Matricule 45 727 à Auschwitz   Rescapé

Pèlerinage à Auschwitz 1992, ©  Claudine Cardon-Hamet
Fiche et visa de l’armée américaine (5 octobre 1945)
Marceau Lannoy : né en 1922 à Auchel (Pas-de-Calais) ; domicilié à Aubervilliers (Seine) ; ajusteur ; communiste ; arrêté le 10 janvier 1941 ; interné à la Santé, Fresnes, Rouillé , Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, Sachsenhausen, Treibnitz ; rescapé ; décédé le 8 août 2008.

Marceau Lannoy est né le 16 août 1922 à Auchel (Pas-de-Calais).
Il habite au 225, boulevard Jean Jaurès à Aubervilliers (Seine / Seine-Saint-Denis) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Léone, Marie Roseline Cordonnier, 18 ans et de Marceau Lannoy, 19 ans son époux, mineur, né le 12 juin 1902 à Liévin (Pas-de-Calais). Ses parents se sont mariés à Calonne-Ricouart.
Marceau Lannoy a deux frère et sœur cadets : Jules, né en 1924, et Hélène, née en 1933.
Dans les années 1930 la famille vient s’installer à Aubervilliers.
Leur père travaille chez Billard, et leur mère chez Hunt et Palmers, à La Courneuve. Après avoir obtenu son certificat d’études primaires, Marceau Lannoy poursuit ses études au cours complémentaire. En 1937 la famille s’installe au 225, boulevard Jean Jaurès à Aubervilliers au moment de son arrestation.
Marceau Lannoy étudie la photographie. Amateur de football, il fait partie de l’U.S.O.A. club affilié à la FSGT. Le siège du club se trouve dans un local syndical, à côté de la mairie d’Aubervilliers. En 1937, des jeunes de son équipe, adhérents des Jeunesses communistes, convainquent Marceau Lannoy d’adhérer. En 1939, il devient secrétaire des Jeunesses communistes d’Aubervilliers dont le siège est situé rue du Landy.
Il est célibataire et habite au 225, boulevard Jean Jaurès à Aubervilliers au moment de son arrestation.

Le jeudi 13 juin 1940, la Wehrmacht occupe Aubervilliers. Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes défilent sur les Champs-Élysées. Le 10 juillet 1940 Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ».

Pendant l’Occupation, Marceau Lannoy agit dans la clandestinité : détenteur d’une ronéo, il est responsable de la distribution de tracts. A la suite de l’arrestation de son père (1) il entre comme ajusteur à la Manufacture d’Estampage du Nord-Est à Pantin, « l’usine fabriquait déjà des obus à Mézières en 1914 ». Il y travaille à la fabrication de maillons de chenilles pour les chars d’assaut. Au moment de l’invasion allemande, l’entreprise annonce qu’elle va être repliée sur Toulouse et demande au personnel de s’y rendre. Mais une fois à Toulouse, Marceau Lannoy ne voit rien arriver et  au bout de deux mois, il revient à Aubervilliers.

Le 10 janvier 1941, les hommes du commissaire Betsen (2) d’Aubervilliers arrêtent Marceau Lannoy à son domicile. Il se souvient que la même semaine ont été arrêtés une dizaine de « JC » du secteur : Lilianne Landreau, Robert Hours (18 ans, déporté à Sachsenhausen, libéré le 23 avril 1945), Raymond Rivoal (déporté à Auschwitz), Robert Rocol, Robert Ferrero, Gambier et Cousin.  

Registre de la BS en date du 10 janvier 1941

Le registre journalier de la Brigade spéciale fait mention de 6 envois au dépôt le 10 janvier : Marceau Lannoy, Robert Rocol, Lilianne Landreau, Louis Ferrero et Raymond Rivoal.

La mention au crayon bleu « collaboration Pantin », signifie que l’arrestation a été effectuée sous les ordres de l’inspecteur « Th. » et du commissariat de Pantin.

Au commissariat de Pantin, il est passé à tabac et a un doigt cassé dans une fenêtre. Il est inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939. Il est emprisonné le 10 janvier à la Santé (9° division, cellule 56), en compagnie de 3 inculpés de droit commun, jusqu’au 9 novembre. Puis il est transféré à Fresnes jusqu’au 27 février 1941. Il est inculpé pour « détention de matériel d’imprimerie et reconstitution de ligue dissoute ». Il comparaît le 19 juin 1941 devant la 16ème Chambre correctionnelle de Paris, qui le condamne à 18 mois de prison et 200 F d’amende.

Camp de Rouillé ©  VRID

Le 10 octobre 1941 en application du décret du 18 novembre 1939 (3), sur décision du préfet de la Seine Charles Paul Magny, il est interné au camp de Rouillé (4) avec un groupe de 57 autres militants communistes parisiens. Avec Georges Guinchan, il y apprend ses premiers rudiments d’allemand donnés par des internés. « Roger Pélissou connaissait bien l’allemand » dit-il. Il se souvient aussi qu’il y avait des activités – théâtre et de la danse.

Début mai 1942, les autorités allemandes adressent au directeur du camp de Rouillé une liste de 187 internés devant être transférés au camp allemand de Compiègne (Frontstallag 122). Le nom de Marceau Lannoy (n°108) y figure. C’est avec un groupe d’environ 160 internés (5) qu’il arrive à Compiègne le 22 mai 1942. La plupart d’entre eux seront déportés à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet.

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, Marceau Lannoy est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante trois « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941. Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45157 » et « 46326 », d’où le nom de « convoi des 45000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité. Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau

Dessin de Franz Reisz, 1946

Il est enregistré à leur arrivée à Auschwitz le 8 juillet1942 (11 heures du matin) sous le numéro «45 727».
Ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard.

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi les 522 que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Le 13 juillet : « Nous sommes interrogés sur nos professions. Les spécialistes dont ils ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et s’en retournent à Auschwitz I, ils sont approximativement la moitié de ceux qui restaient de notre convoi (…) » (Pierre Monjault).

Kommando La forge

Marceau Lannoy qui est ajusteur, apprend que les hivers de Haute-Silésie sont très rudes, et se déclare forgeron.
Il est affecté au camp principal d’Auschwitz, au block 16 A et  se retrouve au Kommando de la Forge (Schmiederei), avec Ferdinand Bigaré, Raymond Boudou, Eugène Charles, Gabriel Lacassagne, Victor Louarn et Jules Le Troadec. Marceau Lannoy se souvient que Jules Le Troadec est sauvé de la sélection par le Kapo, Franz, qui apprécie son travail.
A la forge où tout le monde parle le polonais, Marceau Lannoy apprend rapidement des rudiments de cette langue avec Kowalski, un professeur de français de Varsovie : « Les intellectuels polonais étaient nombreux au camp. Beaucoup étaient francophiles et nous ont souvent utilement conseillés ». C’est ainsi qu’il apprend qu’à la forge « il y avait des Polonais qui faisaient de la résistance ».
Les déportés qui travaillent à la forge peuvent utiliser du charbon de bois pour lutter contre la dysenterie. « Eugène Charles m’a dit de mâcher du charbon. J’en ai consommé la valeur d’une bûche entière. Ma dysenterie a été arrêtée net ».
Pour survivre, il « organise » (dérobe aux SS)  tout ce qu’il peut trouver. « Une fois j’ai ramené du porc. Le Kapo, Franz, s’en est aperçu. J’ai écopé de 25 coups de bâton ». Il se souvient aussi avoir volé des pommes de terre dans un entrepôt voisin de la forge avec Roger Pélissou et Robert Lambotte, qui était à la Schlosserei (serrurerie, travail des métaux).
Dans l’incertitude sur le sort de leurs familles, leur souvenir démoralisait et rendait plus vulnérables les déportés.
Marceau Lannoy considère que le fait d’être célibataire a favorisé sa survie. Il a eu, dit-il, durant toute sa déportation « un moral en acier inoxydable« . Il aide à ferrer les chevaux : « mon travail consistait à tenir les jambes des chevaux pour qu’on leur mette les fers. Je
travaillais avec Eugène Charles qui était un bon forgeron. Les chevaux servaient à tirer les carrioles, mais aussi aux loisirs des SS
».

A la suite d’un accident causé par un cheval, il est affecté à un Kommando qui va chaque jour travailler à Birkenau, à la récupération des pièces d’avions allemands abattus. Comme ce Kommando effectue un travail de force, il reçoit deux fois par mois une « Zulage » (augmentation), une ration supplémentaire de nourriture « du pain et une rondelle de saucisson ». Au bout de cinq à six mois, les Français survivants se retrouvent au pied du
Block 18, « le Bock de ceux qui travaillent à la DAW, menuiserie ».

Lettre d’Auschwitz

En application d’une directive datée du 21 juin 1943 accordant aux détenus français des KL la possibilité de correspondre avec leur famille et de recevoir des colis renfermant des vivres, il reçoit le 4 juillet 1943, comme les autres détenus politiques français d’Auschwitz, l’autorisation d’échanger des lettres avec sa famille – rédigées en allemand et soumises à la censure – et de recevoir des colis contenant des aliments. « Les nouvelles qu’on recevait prouvaient que les membres de nos familles étaient vivants. Ça nous rassurait. Nous on écrivait qu’on était en bonne santé pour les rassurer, et puis écrire nous redonnait notre dignité d’hommes. Les colis n’étaient jamais intacts, car fouillés, et ils suscitaient beaucoup de jalousie de la part des Polonais ».

 

Entre le 14 août 1943 et le 12 décembre 1943, il est en quarantaine au Block 11 avec la quasi totalité des Français survivants.
Lire l’article du
site « les 45000 au block 11
.  Pendant cette quarantaine il écrit à ses sœurs, son frère et son père.
Le 12 décembre, les Français quittent le Block 11 et retournent dans leurs anciens Kommandos. Après la quarantaine, il est désigné pour Birkenau au Block 7 et le kommando Terrasse.
Courant avril 1944, Marceau Lannoy avec Francis Joly, Albert Rossé et Daniel Nagliouk est affecté à Birkenau au Block 10.
Ils travaillent au kommando chargé de démonter et récupérer les pièces d’avions abattus, allemands et russes.

Dès 1944, devant l'avancée des armées soviétiques, les SS commencent à ramener vers le centre de l’Allemagne les déportés des camps à l’Est du Reich, dont Auschwitz. Les premiers transferts de "45.000" ont lieu en février 1944 et ne concernent que six d’entre eux. Quatre-vingt-neuf autres "45 000" sont transférés au cours de l'été 1944, dans trois camps situés plus à l'Ouest - Flossenbürg, Sachsenhausen, Gross-Rosen - en trois groupes, composés initialement de trente "45 000" sur la base de leurs numéros matricules à Auschwitz.  Une trentaine de "45 000" restent à Auschwitz jusqu'en janvier 1945.  Lire dans le site : "les itinéraires suivis par les survivants".

Le 28 août 1944, il est transféré avec 29 autres « 45 000 » à Sachsenhausen. En février 1945 une partie d’entre eux sont ensuite affectés à d’autres camps. Marceau Lannoy, Maurice Le Gal et Charles Lelandais sont affectés au Kommando Heinkel (usine d’aviation qui dépend de Sachsenhausen).
Ils s’efforcent de saboter la production : « Je me souviens chez Heinkel du sabotage organisé. J’entends encore le bruit sec du rivet fendu dans toute sa longueur ».

Il est ensuite affecté avec Maurice Le Gal et Ferdinand Bigarré à Trebnitz (Trzebnica, Basse-Silésie), un petit Kommando situé en lisière d’une forêt, où les déportés travaillent à différents travaux de carrière et de construction. Il y a avec eux Maurice Paquin de Paris 14è (né le 16 mai 1921, il a été déporté à Sachsenhausen dans le convoi du 28 avril 1943, matricule 64 944. Il sera libéré le 22 avril 1945).
Marceau Lannoy est tabassé par un Kapo « droit commun » et a plusieurs dents cassées.

Fin avril le camp est évacué : commence une « Marche de la mort » (Todesmarsch) durant une semaine, en direction de Hambourg. Il se souvient surtout de Maurice Le Gal, de Caen, qui meurt pendant cette évacuation. Marceau Lannoy et Charles Lelandais sont libérés, le 6 mai 1945, par l’armée américaine dans la forêt de Schwerin.

Il est hébergé du 7 au 11 mai « chez l’habitant » écrit-il dans le questionnaire de 1987, puis dirigé sur Hambourg. Mais dans un témoignage ultérieur il a également parlé d’un court séjour dans un hôpital de campagne à Hambourg, puis d’un transfert en avion à Liège pour quelques jours et d’un retour sur Paris en B 24 au Bourget le 11 mai. Ces différences de témoignages s’expliquant évidemment par son amnésie de 1972.
C’est en tout cas à la date du 11 mai 1945 qu’il est rapatrié en avion jusqu’au Bourget, puis en car à l’hôtel Lutétia à Paris.
Dans un des documents de l’armée américaine, voir en début de cette notice (source centre Arolsen) signé par Adolf Swartz, le 5 octobre 1945, il semble bien avoir été un temps hébergé au centre hospitalier Bernhard R. (illisible) de Hambourg. Le visa de sortie lui est accordé le 9 mai 1945.

Lire Le retour en France de Pierre Monjault, le 12 juin 1945, dont les souvenirs sont assez voisins.

La santé de Marceau Lannoy est fragile : « Et pourtant, dit-il, j’étais un athlète avant la déportation ». Il retrouve un emploi de comptable.
Dès 1945, il est un membre actif de la FNDIRP. Fin 1970 et début 1972, il est victime d’un spasme vasculaire cérébral transitoire et devient totalement amnésique cinq mois durant, ayant perdu jusqu’à la notion de son identité. Petit à petit, il recouvre la mémoire grâce aux soins du docteur Ferdière.

Il se marie avec Claudine.  En 1972, il est membre du bureau de l’ADIRP de la Seine-Saint-Denis.

Quoique Marceau Lannoy ait été reconnu « Déporté politique », « sa pension de déporté est insuffisante et sa santé chancelante » (Roger Arnould).
L’homologation comme « Déporté résistant » lui est refusée à 2 reprises, malgré un certificat de la RIF (il est homologué comme sergent dans la Résistance intérieure française) et une attestation du réseau Front National.
Il est titulaire de la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance (n° 05638) délivrée le 17 août 1976.

Marceau Lannoy meurt le 8 août 2008 à Chinon.
Il s’était retiré pour sa retraite à Saint-Germain-sur-Vienne (37 500 Chinon) où il avait continué de militer dans les associations de mémoire. Le 30 août suivant, lors de la cérémonie commémorant la Libération de la ville, hommage lui est rendu par le maire.

  • Note 1 : Marceau Lannoy père est arrêté le 5 octobre 1940, par la police française dans le cadre de la grande rafle organisée, avec l’accord de l’occupant, par le gouvernement de Pétain à l’encontre des principaux responsables communistes d’avant-guerre de la Seine (élus, cadres du Parti et de la CGT). Il est interné avec ses camarades, au camp de «Séjour surveillé» d’Aincourt, en Seine-et-Oise (aujourd’hui dans le Val d’Oise), ouvert spécialement, en octobre 1940 pour y enfermer les communistes arrêtés (lire dans le site : Le camp d’Aincourt). Il en est  libéré le 21 juin 1941.

    Auschwitz 1992  avec David Badache ©  Claudine Cardon-Hamet
  • Note 2 : « Ces policiers appartenaient à ce que l’on appelait alors à
    Compiègne 1992

    Aubervilliers « la brigade politique ». Cette brigade placée sous le commandement du commissaire Georges Betchen groupait 12
    membres. Cet effectif doit être rapporté à celui du commissariat qui s’élevait à 225 hommes, ce qui est très important, mais il faut le rappeler le commissariat couvrait les territoires d’Aubervilliers, de La Courneuve et du Bourget. Statistiques de la « brigade politique » du commissariat
    d’Aubervilliers pour la période octobre 1940-décembre 1941 : 18 personnes inculpées pour propagande gaulliste, 22 pour reconstitution du Parti communiste ; 81 pour propagande communiste ; 1334 arrestations de suspects ; 465 visites domiciliaires ; 44 arrestations en vue d’internement administratif ; constitution d’un fichier de 2139 personnes avec 124 photographies ; constitution d’un fichier d’israélites »
    . In © Blog du PCF d’Aubervilliers, 24 octobre 2010.

  • Note 3 : Le décret du 18 novembre 1939 donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité
    publique. Classée «secret», la circulaire n° 12 du 14 décembre 1939, signée Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, fixe les conditions d’application du décret du 18 novembre 1939 qui donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, des «individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique». Lire l’article très documenté et illustré sur le blog de Jacky Tronel (Histoire pénitentiaire et justice militaire) : Circulaire d’application du décret-loi du 18 novembre 1939.
  • Note 4 : Le camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) est ouvert le 6 septembre 1941, sous la dénomination de «centre de séjour surveillé», pour recevoir 150 internés politiques venant de la région parisienne, c’est-à-dire membres du Parti Communiste dissous et maintenus au camp d’Aincourt depuis le 5 octobre 1940. D’autres venant de prisons diverses et du camp des Tourelles. Il a été fermé en juin 1944. In site de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé
  • Note 5 : Dix-neuf internés de cette liste de 187 noms ont été soit libérés, soit transférés dans d’autres camps, ou sont hospitalisés. Trois se sont évadés. Cinq d’entre eux ont été fusillés.

Sources


  • A Auschwitz en 1992

    Questionnaire biographique (contribution à l’histoire de la déportation du convoi du 6 juillet 1942), envoyé aux mairies, associations et familles au début de mes recherches, en 1987, rempli par Marceau Lannoy en 1987, lors d’un pèlerinage à Auschwitz. Marceau fournit des documents personnels (lettres, attestations) et des témoignages à Roger Arnould, dès mars 1972. Il avait participé avec lui à la réception d’une délégation venue de RDA.  

  • Notes et entretiens avec Marceau Lannoy, recueillis par Claudine Cardon-Hamet lors de pèlerinages à Cracovie en  mai 1987, à Auschwitz en juillet 1992.
  • © Todesmarsh, Hannah Wydevenat.
  • Photos de Marceau Lannoy à Auschwitz 1992 ©  Claudine Cardon-Hamet
  • Archives de la Préfecture de police de Paris, dossiers Brigade spéciale des Renseignements généraux, registres journaliers.
  • Centre Arolsen (Archives Arolsen (en anglais International Tracing Service – ITS) : centre de documentation, d’information et de recherche sur la persécution national-socialiste, le travail forcé et la Shoah siégeant dans la ville de Bad Arolsen (Hesse-Allemagne).

Notice biographique installée en juillet 2012, complétée en 2017 et 2022 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com.

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