Matricule « 45 454 » à Auschwitz
Georges Denancé : né en 1891 à Laval (Mayenne) ; domicilié à Sevran (Seine / Seine-St-Denis) ; ajusteur ; cégétiste et communiste ; arrêté le 11 septembre 1941 ; interné aux camps d’Aincourt et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 19 septembre 1942.
Georges Denancé est né le 24 septembre 1891, rue de Bretagne à Laval (Mayenne).
Il habite au 96, rue de Bourgogne à Sevran (Seine / Seine-St-Denis) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Victoire Denancé, cultivatrice âgée de 32 ans, née le 27 novembre 1859 à Oisseau (Mayenne).
En 1912, il habite à Fougerolles-du-Plessis, canton de Landivy (Mayenne)..
Georges Denancé est mécanicien, ajusteur et tourneur.
Conscrit de la classe 1911, inscrit sous le n° 25 du canton de Landivy, il est incorporé le 8 octobre 1912 au 44è régiment d’artillerie.
Le livret individuel militaire le décrit « cheveux châtains, yeux marrons foncés, 1m 64, teint pâle, lèvres épaisses, oreilles écartées, sourcils drus, bouche petite, menton droit ». Il a un niveau d’instruction classé « 2 » (sait lire et écrire).
Soldat de deuxième classe, il est « réformé n°2 » le 7 mai 1914 par la commission spéciale du Mans pour « adénite cervicale tubéreuse suppurée et ouverte ».
Mais lors de la mobilisation générale qui suit la déclaration de guerre de l’Allemagne (3 août 1914), Georges Denancé est classé « service armé » par le conseil de révision de la Mayenne le 13 octobre 1914.
Il est mobilisé le 20 novembre 1914.
Après une courte période d’instruction, Georges Denancé est détaché (article 6 de la loi du 17 août 1915) du 17è Régiment d’artillerie à la Compagnie des Mines, fonderies et forges d’Alais (implantée dans les Cévennes, l’entreprise est spécialisée dans la production de produits sidérurgiques).
Ce détachement dure du 20 décembre 1914 au 20 décembre 1917.
En février 1917, Georges Denancé épouse Antonia Castanier, née le 2 septembre 1882 à Soller (Majorque). Il est muté à l’arsenal de Tarbes le 26 mars 1917 (étant détaché à l’Arsenal, il « passe » donc administrativement du 17è RAC au 14è Régiment d’artillerie le 1er juillet 1917).
Le couple Denancé-Castanier a un garçon, Georges (Antoine), qui naît le 12 mai 1918 à Tarbes (Hautes-Pyrénées). Georges Denancé père est « relevé d’usine » et « rentre au dépôt » le 23 mai 1918.
Le 24 mai 1918 Georges Denancé quitte l’Arsenal de Tarbes et est appelé « aux armées », « passé au 23è Régiment d’Infanterie », puis au « nouveau dépôt mobilisateur du 25è RAC de Châlons-sur Marne ». Il va y effectuer un « service armé » du 24 mai 1918 au 31 juillet 1919. Les batteries du régiment quittent les Vosges en juillet, viennent en appui du général Mangin à Villers-Cotterêts, participent à la bataille de Reims et des Flandres jusqu’à l’Armistice qui les trouvent le 11 novembre sur les bords de l’Escaut.
Georges Denancé est mis en « congé illimité de démobilisation » le 1er août 1919, avec un « certificat de bonne conduite accordé » et « se retire » alors à Cendras, aux portes d’Alès.
Le couple remonte vers l’Est de la France pour y chercher du travail. Le 7 septembre 1919, ils habitent à Prouilly, au nord de Reims.
Antonia Denancé décède le 11 juillet 1920 à l’hôpital de Nancy.
Le 13 octobre 1920, Georges Denancé déménage à Abainville (Meuse), non loin de Bar-le-Duc, et à 3 kilomètres de Gondrecourt-le-Château.
Il épouse en seconde noces, une couturière, Marie, Félicie Minette, à la mairie de Gondrecourt-le-Château, le 23 avril 1921 (elle décèdera le 19 mars 1944 au Raincy).
Georges Denancé travaille alors à l’usine André de Cousances-aux-Forges. Le 9 février 1922 le couple vient habiter rue Madame Robert à Cousances-aux-Forges, près de Bar-le-Duc.
Ils auront deux fils. L’aîné est Jean, Alfred (1) qui nait le 19 octobre 1922 à Cousances-aux-Forges. Le 28 novembre 1923, ils déménagent pour le 12 rue d’Hirson à Saint-Michel-en-Thierrache (Aisne), à 5 kilomètres de la frontière belge.
Leur deuxième garçon, Bernard, René (1) nait le 14 juin 1925 à Saint-Michel.
En 1927, ils habitent toujours route d’Hirson, mais Cité Nanquette.
La famille Denancé vient habiter la région parisienne et habite au 17, bis avenue de Turenne à Aulnay-sous-Bois (Seine / Seine-Saint-Denis). Il y travaille à la « Compagnie nationale des radiateurs ».
Georges Denancé vient habiter Sevran (Seine / Seine-Saint-Denis) le 16 février 1933 au 96, rue de Bourgogne.
Il y vit avec sa femme, sa belle-mère Justine Durand, son beau-frère Auguste Minette et ses trois enfants.
Il adhère au Parti communiste en 1936 (il en est membre jusqu’au 8 août 1939, selon l’interrogatoire de police).
Il est membre de la cellule d’entreprise de la « Compagnie nationale des radiateurs » à Aulnay.
Il participe aux grandes campagnes de la CGT : « démolir les taudis« . On le voit ci-après (en chapeau, à côté du drapeau) sur un camion lors d’une manifestation pour l’ouverture des « grands travaux » annoncés par le gouvernement Léon Blum.
Militant communiste et syndicaliste, il est particulièrement actif au syndicat selon ses fils.
Il est élu Conseiller municipal de Sevran sur la liste du Parti communiste menée par Gaston Bussière (2) aux élections complémentaires du 12 février 1939, suite au décès de Louis Fernet, maire communiste de Sevran depuis 1932.
Lors de la mobilisation générale de septembre 1939 il semble bien, à l’examen du livret matricule militaire de Georges Denancé qu’il n’est ni rappelé, ni classé « affecté spécial » : il a en effet été « rattaché » aux classes 1907, puis 1905 – non mobilisables – en application de l’article 58 de la loi du 1er avril 1923 (note 2).
Pendant la guerre Georges Denancé travaille pour la SNCASE à l’usine Citroën de Clichy, située rues Georges Boisseau et Madame de Sanzillon, usine qui travaille alors en sous-traitance de la fabrication de 300 avions commandés par l’Etat à la SNCASE (14, boulevard de l’Yser à Paris) dont les usines parisiennes sont implantées à Argenteuil et Villacoublay.
Georges Denancé est déchu de son mandat électif par le Conseil de Préfecture à la fin de février 1940.
La loi de déchéance du 21 janvier 1940 stipule en effet dans son article 1 « Tout membre d’une assemblée élective qui faisait partie de la Section Française de l’Internationale Communiste, visée par le décret du 26 septembre 1939, portant dissolution des organisations communistes, est déchu de plein droit de son mandat, du jour de la publication de la présente loi, s’il n’a pas, soit par une démission, soit par une déclaration, rendue publique à la date du 26 octobre 1939, répudié catégoriquement toute adhésion au Parti Communiste et toute participation aux activités interdites par le décret susvisé ».
Il n’est pas mobilisé à la déclaration de guerre : il est en effet rattaché à la classe 1905 en vertu de l’article 58 de la loi du 1er avril 1923. On sait que les classes 1909, 1910 et 1911 (la sienne) ont été mobilisées en 1939 mais libérées très tôt. On sait également que la main d’œuvre spécialisée était affectée aux industries travaillant directement ou indirectement pour la Défense (il y a 1.100.000 affectés spéciaux en mai 1940). Si Georges Denancé, mécanicien tourneur, père de trois enfants aurait pu être « Affecté spécial » en raison de sa qualification, ses rattachements successifs aux classes 1907, puis 1905 l’ont exclu de facto de cette mobilisation.
Georges Denancé est au chômage à partir de juin 1940.
Le 13 juin 1940 des éléments de l’armée allemande occupent Sevran. La Werhmarcht se dirige ensuite vers Paris, via Drancy, Saint-Denis et Saint-Ouen.Le 13 juin 1940 l’armée allemande occupe Saint-Denis, Saint-Ouen et Sevran. Le 14 juin, l’armée allemande entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne les jours suivants. Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Fin juin 1940, avec son camarade Maurice Métais, Georges Denancé est en contact clandestin avec les dirigeants communistes clandestin, Étienne Fajon et Hérras, par l’intermédiaire de l’ancien maire communiste Gaston Bussière (2). Suivant les directives de la direction clandestine du Parti communiste, Georges Denancé participe avec le maire communiste Gaston Bussière et des conseillers municipaux communistes déchus, à une tentative d’occupation de la mairie le 24 juillet 1940. Des tracts de la section communiste clandestine sont diffusés (La Résistance en Seine-Saint-Denis).
Dans le cadre de la politique de répression qui vise à faire pression sur les milieux et familles communistes en arrêtant des militants et élus connus, le commissaire de police de Livry-Gargan propose au Secrétaire général de la police d’État à Versailles le nom de Georges Denancé en vue de son « internement administratif » (3).
Georges Denancé est arrêté le 6 novembre 1940, « au coin de la rue de Bougogne et de la rue de Verdun, en allant faire ses courses » d’après le livre de Monique Houssin), son domicile est perquisitionné.
En fait, ce 6 novembre 1940, en application de la circulaire départementale du 5 octobre du Préfet de Seine et Oise, Georges Denancé est seulement convoqué au commissariat de Livry-Gargan (PV ci-contre), mais c’est la date qui sera inscrite comme date d’internement administratif par le commissaire de police de Livry-Gargan le 31 janvier 1941, date reprise comme date d’arrestation après guerre par le Ministère des Anciens combattants (aujourd’hui DAVCC à Caen).
Dans le Procès verbal du 6 novembre 1940, Georges Denancé stipule qu’il n’est plus membre du Parti communiste depuis le 8 août 1939 et n’exerce plus aucune activité en faveur de ce parti.
S’il signe sa déclaration, il refuse néanmoins de signer l’additif qui l’informe que « dans le cas de distributions de tracts ou d’affichage de tracts communistes dans la ville de Sevran, il sera tenu comme responsable et appréhendé ».
Une distribution de tract a lieu à Sevran dans les jours qui suivent son interpellation.
Et Georges Denancé est aussitôt arrêté le 11 novembre 1940 (il l’indique lui même dans une lettre qu’il adresse au Préfet de Seine-et-Oise le 12 décembre 1940).
Le 12 novembre 1940, Marc Chevalier, le Préfet de Versailles, signe, en application de la loi du 3 septembre 1940 « concernant les mesures à prendre à l’égard des individus dangereux pour la Défense nationale ou la Sécurité publique », son arrêté d’internement au Camp d’Aincourt.
Georges Denancé est « interné administrativement » au « Centre de séjour surveillé » d’Aincourt.
Lire dans le site : Le camp d’Aincourt.
Georges Denancé est affecté aux chambres 43, puis 12.
Il écrit au Préfet de Seine-et-Oise le 12 décembre 1940 pour demander que l’on prenne en compte la dramatique situation financière qui est celle de son épouse depuis son arrestation, alors qu’il était déjà au chômage depuis le mois de juin.
Il rappelle qu’il a trois fils. « Le premier, âgé de 22 ans infirme, est à l’hôpital de Gonesse par les soins de l’AMG. Le deuxième, âgé de 18 ans travaille à la SNCASE à Versailles, ne gagnait tout juste assez pour lui (…) le troisième âgé de 15 ans est en apprentissage non rétribué à l’atelier école Gambetta à Paris. (…).
Il insiste sur le fait que son épouse a sa vieille mère âgée de 83 à charge, qui ne touche qu’une pension de 52 F par mois. Que ne travaillant pas avant guerre afin de s’occuper de sa famille elle ne touche donc pas d’allocation chômage (…). « C’est moi qui suis considéré comme coupable et arrêté, c’est à moi que l’on assure l’existence ; mais c’est à ma femme et à mon fils, innocents, que l’on refuse la subsistance indispensable, sachant que bientôt ils n’auront plus rien pour manger ; en contradiction avec le Chef de l’État français qui veut rénover le pays en s’appuyant sur la famille et la jeunesse ».
Le 12 janvier 1941, Georges Denancé arguant de sa situation familiale demande sa libération. Le 17 janvier, il écrit au président de la délégation spéciale de Sevran pour demander un secours pour son épouse et son fils, en s’appuyant sur la circulaire départementale (n° 1425 du 17 décembre 1940) concernant l’allocation à verser aux familles des internés administratifs.
Le zélé commissaire Andrey, le directeur du camp d’Aincourt dont l’anticommunisme est bien connu, transmet sa demande au Préfet de Seine-et-Oise et émet un avis défavorable le 15 janvier (ainsi qu’il l’a fait pour pratiquement toutes les demandes de libération des communistes) : « Sa conduite au Centre laisse supposer qu’il a conservé toutes ses sympathies à l’égard du parti communiste. Denancé est un des principaux animateurs des conciliabules qui se tiennent fréquemment dans le Centre et son internement n’ayant eu aucune influence sur ses opinions, j’émets un avis défavorable à sa libération… »
Le 27 juin 1941 Georges Denancé est transféré – via l’hôtel Matignon – au camp allemand de Compiègne, le Frontstalag 122, au sein d’un groupe de 88 internés d’Aincourt (parmi eux cinq autres sevrannais, dont Maurice Métais et André Mortureux.
Ils ont tous été désignés par le directeur du camp avec l’aval du préfet de Seine-et-Oise (Mémoire de maîtrise d’Emilie Bouin).
A Compiègne, il reçoit le matricule « 841 ».
Il participe aux actions collectives organisées par la Résistance du camp pour maintenir le moral des internés et venir en aide aux plus démunis. Sur la vie au camp de Royallieu, lire dans ce site La solidarité au camp allemand de Compiègne. Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne et 22 juin 1942 : évasion de 19 internés
Il est ensuite remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Georges Denancé est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Georges Denancé est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45835» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation (4) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Les témoignages de Jean Guilbert et Henri Charlier rescapés du convoi, qui ont certifié de sa mort à Birkenau à leur retour des camps, laissent penser que Georges Denancé a été maintenu à Birkenau (Jean Gilbert a également témoigné de la mort de Jules Dubrule en septembre 1942 à Birkenau), même si sa qualification professionnelle le destinait plutôt à Auschwitz I.
Georges Denancé meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942 (date citée page 220 du tome 2 du Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz). Elle figure également sur le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique).
René Aondetto, rescapé du convoi, a eu connaissance de sa mort à Auschwitz, il l’a inscrit sur sa « liste des camarades dont je me souviens ».
Il convient de souligner que cent quarante-huit «45 000», ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18 et 19 septembre 1942. D’après les témoignages des rescapés, ils ont tous été gazés à la suite d’une vaste « sélection » interne des « inaptes au travail », opérée dans les blocks d’infirmerie.
Lire dans le site : Des causes de décès fictives. La différence avec la date portée sur son acte de décès (vient du fait que dans les années d’après-guerre, l’état civil français a fixé des dates de décès fictives (le 1er, 15 ou 30, 31) d’un mois estimé à partir des témoignages de rescapés, afin de donner accès aux titres et pensions aux familles des déportés.
Georges Denancé a été déclaré « Mort pour la France » et homologué comme « Déporté politique ».
Après-guerre le conseil municipal décide d’honorer les résistants sevrannais fusillés ou morts en déportation. La rue de Bourgogne où habitait Georges Denancé à Sevran est rebaptisée le dimanche 24 août 1947, rue Georges Denancé, et l’avenue des Trèfles où habitait son camarade Maurice Métais portera le nom de celui-ci.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune. Une plaque apposée sur la façade de la mairie de Sevran honore son nom et ceux de quatre autres élus et un employé municipal « victimes de la barbarie nazie ».
« Les communistes de Sevran ont payé un lourd tribut. De nombreux camarades ont été emprisonnés. La plupart des élus communistes ont été envoyés aux camps de la mort et ne sont jamais revenus, comme Jean Cayet, Gaston Lévy, Georges Denancé, Maurice Métais, André Mortureux, André Rousseau et Charles Véron. Lucien Gelot, 17 ans, engagé dans les FFI, suivit le Colonel Fabien et tomba en Alsace. Bruno Banker, 20 ans, poursuivant les Allemands avec un groupe de FTP, est tombé tout proche du pont du canal. Lucien Sportisse, instituteur à Sevran, est tombé au maquis dans la région de Lyon. Jean Hemmen, l’oncle de Denise Albert et de Paulette Descoins, officier de la brigade internationale en Espagne, fusillé …» Interview pour les 30 ans de la libération de Sevran de Louis Le Maner, Suzanne Bussière et Lucien Geneux (par Michel Prin « La Renaissance », juillet 1974). In © Blog de Clémentine Autain.
Bernard Denancé, s’engage dans les FTP le 15 décembre 1943. Épaulé par son frère, Jean Denancé (1922-1985), ils furent des acteurs majeurs de la libération de Sevran le 27 août 1944. Bernand Denancé est décédé le 15 février 1998.
Ses fils Jean et Bernard « sont tous deux dans la Résistance et font partie de la compagnie Robespierre » (Monique Houssin). On lira leurs biographies publiées sur le site de l’association
« Mémoire Vive des convois des 45 000 et 31 000 ».
- Note 1 : Comme tous les militaires démobilisés, Georges Denancé « passe » dans la réserve. Ce qui signifie qu’il peut être mobilisé en cas de conflit. S’ensuivent des affectations purement administratives au cours desquelles ses lieux de résidence sont inscrits sur son livret militaire. En 1921 il est affecté au 31ème RAC. Il est classé « sans affectation » dans la réserve en 1927 et 1928. Il est « passé en domicile » à la subdivision de Laon le 1er octobre 1930 (par changement automatique de domicile). Il est affecté alors au régiment n° 2 d’artillerie (dits de « travailleurs ») en 1931. En août 1933 il passe de la classe 1911 à la classe 1907 en application de l’article 58 de la loi du 1er avril 1923. Enfin, il « passe en domicile » de la subdivision de Laon à celle de Versailles en février 1933. Il « passe » ensuite au 351è régiment d’artillerie lourde et dans le même temps
-
Note 2 : Gaston Bussières, né en 1902. Trempeur (mécanique). Militant communiste, secrétaire de la section de Sevran, il est élu au conseil municipal en 1935. Il devient maire le 12 février 1939 après la mort de Louis Fernet. Entré en clandestinité, « il s’occupa en 1941 de l’édition de l’Humanité clandestine. La police l’arrêta dans la nuit du 18 au 19 juin 1941, chez un cousin, à Villeneuve-Saint-Georges, porteur d’une fausse carte d’identité au nom de Sabathier. Gardé une dizaine de jours au Quai de l’Horloge, puis transféré au Fort de Romainville, il mourut fusillé par les Allemands, comme otage, au Mont Valérien le 21 septembre 1942 ». Le Maitron.
- Note 3 : L’internement administratif a été institutionnalisé par le décret du 18 novembre 1939, qui donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, « des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Il est aggravé par le gouvernement de Vichy fin 1940. La loi du 3 septembre 1940 proroge le décret du 18 novembre 1939 et prévoit l’internement administratif de
« tous individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique« . Les premiers visés sont les communistes.
Note 4 : 522 photos d’immatriculation des « 45 000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après-guerre directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz–Birkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.
Sources
- Correspondance avec la Mairie de Sevran, 11 avril 1992.
- Arbres généalogiques © Geneanet, de Marie-France Denancé (avec photos), Josiane Lefondeur (avec photos) et Claude Bocquet.
- © La quasi totalité des photos utilisées dans cette biographie m’ont été fournies par Mme Marie France Denancé (courriels septembre 2014) que je remercie vivement.
- Liste des 88 internés d’Aincourt (tous de l’ancien département de Seine-et-Oise) remis le 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation. Mémoire de maîtrise d’Histoire sur Aincourt d’Emilie Bouin, juin 2003. Premier camp d’internement des communistes en zone occupée. dir. C. Laporte. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / UFR des Sciences sociales et des Humanités.
- Archives du CSS d’Aincourt aux Archives départementales des Yvelines, cotes W.
- Archives de la Préfecture de police de Paris, Cartons occupation allemande, BA 2374.
- La Résistance en Seine-Saint-Denis, Joël Claisse et Sylvie Zaidman, préface de Roger Bourderon Syros éd. page 441 pour Gaston Bussière.
- Monique Houssin, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue, une histoire, Les éditions de l’Atelier/ Les éditions Ouvrières, Paris 2004, page 198 et 199.
- Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en décembre 1992.
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
- Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Décédés du convoi de Compiègne en date du 6/7/1942. Classeur Ausch. 1/19,liste N°3(Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen).
- © Site Internet Legifrance.
- © Site Internet MemorialGenWeb.
- Photo d’immatriculation à Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau / © collection André Montagne.
- © Le CSS d’Aincourt, photo in blog de Roger Colombier.
Notice biographique rédigée à partir d’une notice succincte pour le 60è anniversaire du départ du convoi des « 45 000 », brochure répertoriant les “45 000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, complétée en novembre 2007 (2014, 2019, 2020, 2022 et 2024) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Autrement, Paris 2005 (dont je dispose encore de quelques exemplaires pour les familles). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com