Matricule « 45 889 » à Auschwitz
Raymond Monnot : né en 1907 à Paris 5è ; domicilié à Saint-Maur-des-Fossés (Seine / Val-de-Marne) ; tourneur de précision en optique ; communiste ; arrêté le 26 juin 1941 ; interné au camp de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 19 septembre 1942.
Raymond Monnot est né le 22 mars 1907 à Paris 5è au 35, rue de la Bucherie.
Au moment de son arrestation, il habite avec son épouse et leur enfant une maisonnette au 8, Villa Ruspolli à Saint-Maur-des-Fossés (Seine / Val-de-Marne).
Il est le fils d’Ernestine, Léontine, Alexandrine Langlet, 27 ans, née en 1874 à Pommereux (Oise), ménagère et d’Antony, Pierre Monot, 33 ans, droguiste, son époux. Son père est né à Paris 2è le 5 novembre 1873.
A sa naissance, ses parents habitent au 82, rue François Miron à Paris 4è. Il a une sœur aînée, Hélène (1904-1982).
Puis la famille s’installe à La Varenne-St-Hilaire, un quartier de Saint-Maur, au 89, rue des Deux stations.
En 1911, ils déménagent à Vincennes rue de l’Hôtel de ville. En 1912, ils retournent à La Varenne-St-Hilaire au 15, rue Sébastien R… Après la démobilisation de son père, en 1919, ils reviennent au 11, rue de Bel Air. Raymond Monnot est tourneur de précision en optique. En 1928, Raymond Monnot, est employé, et habite avec ses parents au 11, avenue de Bel Air à Saint-Maur-des-Fossés. En 1931, il a déménagé (ses parents habitent seuls au 11, rue de Bel air. Le recensement indique que son père est droguiste en coopérative).
Raymond Monnot épouse Suzanne, Raymonde Klein le 16 février 1929 à Saint-Maur. Divorcée de Robert Simoncelli, elle est née le 23 août 1907 à Paris 12è, (elle décéde le 25 juillet 2001 à Montmorency / Val-d’Oise). Le couple élève deux enfants dont Christian Simoncelli et un autre garçon, Raymond. En 1936 les parents de Raymond Monnot ont quitté Saint-Maur et habitent au 43, rue de Ménilmontant (Paris 20è).
Raymond Monnot est un militant communiste connu par les services de police.
Le couple s’installe au 8, Villa Ruspolli à Saint-Maur-des-Fossés après 1936.
Le 14 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants. L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).
Raymond Monnod est arrêté le 26 juin 1941, à son domicile par des policiers du commissariat de Saint-Maur , à la demande du commissaire de police qui le soupçonne « de se livrer à la propagande communiste clandestine« . Deux autres militants de Saint-Maur, Marius Adam et André Faudry sont arrêtés aux mêmes dates.
La liste des Renseignements généraux répertoriant les communistes internés administrativement le 27 juin 1941, mentionne pour Raymond Monnot : « Meneur communiste très actif ».
Ces arrestation s’inscrivent dans le cadre d’une grande rafle concernant les milieux syndicaux et communistes. En effet, à partir du 22 juin 1941, jour de l’attaque hitlérienne contre l’Union soviétique, les Allemands arrêtent plus de mille communistes et syndicalistes avec l’aide de la police française (nom de code de l’opération : « Aktion Theoderich »). D’abord amené à l’Hôtel Matignon (un lieu d’incarcération contrôlé par le régime de Vichy) il est envoyé avec Marius Adam et André Faudry au Fort de Romainville, où ils sont remis aux autorités allemandes. Ils passent la nuit dans des casemates du fort transformées en cachots. Et à partir du 27 juin ils sont transférés vers Compiègne, via la gare du Bourget dans des wagons gardés par des hommes en armes.
Raymond Monnot, André Faudry et Marius Adam sont internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), le Frontstalag 122, administré par la Wehrmacht, camp destiné à l’internement des «ennemis actifs du Reich», alors seul camp en France sous contrôle direct de l’armée allemande.
Lire dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne .
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages». Le 6 juillet, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.
Depuis le camp de Compiègne, Raymond Monnod est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.
Cf Article du site : Les wagons de la Déportation.
Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Raymond Monnod est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «45 889» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.
Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.
Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks.
Tourneur de précision, il est ramené à Auschwitz I et affecté au Block 4 avec Jean Mahon, Gustave Martin, Charles Mary et Emmanuel Michel.
Raymond Monnot meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 826 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau) où il est mentionné avec ses dates et lieux de
naissance et de décès, et l’indication « glaubenslos » (athée).
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois
Pour Raymond Monnod, la cause « officielle » du décès est « Cachexie bei Darmkatarrh » (cachexie par entérite). Il convient de souligner que cent quarante-huit «45000» ont été déclarés décédés à l’état civil d’Auschwitz les 18 et 19 septembre 1942, ainsi qu’un nombre important d’autres détenus du camp qui ont été enregistrés à ces mêmes dates. D’après les témoignages des rescapés, ils ont tous été gazés à la suite d’une vaste « sélection » interne des « inaptes au travail », opérée dans les blocks d’infirmerie.
Lire dans le site : Des causes de décès fictives
Raymond Monnot est déclaré « Mort pour la France » le 22 janvier 1948 et homologué « Déporté Politique ».
Son nom est gravé sur la plaque commémorative sise dans le Hall de la Mairie « à la mémoire des fusillés et morts en déportation en Allemagne ».
Un arrêté ministériel du 2 décembre 1996 paru au Journal Officiel du du 19 février1997
porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur son acte de naissance et jugement déclaratif de décès et reprend la date portée sur le certificat de l’état civil d’Auschwitz.
Sur les six déportés de Saint-Maur du convoi du 6 juillet 1942 (Marius Adam, Yves Dumont, André Faudry, Raymond Monnod, Gentil Potier, Roger Prévot), seul André Faudry survivra. Un autre rescapé, Georges Marin, qui vécut à Saint-Maur jusqu’à l’âge de 16 ans, est lui aussi déporté dans le même convoi.
Sources
- Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC ex BAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en octobre 1993.
- Archives en ligne de Paris.
- Archives de la Préfecture de police (RG77W 43).
- Liste (incomplète) par matricule du convoi du 6 juillet 1942 établie en 1974 par les historiens du Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau (Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (Ministère de la Défense, Caen) indiquant généralement la date de décès au camp.
- Death Books from Auschwitz (registres des morts d’Auschwitz), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 1995 (basé essentiellement sur les registres (incomplets) des certificats de décès établis au camp d’Auschwitz ayant enregistré, entre le 27 juillet 1941 et le 31 décembre 1943, le décès des détenus immatriculés).
- © Site Internet Legifrance.
- © Site Internet Memorial GenWeb. Photo de Claude Richard, plaque du hall de la mairie. Montage Pierre Cardon.
- Montage photo du camp de Compiègne à partir des documents du Mémorial © Pierre Cardon
- © Dessin de Franz Reisz, in « Témoignages sur Auschwitz », ouvrage édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz (1946).
- Archives de la Préfecture de police de Paris. Renseignements généraux, Liste des militants communistes internés le 26 juin 1941.
- Registre matricule militaire d’Antony Monnot, son père.
- Recensements Saint Maur, 1931, 1936.
- Elections Saint-Maur 1928 et 1935.
Notice biographique rédigée en 2003, mise en ligne en 2008, complétée en 2015, 2019, 2020, 2022 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
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