Matricule «46 086» à Auschwitz

Fernand Saguet photo électorale Archives Municipales
Fernand Saguet (dossier au DAVCC)

 

 

Fernand Saguet : né en 1899 à Vertus (Marne) ; domicilié à Maisons-Alfort (Seine / Val-de-Marne) ; soudeur, pilonnier frappeur ; conseiller municipal communiste, 2ème adjoint ; arrêté le 20 juillet 1940, relâché le 24 ; arrêté le 10 octobre 1940, interné au camp d’Aincourt, aux maisons centrales de Fontevraud et de Clairvaux, interné aux camps de Rouillé et de Compiègne ; déporté le 6 juillet 1942 à Auschwitz, où il meurt le 12 août 1942.

Fernand Saguet est né le 9 janvier 1899 à Vertus (Marne).
Il habite au 1, rue de Londres à Maisons-Alfort (Seine / Val-de-Marne) au moment de son arrestation.
Il est le fils de Marie, Louise Grélois, 38 ans, sans profession, et de Jean-Baptiste, Alexandre Saguet, 64 ans (âge vérifié sur l’acte manuscrit), charpentier, son époux, domiciliés rue des Lombards à Vertus.

Son registre militaire nous apprend qu’il mesure 1m 57, a les cheveux et les yeux noirs, le front haut, le nez long et le visage rond. Au moment de l’établissement de sa fiche matricule, il est soutien de famille et habite chez ses parents au 17, rue Franklin à Ivry.
Il travaille comme pilonnier-frappeur. Il a un niveau d’instruction n° 2 pour l’armée (sait lire et écrire).

Conscrit de la classe 1919, il est recensé dans le département de la Seine (matricule 4526). Il est mobilisé par anticipation (en vertu du décret de mobilisation générale) au début de 1918, comme tous les jeunes hommes de sa classe depuis la déclaration de guerre. Il est incorporé le 15 avril 1918 au 17è Bataillon de Chasseurs à pieds. Juste après l’armistice, il est transféré le 17 novembre au 114è Bataillon de Chasseurs à pieds. Puis au 15è BCP le 26 mars 1919 et au 1er BCP le 13 décembre 1919. Il est nommé chasseur de première classe le 25 janvier 1920. Fernand Saguet est considéré comme avoir fait campagne « contre l’Allemagne du 15 avril 1918 au 24 octobre 1919« .

Fernand Saguet est aide ouvrier soudeur (« pilonnier frappeur » / matricule n° 43610) à la Compagnie du PLM (1). A partir de décembre 1921 il travaille comme employé permanent au PLM. Cette entreprise de chemins de fer étant considéré par l’Armée comme relevant de la Défense nationale, il serait ainsi mobilisé sur son poste de travail en cas de conflit armé.

Il épouse Germaine, Eugénie Dubuc le 1er septembre 1927
à Paris 11è. Lingère, elle est née à Clichy le 17 avril 1899, fille d’un journalier. Leur mariage est dissout en 1928.
Militant communiste, il est membre du Rayon d’Alfortville de la Région Paris-Est.

Fernand Saguet se remarie avec Marguerite Cheyron, le 23 mars 1929
à Maisons-Alfort. Elle est née le 22 octobre 1901 à Limoges (Haute-Vienne), journalière puis câbleuse. « Veuve de Paul Veretout qu’elle avait épousé à Limoges le 25 octobre 1919, elle avait un enfant (Gabriel Veretout), de son premier mariage » (Le Maitron. https://maitron.fr/spip.php?article74499, par Claude Pennetier).
En 1932, ils habitent au 7, rue de Bruxelles. En 1936, ils ont déménagé au 1, rue de Londres. Le couple a deux enfants selon sa fiche au DAVCC (Gabriel Véretout est né d’un premier mariage en 1921.  c’est le seul enfant mentionné à cette date sur le registre du recensement de 1936).

Fernand Saguet (dossier au DAVCC)

Le 5 mai 1935, Fernand Saguet est élu conseiller municipal de Maisons-Alfort sur la liste du Parti communiste dirigée par Albert Vassart. « Il fut élu conseiller municipal de Maisons-Alfort sur la liste conduite par Albert Vassart et désigné quelques jours plus tard comme deuxième adjoint. Il avait été élu 30ème sur 30. Quelques jours plus tard, il est désigné comme  deuxième  adjoint » in Le Maitron.

Fernand Saguet est déchu de son mandat le 16 mars 1940 par le Conseil de Préfecture.

Le 14 juin 1940 les troupes de la Wehrmacht entrent dans Paris, vidée des deux tiers de sa population. La ville cesse d’être la capitale du pays et devient le siège du commandement militaire allemand en France. Les troupes allemandes occupent toute la banlieue parisienne et les départements voisins les jours suivants.  L’armistice est signé le 22 juin. Le 10 juillet 1940 le maréchal Pétain, investi des pleins pouvoirs par l’Assemblée nationale, abolit la République et s’octroie le lendemain le titre de « chef de l’Etat français ». Il lance la « Révolution nationale » en rupture avec nombre de principes républicains (confusion des pouvoirs législatifs et exécutifs ; rejet du multipartisme, suppression des syndicats et du droit de grève, antisémitisme d’état…).

Il a renoué contact avec ses camarades du Parti clandestin. Le 25 juillet 1940, Fernand Saguet est l’un des organisateurs – avec Alphonse Bernhard, Paul Giloux, Marcel Névraumont, Edmond Verrier et Maurice Wind tous ex- conseillers municipaux communistes – d’une manifestation d’opposition à la « Délégation spéciale » mise en place en octobre 1939 par le gouvernement Daladier pour remplacer la municipalité communiste élue en 1935 : il est arrêté le soir même par les agents du commissariat de Charenton. Neuf « meneurs », ex-élus communistes des villes de Maisons-Alfort et d’Alfortville sont arrêtés par la police pour « attroupement de rue et manifestation non approuvé par les autorités allemandes » (il s’agit d’Henri Hannhart, Gaston Ruan et Gilbert Lasséchère d’Alfortville, d’Alphonse Bernhard, Paul Giloux, Marcel Névraumont, Fernand Saguet, Edmond Verrier, Maurice Wind de Maisons-Alfort). Ils sont tous conduits au commissariat du 12è, puis au Dépôt, puis à la Maison d’arrêt de la Santé le 26 juillet.
Ils sont relâchés le 4 octobre, après intervention des autorités allemandes (2) « vu la fragilité de cas, rien ne peut être retenu contre« , et après qu’ils aient signé un engagement à « ne pas faire de propagande contre les autorités occupantes« .

PV du 7 octobre 1940

Durant toute cette période la Préfecture de police effectue des démarches pour que les autorités allemandes ne contrecarrent pas la répression anticommuniste poursuivie par Vichy et demande aux commissariats de faire « remonter » toutes les affaires au cours desquelles les autorités allemandes ont fait libérer des communistes.

Et c’est ainsi que le 7 octobre 1940, le commissaire de police de la circonscription de Charenton rend compte au directeur des RG de l’arrestation des 9 meneurs le 25 juillet précédent et de leur libération le 4 courant. Il spécifie à son attention : « il est à peu près certain que tous ces militants vont reprendre une activité. Leur arrestation s’impose donc« .

Fernand Saguet et ses huit camarades sont à nouveau arrêtés le 10 octobre, emmenés au dépôt et par décision du Préfet de Paris Roger Langeron, « internés administratifs » au camp de « Séjour surveillé » d’Aincourt ouvert spécialement le 5 octobre 1940 pour y enfermer les communistes arrêtés (lire dans le site : Le
camp d’Aincourt
).

(…) Leur arrestation paraît s’imposer

En décembre 1940 le CSS d’Aincourt est totalement rempli.
Les autorités françaises examinent des solutions pour le désengorger : transfert des éléments les plus dangereux à Fontevraud le 4 décembre (3) et  » transportation en Afrique du Nord (4).

Les « cages à poules » de Fontevraud

Fernand Saguet et Gaston Ruan font partie des « 100 communistes les plus dangereux » qui sont transférés le 4 décembre 1940 à la Maison centrale de Fontevraud (Maine-et-Loire), considérée comme la centrale pénitentiaire la plus dure de France, avec celle de Clairvaux. Quatre-vingt militants communistes – emprisonnés à Fresnes, la Santé ou Poissy avant la fin de la guerre, où ils purgeaient de lourdes peines de prison – y ont été incarcérés depuis juin 1940, devant l’avancée allemande.

Il y côtoie Henri Asselineau qui sera déporté avec lui à Auschwitz, Gaston Bernard, Fernand Alby (maire du 13è à la Libération), Lucien Chapelain (maire adjoint communiste de Bondy), qui seront également déportés dans des camps de concentration allemands et qui témoigneront de la dureté du régime pénitentiaire à Fontevraud.
De Fontevraud, Fernand Saguet est transféré à Clairvaux le 20 janvier 1941. Le groupe d’internés parmi lesquels il se trouve transite par les gares de Saumur et d’Austerlitz. Ils sont rejoints à la gare de l’Est par un groupe de 68 autres militants communistes, arrêtés le jour même à Paris. A leur arrivée à « l’arrêt Clairvaux » de la gare de Ville-sous-la-Ferté, ils sont transférés à Clairvaux par rotations d’un unique wagon cellulaire, escortés par des gardes mobiles (souvenirs de Pierre Kaldor et d’Henri Hannhart).
Lire dans le site : La Maison centrale de Clairvaux
A Clairvaux le directeur du camp reçoit le 26 février 1941, via le préfet de police de l’Aube, un courrier émanant du Préfet de police délégué (Camille Marchand) – une liste répertoriée comme « confidentiel » de « militants communistes internés administrativement au centre d’Aincourt, conduits le 4-12-40 à la prison de Fontevrault et transférés le 20-01-41 à la Maison centrale de Clairvaux » dont le nom est accompagné des motifs de l’arrestation.

Les causes de l’arrestation (RG)

Pour Fernand Saguet sont les mêmes mentions que celles portées pour Gaston Ruant : « ex cons. Munc.pal com.
d’Alfortville. A été l’un des principaux organisateurs de la manifestation du 25-07-40 ayant pour but de reprendre possession de la mairie d’Alfortville
« .  Il suffit de remplacer Alfortville par Maisons-Alfort !
Le 23 septembre, le préfet Jean-Pierre Ingrand, représentant du ministre de l’Intérieur au sein de la délégation de Vichy auprès des Allemands, demande au préfet de l’Aube de retirer de Clairvaux les internés administratifs qui y sont « hébergés ».
Le 26 septembre 1941, Fernand Saguet est transféré au CSS de Rouillé où il arrive le 27 avec un groupe d’une cinquantaine d’internés.
Lire dans le site : le-camp-de-Rouillé ‎
Le 9 février 1942, il fait partie d’un groupe de 52 internés communistes du CSS de Rouillé remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122).
Lire dans ce site : La solidarité au camp allemand de Compiègne et Le « Comité » du camp des politiques à Compiègne .
Depuis ce camp administré par la Wehrmacht, il va être déporté à destination d’Auschwitz. Pour comprendre la politique de l’Occupant qui mène à sa déportation, on lira les deux articles du site qui exposent les raisons des internements, des fusillades et de la déportation : La politique allemande des otages (août 1941-octobre 1942) et «une déportation d’otages».
Le 6 juillet, à six heures du matin, il est conduit sous escorte allemande à la gare de Compiègne avec ses camarades, puis entassé dans un des wagons de marchandises qui forment son convoi. Le train s’ébranle à 9 heures trente.

Depuis le camp de Compiègne, Fernand Saguet est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942.

Cf Article du site : Les wagons de la Déportation. 

Ce convoi est composé au départ de Compiègne, de 1175 hommes (1100 « otages communistes » – jeunes communistes, anciens responsables politiques et élus du Parti communiste, syndicalistes de la CGT et délégués du personnel d’avant-guerre, militants et syndicalistes clandestins, résistants – de cinquante  « otages juifs » et de quelques « droits communs »). Il faisait partie des mesures de terreur allemandes destinées à combattre, en France, les judéo-bolcheviks, responsables aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le Parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Lire dans le site le récit des deux jours du transport : Compiègne-Auschwitz : 6-8 juillet 1942.
Sur les 1175 otages partis de Compiègne le 6 juillet 1942, 1170 sont présents à l’arrivée du train en gare d’Auschwitz le 8 juillet 1942. Ces derniers sont enregistrés et photographiés au Stammlager d’Auschwitz (camp souche ou camp principal, dénommé en 1943 Auschwitz-I) entre les numéros « 45 157 » et « 46 326 », d’où le nom de « convoi des 45 000 », sous lequel les déportés du camp désignaient ce convoi. Ce matricule – qu’il doit apprendre à dire en allemand et en polonais à toute demande des Kapos et des SS – sera désormais sa seule identité.
Lire dans le site : Le KL Auschwitz-Birkenau.

Fernand Saguet est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro «46 086» selon la liste par matricules du convoi établie en 1974 par les historiens polonais du Musée d’Etat d’Auschwitz.

Sa photo d’immatriculation à Auschwitz n’a pas été retrouvée parmi celles que des membres de la Résistance intérieure du camp avaient camouflées pour les sauver de la destruction, ordonnée par les SS peu de temps avant l’évacuation d’Auschwitz.

Lire dans le site le récit de leur premier jour à Auschwitz : L’arrivée au camp principal, 8 juillet 1942. et 8 juillet 1942 : Tonte, désinfection, paquetage, « visite médicale ».
Après l’enregistrement, il passe la nuit au Block 13 (les 1170 déportés du convoi y sont entassés dans deux pièces). Le 9 juillet tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau (Brzezinka), situé à 4 km du camp principal. Le 13 juillet il est interrogé sur sa profession. Les spécialistes dont les SS ont besoin pour leurs ateliers sont sélectionnés et vont retourner à Auschwitz I (approximativement la moitié du convoi. Les autres, restent à Birkenau, employés au terrassement et à la construction des Blocks

Fernand Saguet est affecté au Block 15 d’Auschwitz I et au Kommando « Faulgas » (6) avec son camarade Henri Hannhart (ils ont tous deux fait les mêmes prisons et camps en France – Santé, Aincourt, Fontevrault, Clairvaux, Rouillé, Compiègne).
Ce Kommando travaille au filtrage des boues d’épuration pour l’assèchement des marais à Birkenau.  Dans un témoignage qu’il adresse au Ministère des Anciens combattants qui souhaite avoir la certitude que Fernand Saguet est bien décédé à Auschwitz, Henri Hannart raconte comment « un soir du mois de septembre 1942, je l’ai ramené sur mes épaules au camp d’Auschwitz, complètement exténué et malgré les pauvres soins que j’ai pu lui donner, il est mort deux ou trois jours après« .
Lire dans le site la transcription : Témoignage d’Henri Hannhart sur la mort de Fernand Saguet et commentaires.

Témoignage d’Henri Hannhart sur la mort de Fernand Saguet

Transcription complète

P.C. 43.610 / COPIE 549022

Le Vigen (Haute-Vienne) 5 mai 1946

Monsieur le Chef de Service,

Sitôt reçu le formulaire concernant le décès de Monsieur SAGUET, je vous le renvoie rempli. Je vous donnerai même quelques renseignements complémentaires. Mon camarade SAGUET a été arrêté en même temps que moi le 25 juillet 1940. Transféré à la Prison de la Santé, puis à Aincourt (Seine et Oise) au Sanatorium transformé pour les besoins en camp de concentration, puis en décembre 1940 dirigé sur la centrale de Fontevrault (M.L.) jusqu’en février 1941, puis dirigé à la centrale de Clairvaux (Aube) jusqu’en septembre 1941, puis dirigé sur le camp de concentration de Rouillé (Vienne) jusqu’en février 1942, puis dirigé sur Compiègne (Oise) au camp de Royal-Lieu jusqu’au 6 juillet 1942 date à laquelle le premier convoi de politiques Français a été dirigé sur Auschwitz (Haute-Silésie).  Convoi de 1178 Politiques. Je ne vous relaterais pas les souffrances et humiliations subies mais je travaillais avec le camarade SAGUET au Kommando « Faulgas » et un soir du mois de septembre 1942 je l’ai ramené au camp d’Auschwitz sur mes épaules, complètement exténué et malgré les pauvres soins que j’ai pu lui donner il est mort 2 ou 3 jours après. Comme autres témoins pouvant certifier le décès de ce camarade, ce sera difficile car nous autres Français étions disséminés dans les nombreux Kommandos du camp et n’étions que deux ou trois français ensemble. Quand à son numéro Matricule je ne m’en souviens pas très bien, mais sachez tout de même que cela pouvait être dans les 46.000, car moi mon nom commençant par un H, j’ai le numéro matricule « 45.652 » tatoué au bras gauche.  Je suis à votre entière disposition pour tous renseignements et je vous dirais en outre que je suis en convalescence dans une maison de repos dans la Haute-Vienne. Recevez, Monsieur mes salutations les meilleures.
Signé : Henri HANNHART Interné – Déporté politique 1940-1945, provisoirement à la Maison de Repos du Mas-du-Puy (Haute-Vienne).
VU pour légalisation de la signature de M. HANNHART apposée ci-dessus. Le Vigen,  5 mai 1946 . Le maire (cachet).

Fernand Saguet meurt à Auschwitz le 12 août 1942 d’après le certificat de décès établi au camp d’Auschwitz (in Death Books from Auschwitz Tome 3 page 1058 et le site internet © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau).  Cette date n’infirme pas la véracité du témoignage d’Henri Hannhart : les rescapés ont tous fait des approximations avec les dates dans l’enfer des premiers mois de leur déportation.
Lire dans le site : 80 % des « 45 000 » meurent dans les six premiers mois

Un arrêté ministériel du 10 décembre 1997 paru au Journal Officiel du 18 avril 1998, porte apposition de la mention «Mort en déportation» sur les actes et jugements déclaratifs de décès de Fernand Saguet, mais il porte une date portée sur l’avis de décès, qui correspond en fait à la date approximative donnée au ministère par Henri Hannhart « décédé en septembre 1942 à Auschwitz (Pologne) ». Il serait souhaitable néanmoins que le Ministère prenne en compte, par un nouvel arrêté, la date portée sur son certificat de décès de l’état civil d’Auschwitz, accessible depuis 1995 et consultables sur le site internet du © Mémorial et Musée d’Etat d’Auschwitz-Birkenau. Lire dans le site l’article expliquant les différences de dates entre celle inscrite dans les «Death books» et celle portée sur l’acte décès de l’état civil français) Les dates de décès des « 45000 » à Auschwitz.

Bulletin municipal officiel de la ville de Paris (6/11/1944)

« La nouvelle de son décès n’étant pas connue, son nom figura sur la liste des membres du conseil municipal provisoire nommé en novembre 1944 » (Le Maitron).

Le 21 août 1944, des représentants communistes des FFI prennent possession de la Mairie et se constituent en délégation spéciale : sous la présidence de Jean Marie Marceau, ancien conseiller municipal élu en 1935, ils nomment symboliquement au sein de cette délégation leurs camarades anciens élus municipaux, dont ils  connaissent la déportation, mais ignorent s’ils sont vivants : Bernhard (conseiller municipal Radical Socialiste en 1935, déporté, sera conseiller municipal de 1944 à 1947), Bolze (maire-adjoint en 1935, déporté, sera conseiller municipal de 1944 à 1959), Lucien Frichot (déporté à Auschwitz), Henri Hureau (déporté à Auschwitz), Victor Jardin (déporté à Auschwitz), Marcel Névraumont (déporté à Auschwitz), Raunet (Conseiller municipal en 1935, déporté), Fernand Saguet (deuxième adjoint au maire en 1935, déporté à Auschwitz), Verrier (conseiller municipal en 1935, déporté). Le 19 novembre 1944, une seconde délégation spéciale est désignée par le gouvernement provisoire de la République Française. Elle est présidée par Saulnier, militant communiste.
Le Comité local de Libération qui ignore son décès, l’a fait nommer à la Délégation spéciale, comme ses deux camarades Lucien Frichot et Victor Jardin, également morts à Auschwitz.

Le titre de «Déporté politique» est attribué à Fernand Saguet.
« Son épouse fut élue conseillère municipale de Maisons-Alfort le 13 mai 1945 en 27e position sur 30, sous l’étiquette « femme de déporté ». Son mandat prit fin en 1947« . (Le Maitron).
Fernand Saguet est homologué comme Résistant, au titre de la Résistance Intérieure Française (RIF) comme appartenant à l’un des cinq mouvements de Résistance (FFC, FFI, RIF, DIR, FFL). Cf. service historique de la Défense, Vincennes (GR 16 P 530018).

Quai Fernand Saguet. Montage photo © Pierre Cardon

Le nom de Fernand Saguet est honoré à Maisons-Alfort : dans le Bulletin municipal n°1 de juillet 1946 (édition interrompue depuis 1939) on peut lire : Le Maire, André Saulnier, et le Conseil rendent hommage à tous les maisonnais et maisonnaises qui sont morts pour que la France vive et renaisse. Sont associés dans cette pensée, les camarades élus en 1935, morts dans les bagnes hitlérien victimes de la barbarie fasciste.
Parmi les douze noms cités figure celui de Fernand Saguet. Et son nom sera donné, par délibération du 18 mai 1948, à la rue longeant la Marne, anciennement quai d’Alfort
(Marcelle Aubert in © Le blog du CGMA).

  • Note 1 : La Compagnie des Chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, communément désignée sous le nom de Paris-Lyon-Méditerranée ou son sigle PLM, est l’une des plus importantes compagnies ferroviaires privées françaises entre sa création en 1857et sa nationalisation en 1938, lors de la création de la SNCF (Wikipédia).
  • Note 2 : Fin juin 1940, période qui suit l’arrivée des Allemands à Paris, une partie de la direction communiste clandestine croit pouvoir obtenir de ceux-ci la reparution de L’Humanité et des démarches sont effectuées en ce sens.
    Parallèlement, elle suscite des manifestations en direction des villes administrées par des « délégations spéciales » depuis octobre 1939 sur les thèmes : « Pour la réintégration de nos élus propres et honnêtes » et « réintégrez les communistes ».
  • Note 3 : note du 28 décembre 1940 « Ce centre étant entièrement rempli, j’ai dû, en présence de la nécessité de continuer les internements pour enrayer la propagande communiste, prendre la décision d’envoyer à la prison de Fontevraud les 100 plus dangereux, et notamment les anciens députés communistes, mais cette situation ne saurait s’éterniser, ces locaux ne pouvant, en aucun cas, continuer à servir de centre d’internement
  • Note 4 : Le préfet Ingrand représentant du ministre de l’Intérieur au sein de la délégation de Vichy auprès des Allemands à Paris, envisage la « transportation » des individus les plus dangereux du camp en Afrique du nord, suivant en cela les préconisations du cabinet De Brinon (1) : le 28 décembre 1940, note du cabinet de De Brinon au chef du 2ème bureau : « Jusqu’en novembre dernier, le seul camp dont la création avait été autorisée officiellement par les Autorités allemandes, était celui du sanatorium d’Aincourt, pouvant contenir environ 500 personnes et qui était uniquement destiné à recevoir les indésirables français de la Seine et de Seine-et-Oise. (…). J’ai demandé, à plusieurs reprises, que l’on envisage le transfert, en Afrique du Nord, des individus les plus dangereux qu’un coup de main pourrait facilement délivrer en raison des faibles moyens de gardiennage et de l’armement insuffisant du personnel ».
  • Note 5 : L’assèchement des marais à Birkenau auquel sont affectés des milliers de déportés dont beaucoup de « 45.000 » et de Juifs a été l’occasion pour les SS d’utiliser industriellement le tourteau produit par le filtrage des boues d’épuration. Un « Kommando » de travail spécialisé (Faulgas Kommando) convertissait par pyrolyse ce tourteau de filtrage de boues d’épuration en huile, gaz et coke (un procédé qui sera homologué industriellement par des ingénieurs allemands… en 1993). Ce Kommando « Faulgas » est mentionné dans les minutes du procès de Nüremberg.

Sources

  • Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Claude Pennetier (dir), éditions de l’Atelier, CD-Rom édition 1997. Edition informatique 2012. La notice biographique a été rédigée par Claude Pennetier et Nathalie Viet-Depaule (tome 41, page 59)
  • Fichier national de la Division des Archives des Victimes des Conflits Contemporains (DAVCC), Ministère de la Défense, Caen. Fiche individuelle consultée en juin et juillet 1992.
  • Carton Brigades Spéciales des Renseignements généraux (BS1), aux Archives de la Préfecture de police de Paris. Procès verbaux des interrogatoires.
  • Archives de la police APP / BA 2374 Clairvaux : archives de la Préfecture de police, Cartons occupation allemande, BA 2374.
  • © Le blog du Cercle généalogique de Maisons-Alfort.
  • Les 2 photos de Fernand Saguet figurent dans son dossier au DAVCC, envoi de M. Rodolphe Pérot (mai 2016).
  • Courriel de M. Rodolphe Pérot novembre 2017 : envoi du témoignage d’Henri Hannhart figurant dans le dossier d’Henri Saguet au DAVCC. Recherches de Pierre Cardon sur le Kommando « Faulgas ».
  • Registres matricules militaires de la Seine.

Notice biographique rédigée en 2003, mise en ligne en 2008, complétée en 2015, 2019, 2020, 2022 et 2024 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : «Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942 » Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé). Prière de mentionner ces références (auteur et coordonnées de ce site) en cas de reproduction ou d’utilisation totale ou partielle de cette notice biographique.
Pour la compléter ou la corriger, vous pouvez me faire un courriel à deportes.politiques.auschwitz@gmail.com 

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