Matricule « 46 020 » à Auschwitz

 

Eugène Prout © Jacqueline Vigor

 

Eugène Prout le 8 juillet 1942
Eugène Prout : né en 1901 à Pont-Audemer (Eure) ; domicilié à Rouen (Seine-inférieure / Seine-Maritime) ; cultivateur, terrassier, ouvrier du textile ; Secrétaire du Syndicat CGT du textile de Rouen, communiste ; arrêté le 6 octobre 1940, condamné à un an de prison ; écroué à Rouen ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz où il meurt le 19 septembre 1942.

 

Eugène Prout est né le 23 janvier 1901, rue de la Madeleine à Pont-Audemer (Eure). Il est le fils d’Albertine, Joséphine Prout (37 ans) journalière. Reconnu par sa mère, Eugène Prout habite 10, rue de l’Amitié à Rouen (Seine Inférieure / Seine-Maritime) au moment de son arrestation.
Son registre matricule militaire indique qu’il habite à Epreville-en-Lieuvain (Eure) à 26 km de Pont-Audemer, au moment du conseil de révision et travaille comme ouvrier agricole, puis comme terrassier. Sa mère est décédée à la date de rédaction de la fiche matricule militaire.
Eugène Prout mesure 1m 66, a les cheveux châtain clair et les yeux bleus. Il a un niveau d’instruction « n° 2 » pour l’armée (sait lire, écrire et compter).
Conscrit de la classe 1921 (il a le matricule 410), il est appelé sous les drapeaux à compter du 5 avril 1921 pour une durée de deux ans.
Il est incorporé au 39è Régiment d’infanterie à Rouen le 9 avril. Après six mois d’instruction militaire, il est affecté le 27 octobre 1921, via Bizerte, au 415è Régiment d’infanterie engagé en Syrie-Cilicie (en 1920 la France a reçu un mandat de la SDN (Société des nations) sur la Syrie et le Liban. Pour
« maintenir l’ordre » dans ces territoires, elle a constitué une force armée, l’armée du Levant commandée par le général Gouraud).
Eugène Prout est dans les territoire contrôlés par l’armée du Levant jusqu’au 9 novembre 1922, date à laquelle il est réaffecté au 39è Régiment d’infanterie à Rouen. Officiellement en disponibilité le 1er avril 1923, il est maintenu sous le drapeaux jusqu’au 24 avril 1923 – article 33 de la Loi du 21 mars 1905 (1) -, date à laquelle il est renvoyé dans ses foyers, « certificat de bonne conduite accordé ».

Le 3 mars 1927, Eugène Prout et Marie Philomène Perricot habitent à Bernay (Eure), rue des manufactures. Le 31 du mois, ils déménagent au 30, rue Martainville à Rouen. En mars 1929, ils habitent au 22, rue du Bac à Rouen. En juin 1929 ils déménagent en garni au 114, rue Malpalu à Rouen. 
Le 5 août 1929 Eugène Prout épouse Marie Philomène Perricot,
28 ans, née le 15 septembre 1902 à Plouguenedel (Côtes du Nord / Côtes d’Armor). Lui a également 28 ans, il est terrassier. Elle est ouvrière d’usine, domiciliée comme lui au 114, rue Malpalu à Rouen.
Le couple a deux filles Jacqueline et Madeleine, nées en 1925 et 1928.
En décembre de la même année, ils demeurent toujours en garni, mais au 106, rue Malpalu.
En septembre 1931, Emile Prout habite au 7, rue de la Pomme d’Or à Rouen.
Le 11 janvier 1933, il habite au 41,rue Aristide Briand au Houlme (Seine-Inférieure).
En octobre 1934, Eugène Prout et sa famille reviennent à Rouen, au 10, rue de l’amitié, où il habitera jusqu’à son arrestation.
Adhérent du Parti communiste, il est membre de la cellule Lecourt.
Secrétaire du Syndicat du textile de Rouen, il est permanent syndical selon sa fille madame Jacqueline Vigor. Il appartient à la Commission exécutive, puis au Bureau de l’Union locale CGT de Rouen, et il est membre de la Commission exécutive de l’Union départementale CGT de 1938 à 1939.

Un article d’Eugène Prout dans Le Peuple du 22 août 1939.

 » Très actif pendant les grèves du printemps 1936, il fut élu secrétaire adjoint du syndicat général du Textile de Rouen en mars 1937, puis secrétaire permanent au mois de juillet lorsqu’il remplaça Fernand Monnier démissionnaire. Il était assisté de Jeanne Magnan (secrétaire adjointe), de Marcel Roisset (trésorier) et d’Arthur Capelle (trésorier adjoint). Réélu en 1938 et 1939, (l’organisation comptait alors environ 2 000 adhérents dont 1 600 femmes), il figurait parmi les militants de la commission administrative de l’Union locale de Rouen élus le 26 février 1938. Le 26 février 1939, il était membre du bureau de l’Union locale qui comprenait Jean Creignou (secrétaire), Jean Maurice (secrétaire adjoint), Lucien Cléret (secrétaire administratif), Louis Piednoël (secrétaire à la propagande), Émile Morel (trésorier), Louis Lemazurier (trésorier adjoint) et Eugène Prout (archiviste). Déchu de son mandat pour son appartenance au Parti communiste en décembre 1939« . in Le Maitron.

Le 19 mai 1939, il est interviewé par L’Avenir Normand dans un article intitulé « les exploités du textile », puis il publie un article dans Le Peuple, journal quotidien de la CGT le 22 août 1939, article également publié à la même date par « Le Populaire« , journal – revue hebdomadaire du Parti Socialiste.

Il est « rappelé à l’activité militaire » par le décret de mobilisation générale du 1er septembre 1939. Eugène Prout arrive au 33ème Régiment d’infanterie à Rouen le 11 du mois. Il est affecté à la 7ème compagnie. Père de deux enfants, il est renvoyé dans ses foyers le 1er octobre 1939. Placé en « affectation réservée », il est rappelé le 6 janvier 1940 et affecté au centre de mobilisation, dépôt d’infanterie n° 32, où il arrive le 12 janvier (il est affecté à la 20ème compagnie le 31 du mois). Puis il est affecté à l’Ecole militaire préparatoire des Andelys le 23 mars 1940 où il arrive le 24.
Pour l’armée, il « disparaît » à Niort le 26 juin 1940.

Les troupes allemandes entrent dans Rouen le dimanche 9 juin 1940. Après la capitulation et l’armistice du 22 juin, La Feldkommandantur 517 est installée à l’hôtel de ville de Rouen et des Kreiskommandanturen à Dieppe, Forges-les-Eaux, Le Havre et Rouen. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…). Dès le 31 août 1940 les Allemands arrêtent des otages au Trait et à Duclair à la suite de sabotages de lignes téléphoniques. A partir de janvier 1941, les distributions de tracts et opérations de sabotage par la Résistance se multipliant, la répression s’intensifie à l’encontre des communistes et syndicalistes.
Dès le 22 juillet 1941, le nouveau préfet régional, René Bouffet, réclame aux services de police spéciale de Rouen une liste de militants communistes. Une liste de 159 noms lui est communiquée le 4 août 1941 avec la mention : « tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et par tous les moyens ». Ces listes, comportent la plupart du temps – outre l’état civil, l’adresse et le métier – d’éventuelles arrestations et condamnations antérieures. Elles seront communiquées à la Feldkommandantur 517, qui les utilisera au fur et à mesure des arrestations décidées pour la répression des actions de Résistance.

«A la débâcle de 1940, il réussit à s’enfuir et à regagner sa maison. Militant du Parti communiste clandestin, il fut avec d’autres camarades dénoncé et arrêté par la police française » (sa fille, madame Jacqueline Vigor). Selon l’attestation de René Millot (président du comité du Front national, 20/11/1950), Eugène Prout «était responsable dans l’organisation des syndicats illégaux pour la région de Rouen et les cantons de Sotteville, Grand-Quevilly et Maronne (distribution de matériel illégal appelant les travailleurs à la lutte contre l’occupant. Il travaillait sous la direction de Paul Lemarchand, responsable départemental».
Après une perquisition à son domicile, il est arrêté, par la police française, le 6 octobre 1940, sur le chantier du bâtiment où il travaillait. Le motif indiqué sur la fiche allemande d’otage est « Verteilung von kommunistichen Flugschshriften » (distribution de tracts communistes). Avec lui sont arrêtés d’autres militants : Godot, Laurenco, Mary, Gobelin.

Prononcé du jugement du 26 nov. 1940

Il est condamné le 26 novembre 1940 à un an de prison et à 100 F d’amende pour détention de tracts et activité communiste par le tribunal correctionnel de Rouen (ci-contre, extrait du jugement) concernant plusieurs militants : Levillain, condamné à 6 mois de prison  et Eugène Prout «46020», Godebin, Laurenco, Lemarchand, Mary et Louis Creignou (le frère de Jean «46229» et Valère), tous condamnés à un an de prison et à 100 F d’amende, et Lemarchand, condamné à 18 mois et 200 francs d’amende). Eugène Prout purge sa peine à la prison Bonne Nouvelle de Rouen (matricule 6005, cour 2).
Lire le prononcé du jugement ci-contre.

Demande de parloir. 28 sept. 1941

Le 28 septembre 1941 il écrit au surveillant en chef « les détenus condamnés pour délit politique étant dirigés sur un camp de concentration à leur libération, je sollicite l’autorisation de m’accorder un parloir le jeudi 9 octobre prochain, date présumée de ma libération, pour dire au revoir à mes deux enfants et à ma femme (…)». 

Lire dans le site : La prison «Bonne Nouvelle» de Rouen. Témoignage d’André Pican, fusillé au Mont Valérien

Mais à sa levée d’écrou, Eugène Prout est remis aux autorités allemandes et transféré au camp allemand de Compiègne (le Frontstalag 122) le 24 octobre 1941.

Fiche d’otage d’Eugène Prout © CDJC

Il y reçoit le matricule n° 1923 (son camarade Charles Godot, condamné en même temps que lui le 26 novembre 1940 suit le même parcours et reçoit le N° 1921).

Otage « déportable » à l’Est

Le 8 décembre 1941, en réponse aux demandes du Haut commandement militaire dans le but de former un convoi de 500 personnes vers l’Est, la Feldkommandantur 517 de Rouen établit une liste de 28 communistes : «actuellement au camp de Compiègne et pour lesquels est proposé un convoi vers l’Est. Cette liste a été complétée de quelques personnes arrêtées à la suite de l’attentat du Havre du 7 décembre 1941».
Son nom y figure (Cliquez sur le document – montage à partir de la liste d’otages – ci-contre).
Il est également inscrit sur la liste de 25 otages pouvant être fusillés en représailles à l’attentat du 21 janvier 1942 à Elbeuf (cette liste se réfère à un ordre du 8 février 1942).

Liste XLIII / 46 © CDJC

Le nom d’Eugène Prout figure également au n° 18 sur la liste de 25 otages pouvant être fusillés en représailles à l’attentat du 21 janvier 1942 à Elbeuf (cette liste se réfère à un ordre du 14 février 1942).
Comme après les informations concernant Charles Godot n° 17 de la liste, on lit au n° 18 PROUT Eugène – suivi de sa date et lieu de naissance, adresse à Rouen et nombre d’enfants – puis la mention : « Auf die bei GREIGNOU gemachten Ausführungen wird Bezung genommen », que l’on peut traduite par « même référence que ce qui a été dit pour GREIGNOU » (il s’agit de Creignou Louis avec un C).
La référence en question est : «  Hat eine 1 jährige Gefännisstrasse wegen wegen Verbreitung Kom. Flugbläter bis Oktober 41 verbusst unt ist danach den deutchen Behrden zweks Internierung übergeben », c’est à dire « Condamné à un an de prison pour diffusion de tracts communistes en octobre 41. Il est ensuite remis aux autorités allemandes ».
Et effectivement Louis Creignou, frère de Valère et CREIGNOU JEAN a bien le même type de parcours que ses deux camarades (Louis Creignou « arrêté le 7 octobre 1940 après une perquisition à son domicile et la saisie de journaux communistes. Condamné le 26 novembre à un an de prison, il fut livré aux Allemands par la police française le 9 octobre 1941″. Notice in Le Maitron).

Depuis le camp de Compiègne camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Lire également dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne .
Le 6 juillet 1942, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.

Depuis le camp de Compiègne, Eugène Prout est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942. 

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Le jour du départ du convoi, Eugène Prout jette une lettre pour sa femme sur le ballast depuis le wagon. Cette lettre, recueillie par un(e) patriote arrivera à destination. «Parti ce matin de Compiègne à 9 h 30, pour destination jusqu’alors inconnue. Je ne sais si nous allons rester en France. Suis en bonne santé et espère que vous êtes de même».  Il leur demande de lui écrire et d’envoyer des colis en espérant qu’ils lui parviendront. Il espère qu’ils seront bientôt réunis. «Passé à Reims, Chalons-sur-Marne et Bar-le-Duc à 15 heures» (…). «Tu souhaiteras le bonjour à tout le monde pour moi. Embrasse bien les filles pour moi. Je vous envoie encore beaucoup de bécots. Je termine en t’embrassant bien fort de loin ainsi que les filles en attendant la joie de [vous voir de] près. Ton mari qui t’aime et pense à toi» (document ci-contre).

Eugène Prout le 8 juillet 1942 à Auschwitz

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942. Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942.
Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «46020» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.

Sa photo d’immatriculation (2) à Auschwitz a été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».  Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau, situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Lire dans le site, La journée-type d’un déporté d’Auschwitz

Eugène Prout meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz et destiné à l’état civil de la municipalité d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 968).
René Demerseman a rapporté par écrit – le 12 août 1945 – les circonstances de sa mort à Auschwitz. «Un soir de septembre 1942 (René Demerseman écrit le 25 septembre à 23 h 30), sur la place de la cuisine », Eugène Prout a été désigné comme inapte au travail parce «qu’il avait les jambes enflées par la fatigue et les mauvais traitements qu’il a enduré (…) il a été emmené au camp de Birkenau au block 7 où il a été tué à coups de bâton derrière la nuque».

Le registre de l’état civil d’Auschwitz porte comme motif de décès «Herzstillstand» (arrêt du cœur ou insuffisance cardiaque). Il faut souligner que cent quarante-huit «45000» ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18 et 19 septembre 1942, ainsi qu’un nombre important d’autres détenus du camp enregistrés à ces mêmes dates. D’après les témoignages des rescapés, ils ont tous été gazés à la suite d’une vaste «sélection» interne des «inaptes au travail», opérée dans les blocks d’infirmerie.

Eugène Prout a été déclaré « Mort pour la France». Le titre de «Déporté politique» lui a été attribué.
La mention «Mort en déportation» est apposée sur son acte de décès (arrêté du 10 décembre 1997 paru au Journal Officiel N° 91 du 18 avril 1997) avec la date du 19 septembre 1942.

Mémorial du PCF à Rouen, Relevé Thierry Prunier.

Son nom est  honoré sur le monument installé dans la cour de la fédération du PCF de Seine Maritime (33, place Général de Gaulle, Rouen) : avec ce poème de Paul Éluard (Enterrar y callar) qui accompagne les noms de 218 martyrs « Frères, nous tenons à vous. Nous voulons éterniser cette aurore qui partage votre tombe blanche et noire, l’ESPOIR et le Désespoir ».

Son épouse est décédée en 1964.

  • Note 1 : L’article 33 de la Loi du 21 mars 1905 permet de maintenir sous les drapeaux des appelés libérables «  dans les cas où les circonstances paraîtraient l’exiger ». Ici il s’agit de l’occupation de la Ruhr.
  • Note 2 : 522 photos d’immatriculation des « 45 000 » à Auschwitz ont été retrouvées parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation du camp d’Auschwitz. A la Libération elles ont été conservées dans les archives du musée d’Etat d’Auschwitz. Des tirages de ces photos ont été remis par Kazimierz Smolen (ancien détenu dans les bureaux du camp d’Auschwitz, puis directeur du Musée d’Etat d’Auschwitz) à André Montagne, alors vice-président de l’Amicale d’Auschwitz, qui me les a confiés.

Sources

  • Questionnaire rempli par Madame Jacqueline Vigor (1987 / 1990), qui me transmet des attestations (attestation du Front National pour la libération et l’indépendance de la France, témoignage de René Demerseman) ; le jugement du tribunal de Rouen ; des lettres (lettre à l’administration de la prison de Rouen, lettre jetée du train le 6 juillet 1942 pour son épouse) et des photos.
  • Liste d’otages du 8 décembre 1941 (Centre de Documentation Juive Contemporaine XL III – 56).
  • Liste de 25 otages pouvant être fusillés en représailles à l’attentat du 21 janvier 1942 à Elbeuf (liste se référant à un ordre du 8 février 1942). Centre de Documentation Juive Contemporaine XL III – 46.
  • Fiche d’otage du 25 février 1942 (Centre de Documentation Juive Contemporaine XLV 42 page 214.
  • Listes de déportés de Seine-Maritime établies à son retour de déportation par Louis Eudier in «Notre combat de classe et de patriotes, 1934-1945» (annexes).
  • Liste de militants de la CGT fusillés ou déportés pour leur action dans la Résistance établie par la CGT de Seine Maritime.
  • Liste «de noms de camarades du camp de Compiègne», collectés avant le départ du convoi et transmis à sa famille par Georges Prévoteau de Paris XVIIIème, mort à Auschwitz le 19 septembre 1942 (matricules 283 à 3800).
  • Death Books from Auschwitz, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès destinés à l’état civil de la ville d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
  • Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Le Maitron, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Tome 39, page 24.
  • Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère dela Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
  • Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Archives de Caen du ministère dela Défense). « Liste communiquée par M. Van de Laar,mission néerlandaise de Recherche à Paris le 29.6.1948« , établie à partir des déclarations de décès du camp d’Auschwitz. Liste Auch 1/7. N° 31935 et n° 281.
  • © Photo des barbelés d’Auschwitz : Claudine Cardon-Hamet
  • © Site Internet «Légifrance.gouv.fr»
  • © Archives en ligne de l’Eure : état civil et registre matricule militaire.
  • Archives en ligne de Rouen / Etat civil / mariages.

Notice biographique rédigée par Claudine Cardon-Hamet en 2000 pour l’exposition de Rouen de l’association « Mémoire Vive » consacrée aux déportés “45000” et “31000” de Seine-Maritime, complétée en 2006, 2012, 2017, 2018 et 2022. Docteur en Histoire, auteur des ouvrages : « Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 », Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000. Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice.
Pour la compléter ou corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *