Matricule « 45 424 » à Auschwitz
André Darondeau : né en 1899 à Paris 12è ; domicilié à Villejuif (Seine / Val-de-Marne) ; ouvrier Lithographe ; membre de la commission exécutive de la Fédération unitaire du Livre (CGTU), secrétaire de cellule communiste ; arrêté le 5 octobre 1940 ; interné aux camps d’Aincourt, de Voves et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz? où il meurt le 1er août 1942.
André Darondeau est né le 3 mars 1899 à Paris 12è.
Il habite au 51, avenue de Fontainebleau (devenue après-guerre l’avenue de Stalingrad) à Villejuif (Seine / Val-de-Marne), au moment de son arrestation.
André Darondeau est le fils d’Aline Graux, 21 ans, journalière et de Gustave, Alexandre Darondeau, 25 ans (né en 1873), tapissier pour le chemin de fer, son époux.
Le couple habite au 34, rue de Wattignies Paris 12è. André Darondeau a une sœur et un frère cadets : Madeleine, née le 31 août 1900, et Maurice, né le 27 mai 1902, tous deux à Paris 12è.
André Darondeau a une formation d’ouvrier lithographe.
Son registre militaire (matricule n° 2442 du 4è bureau de la Seine) nous apprend qu’il mesure 1m 65, a les cheveux bruns foncé, les yeux bleus, le front bas, le nez fort et le visage allongé. Au moment du conseil de révision, il travaille comme imprimeur lithographe, puis comme employé de librairie. Il habite chez ses parents au 97, rue Claude Decaen à Paris 12è. Il a un niveau d’instruction n° 3 pour l’armée (sait lire, écrire et compter, instruction primaire développée).
Conscrit de la classe « 1919 », il est classé dans la 5è partie de la liste au conseil de révision pour « faiblesse » et il est donc ajourné d’un an. Classé dans la première partie de la liste en 1920, il est incorporé le 1er octobre 1920 et arrive le 5 du mois au 148è Régiment d’Infanterie. Après l’instruction militaire (les « classes »), il « passe » au 114è Régiment d’Infanterie le 28 mars 1921.
Le 4 mars 1922, il est « renvoyé dans ses foyers », « certificat de bonne conduite accordé ».
Il se « retire » au 97, rue Claude Decaen, à Paris 12è où il vit avec ses parents et sa sœur (son frère s’est marié en 1924 avec Mélanie Cochez. Le couple habite au 28 rue Etienne Dolet à Paris 20è).
André Darondeau adhère au Parti communiste en 1925. En 1926, il est ouvrier lithographe chez Bourjeade, sa sœur est couturière chez Rose, et son père travaille aux ateliers du PLM. La famille Migdal habite au n° 95 rue Claude Decaen (Henri et Robert Migdal, jeunes communistes, seront déportés : Henri à Auschwitz dans le même convoi qu’André Darondeau, André sera déporté à Buchenwald)
Son père, Gustave Darondeau meurt le 13 juin 1927.
Le 29 octobre 1927, il épouse Antoinette, Marie Géraud (1) à la mairie du 10è arrondissement de Paris. Née le 15 février 1900 à Neussorgues-Moissac (Cantal), elle est ouvrière en parapluies à domicile, domiciliée au 35, rue d’Albouy Paris 10°. Son frère Maurice, également lithographe, est l’un des témoins du mariage.
Ouvrier lithographe, André Darondeau est un militant syndical : il est élu à la commission exécutive de la Fédération unitaire du Livre (CGTU), à son troisième congrès réuni à Marseille du 12 au 15 septembre 1928.
Mais « à cause de ses opinions politiques, il est souvent au chômage « (Le Maitron).
Le couple a un garçon, Robert, qui naît le 10 juillet 1929. La famille a déménagé en août du mois au 12, rue de Vaucouleur à Paris 11ème.
En novembre 1937, la famille Darondeau vient s’installer au 51, avenue de Fontainebleau à Villejuif, dans la nouvelle cité dite « L’Avenir de la Zone », un ensemble en briques rouges de 256 logements constitué de 5 immeubles et de 24 pavillons de 2 ou 4 logements construits en 1936-1937 pour reloger les habitants de l’ancienne « zone » entourant Paris.
André Darondeau devient secrétaire de cellule. Il est connu comme diffuseur de la presse communiste (L’Humanité, Front Rouge du canton de Villejuif).
En 1938, il s’inscrit sur les listes électorales de Villejuif.
A la déclaration de guerre, leur fils Robert, âgé de 10 ans, est envoyé dans la famille d’Antoinette, en Auvergne.
Quelques jours après le décret de mobilisation générale du 3 septembre 1939, André Darondeau est « rappelé à l’activité » militaire, et affecté le 18 septembre au 222è RRT (Régiment régional de travailleurs) où il arrive le 19 septembre.
Ce régiment est chargé de fortifier Paris (la « ligne Chauviveau ». A partir du début juin, le 222è RRT fait sauter les ponts de l’Oise pour ralentir l’avance des troupes allemandes.
Le 14 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent Ivry, Vitry et Villejuif les jours suivants. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
André Darondeau est démobilisé le 8 août 1940, « ayant fait le nécessaire pour ne pas être fait prisonnier par les Allemands » (in Mémoire pour demain p. 44). Il cherche alors du travail, et se fait embaucher comme garçon de courses.
André Darondeau est arrêté le 5 octobre 1940 par la police française dans le cadre de la grande rafle (2) organisée, avec l’accord de l’occupant, par le gouvernement de Pétain à l’encontre des principaux responsables communistes d’avant-guerre de la région parisienne : les militants parisiens sont regroupé au Stade Jean Bouin et sont emmenés par cars à Aincourt. Le préfet de Seine-et-Oise, Marc Chevallier, exécute une rafle identique à celle de Paris dans son département. Au total, plus de 300 militants communistes, syndicalistes ou d’organisations dites «d’avant-garde», sont envoyés à Aincourt à partir du 5 octobre 1940. Lire dans le site : Le camp d’Aincourt.
Pour Villejuif, les militants arrêtés sont des élus, responsables communistes et syndicalistes qui viennent d’être démobilisés.
Avec André Darondeau sont arrêtés Georges Le Bigot (ancien maire. Interné à Aincourt, Clairvaux, déporté et mort à Auschwitz) ; Armand Gouret (« dit Négro », syndicaliste et communiste) ; Louis Dolly (maire-adjoint en 1939, il est interné aux camps d’Aincourt, Clairvaux, Châteaubriant, Voves, il s’évade de Pithiviers. Responsable du PCF du Doubs et de Meurthe-et-Moselle, il participe à la libération de Nancy. Maire de Villejuif de 1944 à 1977. Conseiller général) et Armand Gouret (57 ans, terrassier, syndicaliste connu. Militant communiste, « meilleur diffuseur » de « Front Rouge » en 1937. Interné à Aincourt, Compiègne, il est déporté à Sachsenhausen le 24 janvier 1943. Décédé à Dachau le 25 février 1945). Lire dans le site l’article Les fusillés, déportés et internés de Villejuif.
Sur la liste « des militants communistes « concentrés » le 5 octobre 1940» reçue par la direction du camp, figurent des mentions caractérisant les motifs de leur internement (C 331/7).
Pour André Darondeau on lit : « 41 ans. Ex secrétaire de cellule. Agent actif de la propagande clandestine ».
En janvier 1941, alors que le CSS d’Aincourt est totalement rempli, les autorités française examinent des solutions pour le désengorger. Le préfet Ingrand représentant du ministre de l’Intérieur au sein de la délégation de Vichy auprès des Allemands à Paris, envisage alors la « transportation » des individus les plus dangereux du camp en Afrique du nord, suivant en cela les préconisations du cabinet De Brinon (3).
Dans le cadre de cette éventualité, la direction du CSS d’Aincourt fait établir par le médecin du camp des listes d’aptitudes. André Darondeau est inscrit sur la liste des « non susceptibles absolus », en raison d’une sclérose pulmonaire radiale.
Le 26 avril 1942, André Darondeau est transféré depuis le CSS d’Aincourt vers le CSS de Voves, au sein d’un groupe de 91 internés. André Darondeau y est inscrit sous le n° de dossier 313 et reçoit le matricule 209 (4).
Lire dans ce site : Le camp de Voves
Dans deux courriers en date des 6 et 9 mai 1942, le chef de la Verwaltungsgruppe de la Feldkommandantur d’Orléans envoie au Préfet de Chartres deux listes d’internés communistes du camp de Voves à transférer au camp d’internement de Compiègne à la demande du commandement militaire en France. André Darondeau figure sur la première liste. Sur les deux listes d’un total de cent neuf internés, 87 d’entre eux seront déportés à Auschwitz. Le directeur du camp a fait supprimer toutes les permissions de visite « afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation ». La prise en charge par les gendarmes allemands s’est effectuée le 10 mai 1942 à 10 h 30 à la gare de Voves. Il poursuit : « Cette ponction a produit chez les internés présents un gros effet moral, ces derniers ne cachent pas que tôt ou tard ce sera leur tour. Toutefois il est à remarquer qu’ils conservent une énergie et une conviction extraordinaire en ce sens que demain la victoire sera pour eux ». Il indique que « ceux qui restèrent se mirent à chanter la «Marseillaise» et la reprirent à trois reprises ». Le directeur du camp a fait supprimer auparavant toutes les permissions de visite « afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation ». Sur les deux listes d’un total de cent neuf internés, arrivés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (le Frontstalag 122) les 10 et 22 juin 1942, 87 d’entre eux seront déportés à Auschwitz.
Lire dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne .
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». Le 6 juillet, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.
Depuis le camp de Compiègne, André Darondeau est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Depuis le wagon à bestiaux où il est enfermé, André Darondeau réussit à écrire un mot qu’il jette sur le ballast. Le mot sera recueilli et parviendra à sa sœur (lire dans le site les Lettres jetées du train).
Il est adressé à sa femme et à son fils.
« Lundi 6 juillet, 4 heures de l’après-midi. Ma chère Marie, Mon cher petit Robert, Depuis 9 h 35 nous roulons et après avoir passé Laon, Reims, Châlons sur Marne, Bar le Duc, nous arrivons à Mérouville (Lérouville). Avec l’orage de la nuit, la nuit chaleur est moins forte et le soleil ne se fait pas sentir, heureusement car nous n’avons que 2 vasistas dans notre wagon salon, soigneusement cadenassés. Nous ne savons pas où nous allons, mais c’est sûrement en Allemagne pour y travailler.
Nous sommes partis près de 1200. De Villejuif, il n’y a que Gouret et Chailloux qui restent à Compiègne. Pour des « volontaires », on évite de nous faire remarquer. Enfin le voyage se passe bien. Nous avons touché 1 boule de pain et 3 camemberts pour 3 jours. « Au devant de la vie » se fait entendre et le moral de tous est bon. Courage et confiance, nous reviendrons. Je vous embrasse bien fort tous les 2 ainsi que toutes et tous. Je vous écrirai dès que possible. André. J’ai renvoyé la valise avec ce que j’avais en trop». René Herz dans la brochure de 1945 écrit « un dernier bout de papier griffonné dans train les conduisant à la mort est le seul souvenir qu’elle (Marie) a de lui.
Il partait avec le moral qu’avaient tous ses camarades. « Au devant de la vie » était leur chant, et pourtant ! C’était au devant de la mort qu’allaient tous ces braves, pendant que leurs bourreaux sont toujours en liberté ».
André Darondeau est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45 424» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
André Darondeau meurt à Auschwitz le 1er août 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 214 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau).
Le 9 mai 1946, André Darondeau est déclaré « Mort pour la France ».
Le titre de « Déporté politique » lui a été attribué.
Il est homologué à titre posthume comme Adjudant dans la Résistance Intérieure Française au titre du Front National de lutte pour la Libération de la France.
Un arrêté ministériel du 5 janvier 1988 paru au Journal Officiel de mars 1988 porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur les actes et jugements déclaratifs de décès d’André Darondeau. Mais il comporte une date erronée : « décédé le 15 octobre 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable que le Ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 et consultables sur le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Lire dans le site l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français) Les dates de décès des « 45 000 » à Auschwitz.
Son nom – associé à celui de François Sautet (un des 12 fusillés de Villejuif) – a été donné à une cellule du Parti communiste de Villejuif, rayonnant à la limite de Vitry. Il est honoré sur le monument commémoratif de la commune, dressé en 1999 dans le parc Pablo Neruda.
Lire dans le site l’article Les fusillés, déportés et internés de Villejuif .
- Note 1 : « Marie Darondeau, fut une résistante communiste sous le nom d’Antoinette. Elle tint une « planque » à Chatou, de juillet 1943 à la Libération. À la Libération elle s’occupa de l’accueil des déportés à Villejuif et créa une section de la Fédération des déportés, comme de l’Union des femmes de France. Elle mourut le 20 décembre 1949 »(Le Maitron).« Sa femme, a, durant toute la guerre, fait preuve d’un courage indomptable, malgré un état de santé déficient. Elle travailla durant toute cette période dans l’illégalité » (René Herz, in Brochure 1945).
- Note 2 : Classée «secret», la circulaire n° 12 du 14 décembre 1939, signée Albert Sarraut, ministre de l’Intérieur, avait fixé les conditions d’application du décret du 18 novembre 1939 (décret Daladier) qui donnait aux préfets le pouvoir de décider l’éloignement et, en cas de nécessité, l’assignation à résidence dans un centre de séjour surveillé, des individus dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique. Pendant l’Occupation, le gouvernement du maréchal Pétain poursuit la lutte anticommuniste en utilisant le décret Daladier du 18 novembre 1939 et fait ainsi interner en « centre de séjour surveillé », sans jugement, les militants jugés dangereux. Plus tard, la circulaire de Peyrouton (ministre de l’Intérieur), du 19 novembre 1940 permet d’élargir l’internement administratif : la découverte de tracts extrémistes sur le territoire d’une commune entraînera l’internement administratif des militants communistes notoirement connus, à moins qu’ils ne soient déjà poursuivis judiciairement en vertu d’une procédure dument engagée. (AN FIA-3678).
- Note 3 : 28 décembre 1940, note du cabinet de De Brinon au chef du 2è bureau : « Jusqu’en novembre dernier, le seul camp dont la création avait été autorisée officiellement par les Autorités allemandes, était celui du sanatorium d’ Aincourt, pouvant contenir environ 500 personnes et qui était uniquement destiné à recevoir les indésirables français de la Seine et de Seine-et-Oise. Ce centre étant entièrement rempli, j’ai dû, en présence de la nécessité de continuer les internements pour enrayer la propagande communiste, prendre la décision d’envoyer à la prison de Fontevraud les 100 plus dangereux, et notamment les anciens députés communistes, mais cette situation ne saurait s’éterniser, ces locaux ne pouvant, en aucun cas, continuer à servir de centre d’internement. J’ai demandé, à plusieurs reprises, que l’on envisage le transfert, en Afrique du Nord, des individus les plus dangereux qu’un coup de main pourrait facilement délivrer en raison des faibles moyens de gardiennage et de l’armement insuffisant du personnel ».
- Note 4 : Dans le livre « Mémoire pour demain » et sur le site du Maitron, dont les sources sont le précédent ouvrage, on peut lire qu’après le camp de Voves, André Darondeau aurait été transféré au camp de Châteaubriant, et de ce camp à celui de Compiègne. Les documents que nous avons pu consulter semblent infirmer cette affirmation. Il n’y a sur le document du camp de Voves (C 331-28) intitulé « Etat nominatif des internés provenant de la Seine » aucune observation particulière indiquant un transfert vers Châteaubriant. Seule la mention « pris en charge par les autorités d’occupation le 10 mai 1942 » y figurent, comme pour 80 autres militants transférés à Compiègne (le point d’interrogation lisible sur la reproduction ci-contre du document concerne la date du premier arrêté d’internement qui est inconnue à Voves, aussi bien pour Georges Dudal que pour André Darondeau). La seule possibilité qui demeure ne peut donc concerner qu’un transfert Aincourt-Châteaubriant-Aincourt, ce que nous n’avons pu confirmer actuellement.
- Note 5 : Sur les deux listes d’un total de cent neuf internés, 87 d’entre eux seront déportés à Auschwitz. Le directeur du camp a fait supprimer toutes les permissions de visite afin d’éviter que les familles assistent au prélèvement des 81 communistes pris en charge par l’armée d’occupation. La prise en charge par les gendarmes allemands s’est effectuée le 10 mai 1942 à 10 h 30 à la gare de Voves. Il poursuit Cette ponction a produit chez les internés présents un gros effet moral, ces derniers ne cachent pas que tôt ou tard ce sera leur tour. Toutefois il est à remarquer qu’ils conservent une énergie et une conviction extraordinaire en ce sens que demain la victoire sera pour eux. Il indique également ceux qui restèrent se mirent à chanter la «Marseillaise» et la reprirent à trois reprises.
- Note 6 : 522 photos d’immatriculation des « 45 000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après-guerre directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.
Sources
- Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Edition informatique 2012 notice de Claude Pennetier et Jean Pierre Besse. Edition papier, tome 24 page 75.
- « Villejuif à ses Martyrs de la barbarie fasciste« , brochure éditée par la Vie nouvelle sous l’égide de la municipalité et de la section communiste de Villejuif (1945-1946). Imp. M. Boivent. Les documents ont été rassemblés par René Herz, employé à l’Asile, arrêté le 6 décembre 1940, et interné à Aincourt (collection Pierre Cardon).
- Notes manuscrites de Gilberte Le Bigot, belle-sœur de Georges Le Bigot concernant chacun des 9 déportés à Auschwitz (1973).
- Marcelino Gaton et Carlos Escoda, Mémoire pour demain, Graphein, 2000.
- Villejuif à ses Martyrs de la barbarie fasciste. 50è anniversaire de la Résistance (1940/1990).
- Notes manuscrites de Gilberte Le Bigot, belle-sœur de Georges Le Bigot concernant chacun des 9 déportés à Auschwitz (1973).
- Remerciements à Mme Nathalie Lheimeur, service des Archives municipales.
- Aincourt. Archives de la police / BA 2374.
- Mémoire de maîtrise d’Histoire sur Aincourt d’Emilie Bouin, juin 2003. Premier camp d’internement des communistes en zone occupée. dir. C. Laporte. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / UFR des Sciences sociales et des Humanités.
- Archives départementales des Yvelines (le Centre de séjour surveillé d’Aincourt).
- Stéphane Fourmas, Le centre de séjour surveillé de Voves (Eure-et-Loir) janvier 1942 – mai 1944, mémoire de maîtrise, Paris-I (Panthéon-Sorbonne), 1998-1999.
- Note du 15 janvier 1942 de la DGPN. Archives nationales à Paris, F7/15086.
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
- Death Books from Auschwitz(registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Site InternetLégifrance.gouv.fr
- © Site Interne tLesmortsdanslescamps.com
- © Musée d’Auschwitz Birkenau. L’entrée du camp d’Auschwitz 1.
- Registres matricules militaires de la Seine.
- Recensement de 1926, Paris, élections.
Notice biographique rédigée en 2003, mise en ligne en 2008, complétée en 2015, 2019, 2020, 2022 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45 000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com