Matricule « 46 023 » à Auschwitz
Jean Prugnot : né en 1888 à Dornes (Nièvre) ; domicilié à Limeil-Brévannes (Seine-et-Oise / Val-de-Marne) ; agent hospitalier ; conseiller municipal communiste ; arrêté le 20 octobre 1940 ; interné aux camps d’Aincourt et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 31 octobre 1942.
Jean-Marie (dit Jean) Prugnot est né le 19 août 1888 à Dornes (Nièvre) où son père est facteur.
Il habite 10 bis, avenue de Bonneuil à Limeil- Brévannes (Seine-et-Oise / Val-de-Marne) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie Chamoux, née le 14 novembre 1853 à Dornes et de François Prugnot, né le 9 octobre 1850 à Fleury-sous-Loire (Nièvre), domestique, son époux. Ses parents se sont mariés à Dornes, le 22 août 1876.
Jean Prugnot a 7 frères (Charles, Etienne, Claude, Jean-Baptiste, François, Jacques né en 1887, ses aînés et Jacques son cadet né en 1891).
Il travaille très jeune comme domestique de ferme. En 1906, à 18 ans, il travaille toujours comme domestique de ferme, chez les époux Marchand, à Aubigny, dans la Nièvre.
De la classe 1908, il est appelé au service militaire en 1909 et incorporé au 134è Régiment d’Infanterie caserné à Mâcon le 6 octobre 1909 avec le matricule « 1213 ». Il est libéré du service militaire le 24 septembre 1911, après avoir obtenu le « certificat de bonne conduite », important pour un futur emploi dans la Fonction publique. I
l se « retire » à Limeil-Brévannes au 7, route de Sucyon.
En 1912, il est domicilié à Paris 12è, 184, rue du Faubourg Saint-Antoine.
On sait par son registre matricule militaire qu’il mesure 1m 63, a les yeux et sourcils marrons, les cheveux bruns, le front ouvert et le nez rectiligne. Il a un niveau d’instruction classé n° 3 (« possède une instruction primaire développée »).
Le 21 octobre 1912, Jean Prugnot est logé au 184, faubourg Saint-Antoine (Paris 12è), à l’Hôpital Saint-Antoine, où il travaille comme infirmier.
Jean Prugnot est mobilisé le 8 juillet 1914 (décret du 1er août) au 134è Régiment d’Infanterie. Il est très tôt « aux armées » : le 5 août 1914 son régiment est engagé en Lorraine (bataille de Sarrebourg, de Langatte et de Rozelieures).
En 1915 et 1916 il est brancardier à la 10è Compagnie. Son régiment est alors engagé au sud de Saint-Mihiel, puis en Champagne (1916-1917). Il « passe » à la Compagnie de mitrailleuses le 15 novembre 1917. En 1918 cette compagnie est engagée en Champagne et dans l’Oise. Il reste dans la « zone des armées » après l’armistice, jusqu’au 28 mars 1919. Il est alors démobilisé le 29 mars à Ivry. Versé dans la Réserve (134èmeRI à Mâcon, puis au 13è RI, puis au 21è colonial).
Jean Prugnot a reçu la Croix de guerre pour ses états de service.
Le 8 mai 1919, il a un logement de fonction à l’Hospice de Limeil-Brévannes (qui portera le nom du Docteur Emile Roux à partir de 1950) où il est employé.
Il y fait la connaissance d’une infirmière, Anaïs Laveran.
Le 19 juillet 1919 à Simorre (Gers), il épouse Francine, Anaïs Laveran, née le 29 octobre 1890 à Simorre.
Elle est, comme lui, agent hospitalière (infirmière, puis surveillante), voir sa notice biographique en note 1.
Le couple aura deux enfants : Emmanuel (2) qui naît le 2 février 1924 et Éliane qui naît le 8 février 1928.
D’abord logés à l’hospice jusqu’en 1924, les époux Prugnot vont côtoyer dans cet « important foyer d’activité communiste » (Le Maitron), Angèle Le Hen, infirmière, militante communiste, dont le mari Pierre est un des dirigeants de la section communiste de Limeil, ainsi que Marie Le Naourès, infirmière et Henri Métais, agent hospitalier (3).
Le couple Prugnot s’installe dès la naissance d’Emmanuel au 10 bis, avenue de Bonneuil à Limeil, dans un pavillon dont il va devenir propriétaire (3).
Jean et Anaïs Prugnot sont des « Militants engagés, ils adhèrent très tôt à France-URSS » (4), puis adhèrent au Parti communiste.
Le 29 octobre 1931 les services de l’armée enregistrent l’adresse du 10 bis, avenue de Bonneuil comme lieu d’habitation du réserviste (il sera définitivement radié des cadres de la réserve le 16 octobre 1937).
Jean Prugnot est secrétaire-adjoint de la cellule « Maxime Gorki ». Il est élu au Comité de Section du Parti communiste de Limeil-Brévannes.
Il est présenté par le Parti communiste aux élections municipales de 1935, sur la liste dirigée par Marius Dantz. Il est élu simple conseiller municipal (2) le 12 mai 1935.
Agé de 52 ans au moment de son arrestation, Jean Prugnot est retraité de l’Assistance Publique selon Le Maitron.
Après la dissolution du Parti communiste, le couple Prugnot, Marie Le Naourès, Henri Métais et le couple Le Hen restent en contact militant avec le maire, Marius Dantz et Armand Fresnau. Le Conseil de Préfecture dissout le conseil municipal le 4 octobre 1939, et le remplace par une délégation présidée par François Decoux, qui sera nommé maire par Vichy.
L’ancien maire élu, Marius Dantz, Jean Prugnot et Henri Métais sont déchus de leur mandat électif fin février 1940.
Le 14 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Avec l’Occupation allemande, la police de Vichy surveille les anciens élus communistes. Jean Prugnot est ainsi « signalé à plusieurs reprises au cours de ces derniers mois pour sa propagande en faveur du parti dissous ».
Il est convoqué au commissariat de la circonscription (Villeneuve-Saint-Georges) le 20 octobre 1940. Le commissaire de police lui enjoint « de s’abstenir de toute activité politique », précisant « qu’en cas de jet ou d’affichage de tracts sur le territoire de sa résidence, il sera immédiatement considéré comme responsable et appréhendé », conformément à l’arrêté préfectoral du 19 octobre 1940. Les 19 et 20 octobre 1940, les Préfets de Seine et de Seine-et-Oise ont en effet publié un arrêté qui stipule que « toute découverte de tracts sur le territoire d’une commune entraînera l’internement immédiat d’un ou plusieurs militants communistes résidant sur son territoire »). Vichy entend ainsi faire pression sur les militants communistes connus ou anciens élus pour faire cesser la propagande clandestine.
Le 20 novembre 1940, des tracts sont distribués à Limeil-Brévannes. Jean Prugnot est aussitôt arrêté à son domicile par des policiers français (sur dénonciation, est-il écrit dans la brochure de Limeil-Brévannes. On sait que l’arrestation est la conséquence du décret du Préfet Marc Chevallier, mais l’attention de la police a pu néanmoins être attirée sur les militant.e.s. de l’hospice à la suite de dénonciations).
Jean Prugnot est conduit au commissariat de Villeneuve-Saint-Georges.
Le 26 novembre, le préfet de Seine-et-Oise ordonne son internement administratif au Centre de « Séjour surveillé » d’Aincourt ouvert spécialement, le 5 octobre 1940, par le gouvernement de Vichy pour y enfermer les communistes arrêtés.
Lire dans le site Le camp d’Aincourt.
Jean Prugnot y retrouve Pierre Le Hen et Henri Métais, arrêtés les 13 et 14 octobre.
Le 2 février 1941, sa fille et son épouse ont reçu une autorisation de visite.
Anaïs Prugnot lui écrit plusieurs fois par semaine et lui adresse des colis. Elle sollicite une nouvelle autorisation de visite le 28 mars. Celle-ci est accordée.
Le 10 juin 1941, Anaïs Prugnot et sa fille Éliane voient leur mari et père.
Le 27 juin 1941, il fait partie des quatre-vingt-huit internés d’Aincourt qui sont transférés au camp allemand de Compiègne (mémoire de maîtrise d’Emilie Bouin) à la demande des autorités allemandes. Ils ont été désignés par le directeur du camp avec l’aval du préfet de Seine-et-Oise. Ce transfert intervient peu après la grande rafle concernant les milieux syndicaux et communistes. En effet, à partir du 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, les Allemands arrêtent plus de mille communistes avec l’aide de la police française (nom de code de l’opération : «Aktion Theoderich»). D’abord amenés à l’Hôtel Matignon (un lieu d’incarcération contrôlé par le régime de Vichy) ils sont envoyés au Fort de Romainville, où ils sont remis aux autorités allemandes. Ils passent la nuit dans des casemates du fort transformées en cachots. Et à partir du 27 juin ils
sont transférés vers le camp allemand de Compiègne (le Frontstalag 122), via la gare du Bourget dans des wagons gardés par des hommes en armes.
Jean Prugnot est enregistré au Frontstalag 122 sous le matricule « 864 ». Il est affecté à la baraque A6, puis à l’une des baraques (C2, C3, C6, C7), qui abritent les internés français.
Les nouveaux internés n’ont pas le droit d’écrire avant un mois, ni de recevoir des colis. Or le contenu de ces colis est indispensable pour compléter la maigre nourriture du camp. La solidarité envers les plus démunis, entre camarades, est une des données fondamentales de la culture communiste et des pratiques du monde ouvrier d’avant-guerre.
A Compiègne il participe aux actions collectives organisées par la Résistance du camp pour maintenir le moral des internés et venir en aide aux plus démunis. Sur la vie au camp de Royallieu lire dans ce site La solidarité au camp allemand de Compiègne. Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne et 22 juin 1942 : évasion de 19 internés . Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». Le 6 juillet, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.
Depuis le camp de Compiègne, Jean Prugnot est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Jean Prugnot est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «46 023» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation (5) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Jean Prugnot meurt à Auschwitz le 31 octobre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 964 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique), sous le prénom de Jean.
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois
Un arrêté ministériel du 10 décembre 1997 paru au Journal Officiel du 18 avril 1998 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès. Mais il comporte une date imprécise : « décédé en octobre 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable que le Ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 et consultable sur le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau.
Lire dans le site l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français) Les dates de décès des « 45000 » à Auschwitz.
Jean Prugnot est déclaré « Mort pour la France » et homologué « Déporté politique ».
A la Libération, sa femme est désignée pour le représenter au Conseil Municipal en attendant son retour : élue en 1945, elle assumera ces fonctions jusqu’en 1953 (1).
L’ancienne rue de Bonneuil est rebaptisée par le conseil municipal « rue Jean Prugnot » le 23 juillet 1946 pour honorer son nom. Cette rue où ils habitaient arrive face à l’actuel hôpital Emile Roux (ancien hospice) où les époux Prugnot travaillaient.
Une nouvelle plaque avec photo fut inaugurée en 2012.
Son nom est honoré sur plusieurs plaques commémoratives sur les monuments de la ville et à l’hôpital Emile Roux.
- Note 1 : Née le 29 octobre 1890 à Simorre (Gers), fille d’un cultivateur, Francine, Anaïs Prugnot resta à Limeil après l’arrestation de son mari, à la fois à cause de la santé fragile
d’Eliane, mais également pour aider leur fils engagé dans la Résistance. Anaïs Prugnot, fut membre du conseil municipal provisoire de Limeil-Brévannes en 1944. Tête de liste, elle fut élue conseillère municipale à l’issue du scrutin du 29 avril 1945, sur la liste d’Unité républicaine, antifasciste, sous l’étiquette de l’Union des femmes françaises (UFF). Réélue le 19 octobre 1947, elle siégea au conseil municipal jusqu’en 1953. Le maire était Marius Dantz. Elle est décédée le 27 décembre 1973 à Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne). D’après Le Maitron et « Limeil Brévannes, son histoire ».
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Note 2 : Le 9 avril 1941 Emmanuel Prugnot âgé de 17 ans, étudiant, est arrêté chez lui par les policiers français des commissariats de Boissy-Saint-Léger et Villeneuve-Saint-Georges pour distribution de tracts, détention d’affiches et de journaux. Interné à la prison de Saint-Pierre à Versailles à la demande du tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 758 à Saint-Cloud qui le condamne à deux mois d’emprisonnement. À la mi-mai, Emmanuel Prugnot est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes, d’où il est libéré le 14 juin 1941 à l’expiration de sa peine. Il trouve alors du travail comme employé de banque. Le 15 juillet 1941, la police française l’arrête à nouveau pour les mêmes motifs. Détenu dans les prisons de Fresnes puis de Corbeil, il est astreint à résidence par le préfet, le 4 août 1941. À nouveau arrêté le 25 septembre 1942, interné au camp de Pithiviers, il est libéré le 9 juin 1943, astreint à résidence. Réfractaire au STO, il rejoint en juillet 1944 les maquis FTPF en Mayenne (maquis de Brain). Son unité participe à la libération de la Mayenne et de l’Ille-et-Vilaine (région militaire M). Avec la 1ère compagnie de Mayenne, il combat sur le front de Lorient en qualité de lieutenant FFI, responsable des effectifs et du recrutement. En avril 1945, Emmanuel Prugnot était membre de la section de Créteil du Groupement des réfractaires et maquisards, tout en habitant avenue de Bonneuil à Brévannes. Il vécut et se maria à Limeil-Brévannes et fut membre de la FNDIRP. Il est décédé le 8 juin 2010 à Créteil (d’après le Maitron et « Limeil Brévannes, son histoire »).
- Note 3 : Marie Le Naourès, née en 1890 dans le Morbihan, Marie Le Nourès a exercé la profession d’infirmière à l’hôpital Émile Roux pendant 27 ans. Sympathisante du Parti Communiste Français, cette mère de deux enfants y milite très activement en vendant L’Humanité et en donnant des cours de syndicalisme à son domicile. Parallèlement, cette femme engagée avait adhéré en 1935 à la section brévannaise du Comité mondial des femmes contre la guerre, dissous en 1939. Arrêtée le 15 juillet 1942 pour détention de deux opuscules « en faveur du Bolchevisme », elle sera jugée et incarcérée pendant dix-huit mois à la prison pour femmes de Rennes. À la Libération, Marie revient à son domicile dans un grand état d’épuisement. Aussitôt hospitalisée dans l’établissement où elle avait travaillé, elle y décède le 13 juin 1945. Le 23 juillet 1946, le conseil municipal de Limeil-Brévannes rend hommage au courage de Marie Le Naourès en donnant son nom au rond-point situé devant l’entrée principale de l’hôpital. (Limeil Brévannes, son histoire, place Marie Le-Naourès, page 29).
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Angèle Le Hen, née le 3 mars 1894 à Saint-André-en Morvan (58). Infirmière, elle est très tôt engagée dans la Résistance, sous le nom de code de « Jeanne », elle est agent de liaison FTPF. Arrêtée le 3 juillet 1943, elle est torturée. Classée déportée « NN », elle est internée dans les prisons allemandes de Prüm, d’Aachen et à la forteresse de Breslau. Puis elle est déportée au camp de Ravensbrück le 15 novembre 1943. Libérée par la Croix Rouge le 9 avril 1945 à la frontière germano-suisse, elle meurt le 20 avril 1945 à l’hôpital de Musterlingen (Suisse).
- Son mari, Pierre Le Hen, né le 27 novembre 1894 à Inguiniel (56), ancien de 14/18, dirigeant de la section du PCF de Limeil, est arrêté le 13 octobre 1940. Interné aux camps d’Aincourt, de Châteaubriant et de Voves, il est déporté depuis le camp de Compiègne à Neungamme le 21 mai 1944. Il meurt au camp le 19 juin 1944. (Limeil Brévannes, son histoire, avenue Pierre et Angèle Le Hen, page 32).
- Henri Métais : Agent hospitalier à l’hospice (…), il fut élu conseiller municipal communiste, puis 4è adjoint lors d’une élection complémentaire en 1938. Déchu de son mandat en 1939, il fut interné le 14 octobre 1940 à Aincourt, puis transféré à Châteaubriant, Voves, Pithiviers et Laleu près de La Rochelle où il se trouvait encore en 1944. À la Libération, il revint à Limeil, fut réélu en 1945 conseiller municipal et premier adjoint. Il siégea jusqu’en 1953 au conseil municipal. Resté communiste jusqu’à la fin de sa vie, il fut un des animateurs de l’amicale des anciens de Châteaubriant-Voves (Le Maitron).
- On lira également la biographie de Marius Dantz dans Le Maitron accessible par internet.
- Note 4 : Limeil Brévannes, son histoire, rue Jean Prugnot, pages 24 et 25.
- Note 5 : 522 photos d’immatriculation des « 45 000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz–Birkenau. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après-guerre directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.
Sources
- Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre juin 1992.
- Mémoire de maîtrise d’Histoire sur Aincourt d’Emilie Bouin, juin 2003. Premier camp d’internement des communistes en zone occupée. Dir. C. Laporte. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / UFR des Sciences sociales et des Humanités.
- Archives de la police / BA 2374 Liste des 88 internés d’Aincourt (tous de l’ancien département de Seine-et-Oise) remis le 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation
- Archives du CSS d’Aincourt aux Archives départementales des Yvelines, cotes W.
- Listes incomplètes (N° 236 à 648 et 933 à 1359) du registre de Compiègne reconstitué après guerre, et recopiées par André Montagne, rescapé et Claudine Cardon-Hamet.
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
- Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Site Internet Legifrance.
- Archives de la Préfecture de police de Paris, cartons occupation allemande, Carnet B, BA 1774.
- Photo d’immatriculation à Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau / © collection André Montagne.
- © Le CSS d’Aincourt, in blog de Roger Colombier.
- © Google Street view.
- Montage photo du camp de Compiègne à partir des documents du Mémorial © Pierre Cardon.
Notice biographique rédigée en 2003, mise en ligne en 2012, complétée en 2015, 2019, 2020, 2022 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com