Matricule « 45 677 » à Auschwitz
Alexandre Hurel : né en 1890 à Paris 10è ; domicilié à Fresnes (Seine / Val-de-Marne) ; plombier, couvreur ; syndiqué CGT, conseiller municipal communiste de Fresnes ; arrêté le 5 octobre 1940 ; interné au camp d’Aincourt, aux maisons centrales de Rambouillet et Gaillon, aux camps de Voves et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 2 novembre 1942.
Alexandre Hurel est né le 26 juin 1890 à Paris 10è au 265, rue du faubourg Saint-Martin.
Au moment de son arrestation, il habite 18, bis rue Brulard à Fresnes (Seine / Val-de-Marne).
Il est le fils de Berthe (Marguerite, Philiberte dite) Campmas, 20 ans, polisseuse, née le 11 août 1890 à Lyon et d’Eugène Hurel, 21 ans, couvreur, puis plombier, né à Rouen le 9 avril 1869, domiciliés alors au 11, bis rue de Nemours à Paris 10è.
Ses parents se sont mariés à Paris 11è le 30 juin 1894, reconnaissant et légitimant leur fils Alexandre et sa sœur Lucie, née à Paris 10è le 4 octobre 1892. Ils habiteront par la suite rue des Rondonneaux, à Paris 20è.
Alexandre Hurel est couvreur, plombier, comme son père.
Conscrit de la classe 1910, il est appelé au service militaire en 1911. De retour à la vie civile, en janvier 1913, il habite au 37, Pré du champ de foire à Lons-le-Saunier (Jura).
Il se marie à Lons-le-Saulnier le 30 décembre 1913, avec Jeanne, Clémentine Dominique, chapelière, née à Perrigny, banlieue de Lons (Jura) le 19 juillet 1894.
En avril 1914 le couple a déménagé à Paris et habite au 67, rue des Vignoles à Paris 20è.
Le couple a une fille, Lucienne née en 1912 dans le Jura.
Son registre matricule militaire nous apprend qu’Alexandre Hurel mesure 1m 69, ales cheveux noirs, les yeux « châtains-verdâtres », le front moyen, le nez rectiligne, le visage étroit. Au moment de l’établissement de sa fiche (1921), il est mentionné qu’il est zingueur et habite Lons-le-Saunier (Jura), comme ses parents. Il a une cicatrice résultant d’une coupure au dessus de l’œil gauche. Il a un niveau d’instruction n° 3 pour l’armée (sait lire écrire et compter, instruction primaire développée). Le 1eraoût 1914 la mobilisation générale est décrétée.
Alexandre Hurel est « rappelé à l’activité » et mobilisé au 60è Régiment d’Infanterie (4è bataillon) qu’il rejoint le 2 août 1914 à Besançon. Il fera toute la guerre au sein de ce régiment, jusqu’au 5 août 1919, date de sa démobilisation. Il est sous-officier (le registre matricule a occulté cette partie concernant sa carrière militaire et nous ignorons donc quel est son grade) et il sera cité 4 fois, pour des actes de bravoure, à l’ordre du régiment ou du corps d’armée.
Une première citation, non datée : « courageux et dévoué, a assuré les liaisons téléphoniques sous les plus violents bombardements ».Il est cité une deuxième fois en 1916 (date et citation illisibles), une troisième fois le 27 juin 1918 « Marchant en renfort, n’a pas hésité à s’engager dès le départ pour tourner une mitrailleuse qui empêchait la progression de la compagnie » Croix de guerre avec étoile de bronze. Une quatrième fois le 7 novembre 1918 après l’assaut de la Butte de Tahure « dans l’attaque du village de Lodins, solidement tenu par l’ennemi, a conduit brillamment d’audacieuses patrouilles à combattre à la grenade sans trêve, jusqu’au succès. A contribué à la capture de nombreux prisonniers et de mitrailleuses ». Il est décoré de la Croix de guerre avec étoile de vermeil.
Après la guerre, le couple habite au 67, rue des Vignoles (Paris 20 rue des Rondonneaux, à Paris 20è).
En septembre 1926, vient s’installer à Fresnes. ils habitent au 113, rue des Loups, lotissement de Berny le cottage – section B – (actuellement quartier de la Fosse-aux-loups) à Fresnes.
Puis ils déménagent au 18, bis rue Brulard (Madame Hurel mère habite au n°18 en 1940).
En 1928, ils habitent avec les parents d’Alexandre au 113, rue Brulard à Fresnes.
En 1936, Alexandre et son père travaillent chez les « Clous au soleil », sa mère, chapelière est au chômage et son épouse Jeanne est chapelière chez Marquet à Paris.
On sait par le recensement de 1936 qu’il est plombier, employé par la Compagnie des « Clous au soleil » (75, boulevard Richard Lenoir), spécialisée dans la fabrication de clous d’ameublement, où travaille son père.
Alexandre Hurel adhère au Parti communiste en 1925. Il est candidat communiste aux élections municipales de 1935. Il est élu aux élections partielles des 27 juin et 4 juillet 1937 sur la liste de Maurice Catinat (1).
Le « Front Rouge » du 19 juin 1937, périodique du Parti communiste qui présente les candidats communistes comme :« Des vieux habitants de Fresnes, des travailleurs honnêtes » le décrit ainsi : « Hurel Alexandre. Plombier syndiqué, membre du parti depuis 1925. Candidat aux élections municipales en 1935».
Dans le cadre de sa délégation municipale, Alexandre Hurel représente la municipalité à la Caisse des Ecoles (il figure peut-être sur la photo de la fête des écoles datant de 1937 ou de 1938, légendée par Roger Pélissou au verso.
De gauche à droite : 2è Alexandre Hurel ? (flou), 3è Georges Galbrun (ancien conseiller municipal de Fresnes, qui a remis la photo à Roger Pélissou), 4è Elie Batôt (il sera déporté « 45 205″), 5è Odette Soupion, 6è Henri Soupion (il sera déporté « 46 110″), 7è Marcelin Camusson.
Le conseil municipal de Fresnes est suspendu par le décret Daladier du 4 octobre 1939 « jusqu’à la fin des hostilités » et remplacé par une « délégation spéciale » (2).
Alexandre Hurel est déchu de son mandat électif le 9 février 1940, par le conseil de préfecture en application de la Loi du 21 janvier 1940 (3).
Lire dans le site La municipalité communiste élue de Fresnes élue en 1937 décimée par Vichy et l’occupant nazi.
Le 9 mai 1940, la délégation spéciale désignée par le Préfet demande à celui-ci de prononcer « la constatation de déchéance » du conseil d’administration de la Caisse des écoles de ses membres élus communistes déchus, dont Alexandre Hurel.
Le 13 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht occupent Créteil et Fresnes le 15 juin (elles investissent la prison). Le 14 juin elles sont entrées dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Alexandre Hurel est arrêté par la police française le 5 octobre 1940 avec onze autres membres du Conseil municipal déchub en 1940 (René Carpentier est arrêté le 9 octobre), et trois autres militants communistes de la commune, dans le cadre de la grande rafle (4) organisée, avec l’accord de l’occupant, par le gouvernement de Pétain à l’encontre des principaux responsables communistes d’avant-guerre de l’ancien département de la Seine. 210 élus, cadres du parti et de la CGT sont ainsi arrêtés.
Alexandre Hurel est emmené au Dépôt de la Préfecture puis interné, avec ses camarades, au camp de « séjour surveillé » d’Aincourt, ouvert spécialement, le 5 octobre 1940, par le gouvernement de Vichy pour y enfermer les communistes arrêtés.
Lire dans le site Le camp d’Aincourt .
Sur la liste « des militants communistes « concentrés » le 5 octobre 1940» reçue par la direction du camp, figurent des mentions caractérisant les motifs de leur internement (C 331/7). Pour Alexandre Hurel on lit : « 50 ans. Ex conseiller municipal communiste de Fresnes. Propagandiste actif ». Il a le n° de dossier 272.979.
Le camp est administré par le commissaire Andrey, qui multiple brimades et sanctions à l’encontre des communistes.
Pour protester contre le refus de visites qui leur est opposé, les épouses, mères, fils et filles des détenus de Fresnes signent le 29 mars 1941, avec leurs noms et adresses (dont celles de Mme « Hurel femme et Hurel mère ») une lettre adressé au Préfet de la
Seine : « Nous venons solliciter de votre haute bienveillance, l’autorisation de rendre visite à nos maris et pères, qui (sont) internés administrativement à Aincourt (Seine-et-Oise). Attendu que les prisonniers de droit commun (criminels, voleurs) ont droit à des visites, nous ne pouvons comprendre que nos maris et pères, étant des hommes honnêtes, n’y ont pas droit. Espérant que vous voudrez bien prendre notre requête en considération. Veuillez recevoir nos salutations empressées».
La lettre, enregistrée le 3 avril, est barrée de la mention : Rep : impossible, à Mme Soupion qui portera cette décision à la connaissance des co-signataires. L’écriture de Mme Soupion étant parfaitement reconnaissable, c’est bien à elle que le chef de cabinet du Préfet charge le 11 avril le commissaire de la circonscription de Choisy-le-Roy « d’avertir les pétitionnaires, en la personne de Mme Soupion, que le règlement intérieur du camp (ne permet pas) les visites au détenus ».
Le 24 juin 1941, Alexandre Hurel est transféré avec un groupe de « meneurs indésirables » à la prison de Rambouillet avec le statut d’interné administratif à la suite d’incidents qui l’ont opposé aux partisans de Gitton (5). Il s’y retrouve jusqu’au 26 septembre 1941 avec René Guiboiseau et Fernand Salmon qui seront eux aussi déportés à Auschwitz.
Le 27 septembre, il est transféré au centre d’internement administratif de Gaillon dans l’Eure avec 22 autres internés administratifs, dont ses deux camarades Guiboiseau et Salmon (6).
Lire dans ce site : la-Maison-centrale-de-Gaillon
Le 4 mai 1942, ils se trouvent dans un nouveau transfert, vers le camp de Voves où ils arrivent le 5 mai. Alexandre Hurel n’y restera que 15 jours. (son n° de dossier est toujours 272.979).
Lire dans ce site : Le camp de Voves
Dans un courrier en date du 18 mai 1942, le chef de la Verwaltungsgruppe de la Feldkommandantur d’Orléans écrit au Préfet de Chartres : Le chef du M. P. Verw.Bez. A de St Germain a ordonné le transfert de 28 communistes du camp de Voves au camp d’internement de Compiègne. Je vous prie de faire conduire suffisamment escortés les détenus nommés sur les formulaires ci-contre le 20-05-42 à 10 heures à la gare de Voves pour les remettre à la gendarmerie allemande. Le bruit court dans le camp qu’il y aura des fusillés : aussi, le 20 mai 1942, lorsque des gendarmes viennent chercher Alexandre Hurel avec 27 autres internés, pour les transférer au Frontstallag
122 de Royallieu à Compiègne, ils chantent la « Marseillaise ». Sur 28 internés, 19 seront déportés à Auschwitz. Depuis le camp de Compiègne, il va être déporté à destination d’Auschwitz.
Lire dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne .
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Le 6 juillet, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.
Depuis le camp de Compiègne, Alexandre Hurel est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Alexandre Hurel est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro matricule «45 677» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz. Ce matricule sera désormais sa seule identité pour ses gardiens.
Il se déclare catholique lors de l’interrogatoire. La photographie anthropométrique (7) correspondant à ce numéro d’immatriculation a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz. Elle a été identifiée par un rescapé de son convoi. De plus elle correspond tout à fait au portrait de 1937.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Aucun des documents sauvés de la destruction ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz, ne nous permet de savoir dans quel camp il est affecté à cette date.
Alexandre Hurel meurt à Auschwitz le 2 novembre 1942, d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 2 page 480).
L’arrêté du 25 juillet 1991 paru au Journal Officiel du 15 septembre 1991 portant apposition de la mention «Mort en déportation» sur les actes et jugements déclaratifs de décès d’Alexandre Hurel comporte une date imprécise : décédé en 1942 à Auschwitz (Pologne). Il serait souhaitable que le ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995. Lire dans le site l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français) Les dates de décès des « 45000 » à Auschwitz.
Le 24 août 1944 lors de la séance en Mairie qui consacre la « Libération de Fresnes et la reprise des pouvoirs par l’ancienne municipalité et Comité local
de Libération », Maurice Catinat est désigné à l’unanimité comme président. Les membres du Comité local de Libération décident de céder leur place au conseil à leurs collègues internés et déportés au fur et à mesure de leur rentrée (décision conforme à l’esprit du gouvernement d’Alger). Alexandre Hurel est indiqué : interné et déporté en Allemagne.
Alexandre Hurel est homologué (GR
16 P 299543 ) au titre de la Résistance intérieure française (RIF) comme appartenant à l’un des mouvements de Résistance.
Il est homologué « Déporté
politique ». La carte est délivrée au nom de sa mère.
Son nom est inscrit sur le monument aux morts de la commune, dans le cimetière communal, et sur la plaque commémorative dans le hall de la mairie de Fresnes : « Hommage du conseil municipal et de la population de Fresnes à leurs conseillers municipaux victimes de la barbarie Nazie. Le 11/11/1945 ».
- Note 1 : Aux élections du 12 mai 1935 la liste d’Unité d’action antifasciste est élue. Maurice Catinat est désigné comme premier adjoint. Mais, le conseil de la préfecture annule l’élection au conseil le 26 juin 1935. « Maurice Catinat conduisit alors à un succès total une liste de vingt-trois candidats communistes aux élections municipales partielles des 27 juin et 4 juillet 1937. Il remplaça Arthur Tellier dans les fonctions de maire. Solidaire du Parti communiste lors du Pacte germano-soviétique, Catinat fut envoyé en séjour surveillé le 19 décembre 1939 » (Le Maitron, notice Jean Maitron, Claude Pennetier).Note 2 : Le gouvernement Daladier promulgue un décret le 4 octobre 1939, en application de l’article 3 du décret du 26 septembre précédent, qui suspend les conseils municipaux à majorité communiste élus dans 27 communes de la Seine et 34 en Seine-et-Oise « jusqu’à la fin des hostilités » et les remplace par des « délégations spéciales ».
- Note 3 : La loi de déchéance du 21 janvier 1940 stipule dans son article 1 «Tout membre d’une assemblée élective qui faisait partie de la Section Française de l’Internationale Communiste, visée par le décret du 26 septembre 1939, portant dissolution des organisations communistes, est déchu de plein droit de son mandat, du jour de la publication de la présente loi, s’il n’a pas, soit par une démission, soit par une déclaration, rendue publique à la date du 26 octobre 1939, répudié catégoriquement toute adhésion au Parti Communiste et toute participation aux activités interdites par le décret susvisé ».
- Note 4 : « PC. La répression s’est exercée avec des moyens accrus. En effet, à la suite de démarches pressantes faites auprès de l’autorité occupante, la préfecture de police a pu obtenir qu’il ne soit pas mis obstacle à l’application des décrets-lois des 18 novembre 1939 et 3 septembre 1940 ». Rapport des Renseignements généraux du 7 octobre 1940.
- Note 5 : Gitton, secrétaire national à l’organisation, rompt avec le Parti communiste après la signature du Pacte germano soviétique le 23 août 1939. Il crée le POPF, proche de la «Révolution nationale» de Pétain. «Il voulait rassembler les dissidents communistes autour de lui et se fixa comme une priorité absolue la libération d’un maximum d’internés après, s’entend, les avoir récupérés. (…) Quant au directeur du camp d’Aincourt il comprit le parti qu’il pouvait en tirer. En février 1941 il recevait dans son bureau les amis (internés) de «Gitton, Clamamus, Doriot» et entretint des contacts réguliers avec Gitton et Capron. Avant juin 1941, il fut relayé par la presse parisienne visant la clientèle anciennement communiste, ainsi de « La France au travail » et du « Cri du peuple » qui lancèrent une campagne pour la libération des internés. Le POPF suscita ainsi, avec le soutien du chef de camp, une véritable dissidence parmi les internés d’Aincourt. Effectivement, les tensions furent très importantes au sein du camp et les nombreux indicateurs permirent de démanteler trois directions communistes clandestines.(…) Le résultat était là : selon un rapport en forme de bilan, le chef d’Aincourt estimait, en février 1942, à quelque 150 le nombre de membres du POPF, soit 13 % des internés passés par le camp. En outre, la moitié des signataires de la première «Lettre ouverte aux ouvriers communistes» du POPF et le cinquième de la seconde étaient des anciens du camp. On mesure l’ampleur de la fracture, même si les déclarations de reniement méritent d’être nuancées à l’aune du marché implicite. En fait, la libération obtenue au prix d’un reniement officiel et du soutien des gittonistes ne déboucha que pour une petite minorité sur un engagement au sein du POPF » (Denis Peschanski, in « La France des camps », p. 515 à 517).
- Note 6 : Après avoir hébergé des réfugiés espagnols en 1939, le château de Gaillon est, à partir de 1941, aménagé en « centre de séjour surveillé ». De septembre 1910 à février 1943, sont internés sur arrêtés préfectoraux des communistes, quelques gaullistes, des juifs et étrangers, des coupables d’infractions à la législation sur le ravitaillement (marché noir et abattage clandestin). On y interne les hommes de 1941 à septembre 1942, les femmes ensuite.
- Note 7 : 522 photos d’immatriculation des « 45 000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis devenu après-guerre directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz–Birkenau) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.
Sources
- © Archives en ligne de Paris (état civil et registre militaire).
- Plaquette-souvenir éditée par la municipalité de Fresnes.
- Recherches auprès des militants et archives municipales (état civil, bureau des élections, recensement), menées en 1973 et 1974 par Roger Pélissou, rescapé du convoi du 6 juillet 1942, qui vint habiter Fresnes à la Libération. Il a fait reproduire la photo d’Alexandre Hurel par la © FNDIRP.
- Souvenirs de René Denizou, fils de Géry Denizou.
- Témoignages de Maurice Catinat, arrêté le 5 octobre 1940, ancien maire, d’Auguste Monjauvis et de Roger Pélissou.
- « Fresnes dans la tourmente, 1939-1944 », Françoise Wasserman, Juliette Spire, Henri Israël », Ed. Ecomusée de Fresnes. 1995.
- Archives de la Préfecture de police, Cartons occupation allemande, BA 2374.
- Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Edition informatique 2012.
- Mémoire de maîtrise d’Histoire sur Aincourt d’Emilie Bouin, juin 2003. Premier camp d’internement des communistes en zone occupée. dir. C. Laporte. Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines / UFR des Sciences sociales et des Humanités.
- Délibération du 24 août 1944, photocopie fournie par Maurice Catinat (21 avril 1993).
- Photo de la fête des Ecoles 1938 : remise à Roger Pélissou (45957) par Georges Galbrun.
- © Site InternetLégifrance.gouv.fr
- © Site Internet Lesmortsdanslescamps.com
- Photo d’immatriculation à Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau / collection André Montagne.
- © Musée d’Auschwitz Birkenau. L’entrée du camp d’Auschwitz 1.
Notice biographique rédigée en 2007, mise en ligne en 2012, complétée en 2010, 2012, 2015, 2019, 2020 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com