André Mortureux DR

Matricule «45 905» à Auschwitz

André Mortureux : né en 1901 à Plombières-lès-Dijon (Côte-d'Or) ; domicilié à Sevran (Seine-et-Oise / Seine-Saint-Denis) ; employé d’octroi ; communiste ; arrêté le 24 avril 1941 ; interné aux camps d’Aincourt et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 4 octobre 1942.

André Mortureux est né le 19 septembre 1901 à Plombières-lès-Dijon (Côte-d’Or). Il habite au 61, rue Augustin Thierry à Sevran (Seine-et-Oise / Seine-Saint-Denis) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Joséphine Ancéry et d’Auguste Mortureux, ouvrier à la minoterie Troubat et Cie de Plombières.
Il a quatre sœurs et un frère : Victor (1890-1967), Louise (née en 1892), Hélène (1894-1990), Antoinette (née en 1896) et Renée (1908-1983). En 1911, la famille habite au 2, rue Neuve à Plombières.
Son registre matricule militaire indique qu’il habite Paris au moment du conseil de révision et travaille comme infirmier, puis employé à l’octroi de Paris (en 1926). Il mesure 1m 69, a les cheveux châtains, les yeux gris, le front haut, le nez petit et le visage ovale. Il a un niveau d’instruction « n° 3 » pour l’armée (sait lire, écrire et compter, instruction primaire développée). André Mortureux est conscrit de la classe 1921 (il a le matricule 1561). Il est appelé sous les drapeaux le 6 avril 1921 pour une durée de deux ans. Il est incorporé à la 8è section d’infirmiers militaires le même jour. Il y est nommé caporal le 12 novembre 1922.
Il est « renvoyé dans ses foyers » le 30 mai 1923, « certificat de bonne conduite accordé ».
Il « se retire » alors à Dijon, au 31, boulevard Sébastopol.

André Mortureux épouse Marie Sébastien le 24 octobre 1925 à Paris 20è. Corsetière, âgée de 26 ans, elle est née à Paris 20è le 28 février 1899. Elle est domiciliée au 4, rue du Père Lachaise à Paris 20è. Lui a 24 ans et il est domicilié au 14 rue Servandoni à Paris 6è.
Le couple aura deux enfants ; l’aîné, Jacques, naît en 1932 à Paris, et Monique, le 29 décembre 1940.
En 1926, André Mortureux entre comme « commis » à l’octroi de Paris. Après avoir occupé le poste de « commis ambulant », il est nommé sous-brigadier en 1928. En 1934 la famille vient habiter Sevran.

Le Peuple du 8 juillet 1936

André Mortureux constitue avec Maurice Copineaux, Paul Deneux, Ducrocq, Jean Kraemer, Emile Groene « comité des usagers des chemins de fer et de la route » (cf annonce ci-contre dans le Peuple , organe quotidien du Syndicalisme). Il en devient le secrétaire. Le comité tient des réunions à Sevran, Livry et Freinville.
En janvier 1936, la famille habite au 34, avenue Hoche.

Adhérent du Parti communiste en 1936
, il est secrétaire de la cellule locale où milite également Lucien Sportisse (Cf Monique Houssin, note 1).  
En octobre 1937, ils habitent au 2, allée Jean-Baptiste, près de la gare.

Le 61, rue Augustin Thierry

En 1939, la famille Mortureux déménage dans un pavillon au 61, rue Augustin-Thierry.
Lors de la mobilisation générale, André Mortureux est rappelé comme infirmier-major à l’hôpital complémentaire du lycée Michelet (Vanves), puis à l’hôpital militaire Villemin (Paris 10è).

Le 13 juin 1940 des éléments de l’armée allemande occupent Sevran.

La Werhmarcht se dirige ensuite vers Paris, via Drancy, Saint-Denis et Saint-Ouen.Le 13 juin 1940 l’armée allemande occupe Saint-Denis, Saint-Ouen et Sevran. Le 14 juin, l’armée allemande entre par la Porte de la Villette dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne les jours suivants.  Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

André Mortureux  n’est démobilisé que le 12 octobre 1940. Suivant les instructions du régime de Vichy, et devant la recrudescence de distributions de tracts et d’inscription communistes dans l’Est parisien, la police surveille systématiquement les militants communistes connus de ses services avant-guerre.
Le 23 avril 1941 une distribution de tracts communistes (200 tracts selon la Préfecture) a lieu dans le quartier de la gare et dans le quartier pavillonnaire des Trèfles. Comme les responsables de cette diffusion n’ont pu être identifiés, le nouveau commissaire de police de Livry-Gargan dont dépend Sevran va alors cibler un certain nombre de militants connus. Il propose, à titre de représailles, au secrétaire général de la police d’État à Versailles, l’arrestation et l’internement d’André Mortureux, qu’il a personnellement repéré. Il s’agit de l’application zélée de la politique de répression de Vichy qui vise à faire pression sur les milieux et familles communistes en arrêtant des militants et élus connus (3).

Le domicile d’André Mortureux est perquisitionné et il est arrêté uniquement dans le cadre des représailles le 24 avril 1941, car au cours de la perquisition, si « ses livres, ses papiers, ses documents » sont confisqués (Monique Houssin), aucun document clandestin n’a été trouvé. Dirigé sur Versailles André Mortureux est interné administrativement au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt le 26 avril 1941.
Lire dans le site Le camp d’Aincourt.

Le CSS d’Aincourt

André Mortureux est affecté à la chambre C 5. Le 9 mai, le Préfet de Seine-et-Oise, Marc Chevalier, écrit au Préfet de la Seine, Charles Paul Magny, pour l’informer qu’ayant fait interner administrativement André Mortureux, il lui revient en tant qu’employeur (l’octroi dépend de la Préfecture de Paris) le soin d’apprécier si cela doit se traduire par une « décision administrative » qu’il estime personnellement « opportune ».
Marie Mortureux écrit au préfet de Seine-et-Oise le 1er juin 1941, pour demander la libération de son mari, arguant de sa bonne réputation et sur le fait qu’elle-même ne peut « faire vivre deux enfants avec une allocation journalière de 19 francs ».
Le commissaire Andrey commandant le camp d’Aincourt, dont le zèle anticommuniste est bien connu, transmet le 21 juin au Préfet de Seine-et-Oise un rapport concernant André Mortureux.
Plusieurs lettres de celui-ci ont dû être censurées écrit-il, citant à l’appui ces lignes : « C’est ici même que je puise cette conviction. Ah, si tu pouvais connaître le moral de tous nos camarades. Ce moral est fondé sur des choses renversantes que tu connaîtras un jour. Alors c’est à moi, qui suis ici, de te dire courage, courage, et surtout patience». Ce rapport contribuera fortement à la fin de non-recevoir qui sera apportée aux démarches de Marie Mortureux pour la libération de son mari (courriers préfectoraux des 11 et 31 juillet).

Lire les lettres d’André Mortureux : Lettres d’André Mortureux : Aincourt, Compiègne, lettre du train

Le 27 juin 1941 André Mortureux et 87 autres internés d’Aincourt sont transférés au camp allemand de Compiègne, le Frontstalag 122 (Mémoire de maîtrise d’Emilie Bouin) via l’hôtel Matignon. Ils ont tous été désignés par le directeur du camp avec l’aval du Préfet de Seine-et-Oise. Ils rejoignent à Compiègne les centaines de militants arrêtés dans la cadre de la grande rafle « Aktion Théodéric » (4). Monique Houssin situe son arrivée à Compiègne le 1er juillet.

A Compiègne André Mortureux participe aux actions collectives organisées par la Résistance du camp pour maintenir le moral des internés et venir en aide aux plus démunis. Sur la vie au camp de Royallieu lire dans ce site 3 articles : La solidarité au camp allemand de Compiègne. Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne et 22 juin 1942 : évasion de 19 internés

Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».

Depuis le camp de Compiègne, André Mortureux est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Depuis le wagon qui l’emmène vers la déportation, André Mortureux écrit une lettre qu’il va jeter sur le ballast, espérant, comme l’ont fait une majorité de déportés, qu’un cheminot ou un passant la ramassera et la remettra ou la postera à sa destinataire. Cette lettre est parvenue à son épouse. Leur fils Jacques Mortureux l’a confiée pour publication à la Société de l’histoire et de la vie à Sevran, qui l’a éditée dans Mémoires d’hier et d’aujourd’hui, Sevran 1940-1944, Occupation, Libération, journal n° 3 d’octobre 1994.

« Ma chère petite femme, Je ne sais si cette lettre te parviendra, car, à l’heure où je t’écris, j’ignore encore de quelle façon je vais pouvoir l’expédier… Je t’écris d’un « 40 hommes, 8 chevaux » qui va nous conduire (1000 environ) nous ne savons où ; mais nous savons que nos anges gardiens manquent de bras et il est possible, même probable qu’ils nous envoient dans leur pays. En tous cas, nous partons pour un long voyage, car nous avons touché des vivres pour trois jours. Conques, Deneux et Cayet ne sont pas du voyage, restés où ils sont avec 600 autres parmi lesquels certains seront libérés. Toi qui voulais que je travaille, et bien je vais travailler. Ma pauvre chérie, tu dois être bien inquiète, car mon avant-dernière carte, écrite le 26/06, m’a été retournée. Prétexte : écrit trop fin. Je faisais allusion au bombardement du camp par avion, car je tenais à te rassurer pour que tu ne croies pas que j’étais parmi les victimes (3 morts, une dizaine de blessés). Quinze bombes sont bien tombées sur le camp à 1 h 30 du matin. Les bâtiments A3 et A4 ont été touchés. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu plus de victimes. Tu dois avoir maintenant le colis retourné (trop lourd). Ils ont appliqué la mesure avant la date en représailles de l’évasion de 19 internés parmi lesquels Cogniot, notre doyen. Cette période est fertile en évènements. 
Sois pleinement rassurée sur ma santé : notre bâtiment n’a pas été atteint par le bombardement, aucun copain de notre patelin n’est victime. Malgré le colis retourné, je n’ai pas trop souffert de la faim, mais cela tombe mal, car le premier colis de juillet n’est pas arrivé avant notre départ. Je me demande si ce colis va suivre. 
À la fouille, on m’a pris 100 francs. Je n’ai donc plus d’argent. Ne fais aucune réclamation avant que tu reçoives de moi la première lettre de ma nouvelle adresse. Nous supposons que s’ils nous font travailler nous serons mieux nourris, mais ce n’est qu’une supposition. 
Et toi, ma chère Marie, comment vas-tu ? Il ne faut pas que mon départ là-bas te crée de nouvelles inquiétudes. Autrement dit, il faut que tu sois courageuse, toujours et jusqu’à mon retour, comme tu l’as été jusqu’alors. Le retour est peut-être plus proche que nous pouvons le prévoir. Et Jacques, et Monique ? Leur santé est-elle meilleure ? Pauvres chéris, heureusement que j’ai eu la chance de les voir il y a peu de temps. Soignez-vous bien tous trois, l’essentiel étant de conserver la santé. Quant à moi, je suis en bonne forme en ce moment, et le travail manuel (s’il n’est pas trop dur) ne pourra que me faire du bien. 
Il est 13 h 30, nous sommes à Châlons-sur-Marne. Partis ce matin à 9 h 30 de Compiègne ; on nous a réveillés à 3 h… 15 h pas de doute ! Nous sommes à Bar-le-Duc (direction l’Allemagne). Quoiqu’il arrive, bon courage, confiance et patience.
Je vous embrasse bien des fois mes trois chéris.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

André Mortureux est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45 905» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.

Dessin de Franz Reisz, 1946

André Mortureux meurt à Auschwitz le 4 octobre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 830 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates, lieux de naissance et de décès, avec l’indication « Katolisch » (catholique).
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois
Mais en mars 1984, André Montagne découvre au Musée d’Auschwitz dans le cahier n°3 page 7 des « Cahiers d’Auschwitz » (Hefte von Auschwitz), la mention du numéro matricule d’André Mortureux, le « 45 905 » avec sa date de naissance et une date de décès : le 8 octobre 1942, accompagnée de la mention « auf der Flucht Erschießen» signifiant « abattu pendant une tentative de fuite ».
Cette mention qu’André Montagne a également relevée pour René Amand, si elle peut correspondre à une réelle tentative d’évasion, servait couramment aux SS pour justifier d’avoir abattu un déporté, motif pour lequel ils étaient alors félicités. Il est vraisemblable que le certificat de décès du 4 octobre corresponde bien à sa mort et que l’inscription de celle du 8 octobre dans le Hefte von Auschwitz, a permis aux SS de garde d’en tirer un bénéfice.
Pour le jugement déclaratif de décès du 20 novembre 1946 (établi par un juge après établissement de son décès par le ministère des Anciens combattants), André Mortureux meurt à Auschwitz le 15 septembre 1942. On sait que dans les années d’après-guerre, l’état civil français a fixé des dates de décès fictives à partir des témoignages de rescapés, afin de donner accès aux titres et pensions aux familles des déportés.
Un arrêté ministériel du 31 juillet 1997 paru au Journal Officiel du 14 décembre 1997 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur ses actes et jugements déclaratifs de décès. Mais il comporte une date fictive : « décédé le 15 septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable que le Ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 et consultable sur le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Lire dans le site l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français. Lire dans le site : Les dates de décès des « 45000 » à Auschwitz.

Combat 6 juin 1945

Son épouse essaie d’obtenir des nouvelles de son mari à la Libération et après les premiers retours de déportés : ci-contre un avis de recherche paru dans le journal « Combat » du 6 juin 1945 (deux avis dans la même page).
Elle a écrit à plusieurs rescapés par l’intermédiaire de l’Amicale d’Auschwitz.
Voir la Lettre d’Auguste Monjauvis, à Marie Mortureux
André Mortureux a été déclaré « Mort pour la France» le 25 novembre 1947. Le titre de «Déporté politique» lui a été attribué.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune.
« Les communistes de Sevran ont payé un lourd tribut. De nombreux camarades ont été emprisonnés. La plupart des élus communistes ont été envoyés aux camps de la mort et ne sont jamais revenus, comme Jean Cayet, Gaston Lévy, Georges Denancé, Maurice Métais, André Mortureux, André Rousseau et Charles Véron. Lucien Gelot, 17 ans, engagé dans les FFI, suivit le Colonel Fabien et tomba en Alsace. Bruno Banker, 20 ans, poursuivant les Allemands avec un groupe de FTP, est tombé tout proche du pont du canal. Lucien Sportisse, instituteur à Sevran, est tombé au maquis dans la région de Lyon. Jean Hemmen, l’oncle de Denise Albert et de Paulette Descoins, officier de la brigade internationale en Espagne, fusillé …» Interview pour les 30 ans de la libération de Sevran de Louis Le Maner, Suzanne Bussière et Lucien Geneux (par Michel Prin « La Renaissance », juillet 1974). In © Blog de la députée Clémentine Autain.

  • Note 1 : « L’Octroi » était le nom de la taxe perçue à l’entrée sur le territoire d’une commune et à son profit, sur tous les biens, matériaux, produits, bétails ou denrées destinés à la consommation ou aux fabrications locales. C’était la ressource principale des Mairies. Le service de l’octroi était assuré jour et nuit par des préposés, employés municipaux.
  • Note 2 : Lucien Sportisse est né le 2 octobre 1905 à Constantine (Algérie), mort le 24 mars 1944 à Lyon, abattu par un groupe de tueurs français au service de la Gestapo ; instituteur, membre du Parti socialiste, puis du Parti communiste Algérien, puis Français, dirigeant syndical CGTU en Algérie ; révoqué en 1935 et réintégré dans l’enseignement en France en 1937 ; interné en 1941, évadé ; militant clandestin en Haute-Vienne, puis directeur technique du journal Le Patriote, organe, dans la région lyonnaise, du Front national pour la Libération et l’indépendance de la
    France (Le Maitron).
  • Note 3 : L’arsenal juridique permettant la répression existe : des arrêtés préfectoraux ont été pris rapidement pendant la guerre ou après l’Occupation (ici c’est celui du 19 août 1940 qui a été utilisé), mais aussi le décret du 18 novembre 1939 qui donne aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, des « individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique ». Ce décret est aggravé par le gouvernement de Vichy le 3 septembre 1940 et vise essentiellement les
    communistes.
  • Note 4 : à partir du 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, les Allemands arrêtent plus de mille communistes avec l’aide de la police française (nom de code de l’opération : «Aktion Theoderich»). D’abord amenés à l’Hôtel Matignon (un lieu d’incarcération contrôlé par le régime de Vichy) ils sont envoyés au Fort de Romainville, où ils sont remis aux autorités allemandes. Ils passent la nuit dans des casemates du fort transformées en cachots. Et à partir du 27 juin ils sont transférés vers Compiègne, via la gare du Bourget dans des wagons gardés par des hommes en armes. Ils sont internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré par la Wehrmacht, camp destiné à l’internement des «ennemis actifs du Reich», alors seul camp en France sous contrôle direct de l’armée allemande.

Sources

  • Correspondance avec la Mairie de Sevran, 11 avril 1992.
  • Registres matricules militaires de Côte d’Or.
  • Recensements de Plombières et Sevran.
  • Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en février 1992.
  • Mémoire de maîtrise d’Histoire sur Aincourt d’Emilie Bouin, juin 2003. Premier camp d’internement des communistes en zone occupée. dir. C. Laporte. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / UFR des Sciences sociales et des Humanités.
  • Archives du CSS d’Aincourt aux Archives départementales des Yvelines, cotes W.
  • Liste des 88 internés d’Aincourt remis le 27 juin 1941 à la disposition des autorités allemandes (mémoire de maîtrise d’Emilie Boin).
  • Archives de la Préfecture de police de Paris, Cartons occupation allemande, BA 2374.
  • Monique Houssin, Résistantes et résistants en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue, une histoire, éd. Les éditions de l’Atelier, Paris 2004, pages 197 et 198.
  • La Résistance en Seine-Saint-Denis, Joël Claisse et Sylvie Zaidman, préface de Roger Bourderon Syros éd. page 443.
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Death Books from Auschwitz(registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Décédés du convoi de Compiègne en date du 6/7/1942. Classeur Ausch. 1/19,liste N°3(Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen).
  • © Site Internet Legifrance.
  • © Site Internet MemorialGenWeb.
  • © Le CSS d’Aincourt, in blog de Roger Colombier.
  • Montage photo du camp de Compiègne à partir des documents du Mémorial ©Pierre Cardon
  • © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
  • Registres matricules militaires de Côte d’Or.
  • Archives de Paris, signature et acte de mariage d’André Mortureux
  • Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne : carton “Association nationale des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes.

Notice biographique rédigée à partir d’une notice succincte pour le 60è anniversaire du départ du convoi des « 45 000 », brochure répertoriant les “45 000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, complétée en novembre 2007 (2014,  2019, 2020, 2022 et 2024) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45 000 », éditions Autrement, Paris 2005 (dont je dispose encore de quelques exemplaires pour les familles).  Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

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