite au 181, route Stratégique selon sa fiche de police (renommée à la Libération rue Marcel Hartmann) à Ivry-sur-Seine (Seine / Val-de-Marne) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie, Félicité Lesèque, 25 ans, sans profession et d’Emile, Théodore Proust, 32 ans, né le 24 mars 1871, maçon, son époux. Ses parents habitent au hameau du Chemin à Dampierre-sous-Brou. Il est issue d’une fratrie de six enfants, dont Olivier, Olga et Opta.
Omer Proust est membre du Parti communiste. Au moment de son mariage, il est contremaître de chantier.
Il épouse Georgette, Marie Hallier le 29 septembre 1930 à Rambouillet. Elle est née le 22 novembre 1906 à Bréançon (Seine-et-Oise – elle décède en 1992). Le couple aura dix enfants : Yvonne née en 1930, Huguette née en 1931, Guy né en 1933, Denise née en 1934, Claude né en 1935, Bernard né en 1936, Claudine née en 1937, Daniel né en 1940, tous à Rambouillet, et Simone en 1941 et Christiane en 1942 qui naissent à Ivry.

En 1931, ils habitent au 8, route de Penthièvre à Rambouillet (cote 721/1506). Omer Proust est alors cimentier chez Desay. Un des frères d’Omer, Opta, né en 1905 à Dampierre habite avec eux. Il est fumiste chez Fratelezi. La famille habite d’abord Rambouillet (sans doute jusqu’en 1940, si on
tient compte des lieux de naissance des huit premiers enfants), puis vient habiter Ivry.
D’abord maçon, Omer Proust travaille ensuite comme contremaître de chantier à la régie municipale. Sa fiche des archives des Anciens Combattants indique qu’il est chauffeur de poids lourds au moment de son arrestation, ce qui signifie peut-être qu’il a été révoqué par la Délégation spéciale installée par la Préfecture après la suspension du mandat des élus communistes (le 4 octobre 1939), comme elle l’a fait pour plusieurs employés municipaux communistes. Son épouse témoigne qu’Omer Proust faisait partie d’un «groupe de trois» du Parti communiste clandestin (les « triangles »).

Le 14 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants. Fin juin, le fort d’Ivry est occupé par l’armée allemande, la Maison de santé et de nombreux logements sont réquisitionnés. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Une fiche de police établie à son nom par le commissariat d’Ivry, porte une croix rouge signifiant «militant fervent». Lire l’article Le rôle de la police française dans les arrestations des «45000» d’Ivry.

Omer Proust est arrêté comme otage communiste le 28 avril 1942 par la police allemande, aidée de la police française, lors d’une rafle qui touche l’ensemble du département de la Seine, à la suite d’une série d’attentats à Paris (le 20 avril un soldat de première classe est abattu au métro Molitor, deux soldats dans un autobus parisien, le 22 avril un militaire est blessé à Malakoff). Les autorités d’occupation ordonnent l’exécution d’otages et procèdent à cette rafle (387 arrestations) qui touche pour l’essentiel des militants arrêtés une première fois par la police française pour activité communiste depuis l’interdiction du Parti communiste (26 septembre 1939)et libérés à l’expiration de leur peine et qui sont à cette date vraisemblablement
destinés à la déportation. Une mention sur la fiche d’Omer Proust aux archives des AC indique « tracts communistes ». Peut-être est-la trace d’une première
arrestation par la police française pour distribution de tracts communistes ?
Omer Proust est arrêté en même temps que Raymond et Robert Blais, François Le Bris et Pierre Raunier, tous d’Ivry. Ils sont conduits ce même 28 avril 1942, au camp de détention au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122).
Lire dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne .
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». Le 6 juillet, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.

Depuis le camp de Compiègne, Omer Proust est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

L’entrée du camp d’Auschwitz

Son numéro d’immatriculation à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 est inconnu.

Le numéro « 46019 ? » figurant dans mes deux premiers ouvrages sur le convoi du 6 juillet 1942 correspondait à une tentative de reconstitution de la liste du convoi par matricules. Ce numéro, quoique plausible, ne saurait être considéré comme sûr en raison de l’existence de quatre listes alphabétiques successives, de la persistance de lacunes pour plus d’une dizaine de noms et d’incertitudes sur plusieurs centaines de numéros
matricules. Il ne figure plus dans mon ouvrage «Triangles rouges à Auschwitz».

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.

Omer Proust meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz et destiné à l’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 968). Ce certificat porte comme cause du décès «Schwaches Herz» (faiblesse cardiaque). Grâce au témoignage d’une des anciennes détenues travaillant au camp pour l’état civil d’Auschwitz on sait que cette mention est
fictive : les détenus avaient ordre d’indiquer une cause naturelle choisie au hasard sur une liste de maladies. Il convient de souligner que cent quarante-huit «45000» ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18, 19 ou 20 septembre 1942, ainsi qu’un nombre important d’autres détenus du camp été enregistrés à ces mêmes dates. D’après les témoignages des rescapés, ils ont tous été gazés à la suite d’une vaste «sélection»
interne des «inaptes au travail», opérée dans les Blocks.

La mention «Mort en déportation» est apposée sur son acte de décès (arrêté du 10 décembre 1997 paru au Journal Officiel n° 191 du 18 avril 1988). Cet arrêté porte la date inexacte du 15  septembre 1942 : il serait souhaitable que le ministère prenne désormais en compte par un nouvel arrêté la date portée sur son certificat de décès de l’état civil de la municipalité d’Auschwitz, accessible depuis 1995 (Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau).
Omer Proust est homologué «Déporté politique». Son nom figure sur le «livre d’or» informatique  de Genweb, à partir d’une liste de «Déportés, internés, fusillés et morts aux combats» fournie par les archives de la mairie.

Sources

  • Archives municipales d’Ivry (1988 et 1992), Mme Michèle Rault, conservatrice.
  • Archives en ligne d’Eure-et-Loir et des Yvelines.
  • Témoignage de Georgette Proust, de Bulcy / Mesvres sur Loire (témoignage n°8 / fiche Roger Arnould).
  • © «Ivry fidèle à la classe ouvrière et à la France» page 110, supplément au «Travailleur d’Ivry» N°1319. Brochure, 120 pages, Ivry, 1977.
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès destinés à l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère dela Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
  • Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Archives de Caen du ministère de la Défense). « Liste communiquée par M. Van de Laar, mission néerlandaise de Recherche à Paris le 29.6.1948« , établie à partir des déclarations de décès du camp d’Auschwitz. Liste Auch 1/7. Liste S N° 280.
  • © Site Internet «Mémorial-GenWeb».
  • © Site Internet «Légifrance.gouv.fr»
  • Service des Archives municipales, esplanade Georges Marrane.
  • © Fiches de police des commissariats d’Ivry et Vitry. Musée de la Résistance Nationale, Champigny, mes remerciements à Céline Heyten.

Notice biographique rédigée en 2003, installé en 2012 mise à jour en 2015, 2020 et 2022, par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées du site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique. Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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