Matricule « 46 083 » à Auschwitz
Gaston Roux : né en 1906 à Dourdan (Seine-et-Oise / Essonne) ; domicilié à Ivry-sur-Seine (Seine / Val-de-Marne) ; mécanicien-tourneur ; dénoncé comme communiste par son employeur ; arrêté le 6 novembre 1941 ; interné aux camps de Rouillé et de Compiègne ; déporté à Auschwitz le 6 juillet 1942, où il meurt le 8 août 1942.
Gaston Roux est né le 24 mai 1906 à Dourdan (Seine-et-Oise / Essonne). Il habite au 89, rue Mirabeau à Ivry-sur-Seine (Seine / Val-de-Marne) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Blanche Pieau, née le 9 juillet 1886 à Nantes, couturière puis restauratrice, et d’Auguste Roux, né en 1879 en Seine-Inférieure, cocher, restaurateur, puis marchand de vin, son époux.
Ses parents se sont mariés le 23 juillet 1905 à Rambouillet et y habitent à La Garenne, jusqu’en 1906. Le 14 avril 1928, à Paris 6è, Gaston Roux épouse Marthe, Eugénie Doyen, née le 1er octobre 1908 dans ce même arrondissement. Le couple divorce.
Gaston Roux habite chez ses parents en 1934, au 68, rue Mirabeau à Ivry, et s’inscrit sur les listes électorales à cette date.
Le 18 août 1934, à Paris 12è, Gaston Roux épouse Paulette Cambron, née le 11 novembre 1912 à Paris 13è, dactylographe, puis mécanographe à la Samaritaine en 1936. Le couple s’installe au 89, rue Mirabeau à Ivry. Gaston Roux est mécanicien-tourneur à la SIF. Le témoin de Gaston est René Roux, domicilé au 68, rue Mirabeau à Ivry.
On trouve mention dans Le Maitron, d’un Gaston Roux, parti combattre en Espagne républicaine (1), mais il semble qu’il s’agisse d’un homonyme…
Le 14 juin 1940, l’armée allemande d’occupation entre dans Paris, vidé des deux tiers de sa population. La ville cesse alors d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes défilent sur les Champs-Élysées. Elles occupent la banlieue parisienne les jours suivants. |
Le 22 juin, l’armistice est signé. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français » et lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Le 6 novembre 1941, à 6 heures du matin, Gaston Roux est arrêté à son domicile – sur dénonciation de son employeur – par des inspecteurs
de la BS1 des Renseignements généraux.
Il est interné administrativement – en tant que communiste – au camp français de Rouillé (2) le 6 novembre 1941 (le Préfet de la Seine, Charles Paul Magny, a signé l’arrêté d’internement administratif le 6 novembre).
Lire dans le site : le-camp-de-Rouillé
Début mai 1942, les autorités allemandes adressent au directeur du camp de Rouillé, une liste de 187 internés qui doivent être transférés au camp allemand de Compiègne (le Frontstalag 122).
Le nom de Gaston Roux (n°162) y figure. C’est avec un groupe d’environ 160 internés (3) qu’il arrive au camp de détention de Royallieu, à Compiègne (Oise – 60), gardé par la Wehrmacht le 22 mai 1942. La plupart d’entre eux seront déportés à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à leur déportation, voir les deux articles du site : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». |
Depuis le camp de Compiègne, Gaston Roux est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942. Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des
mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France,les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Aushwitz-Birkenau
Il est enregistré à Auschwitz sous le numéro « 46 083 » selon la liste par matricules du
convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.Lire dans le blog le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée
au camp principal, 8 juillet 1942. Sa photo d’immatriculation à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les
SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Gaston Roux est mentionné comme présent au Revier (infirmerie) d’Auschwitz en 1942. Il meurt à Auschwitz le 8 août 1942, d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 1031 et © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau).
La mention Mort en déportation est apposée sur son acte de décès (arrêté du 16 octobre 1998 paru au Journal Officiel du 27 janvier 1999.
- Note 1 : Si le Maitron, dictionnaire du Mouvement ouvrier, mentionne un Gaston Roux, ancien de la Légion étrangère, volontaire en Espagne républicaine et combattant dans les rangs des Brigades internationales, nous ne pouvons pas affirmer qu’il s’agit du même militant. En effet le Brigadiste mentionné était domicilié à Paris XIVème arrondissement, or à partir de 1934, Gaston Roux est domicilié à Ivry, d’abord au 68, puis au 89 rue Mirabeau.
- Note 2 : Le camp d’internement administratif de Rouillé (Vienne) est ouvert le 6 septembre 1941, sous la dénomination de «centre de séjour surveillé», pour recevoir 150 internés politiques venant de la région parisienne, c’est-à-dire membres du Parti Communiste dissous et maintenus au camp d’Aincourt depuis le 5 octobre 1940. D’autres venant de prisons diverses et du camp des Tourelles. Il a été fermé en juin 1944. In site de l’Amicale de Châteaubriant-Voves-Rouillé.
- Note 3 : Dix-neuf internés de cette liste de 187 noms ont été soit libérés, soit transférés dans d’autres camps, ou sont hospitalisés. Trois se sont évadés. Cinq d’entre eux ont été fusillés.
Sources
- Ivry fidèle à la classe ouvrière et à la France, supplément au numéro 1319 du Travailleur d’Ivry brochure, 120 pages, Ivry, 1977
- Death Books from Auschwitz (Registres des décès d’Auschwitz), ouvrage publié par le Musée d’Etat (polonais) d’Auschwitz-Birkenau en 1995.
- Archives de Caen du ministère de la Défense (archives du ministère des Anciens combattants et victimes de guerre (Liste des détenus ayant été soignés à l’infirmerie d’Auschwitz).
- Listes – incomplètes – du convoi établies par la FNDIRP après la guerre.
- © Fiches de police des commissariats d’Ivry et Vitry.Musée de la Résistance Nationale : mes remerciements à Céline Heytens.
- Photo d’immatriculation à Auschwitz : Musée d’état Auschwitz-Birkenau / collection André Montagne.
Notice biographique installée en juillet 2012, complétée en 2020 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45 000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce blog) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
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