Matricule « 46 281 » à Auschwitz
Jacques Grynberg *: né en 1897 à Lodz (Pologne) ; domicilié à Honfleur (Calvados) ; ingénieur chimiste ; arrêté le premier mai 1942 comme otage Juif; interné à Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 31 juillet 1942
Jakob, Jacques Grynberg est né le 22 octobre 1897 à Lodz en Pologne, annexée par la Russie tsariste.
Il habite à Honfleur au 55, rue Saint Léonard au moment de son arrestation.
Il est le fils de Hana ou Chaina Solnica et de Moszek Grynberg son époux. Il est étudiant en chimie à Varsovie, comme l’est sa future épouse Malka (Marie par francisation officielle en 1966), née Szurek, le 24 janvier 1898 à Lodz (Pologne).
Ils ont en effet tous deux réussi le concours d’entrée (sous le régime tsariste, il existe un numerus clausus à l’encontre des étudiants juifs). Jacques et Marie ont des opinions très à gauche selon leur fille. La petite fille de Jacques Grynberg, madame Eve Netchine nous précise « leur départ vers la France n’est pas dû (si j’en crois le récit de ma mère) directement à l’antisémitisme, mais à des motifs d’un autre ordre. Oui, il existait un numérus clausus, mais mes grands parents avaient tous deux réussi l’examen d’entrée et se trouvaient en cours d’études de chimie lorsqu’ils ont été exclus de l’université, en raison du refus de mon grand père de s’enrôler dans les corps francs qui partaient combattre la Russie révolutionnaire. C’est pour achever leurs études qu’ils sont partis. Ils ont donc intégré l’école de Chimie de Strasbourg en cours de cursus, et non pas en première année ».
Après l’indépendance polonaise de 1918, la guerre russo-polonaise et le durcissement du régime, ils émigrent en France en 1921, à Strasbourg. Le 23 février 1922, il sont domicilié au 10, rue Eisnstein à Strasbourg.
Toutefois, ils se marient à Lotz le 15 septembre 1922.
En 1928, le couple habite à Strasbourg-Neudorf. Jacques Grynberg est naturalisé français (JO du 13 novembre 1928) après l’avis favorable sur le couple émis par les services préfectoraux.
Il exerce alors la profession de chimiste et possède le diplôme français d’ingénieur chimiste (in demande de naturalisation).
Ils s’installent ensuite à Paris 14è, où naît leur fille, Gabrielle, Dina, dite Gaby, qui naît le 20 mars 1930 (elle est décédée en 2014). Il travaille alors pour la CECA (Carbonisation et Charbon actif) 50 bis, rue de Lisbonne à Paris 8è.
Le couple s’installe en Normandie en 1938 et habite au 55, rue Saint Léonard à Honfleur (Calvados).
Jacques Grynberg est alors ingénieur chimiste à la filiale normande de la CECA, rue du président Duchêne à Honfleur. L’usine, qui emploie une centaine d’ouvriers, fabrique des produits absorbants, décolorants et filtrants, destinés au raffinage des huiles minérales et à l’épuration des huiles végétales et autres corps gras.
Il parle français, allemand, russe et polonais. Il apprenait l’anglais, langue qui devait lui être utile dans une entreprise parisienne où il comptait travailler dit sa fille.
Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Le 18 juin 1940, les troupes allemandes arrivant de Falaise occupent la ville de Caen, et toute la Basse Normandie le 19 juin.
Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
En août huit divisions d’infanterie allemande – qu’il faut nourrir et loger – cantonnent dans la région. L’heure allemande remplace l’heure française.
A la suite de la première ordonnance allemande prescrivant le recensement des Juifs en zone occupée, un fichier des Juifs est établi dans chaque préfecture et un premier « Statut des Juifs » est édicté le 3 octobre 1940 par gouvernement de Vichy. Il est beaucoup plus draconien que l’ordonnance allemande (pour les Allemands, le Juif est défini par son appartenance à une religion, pour Vichy par son appartenance à une race). Les Juifs de nationalité française perdent, par ce décret du gouvernement de Vichy, leur statut de citoyens à part entière : à partir du 3 octobre 1940, la police française fait appliquer les ordonnances allemandes concernant l’obligation pour les Juifs de zone occupée d’avoir une carte d’identité portant la mention « Juif » : ils doivent se faire recenser dans les commissariats proches de leur domicile. Dans certains départements les préfets ont transmis à la commission nationale de révision des naturalisations des listes d’étrangers naturalisés (et parmi eux de nombreux Juifs). Cela n’a pas été le cas dans le Calvados pour les Juifs déportés le 6 juillet 1942. Seul Jacques Grynberg est dénaturalisé en mai 1944, mais directement au plan national, la commission n’ayant pas connu son parcours depuis le Bas-Rhin à Paris puis à Caen.
En 1941, Jacques Grynberg désire s’établir à Paris, mais sa demande de changement de domicile lui est brutalement refusée (16 avril 1941) « il ne peut être donné satisfaction à la demande du Juif Grynberg… » et le courrier insiste « il faut constamment veiller à ce que Grynberg se présente régulièrement et que sa présence soit confirmée par sa propre signature« .
En effet, l’application des ordonnances allemandes pour la zone atlantique l’oblige à aller signer chaque jour un registre de présence au commissariat de police (suite de l’ordonnance de Vichy du 27 septembre 1940 qui porte obligation pour les Juifs français et étrangers de se faire recenser dans les commissariats entre le 3 et le 19 octobre). Voir plus haut la photocopie de la lettre du 15 avril 1941.
Jacques Grynberg est arrêté comme otage juif le premier mai 1942 (lire l’article du site en cliquant sur ce lien) par les autorités françaises : il figure sur la liste des Juifs à arrêter le 1er mai 1942 (120 otages «communistes et Juifs») établie par les autorités allemandes.
Son arrestation a lieu en représailles au déraillement de deux trains de permissionnaires allemands à Moult-Argences (38 morts et 41 blessés parmi les permissionnaires de la Marine allemande à la suite des sabotages par la Résistance, les 16 et 30 avril 1942, de la voie ferrée Maastricht-Cherbourg où circulaient deux trains militaires allemands. Des dizaines d’arrestations sont effectuées à la demande des occupants.
Lire dans le site : Le double déraillement de Moult-Argences et les otages du Calvados (avril-mai 1942) et la note du Préfet de Police de Paris à propos du sabotage de Moult-Argences : Collaboration de la Police français (note du Préfet de police, François Bard).
Avec Wolf Raliski, Maurice Guerrier, et Henri Philippard, il est interrogé à Trouville-sur Mer et de là il est amené à la maison d’arrêt de Pont-L’Evêque.
Madame Christine Le Callonec, parente par alliance du petit-fils fils d’un déporté, M. Jacques Sergeff, m’a fait parvenir les registres d’écrou de la prison de Pont-L’Evêque, concernant les arrestations effectuées par la Gendarmerie nationale française sur réquisition des Autorités allemandes le 3 mai 1942. Sur les quatre pages de ces registres d’écrou figurent les noms de 15 hommes. Parmi eux, 11 seront transférés à la Maison d’arrêt de Caen le 3 mai, puis à Compiègne et de là déportés à Auschwitz le 6 juillet 1942.
Il s’agit de Maurice Auvray, Maurice Monroty, Pierre Lelogeais, Jacques Grynberg, Maurice Guerrier, Henri Philippard, Emmanuel Michel, Lucien Lehmann, Henri Hasman, Chaïm Levinsky et son fils, René Levinsky.
Pour Jacques Grynberg, après l’appositions de ses deux empreintes digitales, le signalement du registre relève son âge : 45 ans et ses caractéristiques physiques. 1 m 64, Barbe : rasée, Menton : saillant, Bouche : bée, Nez : r, Sourcils : arqués, Yeux : Châtains, Cheveux : châtains, Teint : pâle. Sa date et lieu de naissance : le 13 mars 1906 à Noyers-sur-Cher (Loir-et-Cher). Suivent sur la même ligne les mentions concernant l’identification des autorités ayant effectué l’arrestation (elle est « passagère » réalisée par la Gendarmerie nationale française) et l’autorité l’ayant commandée (autorités allemandes). Suivent : le dernier lieu de « séjour » (Trouville-sur-Mer), la date d’entrée à la prison de Pont-L’Evêque : le 3 mai 1942 et la date de sortie : le 3 mai 1942, puis la mention du transfert à la Maison d’arrêt de Caen le 3 mai 1942.
Jacques Grynberg et dix autres otages – Juifs et communistes -, sont conduits en autocars le 3 mai au « Petit lycée » de Caen occupé par la police allemande, où sont regroupés les otages du Calvados. On leur annonce qu’ils seront fusillés. Par la suite, un sous-officier allemand apprend aux détenus qu’ils ne seront pas fusillés mais déportés. Après interrogatoire, ils sont transportés le 4 mai 1942 en cars et camions à la gare de marchandises de Caen. Il est remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne, le 4 mai, en vue de sa déportation comme otage.
Après la guerre, une enquête est diligentée sur les circonstances de l’arrestation de Jacques Grynberg.
Selon le rapport d’enquête effectuée par un capitaine de gendarmerie en date du 16 juillet 1947, qui recueille la déclaration de l’adjudant-chef de gendarmerie L. qui dit avoir été chargé de cette arrestation, « à une date que je ne peux préciser, mais qui doit être le 3 mai, puisque le registre du 3 mai 1942 de la Brigade d’Honfleur mentionne cette date » celui-ci aurait fait prévenir la veille Jacques Grynberg, qu’il connaissait, « qu’il aurait à se constituer prisonnier à une heure que je lui fixais, lui laissant ainsi la possibilité de s’enfuir. Il n’en fit rien et à l’heure dite se présenta le lendemain à son bureau muni de linge de rechange et de couvertures».
En réalité, on a tout lieu de mettre en doute ce récit de l’adjudant chef L. qui ne peut être recoupé par le procès-verbal de l’arrestation… qui n’a pas été retrouvé.
Car Gaby Grynberg qui a été témoin, avec sa mère, de l’arrestation de son père, s’inscrit en faux contre cette version : son père a bien été arrêté le premier mai à leur domicile, cerné par deux corps des forces de l’ordre.
Cette date est corroborée par le commissaire de Police de Honfleur rendant compte des arrestations du 1er mai au sous-préfet de Lisieux, écrit le 2 mai : » il a été procédé à l’arrestation en soirée de l’israélite Grynberg Charles, ingénieur, rue Saint-Léonard » (Cf lettre ci-dessous). Il ne mentionne en aucune façon une quelconque convocation qui aurait précédée l’arrestation.
Ajoutons par ailleurs que le rapport de gendarmerie du 6 janvier 1954 concernant les arrestations du Premier mai dans le Calvados fait référence à une pièce en langue allemande du 1/5/1942 émanant de la Standortkommandantur de Honfleur donnant ordre téléphonique à 21 heures 15 à la police française d’arrêter le même jour à 22, heures , « tous les juifs et communistes en activité ».
Ce qui ne laisse aucun délai possible pour réaliser concrètement la pseudo opération « résistante » relatée par l’adjudant chef L.
Depuis ces remarques, nous avons eu – en 2023 – connaissance du registre d’écrou de la prison de Pont l’Evêque en date du 3 mai 1942, qui est incontestable. Jacques Grynberg y arrive en « transfèrement », comme « passager » venant du « séjour » de Trouville-sur Mer.
En effet, les mentions portées sur le registre spécifient dans le langage administratif si particulier que Jacques Grynberg est un « passager » (catégorie qui ne figure d’ailleurs pas sur le bordereau, qui sont : condamné, prévenu, accusé allant en appel).
Ce qui signifie qu’il vient d’un autre lieu d’incarcération et que ce « séjour » n’est que provisoire. Il est « passager ».
Dans la rubrique « désignation ayant ordonné le transfèrement » on lit « autorité allemande, remis par gendarmerie nationale française« . et pour la « désignation du dernier lieu de séjour » : on lit : « Trouville-sur-Mer ». « Lieu sur lequel il doit être dirigé » : « à Caen« .
Après l’arrestation de son époux, Marie Grynberg ira alors se cacher avec sa fille grâce au concours d’un couple d’instituteurs honfleurais, Madame et M. Marest, qui leur font parvenir des tickets de rationnement et des colis.
On notera que cette fuite ne correspond nullement à la passivité confiante, quasi consentante, du couple, décrite par l’adjudant-chef de gendarmerie L. et aux propos qu’il prête à Marie Grynberg : « Pourquoi voulez-vous que mon mari aille se cacher, et s’adressant à lui ajouta : tu es un homme de valeur, tu es un ingénieur chimiste, tu connais sept langues, les Allemands sauront bien t’utiliser« .
Pendant deux ans, ayant changé de nom, ne portant pas l’étoile jaune, la mère et la fille vivent chez son ancienne institutrice.
Marie Grynberg, ayant appris la rafle du Vel d’Hiv’, détruira des lettres et documents de son mari, pour se prémunir en cas d’arrestation.
A la demande des autorités allemandes, Jacques Grynberg et les 11 autres otages juifs et communistes de la prison de Pont-L’Evêque, sont conduits en autocars le 3 mai au «Petit lycée» de Caen occupé par la police allemande, où sont regroupés les otages du Calvados. On leur annonce qu’ils seront fusillés. Par la suite, un sous-officier allemand apprend aux détenus qu’ils ne seront pas fusillés mais déportés. Après interrogatoire, ils sont transportés le 4 mai 1942 en cars et camions à la gare de marchandises de Caen.
Le train démarre vers 22 h 30 pour le camp allemand de Royallieu à Compiègne le Frontstalag 122 (témoignage André Montagne).
Jacques Grynberg y est interné le lendemain soir 4 mai, en vue de sa déportation comme otage. Il est remis aux autorités allemandes à leur demande.
Lire l’article : Les déportés juifs du convoi du 6 juillet 1942
Selon son épouse, elle a reçu un message sur papier bible vert, carré, écrit à la main annonçant leur itinéraire en France, jusqu’à la frontière. Elle a cherché en vain, de gare en gare à partir de Paris à le retrouver.
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Depuis le camp de Compiègne, Jacques Grynberg est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro « 46 281 ».
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a été pas retrouvée parmi les 522 photos que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.. Les autres, dont les 53 otages Juifs du convoi, restent à Birkenau, employés au terrassement dans les marais et à la construction des Blocks.
Jacques Grynberg meurt à Auschwitz le 31 juillet 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz et destiné à
l’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 405). Le titre de «Déporté politique» lui a été attribué. Il a été déclaré « Mort pour la France » le 26 janvier 1948.
La nationalité française lui est retirée par le décret du 4 mai 1944, publié au Journal officiel du 13 mai 1944, après examen au cours de la séance n° 1143 du 15 octobre 1943 par la commission 1. Il fait partie des derniers 15 000 Français d’origine étrangère dénaturalisés jusqu’en mai 1944. En effet dès le 22 juillet 1940, l’État français décrète le réexamen de toutes les naturalisations accordées depuis 1927. Il « entend, sinon débarrasser le pays des étrangers indésirables, du moins les placer sous contrôle étroit et, pour les plus dangereux, les priver de la citoyenneté française qu’ils auraient pu acquérir. L’anticommunisme va de pair ici avec la xénophobie » (Jean-Claude Magrinelli, chercheur au CRIDOR). Il est le seul des otages juifs du convoi a avoir été privé de sa nationalité française.
Lire dans le site : Douze « 45 000 » dénaturalisés par Vichy
Nous avons noté que le dossier « étudié » par la commission n°1 en octobre 1943 ne connait pas son domicile et sa profession ni à Paris, ni à Honfleur, ni ne sait qu’il a été déporté comme otage à Auschwitz le 6 juillet 1942 après la rafle des communistes et Juifs du Calvados. « Résidence : Sans domicile actuellement connu. Dernier domicile : Bas-Rhin. Cet individu a été intégré au corpus grâce à sa présence dans le fichier BB/27/1422-BB/27/1445 (sa fiche est conservée au sein de l’article BB/27/1431) ».
Sa veuve, Marie Grynberg est décédée en 1979. Le nom de son époux est inscrit sur le Mur des noms, au mémorial de la Shoah.
Le 22 janvier 1997, en présence de Génia Geimhaling résistante à « Défense de la France » et Jacqueline Tieck, résistante et ma collègue au Lycée, j’ai présenté l’histoire de Jacques Grynberg, à mes élèves du Lycée Honoré de Balzac à Paris, avec les documents rassemblés par sa fille madame Gaby Netchine-Grynberg.
- Note * : il n’est semble-t-il pas de la famille directe de son homonyme, le jeune Jacques (Jakob) Grynberg née en Pologne en 1921, dont l’historienne Marie-Paule Hervieu a retracé le parcours en 2019 : « Jacques Grynberg, de la prison de Pau (zone non occupée) à 11 camps (camps de travaux forcés pour Juifs, camps d’internement, camps de concentration) entre l’été de 1941 et 1945 ». https://www.cercleshoah.org › spip › article723
Sources
- Un important et complet dossier concernant l’arrestation et les enquêtes de police faites après guerre, transmis par sa fille, madame Gaby Netchine-Grynberg. Entretiens en juillet et août 2010.
- Liste des Juifs à arrêter le 1er mai 1942 (Archives département du Calvados).
- «Shoah en Normandie» par Yves Lecouturier (pages 203-204). Etude (brochée) parue en juin 2004.
- Fax de M. Claude Doktor
- Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres – incomplets – de l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- Fichier national de la Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen.
- Photo in Mémorial de la Shoah, collection Gaby Netchine-Grynberg.
- La numérisation des des dossiers de naturalisation et dénaturalisation (44 images) a été menée dans le cadre d’une collaboration entre les Archives nationales, l’US Holocaust Memorial Museum et le Mémorial de la Shoah. Base « Denat ».
- Mails de sa petite-fille, madame Eve Netchine (novembre 2023).
- Les dénaturalisés de Vichy / base Dénat France-Archives / 2023
Notice biographique rédigée en janvier 2001 (mise à jour en 2010, 2017, 2020, 2021, 2023 et 2024) par Claudine Cardon-Hamet (docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé) et de Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Autrement, Paris 2005) à l’occasion de l’exposition organisée par des enseignants et élèves du collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association « Mémoire Vive ». Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com